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Le Musée du Louvre accueille les œuvres d'Achraf Baznani, photographe de l'étrange (INTERVIEW)

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Faces - Achraf Baznani | Achraf Baznani
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CULTURE - Depuis le 13 juillet, le photographe marocain Achraf Baznani expose certaines de ses photographies au Musée du Louvre, dans le cadre de l’événement international « Vitrine ». Rencontre avec ce photographe autodidacte, friand de surréalisme.

HuffPost Maroc: Comment avez-vous réagi lorsque vous avez appris que vos œuvres seraient exposées au Louvre? Avez-vous été surpris?

Achraf Baznani: J’ai été très ému, mais je ne dirais pas surpris car mes œuvres ont fait la couverture de plusieurs magazines de renommée internationale: en Amérique, au Mexique, au Portugal, en Espagne, en Finlande, et elles ont été exposées en Amérique, en Hongrie et en Allemagne… J'ai par ailleurs gagné le prix de la meilleure œuvre d'art au Park Art Fair International en mars dernier. Cela dit, le fait d'exposer au Louvre a toujours été un rêve pour moi. Je suis très heureux de représenter le Maroc et le monde arabe dans un tel événement, d’autant plus que c’est le musée le plus visité en Europe!

Très souvent, vous vous mettez en scène en taille réduite dans vos photographies: pourquoi capturer ces mondes aux proportions étranges?

Je veux faire passer un message. Politiquement, socialement, émotionnellement j’essaye de faire en sorte que mon œuvre parle au spectateur. Il est vrai que j’aime user de l’abstraction: l’image n’est pas la simple illustration d’un concept mais plutôt l’expression synthétique d’une idée. Je choisis des symboles pour représenter des idées, des mouvements, des humeurs, tout ce que j’ai envie de transmettre à travers mon œuvre.

Je pense aussi que nous avons tous besoin de rompre avec la réalité. Le surréalisme nous ravit : il nous emporte du monde réel vers un monde de rêves. Dans la vraie vie, la photographie permet de recréer et de partager ces rêves. Quand j’étais plus jeune, j’étais fasciné par la magie des films, les figurines, toutes les choses de petite taille. J’ai beaucoup travaillé en bascule et en décentrement avec Photoshop pour créer des univers miniatures, et un jour je me suis dit: "Et pourquoi pas m’y introduire?".

Quelles sont vos sources d’inspiration? Privilégiez-vous une œuvre, un artiste en particulier?

Chaque photographe a sa propre source d’inspiration, de même que chaque photographe suit sa propre méthode et utilise différentes techniques. Pour moi, tout part d’une étincelle; elle peut se déclencher n’importe où, n’importe quand. J’aime particulièrement aller à la rencontre des autres et surtout apprendre d’eux. C’est de cette manière que j’entretiens mon inspiration.

Je pense qu’un photographe sérieux ne se contente pas d’une seule source d’inspiration. Plusieurs photographes m’ont influencé, et chacun de manière différente. Si je ne devais en citer qu’un, ce serait Robert Capa, un célèbre photographe hongrois dont l’œuvre a joué un rôle déterminant pour moi et tout particulièrement sa photo "The Falling Soldier" . Quand je l’ai vue pour la première fois, cette photo m’a littéralement fasciné parce qu’elle donne à voir la guerre mais sous un angle surréaliste. "The Falling Soldier" est pour moi une des plus pertinentes photos de guerre du XXe siècle. C’est cela précisément qui m’a poussé à tenter l’expérience du surréel, de l’imaginaire, afin de créer des images inouïes pour l’esprit humain.

Avez-vous une technique favorite?

J’utilise différentes méthodes, différents outils. Pour retoucher mes photos je préfère Lightroom ou encore Photoshop. C’est surtout de mon expérience que je tire le plus d’enseignements, y compris en termes de technique, à partir des difficultés que j’ai rencontrées ou des erreurs que j’ai faites. Je m’aide également de tutoriels mis en ligne sur des sites divers.

J’aime particulièrement jouer avec la superposition d’images et l’accentuation des contrastes. Je peux ainsi modifier une image sans altérer profondément l’image originale. Au fil de mon travail, j’ajoute et soustrais des éléments sur les photos jusqu’à ce que je sois satisfait du produit fini. J’utilise des outils très pratiques sur Photoshop pour jouer sur la netteté et le flou afin d’affiner le rendu de la photo.

Vous êtes-vous intéressé à d’autres arts?

Je suis toujours à la recherche de nouveauté, en termes de photographie et d’art en général. Derrière l’écran de mon ordinateur, je cherche et j’expérimente tous les jours de nouvelles idées. Je dessinais beaucoup quand j’étais enfant et j’ai participé à des concours locaux qui ont contribué au succès de mon œuvre. Le jury était impressionné par ce que je faisais. Je me suis ensuite tourné vers la caricature; un certain nombre de journaux nationaux ont publié mes planches au Maroc.

Cependant j’ai dû arrêter le dessin pour poursuivre mes études. J’ai alors réalisé plusieurs courts-métrages et documentaires, dont "On", "The Forgotten" et "Immigrant" pour lesquels j’ai reçu plusieurs prix nationaux et internationaux. Amateur de photographie depuis très jeune, j’ai finalement mis à profit mes connaissances en peinture pour m’orienter vers la photographie, mais cette fois vers la photographie de l’étrange et du surréel.

Quand et comment avez-vous découvert la photographie ? Qu’est-ce qui vous a poussé à poursuivre dans cette voie?

C’est très jeune et complètement par hasard que je me suis intéressé à la photographie: pour mon anniversaire j’ai reçu un EKTRA 250 Compact, ma seule intention était alors d’immortaliser les bons moments. Et finalement j’ai été conquis. Je me suis découvert une passion. Je suis donc autodidacte en la matière, je n’ai jamais suivi de cours de photographie.

Mon activité d’artiste n’a rien à voir avec ce que j’ai pu faire auparavant: durant les 17 dernières années j’ai travaillé comme enseignant et comme directeur général dans une web company. C’était un travail fatiguant qui demandait une implication sans relâche, toute la journée et parfois tard le soir. Ceci dit, mon expérience dans ce secteur m’a aidé en tant qu’artiste, notamment parce que j’ai recours à des outils similaires.

Quelle est votre oeuvre favorite?

Celle que je préfère c’est "Into the Abyss"....
ino the abyss
... une composition fantastique représentant la vie d’un homme honnête qui fait face à plusieurs obstacles qui l’empêchent d’avancer. En dépit de ces obstacles, l’homme conserve son équilibre. La photo ne montre pas le fin mot de l’histoire. Ce que j’ai tenté de représenter n’est pas explicite mais chacun peut l’interpréter à sa manière.

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Achraf Baznani
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