Alors que le paysage audiovisuel français propose déjà plusieurs séries de qualité depuis le début d’année, notamment les créations originales de Canal+, la 6ème édition du festival Séries Mania à Paris a permis d’apercevoir quelques nouveautés séduisantes à l’échelle européenne et mondiale.
Justement, les performances de Mathieu Kassovitz dans Le Bureau des Légendes et d’Alix Poisson dans Disparue, la fiction de France 2 inspirée de Broadchurch, ont été saluées, tandis que La Vie Devant Elles remporte le prix de la meilleure série française. Seule présence distinguée anglo-saxonne, Olive Kitteridge, récompensée avec le prix du public, aux côtés de False Flag, prometteuse série israélienne qui « suit la traque par une équipe d’agents de sécurité d’Israël d’un activiste du Hamas, suspecté du meurtre d’une douzaine d’israéliens. » Enfin, le prix du jury des blogueurs a été attribué à Deutschland 83 en tant que meilleure série étrangère.
22000 spectateurs. 67 séries de 39 pays différents. Puisque l’équipe d’Un Jour a essayé de couvrir une bonne partie des séances de projections « Autour du monde », avec quelques exceptions américaines (Wayward Pines, que nous évoquerons prochainement), nous vous proposons ici un petit tour d’horizon des séries à surveiller de près.
1992 (Italie) : ce drame mafio-politique (forcément, on parle de l’Italie !) produit par Sky Atlantic devrait séduire les fans de Gomorra. Considérée comme un House of Cards à l’italienne, il y est question de corruption politique en 1992 lors de l’opération Mains Propres, qui visait à faire tomber quelques hauts placés soupçonnés de financements illicites et pots-de-vin. L’esthétique froide et soignée des années 90 s’ajuste parfaitement à cette série chorale et implacable, diffusée sur OCS cette année.
Blue Eyes (Suède) : en novembre dernier, la chaine suédoise SVT a commencé la diffusion de ce thriller politique sur la montée du fascisme dont, encore une fois, certains émettent la comparaison (flatteuse mais pas forcément justifiée) avec House Of Cards. Excepté l’esthétique bleu nocturne et le générique, les deux séries ont en commun cette obstination envers des réformes et manœuvres radicales : à l’aube des élections locales de Suède, Annika est à la tête d’un parti d’extrême-droite dans une ville de 30 000 habitants et doit ainsi affronter toutes sortes de menaces mettant en péril son idéologie. Un climat qui n’est pas sans rappeler celui de la France dans la manière de dédiaboliser le FN. Quoiqu’il en soit, cette belle découverte suédoise n’a rien à envier à House of Cards grâce à un traitement bien plus subtil de ses personnages aussi bien que dans les tractations du pouvoir. A voir absolument.
Pour plus d’informations : http://lacinematech.fr/series-mania-pilote-blue-eyes/ et http://www.madmoizelle.com/blue-eyes-serie-suedoise-extremisme-353293.
Deutschland 83 (Allemagne) : Comme le titre l’indique, Deutschland 83 se déroule en 1983, quand le pays était encore divisé entre les deux blocs et qu’il constituait l’un des lieux essentiels aux manœuvres de la guerre froide : alors que les américains se dotent de nouveaux missiles à l’Ouest, le service de renseignement de la RDA envoie Martin, un de leurs espions, récolter des informations sur les réels desseins des occidentaux…Le prix de la meilleure série étrangère n’est pas surprenant à l’issue des deux premiers épisodes. Contre toute attente, l’approche sociale et esthétique n’a rien de désuet et la série oscille parfaitement bien entre un traitement léger puis grave à travers l’œil de Martin, espion naïf mais espiègle, en veillant pourtant à ne jamais faire retomber la tension à cœur de ses enjeux. Canal+ devrait acquérir prochainement les huit épisodes de la première saison.
Occupied (Norvège) : « Entre dignitaires russes, officiels norvégiens et groupuscules d’opposition, des loyautés se nouent, des trahisons s’opèrent ». Il y a quelques mois, nous annoncions Occupied comme la collaboration prometteuse entre Arte et la chaine norvégienne NRK, thriller et série d’anticipation (géo)politique de Jo Nesbø où la Russie envahit la Norvège pour s’emparer de ses réserves pétrolières. Le résultat est à la hauteur de nos attentes.
A lire, deux articles intéressant sur l’envers du décor de la série : http://www.telerama.fr/series-tv/en-norvege-sur-le-tournage-d-occupied-la-future-grande-serie-d-arte,118979.php et http://teleobs.nouvelobs.com/series/20150119.OBS0286/occupied-la-theorie-du-chaos selon-jo-nesbo.html
Tellus (Finlande) : La première saison de cette série finlandaise (6×52 minutes) nous plonge dans le quotidien mouvementé d’un groupe d’écoterroristes qui parvient à passer entre les mailles du filet jusqu’au jour où un meurtre accidentel va tout remettre en question. Dans l’esprit du film The East (y compris l’aspect sentimental qui prend parfois le pas sur la portée de certaines convictions), Tellus cultive, à la manière scandinave, un rythme anesthésié et des personnages évanescents dont la vie leur échappe, mais n’est pourtant jamais loin de fasciner. Aucune diffusion en France n’est programmée, mais Arte pourrait éventuellement se laisser tenter.
The Casual Vacancy (Angleterre) : l’adaptation en mini-série du roman de J.K. Rowling est une efficace comédie dramatique sur l’humaine condition qu’on pourrait comparer à Olive Kitteridge aux Etats-Unis, avec de petits accents de Blue Velvet. Secrets de voisinages, vices rongeants et situations propres à l’humour noir anglais, The Casual Vacancy se complait dans une narration très littéraire justement, ponctuée par quelques surprises et une noirceur existentialiste sous-jacente, mais qui laisse dubitatif sur sa forme (mini) sérielle, sans que l’adaptation ne soit pourtant vraiment décevante.
Critique de la mini-série : http://www.critictoo.com/critiques-serie-tv/the-casual-vacancy-une-place-a-prendre-mini-serie/
The Game (Angleterre) : autre priorité d’OCS pour l’été, The Game a connu un franc succès lors de sa diffusion sur la BBC America, et on ne s’en indigne pas : cette mini-série représente tout ce qu’on aime dans la suprématie anglaise en matière de fictions d’espionnage (s’il ne fallait que citer les adaptations de John Le Carré, dont La Taupe au cinéma). A Londres, en 1972, les informations compromettantes d’un traitre du KGB nommé Arkady poussent le MI-5 à créer une nouvelle cellule secrète, dont l’objectif est d’identifier de potentiels agents dormants au service des soviétiques avant la mise en place de « l’opération Glass » ordonnée par le Kremlin…
D’autres articles en ligne à consulter :
http://www.arte.tv/sites/fr/dimension-series/2015/04/20/series-mania-wayward-pines-blue-eyes-deutschland-83-tellus/
http://www.telerama.fr/series-tv/10-series-decouvertes-a-series-mania-saison-6,125824.php
Seconde partie à suivre.