dimanche 6 mars 2016

Trou dans le budget de l'ex-région Poitou-Charentes : Macaire s'explique

Jean-François Macaire, le 22 février à Bordeaux : « Alain Rousset est correct avec moi ».
Jean-François Macaire, le 22 février à Bordeaux : « Alain Rousset est correct avec moi ». ©
ph. L. Theillet

Article abonnés L’ancien président de Poitou-Charentes, Jean-François Macaire, ne s’explique toujours pas les dérapages budgétaires.

Reçu avant-hier, à sa demande, par le président de la Chambre régionale des comptes, Jean-François Macaire a tenu hier matin à Poitiers une conférence de presse dans un bureau de l'hôtel de région de Poitou-Charentes, dont il a été le président de mai 2014 à janvier 2016.

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Furtif responsable des finances au sein de l'exécutif de la nouvelle région, il a répété aux journalistes présents ce qu'il a d'abord dit à Alain Rousset puis à ses collègues élus. Il ne comprend pas ce qui a pu se passer dans les finances de sa région picto-charentaise, notamment un retard de paiement de 132 millions d'euros.

Tout en assumant la responsabilité de ces dérives financières qui ont entraîné sa mise à l'écart, Jean-François Macaire, plaidant la bonne foi, assure n'avoir pas eu connaissance des pratiques budgétaires qui se déroulaient à Poitiers. Ce n'est finalement qu'après avoir (enfin) plongé le nez dans les comptes et rencontré le président de la Chambre régionale des comptes, qu'il avoue avoir découvert que « les retards cumulés sont très importants et ne peuvent s'expliquer uniquement par la durée d'interruption des paiements en fin d'année, rendue nécessaire par la fusion des trois régions ».

Président fictif ?

Jean-François Macaire le confesse, les finances, même lorsqu'il a succédé à Ségolène Royal nommée au gouvernement, c'était l'affaire d'Yves Debien, le vice-président aux finances, et de Michel Scarbonchi, le directeur général des services, deux hommes entièrement dévoués à Ségolène Royal. « C'est vrai, j'ai manqué de curiosité », dit-il.

Est-il allé leur demander des comptes après qu'Alain Rousset eut rendu publics les dérapages de la Région ? « Non, je ne leur en ai pas parlé. »

Inutile de dire que cette défense fort peu agressive et plutôt résignée accrédite l'accusation de l'opposition pour qui Jean-François Macaire était un aimable président fictif et que les ficelles de la Région continuaient d'être tirées depuis Paris par Ségolène Royal, via ses lieutenants. Accusation qu'il récuse vigoureusement : « J'étais président de plein exercice ! »

De celle qui l'a propulsé à la présidence, il ne dira pas un mot. Y compris pour préciser si elle lui a envoyé un message de soutien dans la tempête qu'il traverse, en solitaire, reconnaît-il. « J'ai quand même reçu beaucoup de messages de soutien », ajoute-t-il.

« Aucun manquement »

Jean-François Macaire refuse tout autant de prendre parti en faveur de Ségolène Royal ou d'Alain Rousset sur les finances de Poitou-Charentes, la première accusant le second de « propos pitoyables et de règlements de comptes ».

« Polémiquer ne servirait à rien », répond-il, tout en soulignant que le président aquitain « se montre très correct » avec lui.

Hier matin, Jean-François Macaire a donné l'impression d'être un homme isolé, coincé entre sa fidélité à Ségolène Royal et sa loyauté à Alain Rousset, éludant chaque question sur son bilan budgétaire par la réponse : « Je ne sais pas répondre à cette question » ou « J'attends les explications de la Chambre régionale des comptes ».

L'ancien président picto-charentais, fort de « la conviction de n'avoir commis aucun manquement à [son] devoir », n'envisage pas pour autant de démissionner, après avoir déjà rendu sa délégation aux finances. « Mais j'ai bien conscience de la fragilité de ma situation », précise-t-il en souriant tristement.

Petit bureau

Il a reconnu, hier, être à la recherche d'un emploi. « Je savais que cette élection serait la dernière pour moi et, après avoir été un professionnel de la politique, j'ai besoin de trouver du travail. Je suis fonctionnaire territorial en détachement mais, en raison des mandats électoraux, je ne peux travailler dans la Région. »

Combien de temps peut donc durer sa situation de vice-président sans délégation, et donc sans indemnité ? « Je ne peux pas vous répondre. »

La conférence de presse s'est déroulée dans un petit bureau de l'hôtel de région où Jean-François Macaire s'est installé, puisqu'il a quitté, au début du mois de janvier, son bureau de président où il ne s'était pas tout de suite installé après son élection et où il n'avait touché à rien, le laissant dans l'état où Ségolène Royal le lui avait cédé. Prêté, pourrait-on dire.

D'ailleurs, que devient ce bureau présidentiel ? « Je ne sais pas, je n'ai pas posé la question. » Vraiment pas curieux, Jean-François Macaire…

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