Créoles Louisianais à Paris
Paris: City of Refuge
main and article photos: Place de la République via wikipedia commons
main photo and article photos: Centenary students in Paris via Dana Kress
Saviez-vous que la Place de La République fait partie des nombreux lieux qui relient la France, Paris et la Louisiane? Pendant les journées du patrimoine 2016 (17-18 septembre), des milliers de personnes visiteront des sites autour de la Place de la République. Nous vous invitons à vous arrêter un instant et à (re)découvrir un élément du patrimoine important dans l’histoire de ce peuple créole venu trouver refuge en France à travers l’histoire de quelques uns d’entre eux.
Le professeur Dana Kress du Centenary College (Shreveport, Louisiane) donne chaque année un cours à Paris pour des étudiants louisianais dans le cadre du programme Centenary in Paris intitulé « Paris noir: l’Amérique noire dans la Ville Lumière». Ses étudiants découvrent l’importance de la France pour les gens de couleur libres, francophones et francophiles, qui vivaient principalement à la Nouvelle-Orléans, entre le monde des blancs et celui des esclaves.
Après la vente de la Louisiane en 1802, les gens de couleur libres ont perdu un statut légal qui existait depuis la promulgation du Code noir de 1724, un édit du roi Louis XIV pour les esclaves en Louisiane. En article 54 on peut lire: Octroyons aux affranchis les mêmes droits, privilèges et immunités dont jouissent les personnes nées libres ». Or après 1802, les gens de couleur libres étaient progressivement privés de leurs droits. En 1830, ils n’avaient plus le droit de témoigner contre un blanc. En 1855, ils ne pouvaient pas se réunir ou former des associations, vendre de l’alcool ou tenir un café. En 1857, la libération des esclaves était interdite et les gens de couleur libres se voyaient obliger de porter des laissez-passer et d’observer des couvre-feux.
Un nombre important de cette population a fait ses études en France à une époque où il existait peu d’opportunités d’éducation aux États-Unis. Parmi ceux-là, citons Norbert Rilleux (1806-1904), un cousin de la mère d’Edgar Degas, parti jeune pour la France. Ingénieur doué, il enseigne à l’Ecole Centrale à l’âge de 24 ans. De retour en Louisiane, il invente un procédé qui révolutionne la production de sucre. Il finit ses jours en France et repose au cimetière Père Lachaise.
Certaines personnes supportaient très mal une situation raciale de plus en plus difficile en Louisiane et restaient en France comme « réfugiés volontaires ». Parmi ceux-là, on trouve Michel Séligny (1807-1867). Auteur à succès en France, il a écrit de nombreux feuilletons pour des journaux français.
Évoquons aussi l’écrivain Victor Séjour, étudiant de Michel Seligny, et proche de Victor Hugo et d’Alexandre Dumas père, première personne de couleur à écrire un conte (Le Mulâtre, 1836) aux États-Unis, il devient un des dramaturges préférés de Napoléon III, avec 21 de ses œuvres jouées à Paris entre 1844-1870. Il repose au cimetière du Père Lachaise (15ème division). Victor Séjour tombeau
En général, ces écrivains parlaient peu de la situation difficile en Louisiane dans leurs œuvres. Parmi les exceptions, signalons Pierre-Aristide Desdunes (1828-1894) poète, soldat et militant des droits civiques. Lors d’un voyage à Paris vers 1880, il écrit son poème Ressentiment d’un être sans patrie. Pour lui, la Place de la République est un endroit où les «les âmes républicaines quelques fois vont puiser des émotions». Dans son poème il contraste la réalité pour sa race en France et aux Etats-Unis en s’inspirant du Monument à la République. « Hélas que mon pays eût mieux connu sa tâche, Et qu’on l’eût accomplie avec un cœur moins lâche». Evoquant les différents symboles du monument, il regrette que les mères des Créoles en Louisiane ne peuvent pas ouvrir pour leurs enfants « ces grands livres de bronze, ou de marbre ou de pierre » qui parle de liberté, égalité et fraternité. Desdunes Livre de poésie.
France-Louisiane mène des travaux pour réaliser un guide « La Louisiane à Paris » avec l’objectif de faire découvrir ces sites et les personnages liés à l’histoire de la Louisiane. Notre guide explorera notamment l’histoire des gens de couleur libre louisianais à Paris.
Did you know that the Place de La République and its Monument to the Republic is one of the many sites that link France, Paris and Lousiana? During the annual Journées de la Patrimoine 2016 (September 17-18), thousands of people will pass through this large square on their way to visit other attractions. We invite them to stop for a minute and (re)discover this important part of French heritage and its connection with the Louisiana’s free people of color.
As part of the Centenary in Paris program, Professor Dana Kress of Centenary College (Shreveport, Louisiana) gives a class each year in Paris called Paris Noir : Black America in the City of Light. In this class, students discover the importance of France, and particularly of Paris, for Louisiana’s free people of color, francophones who lived between the worlds of the free whites and enslaved blacks.
After the sale of Louisiana in 1802, the free people of color lost a legal status given them in 1724 by Louis XV’s Code Noir which stipulated that « We give to those freed the same rights, privileges and protections that are afforded to those born free.» The reality was that after 1802, the Code Noir was abandoned and the free people of color began to suffer oppression. From 1830 they could not testify against a white in court. In 1855, they could not meet or form associations, sell alcohol or operate cafés. In 1857, when a law passed forbidding the freeing of slaves, the free people of color had to carry passes and were subject to a curfew.
Many free people of color studied in France at a time when there were few or no educational opportunities in the US. One illustrious case was that of Norbert Rilleux (1806-1904) a cousin of Edgar Degas’ mother, who left at a young age for France. A gifted engineer, he taught at the prestigious Ecole Centrale at the age of 24. On his return to Louisiana, he invented a process that revolutionized sugar production. Rilleux finished his days in France and is buried at Paris’ Père Lachaise cemetery.
Some free people of color could not tolerate the racial injustice in Louisiana and stayed in France as “voluntary refugees”. Michel Séligny (1807-1867), an author known for his many serialized novels for French newspapers was one of these refugees. Another was the writer Victor Séjour (1817–1874), a friend of Victor Hugo and and Alexandre Dumas. Séjour was the first person of color to write a short story (The Mulatto, 1836). In France he became one of the favorite playrights of the French king Napoléon III and produced 21 plays in Paris between 1844-1870. He is buried at Père Lachaise, 15th section. Victor Séjour grave
On the whole, these writers did not focus on the condition of their people in Louisiana. One notable exception was Pierre-Aristide Desdunes (1828-1894), poet, soldier and civil rights activist. During a trip to Paris around 1880, he wrote a poem entitled Resentment of a Man Without a Country. For him, the Place de la République was a place where “republicans sometimes come to fortify their souls”. He contrasts the treatment of his race in Louisiana and in France: “if only my country had better understood its task, and had completed it with a less cowardly heart”. While looking at the Monument of the Republic and its many symbols, he wishes that “…our mothers could open for their children, great books of bronze and marble and stone” that speak so eloquently of liberty, equality and fraternity. Desdunes Book of poetry.
The France-Louisiane Association is working on guide called ‘Louisiana in Paris” to help people visiting Paris discover the sites and people linked to Louisiana history. One of the themes we will explore is Louisiana’s free people of color in Paris.