Calendrier de l'Égypte antique

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Le calendrier de l'Égypte antique, (également appelé calendrier nilotique) était axé sur les fluctuations annuelles du Nil et avait comme but premier la régulation des travaux agricoles au cours de l'année. Les Égyptiens définissaient d'ailleurs l'année comme « le temps nécessaire pour une récolte » et le hiéroglyphe qui la désigne est une jeune pousse avec un bourgeon (renpet).

Il apparaît au début du troisième millénaire avant notre ère ; il est le premier calendrier solaire connu de l'histoire. Il était en plein usage du temps de Chepseskaf, pharaon de la IVe dynastie. Dans les textes des pyramides, on mentionnait déjà l'existence du jour additionnel. Le papyrus Rhind est le premier texte égyptien qui mentionne les 365 jours de l'année civile égyptienne.

Descriptif[modifier | modifier le code]

Le calendrier égyptien était basé sur les cycles solaires et la récurrence annuelle du lever héliaque de Sirius, vers le 19 juillet de notre calendrier. L'année était divisée en trois saisons en fonction de la crue du Nil et de son impact sur l'environnement :

SA
x t
Akhet (Akhit) « Inondation » (3ḫt)
pr
r
t
ra
Peret (Perit) « Émergence (des terres) » (prt, décrue du Nil, germination, saison fraîche)
S mw ra
Chemou (Shemou) « Chaleur » (šmw, été, saison des récoltes et de leur taxation)

Elle était divisée en douze mois avec trois saisons comprenant quatre mois de trente jours chacun. Les cinq jours restants (six à partir de l'époque romaine) étaient appelés jours additionnels ou épagomènes. Ils étaient ajoutés à la fin du calendrier, entre le dernier jour de la saison Shemou et le premier jour de la saison Akhet. Les jours épagomènes étaient considérés comme jours de naissance des grands dieux d’État qu'étaient, dans l'ordre, Osiris, Horus l'Ancien, Seth, Isis et Nephthys. Chaque mois était découpé en trois périodes de dix jours, les décades. Les journées avaient une durée de vingt-quatre heures.

L'année de la création de ce calendrier, le premier jour de la saison Akhet correspondait approximativement au début de l’inondation. Pour les Égyptiens, la montée des eaux était un événement majeur à plus d’un titre : d’une part, elle mettait fin à la saison sèche, et d’autre part, de son importance dépendait la qualité des récoltes, une crue trop faible pouvant entraîner une famine alors qu'une crue trop forte pouvait causer des inondations dévastatrices. La montée des eaux intervenait peu de temps après le lever héliaque de l'étoile Sothis (Sirius) dans le ciel égyptien. L'apparition de l'étoile constituait un repère indispensable au paysan égyptien, qui ne pouvait se fier au calendrier civil en raison d’un décalage de plus en plus important entre l’année civile de 365 jours et l’année solaire, année de 365 jours et six heures à peu près. Ce décalage était d’environ un jour tous les quatre ans. Cependant, après 1 460 ans, il y avait de nouveau concordance entre les calendriers civil et solaire, le lever héliaque de Sothis coïncidant de nouveau avec le premier jour de la saison Akhet. Cette période de 1 460 ans est appelée période sothiaque par les astronomes ; elle permet d’établir la chronologie de l’histoire pharaonique, car les Égyptiens ignoraient les dates absolues. Quelques documents mentionnent à quels moment de l'année civile a eu lieu le lever héliaque de l'étoile Sothis (dont un noté au début du Nouvel Empire). Par des calculs astronomiques, on peut évaluer au jour près le moment du calendrier où il a eu lieu, mais ce système ne fonctionne que si le système calendaire égyptien n'a pas connu de réformes. De plus, selon la latitude d'observation, le lever ne se fera pas au même moment.

Avant même l'époque où, grâce à Champollion, on a pu lire les hiéroglyphes, on connaissait l'existence de cette période de 1 460 ans :

  • Censorinus affirme qu'en l'an 139 de notre ère, le jour du lever de Sirius tombait le « 1er Thôt » et qu'alors débutait une période qu'il appelle « Grande Année » ; on en déduit donc les dates des autres concordances = 139, -1321, -2781, -4241, etc.
  • L'astronome Théon de Smyrne écrit que « du pharaon Ménophrès jusqu'au début de Dioclétien (284), il s'est passé 1605 ans » ; en ôtant 1605 de 284, on obtient -1321, date qu'il donne comme le commencement d'une période sothiaque.

Par la suite, on a pu relever cette période sur d'autres documents :

Bien qu'ayant abandonné très tôt leur calendrier astronomique pour un calendrier civil, les Égyptiens ne s'étaient pas pour autant désintéressés de l'astronomie, bien au contraire. On leur doit notamment les plus anciennes cartes du ciel connues et l'on sait qu'ils avaient une connaissance approfondie des phénomènes astronomiques, connaissance basée sur l'observation quotidienne et méthodique des astres.

Les astronomes grecs empruntèrent leur calendrier civil aux Égyptiens et, avec quelques modifications, il fut utilisé jusqu'à la fin du Moyen Âge.

Les mois de l'année à l'époque des Ptolémées[modifier | modifier le code]

Les douze mois de l'année, à l'époque des Ptolémées sont :

Saison Mois[1]
Akhet 19 juillet au 17 août : Thout (Thot) ou (Djehouty)
18 août au 16 septembre : Phaophi (Pa n Ipt, celui de Karnak, Amon)
17 septembre au 16 octobre  : Athyr (Hathor) ou (Hout Horo)
17 octobre au 15 novembre  : Choeac ou Khoiak (kA Hr kA)
Peret 16 novembre au 15 décembre : Tybi (tA aAbt, l'offrande)
16 décembre au 14 janvier : Méchir ou Mekhir (pA n mxrw, celui de Mekher)
15 janvier au 13 février : Phaminoth ou Phamenoth (pA n ImnHtp, celui d'Amenhotep)
14 février au 15 mars : Pharmouti (pA n Rnnwtt, celui de Rennoutet)
Chemou 16 mars au 14 avril : Pachon ou Pakhon (pA n xnsw, celui de Khonsou)
15 avril au 14 mai : Payni (pA n int, celui du ouadi)
15 mai au 13 juin : Epiphi ou Epiph (ip ipi, fête de Ipipi)
14 juin au 13 juillet : Mésori ou Mesore (mswt Ra, naissance de le 19[2])

Les jours épagomènes du 14 au 18 juillet étaient considérés comme jours de naissance des grands dieux d’État qu'étaient, dans l'ordre, Osiris, Horus l'Ancien, Seth, Isis et Nephthys.

Le Zodiaque de Denderah découpé en 3 saisons et 12 mois

Ces douze mois sont aussi représentés[3] sous la forme circulaire du Zodiaque de Dendérah ; sur celui-ci on distingue après l'avoir découpé en douze portions égales, l'espace laissé pour les jours épagomènes qui commence sous les pieds d'Orion qui semble marcher sur le Nil, représenté sous la forme d'un serpent à tête de flamant rose (la migration de cet oiseau se faisant vers juin/juillet). Les Grecs apparentèrent cette constellation du fleuve Nil à celui qu'ils nommèrent Éridan. , représenté sous la forme d'un faucon dont la tête est ornée de la double couronne, les serres posés sur un lotus en fleur (cette plante fleurit aussi en juin/juillet), regarde dans la direction d'Orion et est prêt à s'envoler haut dans le Ciel pour illustrer notre solstice d'été.

Mais contrairement au calendrier de l'époque ptolémaïque, le zodiaque de Dendérah, ne contenant aucun élément grec, semble dater de l'époque astronomique précédant la précession des équinoxes qui eut lieu vers -274 selon Hipparque.

Le zodiaque de Dendérah est la représentation la plus claire illustrant la notion calendaire. Un cercle évoquant la révolution quasi-circulaire de notre Terre autour du Soleil.

L'étoile Sopdet est représentée sur cet artefact juste au-dessus de la tête de Ré le faucon souverain de la Basse et Haute Égypte. Il est indiqué sur le plafond[4] du Ramesséum de Ramsès II que l'étoile Sopdet(ou Sothis) définit la date du jour de l'an[5].

Date actuelle dans le calendrier nilotique[modifier | modifier le code]

Calendrier nilotique de l’Égypte antique
Saison Akhet
Mois de Khoiak
Jour 15

Notes et références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Anne-Sophie von Bomhard, Le calendrier égyptien - Une œuvre d'éternité, Periplus Publishing London, (ISBN 1-902699-04-1) ;
  • François Chabas, Le calendrier des jours fastes et néfactes de l'année égyptienne, Paris,  ;
  • Leo Depuydt, Civil Calendar and Lunar Calendar in Ancient Egypt, Louvain,  ;
  • Grégory Lanners, « Le jour de l'An en Égypte ancienne », Toutankhamon Magazine, no 25,‎ février / mars 2006, p. 46-48 ;
  • Rolf Krauss, « Sothis und Monddaten: Studien zur astronomischen und technischen Chronologie Altägyptens », Hildesheimer Ägyptologische Beiträge, no 20,‎ .

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]