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Vous avez dit… récession mondiale?

Lundi 9 novembre 2015 à 17 h 14 | | Pour me joindre

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Le mot récession apparaît dans l’analyse de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) diffusée en ce début de semaine sur l’état de l’économie mondiale. Au rythme actuel, la croissance du commerce planétaire en 2015 touche des niveaux qu’on considérait, dans le passé, comme étant « associés à une récession internationale ».

Plusieurs experts considèrent qu’en bas de 3 % de croissance, le monde est en récession ou se trouve dans un contexte économique qui ressemble à une récession. On associe généralement une croissance du PIB mondial qui se situe entre 3 et 3,5 % à un fléchissement des matières premières.

Or, l’OCDE révise sa prévision pour 2015 de 3 à 2,9 % seulement. Et pour 2016, de 3,6 % à 3,3 %. Pourquoi? Parce que la Chine ne cesse de décélérer. Ses importations dégringolent. L’OCDE prévoit une hausse du PIB cette année de 6,8 %, l’an prochain, de 6,5 % et en 2017, de 6,2 %. Vous comprenez que la croissance de la Chine demeure forte, mais le ralentissement de sa croissance a un impact marqué sur l’économie mondiale.

Des pays exportateurs, comme le Canada, sont particulièrement ébranlés par ce qui se passe en Chine. Plusieurs pays qui ont des liens importants avec la Chine demeurent en récession. C’est le cas de plusieurs pays émergents comme la Russie et le Brésil. C’est le cas aussi de la Grèce. Dans ces trois cas, il n’est pas prévu qu’une reprise se pointe avant 2017.

La croissance est faible au Canada : 1,2 % cette année et 2 % l’an prochain. Elle demeure assez faible aux États-Unis à environ 2,5 %. Il y a tout lieu de croire que la Réserve fédérale va encore se montrer hésitante avant de relever son taux directeur, malgré les bonnes données récentes sur l’emploi.

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Tiens, le géant américain de vente en ligne Amazon a décidé de payer ses impôts où ses bénéfices sont réalisés. Rien à voir avec les pressions européennes pour que cesse l’optimisation fiscale, dit l’entreprise. « Nous examinons nos structures régulièrement afin de nous assurer que nous pouvons servir nos clients aussi bien que possible », a déclaré un porte-parole d’Amazon à des médias européens.

Ainsi, depuis le 1er mai, sur les bénéfices réalisés en Allemagne, Amazon va payer ses impôts en Allemagne. Même chose au Royaume-Uni, en Espagne, en Italie et bientôt en France. Amazon amorce ainsi un mouvement après avoir dû répondre pendant des années à de nombreuses questions sur ses pratiques fiscales.

L’optimisation, très à la mode dans le monde des multinationales, a pour but de réduire au maximum les impôts à payer. C’est pour cette raison qu’une entreprise comme Amazon a choisi de s’installer au Luxembourg, où le niveau d’imposition est faible par rapport à ses voisins européens.

Aujourd’hui, la pression s’intensifie. Le G20 a lancé des négociations sur l’érosion fiscale des pays et le transfert des profits. Le groupe a demandé à l’OCDE de présenter des propositions pour lancer des discussions sur ces enjeux. Sur une quinzaine de propositions, sept ont déjà fait l’objet d’une entente, selon ce qu’a indiqué Pascal Saint-Amans, directeur du Centre de politique et d’administration fiscales de l’OCDE, dans une entrevue à Alternatives économiques.

À cela s’ajoutent les soupçons de la Commission européenne sur les pratiques du Luxembourg, qui aurait octroyé des avantages fiscaux illégaux à Amazon dans la foulée des révélations journalistiques de « LuxLeaks » en novembre dernier.

Extrait d’un article du Monde : « En 2013, l’agence Reuters avait révélé qu’en 2012, en faisant transiter ses ventes depuis sa filiale luxembourgeoise, Amazon n’avait payé en Allemagne que 3 millions d’euros d’impôts sur les sociétés, alors même que son chiffre d’affaires dans ce pays avoisinait les 9 milliards d’euros. »

De toute évidence, recadrer la fiscalité est devenu une priorité. Et on peut se demander si d’autres entreprises, comme Apple, Fiat, Google ou Starbucks vont suivre le mouvement qu’amorce aujourd’hui Amazon. Non seulement la concurrence fiscale en cours est en train de tuer les capacités financières de certains pays, mais elle accentue les inégalités.

La pression pour le statu quo est toutefois forte, écrit Alternatives économiques : « Mi-janvier, le journaliste du Guardian Simon Bowers montrait comment plusieurs groupes de pression professionnels au service des industries de haute technologie – dont les membres incluent Apple, Microsoft, Google, Amazon, Intel, Yahoo!, Facebook, Uber, Netflix, Hewlett-Packard, eBay, IBM et Twitter – se mobilisent très fortement pour attaquer le contenu de Beps (le plan de l’OCDE nommé Base Erosion and Profit Sharing, érosion des bases fiscales et transfert de profits) et tenter une remise en cause politique. »

En plus de mettre fin au transfert de profits, les autorités travaillent aussi à améliorer l’échange d’informations fiscales. Autrement dit, le fisc canadien, par exemple, devrait être informé automatiquement de l’ouverture d’un compte bancaire à l’étranger par l’un de ses citoyens.

Les pays ont mis en place des procédures de déclarations volontaires. Selon Alternatives économiques, « à l’automne 2014, plus de 500 000 contribuables avaient approché leurs autorités fiscales dans neuf pays dans le cadre de procédures de dénonciations volontaires. Au total, 37 milliards d’euros de recettes auraient déjà été récupérés par un ensemble de 25 pays ».

Le succès pour réduire la portée des paradis fiscaux et de l’évitement fiscal s’appuie sur la coordination des politiques fiscales. Le travail du G20, de l’OCDE et de la Commission européenne, à ce titre, est encourageant. Mais plusieurs pays, dont les États-Unis, résistent à des mesures comme l’échange automatique d’informations. Dans ce contexte, la décision d’Amazon en Europe est un pas dans la bonne direction. Pour l’instant, ce n’est qu’un pas. La route sera longue.

Sources : Le Monde, Alternatives économiques

L’éducation permet d’espérer une vie meilleure, plus riche, plus épanouie, plus réjouissante. Des milliers d’études ont été réalisées sur le sujet, la démonstration n’est plus à faire. Les pays les plus éduqués sont les plus riches, les plus prospères, les plus heureux. Selon l’OCDE, ce sont ces pays qui sont les plus compétitifs ou qui sont en voie de le devenir. Et ce sont les pays qui misent sur l’éducation qui ont les niveaux d’espérance de vie les plus élevés, qui sont les plus hauts aussi dans les classements sur la qualité de vie.

« Le niveau de formation, affirme l’OCDE, est l’indicateur selon lequel les individus se répartissent entre la pauvreté et la richesse relative; et la répartition des compétences au sein d’une société – son degré d’inclusion – s’observe dans les inégalités de revenus au sein de la société. Les pays où les adultes peu compétents sont proportionnellement nombreux sont aussi ceux où les inégalités de revenus sont fortes – comme le montre le coefficient de Gini. »

C’est donc fondamental : l’éducation est porteuse de richesse, de succès, de bien-être.

Dans le contexte du Québec, c’est important de rappeler l’importance de l’éducation dans l’enrichissement d’une société. Le gouvernement ne prévoit augmenter que de 0,2 % les sommes dévolues à l’éducation en 2015-2016, ce qui devrait se traduire par une réduction des dépenses réelles dans ce secteur étant donné l’inflation prévue de 1,4 % cette année.

Comment évaluer l’impact d’une telle décision dans une société qui a beaucoup misé, il faut le dire, sur le développement de son système d’éducation depuis 40 ans, dans une société où les taux de diplomation sont dans la moyenne canadienne?

couillardEn point de presse mardi matin pour souligner le premier anniversaire de sa prise du pouvoir, Philippe Couillard a dit que de ne pas restructurer les finances publiques au Québec serait plus dommageable que ce que peuvent provoquer les compressions actuelles.

C’est en regardant la situation à long terme que le premier ministre justifie les mesures d’austérité, qu’il appelle de la rigueur budgétaire, des mesures qui touchent de plein fouet le secteur de l’éducation.

À l’émission La soirée est encore jeune diffusée samedi soir sur les ondes d’ICI Radio-Canada Première, l’entrepreneur Alexandre Taillefer déclarait qu’il « n’y avait pas de place pour l’austérité en éducation. L’éducation est un investissement. C’est une façon pour une société d’évoluer. C’est une façon pour l’ensemble des classes de générer de meilleurs revenus. Mais, par contre, l’éducation, ce n’est pas  une façon de remplir les besoins des entreprises. Ce n’est pas une adéquation entre les besoins d’une entreprise et ce qu’on va réussir à former. Selon moi, l’éducation, l’enjeu numéro un de l’éducation, c’est de s’assurer d’être capable de transmettre aux étudiants une passion, ce qui va leur permettre d’être heureux dans la vie. »

Alexandre Taillefer exprime en d’autres mots la critique qu’on retrouve dans un collectif publié sous la direction de l’économiste Ianik Marcil. La professeure Joëlle Tremblay écrit que « l’éducation est devenue l’une des composantes d’un système mercantile dont le seul but véritable est d’être rentable ». Elle ajoute que « le débat qui a court sur la remise en question de la culture générale par rapport au savoir technique est probant. De tout temps, nous avons eu un rapport difficile avec le savoir et les connaissances en général ».

Le gouvernement tient un discours résolument différent. Dans le budget 2015-2016, déposé le 26 mars, Québec prévoit « des mesures pour accroître la performance [sic] du marché du travail. Ces actions permettront d’améliorer l’adéquation entre la formation et les besoins du marché du travail afin d’augmenter la population active en mesure de répondre aux besoins sectoriels et régionaux de main-d’œuvre. »

Allons-nous dans la bonne direction? Qu’en pensez-vous?

Sources :

Taxe carbone et prix de l’essence

Lundi 20 octobre 2014 à 16 h 07 | | Pour me joindre

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Le prix de l’essence va monter d’environ 2 ¢ le litre le 1er janvier 2015 au Québec en raison de l’entrée en vigueur du marché du carbone. Dès l’an prochain donc, les entreprises commerciales et industrielles devront respecter des quotas d’émission de gaz à effet de serre (GES), acheter des crédits d’émissions pour compenser ce qu’ils rejettent en trop et réduire à terme leurs GES.

Dans ces circonstances, les distributeurs de carburant auront l’obligation de participer à ce marché. Et ils vont donc refiler la facture à leurs clients, les automobilistes. C’est ainsi que le marché du carbone va fonctionner : toutes les entreprises qui seront soumises au marché trouveront une façon d’incorporer le coût supplémentaire dans leurs prix.

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Québec a décidé d’éliminer la redevance de 1 ¢ que doivent verser les distributeurs au Fonds vert. Cette décision viendra réduire la hausse envisagée par l’entrée en vigueur du marché du carbone. C’est pourquoi, comme l’écrivait Le Devoir en septembre, le ministère de l’Environnement prévoit un prix de 1,9 ¢ le litre, et non de 2,9 ¢.

Selon l’Institut économique de Montréal, le marché du carbone conjoint avec la Californie entraînera une taxe supplémentaire de 10 ¢ le litre d’ici 2020.

Que penser de cette taxe?

  1. Cette taxe carbone est nécessaire pour tenter de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les grandes institutions, comme le FMI et l’OCDE, soutiennent la taxation du carbone.
  2. Toutefois, cette taxe réduit le pouvoir d’achat des consommateurs.
  3. La taxe carbone pourrait favoriser le transport en commun et l’adoption de modes de transport autres que l’automobile.
  4. Cette taxe permettrait également au gouvernement du Québec d’investir les sommes recueillies dans le marché du carbone dans des projets verts, des initiatives de transports durables et des projets qui entraînent une réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Il est clair qu’il y a un coût associé aux efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais il y a un coût également associé à l’absence d’efforts, une sorte d’hypothèque qu’on laisserait aux générations futures. Êtes-vous prêts à payer le prix nécessaire pour réduire votre empreinte carbone?

Le problème de la retraite au Canada

Lundi 1 septembre 2014 à 6 h 46 | | Pour me joindre

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Le Canada fait partie des pays où les régimes publics remplacent le moins le revenu de travail à la retraite. Selon l’OCDE, la pension de vieillesse, le supplément de revenu garanti et les rentes de la RRQ ou du RPC représentent environ 39 % du revenu de travail d’une personne de 65 ans et plus. La moyenne des 30 pays de l’OCDE est de 59 %. L’écart est considérable.

Pour voir ce graphique sur votre appareil mobile, cliquez ici

Si vous n’avez pas de régime d’employeur, ce qui est le cas de plus de 60 % des travailleurs au Canada, vous devez absolument avoir mis un peu d’argent de côté durant votre vie active pour espérer maintenir votre niveau de vie à la retraite. Les experts évaluent qu’il faut viser un revenu équivalent à 70 % de votre revenu de travail annuel pour espérer bien vivre. Autrement dit, si votre revenu annuel de travail était de 50 000 $, il vous faut planifier un revenu de retraite d’au moins 35 000 $.

Pour y arriver, vous pouvez compter sur la sécurité de la vieillesse (moins de 7000 $ par année) et les rentes auxquelles vous avez cotisé au cours de votre vie de travail par le truchement de la RRQ ou du RPC (maximum de 12 500 $ par année). Le reste doit être comblé par un revenu provenant d’un régime complémentaire de retraite ou un REER. Si vous n’y arrivez pas et que votre revenu ne dépasse pas 16 000 $ annuellement, vous aurez droit au SRG, le supplément de revenu garanti (9000 $ maximum par année). Au Canada, une personne de 65 ans et plus sur trois a besoin du SRG. Au Québec, c’est une personne de 65 ans et plus sur deux.

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Que faire pour améliorer le sort des retraités et des futurs retraités?

  • À votre avis, faut-il bonifier le Régime des rentes du Québec et le Régime de pensions du Canada, quitte à ce qu’il faille cotiser davantage annuellement? L’Ontario a décidé de créer son régime des rentes qui viendra ajouter une somme supplémentaire aux rentes du Régime de pensions du Canada. Est-ce que l’Ontario est l’exemple à suivre?
  • Faut-il rendre le REER obligatoire, créer une sorte d’épargne obligatoire pour s’assurer que les gens auront suffisamment de revenus à la retraite?
  • Ou faut-il laisser la situation telle quelle en tentant de miser sur une meilleure éducation à l’épargne, même si beaucoup de gens affirment avoir de trop bas revenus pour arriver à épargner?

Qu’en pensez-vous?

Taxer le carbone, pas la richesse!

Mercredi 11 juin 2014 à 13 h 38 | | Pour me joindre

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Le Canada ne fait pas ce qui doit être fait en matière de politiques environnementales, selon l’OCDE. Dans un rapport publié en marge de la Conférence de Montréal, l’organisme expose clairement la faiblesse du gouvernement canadien sur le plan de la taxation du carbone. Comme nous l’a expliqué le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, dans une entrevue qui sera diffusée mercredi soir à 18 h 30 (HAE) à RDI économie, les gouvernements n’aiment pas parler de taxe parce que ce n’est pas très gagnant dans les urnes!

Or, sur 34 pays membres de l’OCDE, le Canada est en queue de peloton avec les États-Unis et le Mexique pour ce qui est de la taxation des émissions de gaz à effet de serre. L’OCDE recommande d’utiliser des « instruments économiques pour tarifer les émissions de carbone ». Idéalement, c’est une taxe carbone qui devrait être adoptée, selon Angel Gurria. Une bourse du carbone est aussi une possibilité, mais l’expérience n’a pas été très concluante jusqu’à maintenant en Europe, rappelle le secrétaire général de l’OCDE.

À RDI économie mardi soir, le professeur Pierre-Olivier Pineau est venu expliquer toutefois que ce marché d’unités de carbone avait du potentiel. Dans la mesure où plusieurs États et provinces devaient se joindre à un marché continental du carbone, l’objectif ultime, qui est celui d’abaisser nos émissions de gaz à effet de serre, pourrait être atteint. Le gouvernement du Québec participe à ce marché depuis janvier. La Californie aussi. Des enchères d’unités ont eu lieu en mai.

Le principe est simple : le gouvernement autorise l’émission d’un nombre précis d’unités de carbone. Ce nombre est appelé à baisser d’année en année, afin de réduire les émissions annuelles. Une entreprise qui émet des gaz à effet de serre à un niveau plus élevé que prévu doit acheter des unités dans le marché organisé. Dans ce même marché, des entreprises peu polluantes peuvent vendre leurs unités à celles qui en ont besoin.

Le Canada a promis de réduire ses émissions de GES de 17 % en 2020 par rapport au niveau de 2005, sans s’engager toutefois sur le plan international, car il s’est exclu du protocole de Kyoto.

Cela dit, si l’OCDE parle de taxe carbone aujourd’hui, il ne faut pas croire que l’organisme vient de tomber en amour avec les impôts et les charges fiscales. À une question sur les solutions proposées par l’économiste Thomas Piketty pour réduire les écarts de richesse, Angel Gurria a clairement dit que l’idée de taxer les patrimoines et les plus riches n’est pas très porteuse. L’OCDE mise sur la croissance inclusive, une croissance qui n’alimente pas les inégalités, mais qui améliore les perspectives pour tous quant à l’emploi, l’éducation et la santé.

Il faut taxer davantage la pollution, mais pas la richesse, nous dit donc l’OCDE. Qu’en pensez-vous?

Les entrepreneurs, source de richesse

Vendredi 15 juin 2012 à 10 h 34 | | Pour me joindre

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Il y a peu plus d’une semaine, l’OCDE publiait un rapport qui en arrivait à la conclusion que l’entrepreneuriat est très certainement l’une des avenues les plus prometteuses pour relancer l’économie mondiale. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, c’est une façon de freiner la montée du chômage. Les pays développés doivent donc faciliter le démarrage d’entreprise avec des incitatifs fiscaux.

L’OCDE proposait aussi de stimuler l’entrepreneuriat féminin, puisque les entreprises dirigées par des femmes ont des taux de survie supérieurs et créent plus d’emplois en moyenne que celles dirigées par des hommes.

Il y a des gens pour qui les propositions de l’OCDE sonnent comme une douce musique à leurs oreilles. Marc Dutil et Nathaly Riverin, de l’École d’entrepreneurship de Beauce, travaillent depuis des années à maintenir la culture entrepreneuriale des Québécois. À la relancer, diront certains, en regard des statistiques publiées au cours des dernières années.

D’ailleurs, à ce propos, il faut lire le livre de mon collègue journaliste Pierre Duhamel. En s’appuyant sur toutes les données disponibles et des dizaines d’entrevues pertinentes et poussées, l’auteur du livre L’avenir du Québec – les entrepreneurs à la rescousse dresse un bilan historique et factuel de la situation des gens qui se sont lancés en affaires et qui le font encore aujourd’hui.

Pierre Duhamel exprime son opinion sur la richesse au Québec. Cependant, il laisse beaucoup plus de place à la parole des experts et des entrepreneurs, aux mises en contexte, aux statistiques et faits. Il est sorti du discours souvent entendu que le Québec vit dans l’immobilisme, que les contestataires bloquent tout.

Si la fibre entrepreneuriale semble faiblir au Québec, il n’en demeure pas moins que 23 % des sociétés à 2 employés et plus au Canada sont au Québec, soit l’équivalent du poids démographique de la province dans le pays. C’est quand même très bien, nous a-t-il dit en entrevue mercredi, tout en soulignant que nous avons le défi au Québec d’appuyer davantage les entrepreneurs.

Pourtant, les soutiens sont nombreux : comme le dit l’économiste Pierre Fortin, le Québec est « la république des crédits d’impôt à la R&D », le gouvernement du Québec verse 54 % du total des subventions accordées par tous les gouvernements provinciaux au Canada, le taux d’impôts des entreprises au Québec est parmi les plus bas d’Amérique et le Québec est « le champion canadien du capital de risque ».

Néanmoins, « en même temps, nous a dit Pierre Duhamel mercredi, on pourrait dire que les taxes sur la masse salariale sont beaucoup plus élevées que dans le reste du pays, que les entreprises québécoises paient 50 % de la masse salariale du pays alors qu’elles constituent environ 20 % des entreprises [au Canada]. C’est un non-sens que les tracasseries administratives et bureaucratiques sont probablement beaucoup plus élevées au Québec qu’ailleurs. [...] En faisant ça, on favorise certaines entreprises et certains secteurs vis-à-vis d’autres entreprises et d’autres secteurs ».

Les entrepreneurs font partie de la solution, selon l’OCDE et selon Pierre Duhamel. Vous, si le coeur vous en dit, si vous avez l’âme entrepreneuriale, qu’attendez-vous pour vous lancer?

Entre le conflit étudiant, les manifestations contre le Grand Prix et les vidéos de Rocco Magnotta, on n’a pas beaucoup parlé du « mal hollandais » au Québec. Le débat fait rage au Canada anglais. Et le chef de l’opposition officielle à Ottawa, Thomas Mulcair, dit que le Canada est atteint de la terrible maladie. Le gouvernement conservateur répond que le chef du NPD ne cherche qu’à diviser les Canadiens.

En fait, coincé dans le discours politique, le contexte économique canadien est bien mal expliqué. Pour être bien honnête, ça fait des années que sur ce blogue, on parle des disparités économiques entre les régions du Canada. Ça fait des années qu’on évoque ce fait que l’économie canadienne fonctionne à deux vitesses.

Ça fait longtemps qu’on voit les provinces du centre et de l’Ouest profiter de la manne pétrolière, alors que dans l’Est, les manufacturiers exportateurs doivent gérer une décroissance de leurs activités provoquées par la hausse du dollar canadien et le ralentissement de l’économie américaine, en particulier l’explosion de sa bulle immobilière.

Le Canada souffre-t-il pour autant du « mal hollandais »? Le Canada souffre-t-il d’un pétrole cher qui profite à l’Ouest au détriment des exportateurs manufacturiers de l’Est affectés par la force du dollar canadien? Le Canada souffre-t-il de ce concept économique qui décrit un déséquilibre à l’intérieur d’un pays ? Dans le cas du Canada, la hausse du pétrole bénéficierait aux provinces de l’ouest au détriment des fabricants de l’Est qui seraient ralentis et ébranlés par la hausse du huard.

Réponse de Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, en entrevue cette semaine à RDI Économie: non! « L’économie canadienne est très intégrée. Il n’y a pas une économie de l’Ouest et une économie de l’Est », nous a-t-il dit. L’évolution du dollar canadien dépend de plusieurs facteurs, pas seulement du pétrole, pas seulement des taux d’intérêt, selon Mark Carney.

Oui, répond mercredi l’OCDE, il y a nettement des signes de mal hollandais au Canada. C’est la conclusion de l’organisation dans un rapport de 128 pages rendu public ce matin. La valeur ajoutée totale à l’économie pour le secteur manufacturier est passée de 18,6 % en 2000 à 12,6 % en 2011, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques. La part de l’emploi est passée de 15,2 % à 10,2 % au pays.

Ce graphique que nous présentait l’économiste François Delorme à RDI Économie récemment nous oblige à constater que le dollar canadien a tendance à suivre de près l’évolution des prix du pétrole. On a d’ailleurs bien remarqué que le dollar canadien a faibli ces dernières semaines en même temps que le prix du pétrole.

Bien sûr, le lien n’est pas direct. Bien sûr, il y a d’autres facteurs. Mais y a-t-il un économiste ou un député qui peut nous dire, sans avoir peur de se tromper, que la force du dollar canadien n’est pas liée à la force des cours du pétrole? Quand le Canada vend du pétrole à l’étranger, l’acheteur paie en dollars canadiens. Et plus la valeur du baril grimpe, plus il faut acheter en quelque sorte des dollars canadiens, et plus cette demande grandit, plus la valeur de notre devise grandit.

Dans ce contexte, si on tenait pour acquis qu’une bonne partie de la croissance du dollar canadien est attribuable à la montée du pétrole, peut-on pour autant en conclure que les pertes d’emplois manufacturiers sont liées à la montée du dollar canadien? Et c’est là qu’on ne s’entend pas. C’est sur ce point que la chicane devient partisane à Ottawa. L’Ouest qui nuit à l’Est, voilà un beau terrain d’affrontements entre politiciens qui cherchent à séduire des électorats.

L’économiste Maurice Marchon me disait récemment qu’il faudrait d’abord s’intéresser à la productivité des entreprises. Selon les dernières données disponibles, le niveau de productivité des entreprises américaines a grimpé de 37 % depuis 10 ans. Celui des entreprises canadiennes, d’à peine 1 %. C’est ça qui explique surtout les malheurs du secteur manufacturier du Québec, selon lui. Les fabricants du Québec auraient dû profiter davantage de la montée du dollar canadien pour importer des équipements sophistiqués et améliorer davantage leur productivité.

Ce qu’on comprend, c’est qu’avant de conclure que l’un nuit à l’autre, il faut prendre le temps d’évaluer ce que l’un apporte aussi à l’autre. La hausse des cours et de la production du pétrole a provoqué un enrichissement sans précédent de l’Alberta et du Canada. La question qui demeure en débat : est-ce que ça profite à l’Ontario, au Québec, à l’est du Canada?

Un monde de précarité…

Mercredi 23 mai 2012 à 12 h 00 | | Pour me joindre

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D’ici 2016, le niveau de chômage dans le monde ne devrait pas baisser chez les jeunes selon l’OIT, l’Organisation internationale du travail. Le taux de chômage des 15-24 ans devrait légèrement augmenter à 12,7 % en 2012, et ça devrait demeurer ainsi pour plusieurs années.

L’OCDE attirait aussi l’attention sur la situation des jeunes il y a quelques jours en appelant le G20 à s’intéresser en priorité à leur niveau d’emploi. « Près de 11 millions de jeunes âgés de 15 à 24 ans étaient sans emploi dans les pays de l’OCDE début 2012. Dans la zone de l’OCDE, le taux de chômage des jeunes s’élevait à 17,1 % en mars 2012, un niveau proche du record de 18,3 % atteint en novembre 2009. » Le taux de chômage des jeunes est environ trois fois celui de la moyenne.

En Espagne et en Grèce, le taux de chômage chez les moins de 25 ans dépasse maintenant 51 % en raison de la récession qui perdure, des mesures d’austérité qui aggravent la situation et de la crise de la dette qui ne trouve pas de solutions durables. En mars 2007, le taux de chômage des jeunes Espagnols était de 17,7 %. C’est vous dire la détérioration de la situation.

Derrière ces chiffres, s’annonce une précarisation malheureusement durable de l’emploi. Selon l’OIT, « le recours aux contrats temporaires pour les jeunes travailleurs a pratiquement doublé depuis que la crise économique a éclaté. [...] Entre 2008 et 2011, la part des contrats temporaires parmi les jeunes employés — âgés de 15 à 24 ans — a augmenté de 0,9 point de pourcentage par an, après une hausse annuelle de 0,5 point sur la période 2000-2008. [...] Plus d’un jeune sur trois affirme ne pas pouvoir trouver d’emploi permanent. »

Et la hausse de l’emploi à temps partiel chez les jeunes est particulièrement rapide, selon l’OIT, en Australie, au Japon, en Nouvelle-Zélande et… au Canada.

Taux de chômage des jeunes dans les pays de l’OCDE, décembre 2007-mars 2012
Pourcentage du total de la main-d’oeuvre jeune (15-24)

source : OCDE

J’aimerais attirer votre attention sur une étude publiée aujourd’hui par l’économiste Martin Coiteux et sur les résultats de différentes compilations du CIRANO diffusés récemment. Les résultats sont totalement divergents.
 
Le Québec est plus pauvre que les autres
 
D’abord, Martin Coiteux publie Le point sur les écarts de revenu entre les Québécois et les Canadiens des autres provinces et en arrive à la conclusion suivante : le Québec est en retard par rapport aux provinces les plus riches et cette situation est « en train de s’accroître tandis que son avance vis-à-vis des provinces les plus pauvres est en train de diminuer ».
 
Le coût de la vie est plus bas au Québec, mais les Québécois travaillent moins et gagnent moins par heure travaillée, « ce qui suggère un retard en matière de productivité moyenne du travail ». Plus on monte dans l’échelle de la richesse au Québec, plus l’écart grandit avec la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba et l’Ontario.
 
« Au niveau élevé de dépenses par habitant qui est le sien, écrit Martin Coiteux dans le résumé de son étude, le gouvernement du Québec manque de revenus taxables au milieu et au haut de la distribution des revenus. Cela n’est sans doute pas sans conséquence sur le niveau de ses impôts, sur sa dépendance aux transferts fédéraux et sur son niveau d’endettement. »
 
Je vous invite à consulter l’étude complète ici.
 
Le Québec est pas mal meilleur qu’on pense…
 
Et puis, les chercheurs du CIRANO Marcelin Joanis et Luc Godbout ont mis à jour le 2 février une série de graphiques préparés à partir de données de l’OCDE et/ou de Statistique Canada. En se comparant à 34 pays de l’OCDE et à la moyenne de l’Organisation, les deux experts font ressortir un portrait franchement plus positif du Québec.
 
Quelques exemples :
- sur 35, le Québec est au 2e rang pour ce qui est du taux d’emplois des femmes avec enfants;
- avec les Pays-Bas, la Suède et le Danemark, le Québec fait partie des endroits où le taux d’employés travaillant de longues heures est parmi les plus bas;
- le Québec est au 20e rang pour ce qui est du PIB par habitant en parité des pouvoirs d’achat, tout juste sous la moyenne de l’OCDE, loin derrière le Canada;
- le Québec est au 17e rang pour ce qui est du revenu disponible par habitant, sous le Canada, mais au-dessus de la moyenne de l’OCDE;
- mais, surtout, le Québec est 2e sur 35 pour ce qui est de la satisfaction à l’égard de la vie.
 
Est-ce que ce dernier point ne vient pas matraquer un peu tous les autres? Que les Québécois se retrouvent parmi les plus satisfaits à l’égard de la vie, n’est-ce pas là une réussite sociale importante?
 
Bref, allez voir les graphiques du CIRANO avec le mot-clé OCDE. C’est ici :
 
Qu’en pensez-vous?