Petit, il aurait aimé deve­nir chef d'orchestre. À 76 ans, ce bouli­mique de travail, chro­niqueur, critique gastro­no­mique revient pour Gala sur son enfance.

« J’ai une veine indé­cente, je pour­rai être garçon coif­feur à Luné­ville, en Meurthe-et-Moselle ! Mon père y tenait un salon de coif­fure. Il est mort à la guerre quand j’avais 2 ans. Quand nous sommes allés cher­cher son corps, ça ne m’a fait ni chaud ni froid. J’avais 12 ans, c’est un monsieur que je n’avais jamais vu. Personne ne parlait de lui excepté ma mère, Gilberte surnom­mée Betty. A 3 ans, quand j’ai vu les premiers chars et ces mecs en costume vert de gris, mon grand-père pater­nel m’a dit :  »C’est eux qui ont tué ton papa". Je ne les voyais pas comme des enne­mis, car ma mère, la première, prônait la récon­ci­lia­tion.

Je passais mes jour­nées avec ma grand-mère mater­nelle, cuisi­nière pour une famille d’aris­to­crates. Je voyais passer les tartes, les gâteaux, les crèmes anglaises. On n’avait le droit de ne prendre que ce qui reve­nait de la salle à manger. Souvent des miettes. La marraine de ma mère, une vieille Alsa­cienne, me gardait pendant que maman travaillait dans le salon de coif­fure fami­lial. Elle avait du mal à se dépla­cer et, de ce fait, n’exerçait pas une surveillance très assi­due. J’ai fait toutes les conne­ries possibles. A 7 ans, j’ai piqué un billet, que ma mère avait glissé dans un diction­naire, pour aller ache­ter des gâteaux et surtout admi­rer les seins de la pâtis­sière. C’était la voie lactée ! Ma mère m’a donné une fessée. C’est ce qui m’a poussé à accep­ter le prin­cipe de partir en Suisse.

A cette époque, les Helvètes accueillaient les pupilles de la nation. Par chance, j’ai échappé au banquier ou à l’hor­lo­ger, j’ai atterri chez des paysans de Mont­me­lon-Dessous. Et là, miracle, une grande ferme, une famille, un couple incroya­ble­ment uni, un frère, Germain, et une sœur, Varenne, beau­coup plus vieux que moi, des cochons, des chevaux… On faisait tout à la main, les mois­sons, le foin. Lorsqu’on me disait qu’on emme­nait Fanny, la jument, à l’éta­lon, je ne savais pas ce que ce que cela voulait dire. Bizar­re­ment, ce jour-là, j’ai décou­vert ce qu’é­tait la tendresse après l’amour. Je devais rester en Suisse pour deux mois, j’y suis resté deux ans.

A 10 ans, j’ai fait deux années de collège en France, puis en Angle­terre, où je n’ai rien foutu. Mais c’est là que j’ai vu Laurence Olivier avec Vivien Leigh, Richard Burton et Claire Bloom dans Hamlet, ça a été une révé­la­tion ! A mon retour en France, je me suis inscrit au Cours Simon, j’avais 12 ans. Pour payer mes études d’art drama­tique, j’étais maître tein­tu­rier en plissé soleil dans la tein­tu­re­rie que l’ami de ma mère lui avait offert. Je suis parti en tour­née à 16 ans pour jouer dans Le misan­thrope. Puis le service mili­taire est arrivé. En sortant, je me suis rendu compte que le « futur Jacques Charon » que j’étais, avait été oublié. J’ai passé une petite annonce : 'Ne sais rien faire mais plein de bonne volonté'".

Crédits photos : BALTEL/SIPA

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2014-12-16T08:15:00+0000
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