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Nos dirigeants politiques sont-ils à l’écoute? Une quantité de chercheurs, professeurs, entrepreneurs, acteurs de l’économie font, tous les jours, des propositions, nous interpellent sur l’économie de demain et nous demandent de faire des choix pour améliorer notre économie à moyen et à long terme.

Bien sûr, on peut stimuler l’économie à court terme avec un crédit d’impôt rénovation ou un investissement dans les infrastructures. Mais comment relever les défis démographiques, écologiques, structurels de notre économie à long terme? Serons-nous encore coincés à 1 ou 2 % de croissance du PIB en 2020, en 2025, en 2030 parce que les choix qui s’imposent aujourd’hui n’auront pas été faits?

Je veux seulement vous donner trois exemples générés durant la seule journée de lundi dans le grand tout de notre actualité. Trois exemples de solutions qui demandent de la vision, de l’ambition et qui exigent de nos décideurs qu’ils laissent de côté la vision électoraliste et partisane à court terme. Trois exemples d’une économie à développer pour créer de la richesse, des emplois et une croissance durable : une stratégie d’innovation, un investissement massif en éducation et un virage vers le transport collectif.

  1. À RDI économie lundi soir, le nouveau président de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS), Frédéric Bouchard, a lancé un appel pour une stratégie de l’innovation au Québec. L’actuel gouvernement a mis de côté la stratégie déployée en 2013 par le gouvernement Marois. Et les secteurs innovation et recherche ont été séparés, alors qu’ils étaient ensemble depuis 10 ans. Or, l’avenir passe par des liens plus serrés entre la recherche universitaire et l’innovation en entreprises, selon Frédéric Bouchard. Et il est nécessaire d’appuyer sur l’accélérateur, selon lui, parce que nos défis sont colossaux : vieillissement de la population, changements climatiques, dématérialisation de l’économie, etc.
  2. Dans une étude publiée lundi, le Centre sur la productivité et la prospérité (CPP) affirme que le Québec n’investit pas assez en éducation. « La proportion des jeunes Québécois de 15 à 19 ans qui évoluent en marge du système d’éducation est plus importante que dans une majorité de pays et le taux de diplomation universitaire y est aussi plus faible », écrit le CPP. C’est une évidence, c’est clair, c’est factuel. Comment une société peut-elle espérer s’enrichir sans un investissement conséquent en éducation, en formation, dans ses jeunes? Le ministre des Finances a promis un « réinvestissement » en éducation dans le prochain budget. Mais, en réalité, la croissance des dépenses en éducation ne dépassera même pas le niveau d’inflation.
  3. Puis, l’alliance Switch, qui regroupe des écologistes et des membres du patronat et des entreprises, invite le gouvernement à adopter une stratégie audacieuse pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports, qui ont augmenté de 26 % au Québec de 1990 à 2012. Trois propositions : appuyer les municipalités dans l’aménagement durable de leur territoire et le développement du transport collectif, financer davantage le transport collectif pour en augmenter l’offre et miser sur l’aluminium dans la fabrication de véhicules, les biocarburants de deuxième génération ou le gaz naturel pour le transport routier.

Trop simple, vous allez dire. Je vous répondrai : trop compliqué dans les faits pour les décideurs politiques abonnés au court terme. Le ministre Leitao préfère nous dire que les exportations ne sont pas assez élevées, mais il évite de nous présenter une stratégie qui permettrait de placer les entreprises du Québec parmi les meneurs du monde en matière d’innovation.

Comme l’expliquait Frédéric Bouchard lundi soir, innover, c’est transformer un savoir, une connaissance en un outil utile et créateur de richesse. Si on veut l’exporter, il faut l’inventer, le créer, le développer. Il faut une stratégie, nous a-t-il dit, pour soutenir les Serge Godin et Alexandre Taillefer de demain. Les idées doivent avoir des ailes.

Or, où en sommes-nous sur ce plan? Loin. Loin des meilleurs. Une étude américaine nous apprenait lundi que le Canada se positionne au 25e rang sur 56 pays développés du monde en matière d’innovation et de leur effet sur la croissance mondiale. Loin des premiers, la Finlande, la Suède, le Royaume-Uni, loin des États-Unis et de la France, aux 10e et 11e rangs.

À Davos, le premier ministre Justin Trudeau a dit qu’il fallait investir dans le savoir au Canada, pas seulement dans les ressources. Cette déclaration suscite un certain espoir chez les chercheurs et les innovateurs. Mais tout reste à faire.

Dans les faits, en ce moment, on parle d’infrastructures sans savoir dans quoi l’argent sera investi et jusqu’à quel point ça va stimuler l’innovation. Et surtout, on se chicane sur l’oléoduc Énergie Est, qu’on politise au maximum pour des points partisans. De plus, le Canada s’apprête à signer le Partenariat transpacifique sans en valider les répercussions sur l’économie et l’emploi.

Une autre étude, d’ailleurs, vient d’être publiée aux États-Unis pour dire que le PIB va progresser plus rapidement avec cet accord de libre-échange, mais qu’aucun emploi ne sera créé. Et au Canada? Aucune idée!

Des idées, de la créativité, il y en a. Ce qu’il faut, c’est de la vision.

Déficit de 25 milliards à Ottawa?

Jeudi 14 janvier 2016 à 12 h 21 | | Pour me joindre

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Je ne vous dis pas dans quelles circonvolutions nous serions enfoncés, si on avait élu le 19 octobre dernier les conservateurs ou les néo-démocrates avec leur promesse d’atteindre un déficit 0 dès le premier budget. Nous ne sommes pas dans ce psychodrame qui nécessiterait des compressions majeures, parce que les Canadiens ont élu majoritairement un parti et son chef qui ont promis en campagne des déficits budgétaires pendant trois ans pour stimuler l’économie.

Le gouvernement de Justin Trudeau possède donc une grande marge de manoeuvre sur le plan des finances publiques pour deux raisons :

  1.  Le PLC a gagné son élection en expliquant clairement qu’il y aurait des déficits;
  2.  La santé financière du Canada permet au gouvernement Trudeau d’investir massivement pour soutenir l’économie et enregistrer ainsi des déficits.

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C’est dans ce contexte que des économistes, notamment Clément Gignac de l’Industrielle Alliance, ont proposé au ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, mercredi après-midi à Toronto, d’évaluer la possibilité de présenter un budget stimulateur de l’économie qui nécessiterait ainsi un déficit de 25 milliards de dollars pour 2016-2017. Un déficit de 15 milliards de plus que prévu dans la plateforme du Parti libéral du Canada durant la campagne électorale.

Comme l’expliquait Clément Gignac à RDI économie mercredi soir, l’état de l’économie nous amène déjà à 10 milliards de déficits, avant même l’entrée en vigueur des nouvelles politiques gouvernementales. En additionnant les mesures promises et un programme de stimulation de l’économie, l’ancien ministre québécois suggère donc au ministre d’aller jusqu’à 25 milliards de dollars de déficit. La situation est grave dit-il. Il faut agir avec conviction, selon lui.

Bien sûr que le gouvernement Trudeau doit viser l’équilibre budgétaire. Mais est-ce possible d’atteindre le déficit 0 avec la chute du pétrole en cours et la glissade interminable du dollar canadien? Sans compressions majeures, la réponse est non.

Est-il possible alors d’imaginer que le Canada puisse éviter une récession, ou à tout le moins une stagnation économique comme l’évoquent plusieurs économistes, sans investissements supplémentaires de la part de l’État? Encore là, on doit répondre non. Le secteur privé, en temps de turbulences et d’incertitudes, ralentit ses investissements. L’inaction de l’État contribuerait davantage à un ralentissement de l’économie qu’à une tentative de relance.

Maintenant, à 25 milliards de dollars, le déficit du gouvernement du Canada représenterait-il un alourdissement de la dette du pays? Pas certain. D’abord, un tel déficit, c’est environ 1,3 % du produit intérieur brut (PIB), ce qui est plus faible que la grande majorité des pays de l’OCDE, sauf peut-être l’Allemagne, qui fait mieux.

Ensuite, un déficit de 25 milliards ne viendrait pas nécessairement alourdir la dette du Canada par rapport à son PIB, la mesure qui sert de référence pour évaluer la santé financière d’un pays. Malgré des déficits de 10 milliards de dollars par année, le gouvernement Trudeau prévoyait une réduction de la dette de 30 à 28 % de son PIB en 2018-2019, même à 27 % l’année suivante.

Avec les taux d’intérêt qui sont faibles et la note de crédit parfaite du Canada, le gouvernement Trudeau pourrait annoncer un tel déficit sans vraiment endommager sa situation financière.

Cela dit, l’équation n’est pas simple à résoudre. Dans un contexte où le gouvernement ne contrôle pas les prix du pétrole et l’évolution du dollar canadien, dans une économie qui dépend trop des ressources et dont le marché immobilier est globalement surévalué et dans une économie mondiale qui ralentit, des déficits plus grands à Ottawa auront-ils les effets escomptés sur l’économie canadienne? Le gouvernement risque-t-il de s’enliser dans les déficits, ce qui l’obligerait à remonter des taxes et des impôts pour arriver à l’équilibre en 2019-2020?

Donc, se pourrait-il que le gouvernement soit obligé de remettre à plus tard son objectif de revenir à l’équilibre budgétaire en 2019-2020, d’autant que les économistes nous rappellent ces jours-ci que la probabilité d’une récession aux États-Unis d’ici 2020 est de plus en plus grande?

Les lumières rouges sur le tableau de bord de l’économie canadienne se multiplient. Tellement qu’on peut commencer à se demander si le gouvernement Trudeau ne sera pas obligé d’aller plus loin que prévu dans ses investissements pour stimuler l’économie du pays. Il ne serait pas étonnant, dans les circonstances, que des déficits encore plus grands soient à prévoir. Rappelez-vous que lors de la dernière récession, le déficit du gouvernement Harper avait dépassé les 55 milliards de dollars en 2009. Allons-nous revoir de tels chiffres?

Les inquiétudes sont nombreuses :

  • Le prix du pétrole chute encore et encore. Il se dirige vers les 20 $ le baril aux États-Unis, un niveau sous lequel le prix du pétrole canadien est déjà tombé. Produire, vendre, exporter du pétrole aujourd’hui en 2016 au Canada est une activité non rentable;
  • Le dollar canadien est sur le point de tomber sous les 70 cents américains. Si c’est avantageux pour certains exportateurs, les effets ne seront pas les mêmes que par le passé, en raison d’un manque de compétitivité des entreprises canadiennes. La chute du dollar a un effet négatif sur les importations canadiennes, notamment les prix alimentaires, ce qui touche les ménages;
  • La Banque mondiale a révisé à la baisse sa prévision de croissance pour le PIB mondial, de 3,3 % à 2,9 % pour 2016. Le Canada et ses ressources dépendent de la demande mondiale;
  • Le bilan des mises en chantier en 2015 est positif. On en compte 193 000 au pays, selon les premières données disponibles. Les économistes ne croient pas qu’un tel niveau pourra être atteint de nouveau en 2016;
  • De toute façon, certains marchés sont en surchauffe, et les autorités expriment de plus en plus d’inquiétudes sur des zones à risque, où les familles sont trop endettées et où les marchés immobiliers sont surévalués.

C’est dans ce contexte que les entreprises canadiennes se montrent de plus en plus inquiètes, et donc de plus en plus prudentes. Dans l’enquête effectuée pour l’hiver 2015-2016 par la Banque du Canada, on apprend que la confiance est en chute. « Les intentions d’investissement et d’embauche atteignent leurs plus bas niveaux depuis 2009, les entreprises tournées vers le marché intérieur et celles exposées au secteur des ressources revoyant leurs plans pour tenir compte du ralentissement de l’activité », écrit la Banque du Canada

Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, indiquait la semaine dernière que la transition économique en cours au Canada prendra de trois à cinq ans. Ce passage d’une économie trop dépendante aux ressources à une économie plus diversifiée prendra du temps, ce qui pourrait amputer l’économie canadienne dans les prochaines années.

Vous voyez le tableau : l’économie mondiale ralentit, l’économie canadienne est de plus en plus lente, la confiance des entreprises baisse, les intentions d’embauche s’étiolent. Et on a du mal à trouver des indicateurs qui nous permettraient de croire que cette situation est temporaire. Dans les circonstances, comment doivent réagir les gouvernements, en particulier celui de Justin Trudeau?

Avant même d’avoir baissé les impôts et d’avoir investi des sommes dans l’économie, le nouveau gouvernement a fait le constat que le budget 2015-2016, présenté par le précédent gouvernement, allait être déficitaire et non en surplus. Alors qu’il s’est engagé à plusieurs réformes qui nécessiteront un déficit de 10 milliards de dollars en 2016-2017, le gouvernement Trudeau pourrait devoir assumer un déficit encore plus grand. Il peut le faire, parce que même à 15 ou 20 milliards de dollars, le déficit demeurerait à environ 1 % du PIB et le gouvernement pourrait tout de même réduire sa dette. Mais jusqu’où faut-il aller?

Je vous pose la question autrement : le gouvernement Trudeau a-t-il d’autres choix que d’appuyer davantage son économie? Sommes-nous en train de réaliser qu’un simple investissement général dans les infrastructures ne sera pas suffisant? Est-ce qu’un véritable plan de relance économique doit être envisagé à Ottawa?

Sur les plans économique et financier, l’année 2015 au Canada aura été difficile, il faut se le dire franchement. L’économie ne va pas très bien, les marchés boursiers ont offert un rendement négatif, la création d’emplois est faible et… le Canadien ne sait plus comment faire pour gagner! Mais ça, c’est une autre histoire.

Nous voici aux portes de l’année 2016. Voici 20 choses que vous devez savoir!

FINANCES, FISCALITÉ ET PRIX DES TIMBRES!

  • Baisse d’impôt : dès le 1er janvier, le taux d’imposition fédéral sur les revenus entre 45 000 $ et 90 000 $ passera de 22 % à 20,5 %;
  • Hausse d’impôt : dès le 1er janvier, le taux d’imposition fédéral sur les revenus au-dessus de 200 000 $ passera de 29 % à 33 %;
  • Baisse des droits au CELI : en 2016, il vous sera permis de déposer 5500 $ dans votre CELI en plus des droits disponibles des années passées. L’ancien gouvernement avait fait passer ce montant à 10 000 $ pour l’année 2015. Les libéraux ramènent le plafond à 5500 $;
  • Baisse de cotisations à l’assurance parentale au Québec : dès le 1er janvier, réduction de 2 %;
  • Hausse de prestations de la RRQ et du RPC : en 2016, hausse des rentes de 1,2 % au Québec et de 1,3 % pour le Régime de pensions du Canada;
  • Hausse de cotisations à la RRQ : le taux employé/employeur passera en 2016 de 10,50 % à 10,65 %;
  • Changements fiscaux au Québec : dès le 1er janvier, bouclier fiscal pour amoindrir l’effet de l’impôt sur une hausse des salaires et bonification du crédit d’impôt pour travailleurs expérimentés;
  • Hausse des frais de garderie au Québec : dans votre déclaration de revenus, vous devrez payer les frais supplémentaires exigés avec la nouvelle modulation des tarifs en fonction de vos revenus. Consultez le calculateur du ministère des Finances : http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/Budget/outils/garde_fr.asp;
  • Hausse du tarif de base des services de garde subventionnés au Québec : le 1er janvier, le tarif passera de 7,30 $ à 7,55 $ par jour, par enfant;
  • Allocation canadienne pour enfants : une nouvelle prestation pour les familles sera annoncée dans le premier budget du ministre des Finances Bill Morneau en février ou en mars. Cette allocation remplacera les prestations actuelles pour les ménages avec enfants et ne sera pas imposable, ont promis les libéraux;
  • Crédit d’impôt pour fonds de travailleurs à 15 % : le budget doit nous donner la réponse sur le retour du crédit d’impôt fédéral de 15 % sur les investissements faits dans un fonds de travailleurs, comme le Fondaction CSN et le Fonds FTQ. Les libéraux l’ont promis;
  • Les timbres, au même prix : la hausse prévue pour 2016 des timbres-poste est annulée.

LA BOURSE, LE DOLLAR, LES TAUX, LES BULLES!

  • Non, on ne fera pas de projections boursières pour 2016. Aucune idée! Tout ce que je peux vous dire, c’est que 2015 a été décevante. Le S&P/TSX à Toronto a perdu 10 % entre le début de l’année et Noël. Le S&P 500 à New York a offert un beau gros 0 %;
  • La chute du prix du pétrole s’est accélérée en fin d’année : baisse de 30 % en 2015 des cours du pétrole, sous les 40 $ le baril. Allons-nous descendre plus bas en 2016, comme l’Arabie saoudite et l’OPEP maintiennent la pression sur le marché? L’offre continue d’augmenter plus rapidement que la demande et ça va se poursuivre avec le retour à la normale dans les exportations de pétrole en Iran;
  • Le dollar canadien est passé de 0,86 à 0,72 $ US en 2015. Plusieurs économistes prévoient qu’il tombera sous les 0,70 $ US en 2016;
  • Selon plusieurs économistes, des hausses de taux d’intérêt sont à prévoir aux États-Unis, mais une baisse est possible au Canada. Question : jusqu’où va-t-on stimuler le marché immobilier? Il y a déjà de dangereuses bulles à Toronto et à Vancouver. Et je ne parle pas de bulles de champagne!

TOUT EST ÉCONOMIQUE ? OU TOUT EST POLITIQUE?  

  • Élections aux États-Unis en novembre 2016 : Hillary Clinton devrait être la candidate démocrate contre Ted Cruz, Marco Rubio, Donald Trump ou qui encore chez les républicains? Cette élection aura un effet sur les relations entre le Canada et les États-Unis. L’accord de Partenariat transpacifique (PTP) pourrait tomber à l’eau si Hillary Clinton est élue et maintient son opposition. Le projet d’oléoduc Keystone pourrait revivre si les républicains sont portés au pouvoir;
  • Après l’austérité, la rigueur et tutti quanti, une année d’investissements? Le Québec est en surplus et le premier ministre Philippe Couillard a clairement dit, dans ses entrevues de fin d’année, que 2016 serait l’année du « réinvestissement ». Au Canada, le nouveau gouvernement Trudeau a prévu d’enregistrer des déficits de 10 milliards de dollars et plus par année pour investir dans les infrastructures, baisser les impôts et stimuler l’économie;
  • Réforme fiscale au Québec? Après le dépôt du rapport Godbout, le gouvernement Couillard a montré de l’intérêt pour un remodelage de la fiscalité au Québec, mais il semble avoir perdu de son élan. Que nous réserve le prochain budget Leitao?
  • Et quelles seront les nouvelles cibles de réduction de gaz à effet de serre au Canada? Le premier ministre Trudeau a promis un plan en 2016.

Joyeux Noël, joyeuses Fêtes, bonne année 2016! Succès, bonheur, paix, santé, prospérité!

Un appareil CSeries de Bombardier
Un appareil CSeries de Bombardier

Il n’y a pas un matin qui passe sans qu’un analyste ou un éditorialiste de Toronto ou de New York publie un commentaire négatif sur la demande de soutien financier de Bombardier auprès du nouveau gouvernement Trudeau à Ottawa. Unifor, l’Association internationale des machinistes et travailleurs de l’aérospatiale et le gouvernement du Québec appuient Bombardier et sa demande d’investissement auprès du fédéral, mais les appuis s’arrêtent là. Les arguments contre une aide à Bombardier sont nombreux et créatifs.

Voici quelques exemples de ce qu’on peut lire ici et là :

  • Si Justin Trudeau vient en aide à Bombardier, ce sera le signal que c’est bar ouvert à Ottawa pour les entreprises qui ont besoin d’argent, selon la Fédération canadienne des contribuables;
  • Justin Trudeau ne doit pas céder à l’émotion et à la pression venant de sa province qui lui a donné une majorité de députés aux élections du 19 octobre;
  • On ne peut pas comparer la situation actuelle de Bombardier à l’aide consentie au secteur automobile en 2008 et 2009, selon le Toronto Star, qui ajoute que Bombardier est responsable de ses problèmes, alors que les producteurs d’autos de l’Ontario ont été victimes de la crise financière mondiale;
  • On a assez aidé Bombardier dans le passé : le Globe and Mail rapportait le 30 octobre dernier que depuis 1966, Industrie Canada a prêté 1,3 milliard de dollars à Bombardier. L’entreprise a remboursé jusqu’à maintenant 543 millions de dollars;
  • Tant que les Beaudoin-Bombardier gardent le contrôle des votes au conseil, on ne doit pas aider cette entreprise dont les choix stratégiques n’ont pas toujours été les bons;
  • Bombardier, c’est bien cette entreprise qui est poursuivie par la Ville de Toronto en raison de retards dans la livraison des tramways, c’est ça?

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Une fois que tout le monde s’est défoulé, il y a lieu de se poser de vraies questions rationnelles sur une intervention potentielle du gouvernement fédéral dans Bombardier :

  • Est-ce le rôle de l’État d’être actionnaire d’une société qui fabrique des avions? La même question se posait quand le gouvernement du Québec a décidé d’investir dans la C Series;
  • Allons-nous perdre des emplois névralgiques et bien payés si le fédéral n’investit pas dans Bombardier?
  • Est-ce que Bombardier a encore besoin d’argent après avoir exprimé clairement il y a deux semaines qu’elle avait les liquidités nécessaires pour mener à bien le projet de la C Series?
  • Le fédéral pourrait-il acheter des actions de Bombardier inc. au lieu d’investir dans la société en commandite qui va chapeauter la C Series?
  • Est-ce que l’entente entre le gouvernement du Québec et Bombardier est à risque si le fédéral n’investit dans la société? Il faut savoir que les lettres d’entente sur la C Series entre les deux entités doivent être signées d’ici le 1er janvier 2016.

Bien des gens sont d’avis que Bombardier est le genre d’entreprise qui a bénéficié trop largement du soutien du gouvernement, disant même que Bombardier se comporte en assisté social de l’État. L’image frappe, mais pensons aux 40 000 employés et à l’exceptionnel travail d’innovation du secteur aérospatial au Québec. On ne peut pas traiter à la légère cet enjeu. Justin Trudeau a dit qu’il allait appuyer sa décision sur les faits et sur la solidité du modèle d’affaires présenté par Bombardier. C’est une approche raisonnable.

obamaEn fin de mandat, le président Obama cherche à conclure sa présidence de huit ans sur une note toute verte. En arrivant à Paris dans trois semaines pour le sommet sur le climat, il veut faire partie de la solution, il veut être celui qui aura fait prendre aux États-Unis le virage nécessaire vers le développement durable, vers une économie qui sera un peu plus en phase avec les capacités de la planète. Le consensus scientifique mondial sur les changements climatiques doit nous amener vers des gestes concrets. Le président des États-Unis l’a compris.

Cela dit, rejetant le projet Keystone en citant des arguments à la fois économiques et écologiques, Barack Obama pose un geste de rupture dans le développement économique des États-Unis. Ce président, qui a multiplié les annonces d’investissement dans l’éolien et le solaire notamment, a aussi permis, faut-il le souligner, à l’industrie pétrolière de prospérer et de redevenir une puissance mondiale. Les Américains produisent du pétrole et en consomment comme jamais!

Grâce à la révolution du gaz de schiste, plusieurs producteurs américains se sont lancés dans l’exploitation du pétrole de schiste. L’exploitation américaine de pétrole a doublé en cinq ans. Avec la chute du prix du pétrole, la production a toutefois ralenti dans les derniers mois. Mais, les États-Unis sont aujourd’hui les premiers producteurs de pétrole du monde, à plus de 9 millions de barils par jour, avec l’Arabie saoudite et la Russie.

C’est ce même pétrole de schiste, du Dakota du Nord, qui a permis à l’industrie ferroviaire de retrouver une ère de grande prospérité depuis cinq ans, ce même pétrole qui a ravagé le centre-ville de Lac-Mégantic le 6 juillet 2013, fauchant la vie de 47 personnes. Cette tragédie n’a jamais empêché l’industrie de poursuivre sa croissance puisqu’aujourd’hui, 1 million de barils de pétrole par jour sont transportés par train aux États-Unis.

L’industrie des pipelines aussi profite du boom pétrolier américain. Le Financial Times rapportait mardi que, depuis 2010, les Américains ont construit 19 000 kilomètres de conduits de pipelines. Sous la présidence de Barack Obama, depuis cinq ans, c’est 10 fois le projet Keystone qui a été développé en oléoducs.

Le Canada continue de tirer des bénéfices de la soif pétrolière américaine. En août dernier, les Américains importaient 3,4 millions de barils de pétrole par jour du Canada, un record. Les exportations canadiennes de pétrole vers les États-Unis ont bondi de 1,2 million de barils par jour depuis 2008, une hausse de 64 %.

Oui, le président américain pose un geste de rupture en refusant le projet Keystone. Mais, non, le virage vert est loin d’être complété. Il s’amorce à peine. Avec ou sans Keystone, l’exploitation canadienne poursuit son expansion et la transition écologique, chez nos voisins du sud comme chez nous, sera longue.

Trudeau : éviter une dérive budgétaire

Mercredi 4 novembre 2015 à 16 h 32 | | Pour me joindre

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Le programme économique de Justin Trudeau tirait à gauche sur certaines propositions, notamment les hausses d’impôt pour les mieux nantis et des déficits pour stimuler la croissance du PIB et la création d’emplois. L’équipe économique du nouveau gouvernement penche à droite du centre plutôt qu’à gauche avec, au Trésor, Scott Brison, ancien député du Parti conservateur et, aux Finances, Bill Morneau, ancien président du conseil d’administration de l’Institut CD Howe, organisme souvent décrit comme étant conservateur, bien que non partisan.

Cela dit, Bill Morneau a une longue feuille de route : il a dirigé l’entreprise familiale Morneau Shepell, une des plus grandes entreprises de conseil en ressources humaines au Canada. Il a fait du bénévolat dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Il a siégé au Conseil consultatif sur les régimes de retraite du gouvernement de l’Ontario. On peut s’attendre à une approche pragmatique.

Bill Morneau et Justin Trudeau

Les cordons de la bourse ne sont donc pas entre les mains du plus keynésien du groupe, l’économiste John McCallum, qui se retrouve à l’Immigration. L’auteure et journaliste Chrystia Freeland, qui a écrit sur l’enrichissement des mieux nantis et leur influence politique, s’occupera du Partenariat transpacifique au Commerce international.

Le Parti libéral a fait beaucoup de promesses durant la campagne électorale. En choisissant Bill Morneau et Scott Brison, avec l’appui de l’économiste québécois Jean-Yves Duclos comme membre du comité des priorités et du Conseil du Trésor, le nouveau premier ministre veut s’assurer de ne pas perdre le contrôle des finances publiques. Oui, le nouveau ministre des Finances aura de la marge de manoeuvre pour investir dans l’économie avec tous les déficits qui sont prévus pour les 3 prochaines années, mais Justin Trudeau veut éviter les débordements et souhaite sans doute revenir plus rapidement que prévu à l’équilibre budgétaire. Bill Morneau et Scott Brison auront pour mandat de ne pas lâcher la bride.

Scott Brison

Cela dit, les libéraux ont appuyé leur plate-forme sur les projections économiques révisées à la baisse du directeur parlementaire du budget, avec un facteur de prudence de 600 millions de dollars. Ce nouveau gouvernement a définitivement les coudées franches pour mettre en place son programme.

Les 5 grands changements à prévoir d’ici le printemps prochain :

  • une politique budgétaire expansionniste, d’investissements et de réinvestissements avec des déficits jusqu’en 2019;
  • un cadre de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui viendra préciser, espérons-le, les attentes en matière d’environnement pour les entreprises et les industries;
  • une baisse du taux d’impôt de 22 % à 20,5 % pour les revenus entre 44 700 $ et 89 401 $ et une hausse du taux d’impôt, de 29 % à 33 %, sur les revenus dépassant 200 000 $;
  • annulation de la hausse du plafond de cotisation au CELI et du fractionnement du revenu pour les couples avec enfants;
  • mise en place de l’Allocation canadienne aux enfants, qui ne sera pas imposable et qui viendra remplacer la Prestation universelle pour la garde d’enfants, la Prestation fiscale canadienne pour enfants et le supplément de la prestation nationale pour enfants.

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Les Canadiens ont fait leur choix. Ils ont opté pour le changement, celui qu’incarnent les libéraux, et ce choix est assumé puisque le nouveau gouvernement Trudeau sera majoritaire. Il est clair que les enjeux politiques vont dominer les prochains jours avec la transition du pouvoir, la formation du nouveau Conseil des ministres et les changements à prévoir dans les partis d’opposition. Mais, tôt ou tard, la réalité économique et financière du Canada va rattraper le nouveau gouvernement. Et des choix devront être faits.

Voici les cinq tâches et défis économiques et financiers du nouveau gouvernement :

1- La réalité des chiffres : présenter une mise à jour budgétaire

Nous avons expliqué 100 fois que la révision à la baisse de la prévision de croissance économique pour 2015 allait obliger le gouvernement à revoir à la baisse ses revenus projetés et donc le surplus envisagé dans le budget 2015-2016 à 1,9 milliard de dollars. C’est environ 3 milliards de dollars qui seront manquants, selon les calculs de l’économiste Jean-Pierre Aubry.

Le Parti libéral a clairement dit qu’il allait enregistrer des déficits d’ici 2019 avant de revenir à l’équilibre budgétaire. Il n’a pas donné de précisions sur le solde envisagé pour l’exercice en cours, 2015-2016, qui se termine le 31 mars prochain. Mais il y a fort à parier que le nouveau gouvernement annoncera un déficit pour cet exercice et attribuera tous les torts au gouvernement conservateur précédent.

Cette mise à jour viendra avant Noël et le budget probablement en mars, question de laisser un peu de temps au nouveau ministre des Finances de s’installer et de mettre en oeuvre les priorités de son gouvernement.

D’ailleurs, qui sera le prochain ministre des Finances?

  • Bill Morneau, nouveau député libéral de Toronto-Centre, a étudié à la London School of Economics. Il est administrateur, il a siégé au conseil consultatif sur la retraite du gouvernement ontarien et à l’Institut CD Howe. Il fait partie de la famille qui a fondé Morneau Sheppel, société de conseils en ressources humaines.

  • John McCallum, député de Markham-Thornhill, a notamment été ministre du Revenu, a été aussi économiste en chef de la Banque Royale. Il est vu comme l’un des architectes de la politique keynésienne des libéraux, c’est-à-dire une politique d’investissements massifs de l’État dans l’économie, quitte à faire des déficits.

  • Ralph Goodale, député de Regina-Wascana, a été ministre des Finances du Canada. Il a été élu la première fois à Ottawa en 1974, c’est un vétéran, qui a aussi dirigé les ministères des Ressources naturelles et de l’Agriculture.

  • Jean-Yves Duclos, nouveau député libéral dans Québec, est un économiste qui a fondé récemment la Chaire sur les enjeux économiques des changements démographiques. Il a fait plusieurs recherches sur le financement de la santé. Peu probable qu’il se retrouve aux finances, mais probable qu’il soit au Conseil des ministres.

  • Scott Brison, député dans Kings-Hants, était le porte-parole du PLC en matière de finances dans l’opposition. Il est coprésident du conseil consultatif sur l’économie de Justin Trudeau. Il a été ministre des Travaux publics et connaît bien le secteur de l’investissement bancaire.

2- Le signal du premier budget

C’est dans ce budget qu’on verra poindre la vision du nouveau gouvernement. Les principes qui guideront les libéraux seront résolument différents sur le plan du développement économique. Les conservateurs misaient sur les baisses d’impôt et le contrôle des dépenses. Les libéraux injecteront des milliards de dollars dans l’économie pour stimuler la construction d’infrastructures, une vieille recette économique qui a pour but d’alimenter la croissance économique et les revenus d’impôt pour le gouvernement.

Il faudra surveiller les bases de projections du nouveau gouvernement. Sera-t-il optimiste sur la croissance du PIB et la remontée des cours du pétrole comme l’était l’ancien gouvernement? Ou jouera-t-il de prudence en adoptant l’approche de la surestimation des déficits afin d’annoncer ensuite de « bonnes nouvelles », autre vieille recette, politique celle-là?

Il est clair que les libéraux se sont donné une belle marge de manoeuvre en promettant des déficits et non des surplus budgétaires dès cette année ou l’an prochain. N’importe quel ministre des Finances voudrait bénéficier d’une telle marge de manoeuvre. Le Canada est un pays riche, coté AAA, avec des finances publiques saines et qui peut emprunter à de très faibles coûts. Son défi n’est pas budgétaire. Il est économique.

3- Stimuler l’économie : un plan pour faire face au vieillissement de la population et générer de l’activité économique dans un contexte de lente croissance du PIB

Et c’est ici qu’on attend de l’audace, de la vision et une compréhension fine de l’économie. Les Canadiens méritent qu’on voie venir les coups 5, 10, 15 ans d’avance, dans la mesure du possible bien sûr. Il y aura toujours des impondérables, des guerres, des crises, des événements de toute nature. Mais il y a des tendances que nous pouvons analyser en prospective. Nous savons que le Canada vieillit. Il y a plus d’aînés que d’enfants au Canada. C’est un changement démographique radical, majeur, qui va ralentir l’économie plutôt que de la stimuler, c’est dans l’ordre des choses.

Il faut donc stimuler l’innovation, la productivité, aider les entreprises à exporter, à se développer, à créer et à embaucher. Oui, les infrastructures stimulent l’économie. Mais quelles infrastructures vont modeler notre futur? Ce sont certainement les infrastructures vertes, les bâtiments et les structures fondées sur le développement durable, le transport en commun, un aménagement urbain convivial, efficace, intelligent, qui réduit notre dépendance au pétrole et notre empreinte carbone.

Et n’oublions surtout pas qu’il faudra gérer ces budgets d’infrastructures. S’il y a une chose qu’il faut éviter, c’est le bar ouvert pour les entreprises qui pourraient se magasiner de généreuses primes. On ne veut pas une nouvelle commission Charbonneau.

4- Stimuler l’épargne et améliorer le sort des aînés

Par quel bout commencer? D’abord, le Parti libéral a pris l’engagement d’annuler la bonification du compte d’épargne libre d’impôt (CELI), qui était passé à 10 000 $ sous les conservateurs dans le dernier budget. Le PLC a aussi pris l’engagement de bonifier de 10 % le Supplément de revenu garanti pour les aînés vivant seuls. Maintenant, il faut faire davantage.

Le Canada fait partie des pays qui assument une faible part des revenus de retraite dans l’OCDE. Faut-il bonifier le Régime de pensions du Canada (et le Régime des rentes du Québec)? Faut-il s’inspirer de l’Ontario, qui veut ajouter un régime public au Régime de pensions en faisant passer de 25 % à 40 % le remplacement par les rentes du revenu de travail à la retraite? Faut-il adopter une stratégie d’épargne solide pour amener les employeurs et les travailleurs à épargner davantage?

Le vieillissement de la population au Canada ralentit la croissance économique et risque d’augmenter l’appauvrissement des aînés. Que va faire le nouveau gouvernement majoritaire de Justin Trudeau?

5- Environnement : adopter un plan audacieux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre en gardant en tête les répercussions économiques à long terme

Le défi économique du 21e siècle, je l’ai souvent dit et écrit, c’est le défi écologique. Justin Trudeau prévoit aller à la conférence des Nations unies sur les changements climatiques avec des premiers ministres provinciaux. Il propose d’établir ensuite des cibles précises pour le Canada. Il est non seulement souhaitable que le Canada accélère son travail en matière de réduction de gaz à effet de serre, mais surtout que ces objectifs soient atteints.

Le Canada doit maintenant faire partie de la solution. Mais comment le nouveau gouvernement va-t-il gérer l’essor de l’exploitation du pétrole des sables bitumineux? Et comment pourra-t-il demeurer cohérent si les prix du pétrole repartent à la hausse et viennent remplir les coffres à Ottawa?

Après la campagne, après les promesses, la réalité économique et financière se dresse devant le nouveau gouvernement. Le PLC va recentrer son action et il y a fort à parier que, malgré des engagements environnementaux plus solides, le gouvernement Trudeau continuera de défendre le développement du pétrole.

Il faut croire aussi que les milliards vont pleuvoir dans les infrastructures, mais que dans l’objectif de ne pas effrayer les Canadiens, le premier ministre désigné voudra revenir à l’équilibre budgétaire plus rapidement que prévu, en 2018-2019 plutôt qu’en 2019-2020. Et attendez-vous à ce que Justin Trudeau approuve le Partenariat transpacifique, avec ou sans compensations pour les secteurs de l’automobile et des producteurs laitiers.

16 promesses libérales

  • Baisse d’impôt de 22 à 20,5 %
  • Hausse d’impôt à 33 % au-delà de 200 000 $
  • Baisse d’impôt pour les PME de 11 à 9 %
  • Infrastructures : 125 milliards de dollars sur 10 ans
  • Allocation canadienne pour enfants
  • Annulation de la bonification du CELI
  • Annulation du fractionnement du revenu entre conjoints
  • Hausse de 10 % du SRG pour les aînés vivant seuls
  • Pas de péage sur le nouveau pont Champlain
  • Nouvelle évaluation environnementale d’Énergie Est
  • Nouveau plan pour la réduction des GES avec les provinces
  • Partenariat transpacifique?
  • Nouvel accord sur les transferts en santé aux provinces
  • Postes : annuler la fin de la livraison à domicile
  • 150 millions de dollars de plus pour CBC/Radio-Canada
  • Conseil des arts du Canada : de 181 à 360 millions de dollars

 

Lisez, regardez, écoutez, votez!

Vendredi 16 octobre 2015 à 16 h 23 | | Pour me joindre

Pour me joindre

Vous êtes appelés à voter lundi. Dans les derniers jours, je vous ai soumis quelques questions à caractère économique pour vous aider, bien humblement, à faire votre choix, à préciser vos attentes quant au prochain gouvernement. C’est donc la fin d’une longue campagne.

Je vous propose ici de lire, voir, relire, revoir les blogues et entrevues de la campagne électorale. Nous avons analysé, dans l’ordre de diffusion, les cadres financiers du Parti vert, du NPD, du Bloc québécois, du Parti libéral du Canada et du Parti conservateur du Canada. En extraits vidéo, des entrevues avec cinq représentants des partis ainsi qu’une capsule diffusée au Téléjournal Grand Montréal, une entrevue avec le fiscaliste Stéphane Leblanc et une autre avec le journaliste spécialisé en environnement Étienne Leblanc.

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PARTI VERT

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NPD

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BLOC QUÉBÉCOIS

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PARTI LIBÉRAL DU CANADA

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PARTI CONSERVATEUR DU CANADA

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 À VOIR AUSSI SUR LES MESURES FISCALES ET L’ENVIRONNEMENT :

Cliquez ici pour les principales mesures fiscales

Cliquez ici pour écouter l’entrevue avec le fiscaliste Stéphane Leblanc

Cliquez ici pour écouter l’entrevue avec le journaliste spécialisé en environnement Étienne Leblanc

Vous êtes plusieurs à avoir voté par anticipation et vous serez encore plus nombreux à voter le jour officiel de l’élection fédérale lundi prochain. Je vous pose aujourd’hui 10 questions dans le but de vous aider à déterminer ce qui est prioritaire sur le plan économique pour vous. Je vous invite à discuter des enjeux ici sur ce blogue.

1- Déficit 0 à tout prix?

Dans une économie de près de 2000 milliards de dollars, un léger surplus ou un léger déficit ne change en rien la réalité financière du pays. Le Canada a la meilleure cote de crédit possible, soit AAA. Pour vous, l’équilibre budgétaire est-il un enjeu prioritaire? Faut-il atteindre l’équilibre, voire des surplus, à n’importe quel prix? Même en temps de faible croissance économique? Le PCC et le PV promettent des surplus dès 2015-2016 et pour les années suivantes.

Nous avons montré à plusieurs reprises que ce scénario est peu réaliste et nécessitera soit une forte poussée économique ou des compressions budgétaires. Le NPD promet des surplus à partir de 2016-2017. Le PLC promet des surplus en 2019-2020 en raison de son intention de doubler les investissements en infrastructures.

2- Souhaitez-vous des baisses d’impôt?

Si c’est le cas et que vous faites partie d’une famille de la classe moyenne avec des enfants, dites-vous bien que tous les partis vous courtisent. Le PCC a déjà adopté une bonification de la prestation universelle pour garde d’enfants (PUGE) et le fractionnement du revenu de couples avec enfants. Le PLC propose de remplacer les prestations actuelles pour les parents par une allocation canadienne aux enfants, plus généreuse encore. Le NPD veut instaurer un programme de garderie à 15 $ par jour dans l’ensemble du pays, sauf au Québec qui a déjà son système. Le BQ propose notamment d’annuler l’imposition sur la PUGE.

Tous les partis, sauf le PCC, veulent annuler la bonification du compte d’épargne libre d’impôt (CELI) et le fractionnement du revenu pour couples avec enfants. Honnêtement, qui offre mieux ou plus? Avec une calculatrice, vous pouvez faire des calculs si vous le souhaitez. Ici, c’est une question philosophique qui se pose : doit-on conserver une prestation – la PUGE – qui profite autant aux familles plus riches qu’aux familles plus pauvres? Faut-il réduire davantage les revenus de l’État en élargissant le cadeau fiscal qu’est le CELI?

3- Faut-il taxer les plus riches?

Nous avons souvent abordé la question des écarts de richesse. Pour les réduire, bien des gens souhaitent qu’on taxe davantage les plus riches et les entreprises. D’autres sont d’avis contraire, car de telles mesures peuvent nuire à la croissance économique et alimenter l’évitement fiscal. On ne va pas trancher ici. Le PLC propose d’abaisser le taux d’imposition sur les revenus de 45 000 à 90 000 $ par année de 22 à 20,5 %. Pour financer cette mesure, un nouveau taux d’imposition serait ajouté sur les revenus dépassant 200 000 $, un taux de 33 % au lieu de 29 %. Le BQ propose une surtaxe de 1,5 % pour les contribuables dont les revenus dépassent 150 000 $ par année.

4- Doit-on stimuler l’économie?

Nous sortons d’une courte et faible récession, ce qui devrait être confirmé bientôt. Nous sommes toutefois dans une lente croissance. D’année en année, la hausse du PIB au Canada est de plus en plus faible. Dans les circonstances, faut-il stimuler l’économie? Oui, si on veut alimenter la croissance. Non, si on considère que le Canada n’est pas plongé dans une profonde récession. Le PCC propose des investissements dans les infrastructures de 65 milliards de dollars sur 10 ans, un crédit d’impôt à la rénovation et une bonification du régime d’accès à la propriété. Le PLC propose de doubler la somme prévue sur 10 ans pour les infrastructures, à 125 milliards de dollars, alors que le NPD est à un peu plus de 90 milliards.

Dans les deux derniers cas, on mise notamment sur des investissements dans les infrastructures vertes. Presque tous les partis proposent une baisse d’impôt pour les PME. Le NPD veut faire passer le taux d’impôt des grandes entreprises de 15 à 17 %, le BQ, de 15 à 16,5 %, puis à 20 % pour les banques et les pétrolières. Le PV propose de faire passer le taux de 15 à 19 % rétroactivement au 1er avril 2015. Les partis qui veulent hausser les impôts des entreprises ne chiffrent pas l’impact économique négatif potentiel de ces mesures.

5- Faut-il taxer le carbone?

Le Québec et l’Ontario misent sur une bourse du carbone qui permette des échanges de crédits et une réduction éventuelle des émissions de gaz à effet de serre. La Colombie-Britannique et l’Alberta tablent pour leur part sur une taxation du carbone, des taxes instaurées en 2007 et 2008. Faut-il aller plus loin? Le Canada doit-il adopter une politique nationale? Le PV propose une taxe carbone de 30 $ la tonne d’équivalent CO2, un programme de 22 milliards de dollars sur une année.

Le NPD veut un marché du carbone pancanadien, alors que le PLC veut participer au financement des initiatives provinciales dans le dossier des changements climatiques. Le BQ souhaite que le fédéral investisse davantage dans les énergies propres. Le PCC ne veut pas de marché ou de taxe carbone. Il est clair que la question écologique est l’enjeu économique du 21e siècle et que des actions sont absolument nécessaires.

6- Faut-il aider les ménages à devenir propriétaires?

Le Parti conservateur propose d’augmenter les sommes qu’on peut tirer de notre REER pour investir dans la mise de fonds à l’achat d’une première propriété. En ce moment, on peut retirer 25 000 $ sans payer d’impôt. Le PCC propose de porter ce montant à 35 000 $ dans le but d’ajouter 700 000 nouveaux propriétaires d’ici 2020. Les autres formations parlent surtout d’augmenter l’accès au logement social et aux résidences pour personnes âgées.

Il faut garder en tête que les ménages canadiens sont de plus en plus endettés et que le nombre d’aînés pauvres va augmenter dans les prochaines années en raison du manque d’épargne pour une grande partie des travailleurs.

7- Souhaitez-vous des mesures pour les aînés?

Vous êtes un aîné ou vous songez aux revenus de vos parents? Le PLC propose une hausse du Supplément de revenu garanti (SRG) de 10 % pour les aînés à faible revenu vivant seul. Cette personne toucherait jusqu’à 1000 $ de plus par année. Le NPD propose aussi une hausse du SRG pour les 200 000 aînés les plus pauvres, pour un revenu supplémentaire par année de 250 à 2000 $. Le NPD veut annuler le passage de l’accès à la sécurité du revenu de 67 à 65 ans, qui doit se produire entre 2023 et 2029.

Le PCC propose un crédit d’impôt pour les aînés célibataires, qui pourrait rapporter une économie moyenne d’impôt de 197 $ par année. Le PV mise sur un revenu de subsistance garanti, de meilleurs soins à domicile et une assurance médicament. Le BQ souhaite que le SRG soit bonifié de 110 $ par mois en plus d’instaurer un crédit d’impôt fédéral pour les soins à domicile.

8- Qui m’aide à épargner?

Le PCC a décidé, dans le dernier budget, de faire passer le plafond du CELI de 5500 $ par année à 10 000 $. Autrement dit, vous pouvez placer 10 000 $ dans votre CELI et les intérêts sur cet argent et les retraits ne seront pas imposables. Il a été démontré par le directeur parlementaire du budget que cette mesure allait essentiellement favoriser les mieux nantis, ceux qui sont capables de mettre jusqu’à 10 000 $ dans une année dans un CELI.

Cela dit, ce compte peut rapporter gros aux aînés les plus démunis, puisque les sommes retirées ne s’ajoutent pas aux revenus imposables, ce qui ne nuit pas au montant du Supplément de revenu garanti. Les autres partis veulent annuler cette hausse du plafond. Le PLC a exprimé son intention d’appuyer la bonification du régime de retraite public en Ontario à partir de 2017. Le NPD propose de convoquer les premiers ministres des provinces pour établir un plan ayant pour objectif de bonifier le Régime de pension du Canada (RPC) et le Régime des rentes du Québec (RRQ). Le NPD, le PLC et le BQ proposent qu’on ramène le crédit d’impôt sur les investissements dans les fonds de travailleurs à 15 %.

9- Qui parle pour les chômeurs?

Le chômage peut toucher n’importe qui. Peut-être considérez-vous que cet enjeu est plus important que tous les autres. Le PCC propose une baisse des cotisations à l’assurance-emploi de 21 %, en faisant passer le taux de 1,88 $ par tranche de 100 $ de rémunération assurable en 2015 à 1,40 $ en 2017. Le BQ propose d’annuler cette baisse, de séparer les sommes de l’assurance-emploi du fonds consolidé du gouvernement et de bonifier les prestations d’assurance-emploi. Le NPD propose aussi d’annuler la baisse des cotisations pour geler les primes. Le PLC maintient la baisse de cotisations et annonce une amélioration de l’accès aux prestations.

10- Qui est le plus compétent pour gérer l’économie?

La compétence se mesure à partir d’une série de critères, qui vont de la formation à l’expérience de travail et le bilan politique. Je vous laisse juger qui est le plus compétent, je ne répondrai pas à cette question. Stephen Harper est économiste. Thomas Mulcair est avocat. Justin Trudeau est enseignant. Gilles Duceppe est travailleur communautaire et syndical. Elizabeth May est avocate et a longtemps milité dans des groupes environnementaux.

Bon vote!