Henri Loux

Le 20 février de l’an 1873, Henri Edouard LOUX vit le jour dans l’école d’AUENHEIM.
Sa mère Frédérique WOLFF est l’une des six filles du Maire de Rountzenheim, village voisin d’Auenheim.
Son père Henri Edouard LOUX, originaire de Fouday était instituteur à AUENHEIM.

Bientôt, après cette naissance, l’instituteur doit s’orienter vers un nouveau poste. Le nombre des élèves à Auenheim ayant diminué, M. Loux rétrograde de directeur d’école à instituteur public et obtient le poste de directeur d’école vacant à Sessenheim. Le jeune Henri Loux fréquente alors l’école du village dirigée par son père.

Sessenheim, village mythique. En effet dans ce village, Goethe (écrivain et poète allemand 1749-1832) séjourna souvent lorsqu’il était étudiant en droit à l’université de Strasbourg de 1770 à 1771. Une idylle le liait à Frédérique Brion, la fille du pasteur (poème à ce sujet : « Will kommen und Abschied » écrit entre le 18 mai et le 23 juin 1771).

Les tumultes de sa vie

Les influences extérieures :

Outres l’ambiguïté générée par les courants allemands et français, Henri Loux verra passer sous ses yeux d’artiste, des hommes et des femmes qui croiront dans ses talents. En effet, grâce à son professeur de dessin Edouard Weissandt, qui voit en lui des talents, le père accepte que son fils devienne artiste peintre, un statut moins prestigieux que celui d’instituteur.
Il va à l’école des Arts Décoratifs de Strasbourg de l’âge de 17 à 20 ans (en allemand : Kunstgewerbeschule).

Lors de l’inauguration de son école où des travaux d’élèves furent exposés, Henri Loux se fait remarquer ; un article est donc écrit sur lui dans la chronique artistique du « Strassburger Tageblatt ». Puis Henri Loux part pour Munich , à l' »Akademie der Bildenden Kunst » en octobre 1893. C’était le parcours initiatique obligé pour un artiste que d’aller dans un grande ville (Munich ou Paris). Ce voyage est très cher et toute la famille Loux va alors aider à financer cette occasion unique. Il resta 4 ans à Munich dans le quartier Latin où il sera influencé par son professeur et par les charmes de cette ville.

Le poète allemand Goethe marquera la vie d’Henri Loux ; en effet le père d’Henri Loux a fondé le musée Goethe de Sessenheim qui se trouve au restaurant « Au boeuf » comme maintenant encore. Lors de l’exposition universelle de 1900 à Paris, le stand représentant l’Alsace est tenu par un producteur vinicole : Léon Boll. Il remet aux visiteurs une brochure sur les « Vins et coteaux d’Alsace », illustrés entre autres, par Henri Loux. Henri Loux fait aussi l’affiche principale de ce pavillon.

Affiche-Expo-Univserselle-1900

Henri Loux a connu un échec cuisant. Il illustre l’édition du « Neue Elsaesser Bilderbogen », (images alsaciennes illustrées). A travers ces pages, leurs auteurs font connaître à leurs abonnés les coutumes ancestrales alsaciennes.

Les influences intérieures.

Sa vie familiale est en elle-même un facteur essentiel pour son art et elle subira aussi des revers qui influenceront cette âme sensible. En effet son frère qui, lors de son service militaire en Allemagne, après avoir fait des études de pharmacie, revient malade et meurt de tuberculose pulmonaire foudroyante à l’âge de 25 ans en 1897. Phénomène qui marqua grandement Henri Loux. Il passe toutes ses vacances à Sessenheim, où il peint tout ce qu’il voit (fête du village, paysans dans les champs…) Par exemple, l’illustration de la légende des lutins de la région de Frerrette « Heimzelmännchen ».

La séparation de son village natal, fait qu’il se rapproche de ses grand-parents qui habitaient une ferme à Rountzenheim où il aimait se retrouver avec sa famille et ses camarades de jeux qui lui racontaient la vie de la ferme, vie qu’il enviait. Bref, Henri Loux était fidèle à ses sources.

Sa première oeuvre renommée : à 16 ans, le 20 février 1889. Puis en 1890 , il fait le portrait de son grand père, ce qui prouve sa grande compétence dans l’art pictural. Il y a un croquis au musée Goethe à Sessenheim (de 20.1.1899).

Loux est réformé, officiellement pour cause de lien avec la France. En effet, son oncle habitait Nancy. Cependant, officieusement, il s’agissait d’un problème cardiaque qui l’empêcha d’effectuer son service, problème qui lui sera fatal. Après la mort de son père en 1901, sa mère n’a plus assez de ressource et va donc habiter avec lui, à Strasbourg dans le quartier du Neudorf. Grâce à ses connaissances et aux réunions auxquelles il participe, Henri Loux reçoit des commandes de différents types : des affiches, des menus, des étiquettes de vin. Ses revenus ne suffisant pas, il accepte une commande délaissée des grands peintres. Il s’agit de dessiner les assiettes d’un faïencier. Le service Obernai était né.

Le service Obernai

Pourquoi nomme-t-on ce service : « Service Obernai » ?

Il existe plusieurs versions :

  • La première dit qu’Henri Loux avait fait un décors mural dans un restaurant à Obernai, et qu’un faïencier eut l’idée de l’adapter sur des assiettes et sur d’autres plats.
  • La seconde est plus simple. Il s’agirait d’un restaurateur d’Obernai qui voulait pour son restaurant un service de table complet au décors d’Henri Loux.
  • La troisième, selon Jean-Louis Reibel ( Président de l’Association pour la Conservation du Patrimoine Obernois – ACPO ), remonte à une commande par les Faïenceries de Sarreguemines, dans un premier temps, au peintre et marqueteur Charles Spindler.

Pourquoi se fut à Henri Loux d’exécuter ce travail ?

En fait, Spindler , autre artiste très connu à cette période, n’avait pas le temps de réaliser cette commande, et il souffla le nom d’Henri Loux. En raison de gros problèmes financiers auquel il devait faire face, Henri Loux accepta. A l’époque, l’importance des assiettes illustrée était comparable aux bandes dessinées actuelles.

Il y a plusieurs types de dessins sur les dites assiettes :

  • maisons à colombages
  • maisons de confort aisé
  • maisons austères
  • paysages alsaciens
  • portraits

Celles-ci permettent de mieux visualiser le contexte architectural de l’époque. De plus Henri Loux montrent bien les costumes de l’époque, qui étaient portés tous les jours en 1900. Aussi, les coiffes des femmes font bien le topo de la mode de l’époque : par exemple, les coiffes de couleur blanche étaient portées par les jeunes filles catholiques, les coiffe de couleur noire par les jeunes filles protestantes , les femmes mariées et les veuves. Notons aussi l’exceptionnel décor floral qui ornementait les assiettes.

Ce service de table, qui, complet, pouvait compter jusqu’à 120 pièces, était souvent offert aux jeunes mariées. Il était une fenêtre ouverte sur l’identité alsacienne. Un des thèmes favoris d’Henri Loux était la communauté villageoise.

De 1905 à 1906, Henri Loux est touché par une véritable frénésie de la peinture, qui ne s’arrêta qu’à sa mort. Il meurt le 19 janvier 1907, après avoir été hospitalisé à l’hôpital civil de Strasbourg fin 1906, du fait de troubles cardiaques.

Ses assiettes, elles, sont toujours produites. Elles sortent désormais des Faïenceries de Saint-Clément, suite à la fermeture de celles de Sarreguemines en 2007. Un peu plus d’un siècle après le lancement du service « Obernai ».

Document très intéressant  sur  HENRI LOUX