Le remaniement du gouvernement Philippe

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L'édito politique de 6h20 est une chronique de l'émission Europe 1 bonjour
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La moralisation de la politique est une sorte de combat, et Emmanuel Macron a pris le parti d'éteindre une polémique qui courait depuis des semaines.

Aujourd'hui David vous nous parlez de ces affaires qui dérangent le gouvernement. Et des démissions en série. On ne s'y attendait pas vraiment de la part d'un président qui avait fait de la rénovation de la vie politique sa marque de fabrique.

La moralisation de la politique est une sorte de combat. Et aussi un sport d'endurance. Ou le résultat n'est jamais acquis. Hier Richard Ferrand, fidèle du président Macron, quittait le gouvernement. Pour prendre la tête du nouveau groupe En Marche à l'Assemblée. Même s'il a été réélu, le député du Finistère, empêtré dans son affaire immobilière, commençait à faire tâche.

Emmanuel Macron a donc pris le parti de l'exfiltrer de l'équipe gouvernementale, pour éteindre une polémique qui courait depuis des semaines. L'affaire est close. C'est du moins ce qu'on pouvait croire hier, et patatras nouveau rebondissement. Cette fois, c'est Sylvie Goulard, la ministre des armées, qui annonce sa démission. Pour cause d'enquête sur les emplois fictifs du Modem au Parlement européen. 

Deux ministres qui démissionnent en deux jours. Moins de deux mois après l'élection d'Emmanuel Macron. Ça commence à faire mauvais genre non? 

D'autant plus qu'il pourrait y en avoir d'autres. Un problème n'arrivant jamais seul, il y a également  Marielle de Sarnez, proche de Bayrou. Ministre des affaires européennes, qui a aussi ouvert la porte à une démission. Elle aussi est citée dans la même affaire d'emplois fictifs. Et elle aussi pourrait prendre la tête d'un groupe à l'Assemblée. Le groupe Modem. Si l'on ajoute à cela le cas de François Bayrou. Le ministre de la Justice qui prépare actuellement une loi de moralisation. Mais dont le nom est aussi cité dans le même dossier. Puisqu'il est aussi le leader du Modem. Bref, ça commence à faire beaucoup pour un seul homme, Emmanuel Macron, qui promettait de tout changer.

Qu'est-ce que ça veut dire David? Que le gouvernement d'Edouard Philippe, contrairement aux proclamations, n'est pas plus moral que ses prédécesseurs.

Ni plus ni moins qu'un autre. Et ça, on s'en doutait quand même. En matière de probité, les déclarations d'intention ne suffisent pas. Un petit rappel. Hollande avait annoncé un gouvernement exemplaire. Il avait eu l'affaire Cahuzac. Alors Macron n'en est pas encore là. Mais ce que montre cet épisode, c'est que le seuil de tolérance de l'opinion, devant ce qui ressemble de près ou de loin à une irrégularité, a diminué. Alors les services de Bercy, qui passent au crible les dossiers des candidats à une entrée au gouvernement, avant le remaniement qui sera annoncé ce soir, n'ont pas le droit à l'erreur. Les citoyens ne supportent plus l'idée même de malhonnêteté. Ils n'autorisent plus le moindre écart, qui doit être immédiatement sanctionné. A l'épreuve du pouvoir, Emmanuel Macron est en train d'en faire le douloureux apprentissage.