On sait que le Québec et l’Ontario tiendront leur prochain scrutin électoral à trois jours d’intervalle en octobre 2018, et voilà que les deux provinces décident de faire le point sur leurs finances publiques le même jour. L’Ontario a dévoilé sa mise à jour économique à 14 h (HNE) et le Québec, à 15 h. Il est clair que les premiers ministres Philippe Couillard et Kathleen Wynne s’entendent bien, partagent plusieurs convictions mutuelles. Mais, sur le plan budgétaire, l’écart entre le Québec et l’Ontario est franchement important.
Nous avons souvent dit que le Québec était en retard sur l’Ontario, notamment en ce qui a trait à son niveau de vie. C’est peut-être encore vrai aujourd’hui en regard du PIB par habitant. Mais depuis la récession de 2009, le Québec se trouve dans une situation largement plus enviable que l’Ontario sur le plan des finances publiques.
Le Québec a été moins touché par la récession que l’Ontario et a décidé d’adopter une approche plus austère en réduisant la croissance de ses dépenses. Le gouvernement Marois l’a fait en 2012-2013, le gouvernement Couillard l’a aussi fait en 2014-2015 et poursuit sur cette lancée cette année.
Les derniers chiffres dévoilés aujourd’hui le confirment.
D’ailleurs, on vous l’annonce : le Québec est déjà en surplus. Les comptes publics du ministère des Finances ont confirmé un surplus avant versement au Fonds des générations de 136 millions de dollars pour l’exercice 2014-2015 qui s’est terminé le 31 mars dernier. Pour la première fois depuis 2007-2008, le gouvernement du Québec affiche un surplus.
Le ministre des Finances, Carlos Leitao, dans sa mise à jour économique, a confirmé que l’ère des surplus va se poursuivre. Son gouvernement prévoit un excédent de 1,5 milliard de dollars en 2015-2016 et de 2,2 milliards en 2016-2017. Ces projections sont légèrement plus faibles que dans le budget présenté le printemps dernier, en raison d’une croissance économique plus faible que prévu.
Pendant ce temps, en Ontario, le gouvernement Wynne vise 2017-2018 pour revenir à l’équilibre budgétaire, soit trois ans plus tard que le Québec. En 2014-2015, Queen’s Park a enregistré un déficit de 10,3 milliards de dollars. En 2015-2016, on prévoit dans la mise à jour économique un déficit de 7,5 milliards de dollars, ce qui est mieux que prévu en raison de la vente d’actions d’Hydro One. En 2016-2017, le déficit devrait baisser à 4,5 milliards.
Cela dit, le Québec a une dette plus élevée que l’Ontario. La dette nette du Québec est à plus de 51 % du PIB, alors que l’Ontario est à 39 %. Mais le retour à l’équilibre du Québec représente un plan qu’apprécient les agences et qui permet au Québec de maintenir sa cote de crédit. Les difficultés de l’Ontario à juguler son déficit inquiètent en retour ces mêmes agences.
La note de crédit de l’Ontario a été abaissée et pourrait l’être encore par l’agence Moody’s, qui accole une perspective négative à la note de Aa2 de l’Ontario. Les notes de crédits du Québec et de l’Ontario sont aujourd’hui, essentiellement, les mêmes. Et l’Ontario est aujourd’hui bénéficiaire de la péréquation, comme le Québec.
Pour atteindre l’équilibre donc, le Québec a choisi d’imposer des mesures d’austérité, soit des compressions dans tous les secteurs, des réductions de dépenses dans la plupart des missions. Le gouvernement est tellement chiche qu’on constate même dans les comptes publics qu’il a dépensé 1 milliard de dollars de moins que prévu dans le budget 2014-2015. Pendant ce temps, les groupes sociaux et les syndicats manifestent leur désaccord avec des marches dans les rues et des jours de grève.
Je vous disais en début de texte que, sur le plan budgétaire, l’Ontario et le Québec s’étaient éloignés dans les dernières années. Mais on peut penser que la première ministre Wynne est tentée de s’inspirer de ce que fait le Québec. La croissance des dépenses prévue est de 2,4 % cette année, de 0,8 % l’an prochain et de 0,2 % ensuite.
En fait, l’Ontario s’aventure dans l’austérité pendant que le Québec va probablement commencer à s’en extirper à l’approche des élections de 2018. N’oubliez pas que le gouvernement Couillard a promis des baisses d’impôt. Il est en train de se donner la marge de manoeuvre nécessaire pour y arriver, coûte que coûte.