«Il Scalatore » (le raider), voilà le surnom que les Italiens ont immédiatement donné à Vincent Bolloré lorsqu'il a commencé, au printemps 2001, sa campagne de l'autre côté des Alpes. Depuis deux ans, l'obsession de ce patron atypique, franc-tireur et peu connu du grand public, est d'entrer dans la caverne d'Ali-Baba italienne, la vénérable Mediobanca ( voir encadré p. 79 ). Cette banque d'affaires fit autrefois la pluie et le beau temps au royaume des intrigues financières. Même si elle a perdu beaucoup de sa superbe aujourd'hui, elle est riche à milliards et reste le principal actionnaire de l'assureur Generali, l'un des grands d'Europe.
C'est la première fois que Bolloré joue aussi gros (près de 500 millions d'euros) hors de France, dans un domaine particulièrement périlleux. Mais qui donc est ce Breton intrépide et imprévisible ? « C'est le plus secret des patrons, explique un banquier. Il est très difficile de savoir ce qui se passe dans cette superbe mécanique intellectuelle. »
Jean Picollec, le petit éditeur breton, a une autre vision. Vincent Bolloré ne lui a-t-il pas permis de réaliser son rêve de gosse ? L'an dernier, l'« ange blond des affaires » l'a autorisé à faire le tour des côtes ouest-africaines (Côte d'Ivoire, Sierra Leone...) à bord de ses cargos. A chaque escale, l'heureux invité a presque dû se fâcher pour ne pas se retrouver logé dans des palaces, aux frais de Bolloré ! Vincent a de ces fidélités touchantes lorsqu'il s'agit d'affaires familiales. Jean Picollec avait en effet assuré le redressement des éditions de la Table ronde, entre 1987 et 1992, après que Bolloré les eut renflouées. Pourquoi une telle générosité ? La célèbre maison avait été fondée par l'oncle de Bolloré, Gwenn-Aël, grand résistant, l'un des 177 Français à avoir débarqué sur les plages de Normandie. Vincent n'a pas hésité une seconde à lui tendre la main. « C'est aussi un type modeste et très fidèle en amitié », constate Jean Picollec.
Capable du meilleur et du pire, Vincent Bolloré est un fervent catholique. « J'aime cette religion parce qu'on peut se faire pardonner », reconnaît-il d'emblée. Amateur de grigris et de porte-bonheur, il n'hésite pas à ouvrir son portefeuille pour montrer les images pieuses qu'il contient ! « En revanche, je rejette l'idée qu'il faut porter sa croix », ajoute-t-il dans un grand éclat de rire. Malheur à celui qui lui donnerait une gifle sur la joue droite, Bolloré est plutôt du genre à lui renvoyer un crochet au menton. Mais cela arrive rarement, car c'est presque toujours le Breton qui frappe le premier.
A l'automne 1997, le leader mondial du BTP, propriétaire de TF1 et d'une licence de téléphonie mobile, pèse quatre fois plus lourd que le moustique Bolloré. Qu'importe ! Ce « maverick », le plus solitaire des grands patrons, et peut-être aussi le plus singulier, n'a peur de rien. Conseillé par Alain Minc, il part à l'assaut du groupe Bouygues. « C'est Minc qui a poussé Bolloré à la faute, commente un proche du dossier. Il l'a convaincu que Martin Bouygues était un faible et qu'il pourrait facilement prendre le contrôle du groupe. » Lors des préliminaires, en décembre 1997, Bolloré montre patte blanche. Son investissement est « amical » et témoigne de sa « confiance dans le management du groupe et dans le fort potentiel de développement de ses activités ». Tout baigne. Le 31 mars, Bolloré tombe le masque et refuse d'approuver les comptes du groupe. Mais il trouve en face de lui un Martin Bouygues fortifié par l'épreuve, soutenu par ses troupes et par ses actionnaires.
« Il fallait que l'intrus sorte sans avoir les fesses couvertes de bleus », s'amuse un banquier d'affaires. Changement de méthode et de conseillers. Bolloré va se tourner vers des experts un peu moins urbains qu'Alain Minc ! René Ricol et Antoine Gaudino sont appelés à la rescousse. Le premier est sans doute l'expert-comptable le plus consulté par les grands patrons. Discret et influent, propriétaire d'un superbe cabinet avenue Hoche, Ricol connaît bien son Vincent. « Le look de Bolloré pourrait fait croire à tort qu'il est seulement aimable et bien élevé, ce qu'il est, explique-t-il. Mais il est aussi dur et intelligent comme tous les grands patrons, et parfois c'est un prédateur. » A la demande de son client, René Ricol va scruter les comptes de Bouygues à la loupe et lever quelques lièvres. Quant à Antoine Gaudino, le plus médiatique des « privés », il pond une étude que, finalement, Bolloré préférera ne pas utiliser. Parti en guerre contre la direction et la stratégie du groupe Bouygues, Vincent finira, grâce à la médiation de Jean-Michel Darrois, l'avocat d'affaires, par revendre sa participation à François Pinault en empochant une plus-value de 210 millions d'euros. Voilà comment, lorsqu'on est doué, on transforme un risque en opportunité !
La vocation de raider de Bolloré est apparue très vite. En 1981, il reprend et sauve les papeteries familiales fondées en 1822, une affaire connue dans le monde entier pour son papier à cigarettes et ses feuillets de Bible. Il met pour cela le cap sur l'Afrique (rachat de Job et Bastos, producteurs de tabac et de papier à cigarettes, de la SCAC, un transitaire). Vincent, avec sa gueule d'ange qui n'a pas encore pris trop de plomb dans l'aile, est alors la coqueluche des médias et du patronat. Mais le jeune homme est un peu trop pressé. En 1991, il lance une OPA sur la respectable compagnie maritime Delmas-Vieljeux. Payée trop cher au pire moment, celui où Delmas perdait son monopole sur l'Afrique, cette acquisition a plombé les comptes de l'entreprise Bolloré. Exsangue, déboussolé, Vincent a mis quatre ans à se sortir du désastre, qui a failli le rayer définitivement de la carte. « Il a bien cru mourir, et cela laisse des traces, affirme l'un de ses conseillers. Aujourd'hui, il est d'une prudence de Sioux. »
Pourtant, même au fond du gouffre, rien n'aurait pu faire renoncer Bolloré à une occasion en or : entrer dans le groupe Rivaud. Un paravent aux couleurs coloniales, derrière lequel se cachait un trésor à dominante agricole (plantations d'hévéas ou de palmiers à huile) enrichi de pépites industrielles. La conquête n'a pas été facile ! Elle vaut d'ailleurs à Vincent, qualifié un temps de « petit prince du cash-flow », le surnom moins flatteur de « perceur de coffres-forts ». Au début des années 1990, le Crédit lyonnais souhaite vendre les parts que le sulfureux Giancarlo Parretti possède dans Rivaud. Vincent Bolloré, dont le père était un ami d'Edouard de Ribes, le maître de l'empire colonial, va les racheter. Evidemment, il n'a pas l'argent pour payer les 270 millions d'euros exigés par le vendeur. La banque au lion va arranger l'affaire. Elle prête les fonds à Bolloré, qui, en échange, lui cède une participation de 40 % dans la Compagnie des Glénans, un holding non coté de son groupe. Voilà le boa dans les plantations.
Déchaîné, se sentant à nouveau pousser des ailes, Bolloré procède alors à un nettoyage rapide et brutal de la Banque Rivaud, connue pour être celle du RPR. Cette opération lui vaudra une solide inimitié de la part de Jacques Chirac. Pour s'en préserver, Bolloré n'a pas hésité à embaucher, dès 1999, Michel Roussin pour s'occuper de ses affaires africaines. Certes, l'homme connaît bien l'Afrique, mais il fut aussi le directeur de cabinet du Sdece (les services secrets français) et de Jacques Chirac à la mairie de Paris... Un bel atout dans le jeu de cartes de Bolloré, conscient d'être plutôt mal vu par l'Elysée.
Toujours entouré d'Alain Minc et de René Ricol, Bolloré va se spécialiser, après l'opération Bouygues, dans ces allers et retours financiers qui le font désormais considérer comme un raider surdoué. « Je n'ai pas de talent particulier, je travaille beaucoup, nuance Bolloré avec modestie. Vous n'imaginez pas combien les gens préparent mal leur dossier. Cela dit, je dois aussi avoir un super-ange gardien, sacrément entraîné. » Pathé, Lazard, autant de cibles qui ont considérablement enrichi - près de 360 millions d'euros - cet « épicier de la plus-value qui ment comme il respire », comme le dit gentiment la garde rapprochée de Martin Bouygues ! Michel David-Weill, le grand manitou de Lazard, que le « sauvageon » a osé défier sur ses propres terres, pense certainement la même chose... « Les gens qui m'en veulent sont très minoritaires, et pas très recommandables », tranche pour sa part Bolloré, légèrement agacé. Un peu énervé aussi quand on suggère que les patrons agressés doivent s'exclamer en le voyant arriver : « Mais que fait ce cow-boy dans mon salon ? »
« Un cow-boy ? Oubliez cela, martèle aussitôt Bolloré. Je fais partie de l'establishment. » Et d'énumérer ses brillants états de service. « J'ai été au conseil de la Banque de France pendant quinze ans, je fais partie du Medef, je suis administrateur de l'Afep, membre d'Entreprise et Cité, et décoré de la Légion d'honneur. » Il est donc un peu susceptible, cet homme qui affirme ne pas chercher la reconnaissance de ses pairs. Pourtant, il reste un « petit » dans la cour des grands patrons, industriels ou financiers. En souffre-t-il ? « Bien sûr que non, je vous assure que je ne cherche pas à exister. » Même son de cloche du côté de Philippe Labro, dont Bolloré a fait son conseiller pour les médias. « Vincent a une identité très forte. Il est comme un cheval sauvage qui court à côté de la horde, mais toujours en tête », lance-t-il, un brin lyrique.
Si Bolloré parvient facilement à se faire détester, il a aussi un talent incroyable pour se faire aimer. « Il est gai, au moins en surface, explique Antoine Veil, le mari de Simone, membre de son comité stratégique. La perspective de le voir, c'est un ensoleillement. » Quant à Antoine Bernheim, le dur, l'impitoyable banquier d'affaires, ex-pilier de Lazard, c'est les larmes aux yeux qu'il confie : « Vincent est merveilleux ! Je suis très triste quand je pense que je mourrai avant de l'avoir vu terminer son aventure industrielle. » De mauvaises langues ont dit que Vincent était le fils naturel d'Antoine Bernheim. « C'est évidemment faux, mais que faire contre les rumeurs ? » se résigne Vincent Bolloré. N'empêche, pour le Breton, Bernheim est un peu plus qu'un précieux et fidèle conseiller. Si Bolloré n'est pas son fils naturel, c'est sûrement son « fils adoptif », confirme-t-on chez Lazard.
Pour expliquer ses coups financiers, il affirme simplement : « J'ai une trésorerie à gérer et, au lieu de jouer les feignasses en la mettant sur un livret d'épargne, j'essaie de faire des trucs plus intelligents. » Mais comment ne pas remarquer aussi qu'il s'attaque volontiers à de vieilles familles (Lazard, Rivaud) ou à des héritiers (Martin Bouygues) ? Vincent, dont les moteurs, selon René Ricol, sont « la fidélité au père et l'honneur du nom », a sans doute eu une enfance heureuse. Mais les choses ont été plus délicates à gérer lorsque, adolescent, il a vu son père sombrer dans une déprime mondaine. Et plus encore quand, jeune banquier d'affaires, il a dû interrompre une carrière prometteuse pour reprendre l'affaire familiale en faillite. N'y aurait-il pas dans son comportement comme un parfum de revanche ?
En 1981, quand il monte sur une caisse en bois pour haranguer les ouvriers bretons de la papeterie familiale dont il vient de reprendre le flambeau, il n'a qu'une idée en tête : laver l'honneur perdu de son père et des Bolloré. Edmond de Rothschild, principal actionnaire de l'entreprise, lassé de renflouer la société, envisageait alors de la revendre en totalité à Job, que les Bolloré avaient été contraints de céder dans les annnées 70. Un affront insupportable pour Vincent Bolloré, même si, aujourd'hui, il en relativise l'importance. « Je ne me suis jamais senti héritier, sauf d'une lignée, explique-t-il avec des accents de sincérité. L'entreprise est dans nos mains depuis 181 ans. C'est cette histoire qui anime toute ma vie. Mon seul objectif, c'est de poursuivre la chaîne. Jusqu'en 2022, année du bicentenaire. J'aurai 69 ans. Avec un peu de chance, je serai encore là . »
Cette famille, Vincent en est le petit dernier. De son enfance il a gardé le souvenir des vacances heureuses en Bretagne, où tous les soirs il faisait la rituelle partie de Scrabble avec sa mère. A Paris, dans le 16e arrondissement, où ses parents ont très tôt élu domicile, il avait pour voisin et ami Olivier Dassault. C'était l'époque des boums et des filles. C'est d'ailleurs Olivier qui lui présentera Sophie Fossorier, sa future épouse. Mais déjà , tout petit, Vincent préférait la compagnie des adultes. Et, racontent Nathalie Raulin et Renaud Lecadre (1), lors des soirées dans le luxueux hôtel particulier où il côtoyait Georges Pompidou, Françoise Sagan, Roger Frey, Bernard Buffet, Carmen Tessier..., jouait au poker avec les amis de son père.
Parmi les habitués, il y avait aussi Edmond de Rothschild et Edouard de Ribes, copains de jeunesse ou de lycée de son père. « Mon père est l'homme que j'ai le plus admiré », affirme Vincent Bolloré. En revanche, très peu de gens savent que la grand-mère maternelle de Vincent, Nicole Goldschmidt, qui avait épousé Henri Follot, a aussi beaucoup compté pour le jeune loup. Jusqu'à , selon un intime, le faire douter de sa propre identité. De fait, le parcours de cette femme exceptionnelle a de quoi étonner. Ralliée dès l'origine à la cause défendue par Charles de Gaulle, elle entre en résistance dans les services secrets du Général à Londres. Après guerre, sous la couverture de la Croix-Rouge, elle poursuivra une longue carrière d'agent secret au sein du service action du Sdece, assurant notamment les échanges avec ses homologues... israéliens. Cette femme, qui a caché sa vie à sa propre famille, était aussi une amie d'Edmond de Rothschild et des parents d'Antoine Bernheim, lui-même devenu un intime de la tante de Vincent. Cela expliquant - peut-être - pourquoi ces « bonnes fées » de l'establishment financier se sont intéressées de très près au destin du jeune héritier.
Vincent Bolloré est aujourd'hui fier de ce qu'il a réalisé. « Dans la catégorie brocante, nous sommes devenus, à force de courage et d'audace, un groupe qui pèse et a su rester indépendant », affirme-t-il avec conviction. L'entreprise Bolloré (5,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires) « cartonne » ainsi sur des métiers trop étroits pour intéresser des géants, trop techniques pour attirer les amateurs, trop peu rentables pour faire saliver les amateurs de profits à court terme. Aujourd'hui, le groupe tire l'essentiel de son chiffre d'affaires du transport maritime et des installations de manutention et de stockage en Afrique, chasse gardée de Bolloré. Le Breton est ainsi le numéro un mondial de l'organisation du transport maritime sur l'axe Nord-Sud, avec le réseau logistique le plus dense et le plus performant du continent africain. Deuxième pôle d'activité : la production de films plastiques pour les condensateurs (Bolloré est leader mondial). Les machines dans lesquelles les passagers d'avions mettent leur carte d'embarquement ? C'est Bolloré aussi. Sans oublier des projets dans le domaine des piles électriques et dans celui... de la communication (30 % dans la SFP, participation de 9 % dans Gaumont, propriétaire du cinéma Mac-Mahon...). Bref, un curieux bric-à -brac doublé d'une structure financière très complexe, mise en place par son mentor, Antoine Bernheim. Rien de très spectaculaire ni de très facilement lisible.
Dans vingt ans, le groupe sera-t-il toujours tiré par le transport ? « Je ne sais pas, répond Bolloré. Peut-être que nous vendrons cette activité si une opportunité se présente. » L'homme retournera-t-il à la banque d'affaires, ses premières amours ? Son incursion récente et largement commentée dans la finance italienne ( voir encadré p. 79 ) pourrait le laisser penser. Certains lui prêtent même l'intention de revendre sa participation dans Mediobanca pour se retourner ensuite vers Lazard. « Lazard ? Si c'est à 1 euro, j'achète, à plusieurs milliards d'euros, non, et entre les deux, je regarde », s'amuse Bolloré. Et quid de la communication ? Il pourrait être intéressé par certaines activités du groupe Lagardère....
« Vincent Bolloré est un vrai chef d'entreprise, mais il est l'unique ciment de son groupe, tranche Claude Bébéar . Le jour où il disparaît, son groupe meurt avec lui. » L'affirmation fait bondir le Breton. « C'est faux ! Vous savez, je ne suis pas facile à vivre, et en fait le groupe tient malgré la personnalité du patron. Il survivra donc très facilement à ma disparition. » Mais qui diable pourrait s'intéresser à ce bric-à -brac dont la logique échappe à toute analyse ? « Peut-être que l'une de ses activités va finalement se révéler grandiose, affirme pour sa part Antoine Bernheim. Et c'est celle-là qui modèlera le groupe. » Mais ni le banquier d'affaires ni Bolloré ne semblent capables de dire quelle sera la future vache à lait du groupe. Et, poussé dans ses retranchements, Vincent finit par reconnaître que, si ce n'est pas l'un de ses enfants qui reprend l'entreprise à sa suite, personne ne s'y intéressera. Pour l'instant, ses deux fils aînés sont plutôt tentés par le cinéma, et le troisième par la restauration. « Quant à la dernière, elle cherche des places pour le prochain concert de Robbie Williams, dit-il en riant. D'ailleurs, si vous arrivez à en avoir, respect ! »
A sa progéniture Vincent Bolloré essaie de transmettre sa foi, l'attachement aux racines bretonnes, et l'idée qu' « il vaut mieux danser sur la vie que de faire chier tout le monde ». Une maxime suivie à la lettre par Chantal Lauby, réalisatrice et principale actrice de « Laisse tes mains sur mes hanches », un film produit par... Bolloré Productions ! Car Vincent est aussi producteur, et le milieu du cinéma le fascine. « Sa curiosité pour le monde de l'image est immense, explique Philippe Labro. Il n'aime rien tant que discuter avec un producteur ou un créateur. » Au cours de ces discussions, Bolloré n'hésite pas à pousser la chansonnette lorsqu'on évoque la musique d'un film ! Ce grand comédien décidera peut-être un jour de se mettre en scène lui-même et de dévoiler, enfin, sa véritable nature. « Dr Vincent and Mr Bolloré » serait, bien sûr, le titre de cette superproduction