Les filières d'évasion

Deux des reclus du château ont bénéficié d'aides et de complicités après leur départ de Sigmaringen : Darnand et Déat. Suivons pas à  pas leurs itinéraires respectifs.

Début mai 1945, Darnand trouve refuge au couvent des Serviteurs de Marie à  Tirano o๠est mis à  l'abri le trésor de la Milice. C'est habillé en religieux qu'il s'enfuit dans la montagne avant d'étre reconnu.

Dans le cas des Déat, la chaîne est beaucoup plus complexe. Au point de départ, jusqu'à  Milan, deux prétres, le curé de Naturno puis celui de Merano et une maison de carmélites. Ensuite, en transit à  Génes, un frère mariste tente de faciliter, vainement, le passage du couple en Argentine. Entre Bolzano et Milan, selon le témoignage d'Hélène Déat, c'est un camion de la " Commission pontificale de secours " qui les achemine. A leur arrivée à  Turin, leur destination finale, les Déat vont frapper à  la porte de l'Institution Jeanne-d'Arc, tenue par les soeurs de la congrégation de la Providence, dont la maison mère se trouve en France. Il serait injuste de n'y voir que des complicités franches. Relais et accueils tiennent aussi de la pratique de la charité et de l'usage du droit d'asile.

Il est douteux, par ailleurs, qu'on ait énergiquement cherché du côté des officiels français à  " récupérer " Marcel Déat, une fois celui-ci localisédans son refuge de Turin. Quel rôle a joué, dans cette troublante impunité, le Journal de guerre abandonné par Marcel Déat dans sa fuite et retrouvé sous un rocher du haut Adige ? Ses milliers de pages renfermaient des noms et renvoyaient à  des épisodes sur lesquels on préféra peut-étre laisser retomber le voile du temps...