Billets classés sous « REER »

Sur les plans économique et financier, l’année 2015 au Canada aura été difficile, il faut se le dire franchement. L’économie ne va pas très bien, les marchés boursiers ont offert un rendement négatif, la création d’emplois est faible et… le Canadien ne sait plus comment faire pour gagner! Mais ça, c’est une autre histoire.

Nous voici aux portes de l’année 2016. Voici 20 choses que vous devez savoir!

FINANCES, FISCALITÉ ET PRIX DES TIMBRES!

  • Baisse d’impôt : dès le 1er janvier, le taux d’imposition fédéral sur les revenus entre 45 000 $ et 90 000 $ passera de 22 % à 20,5 %;
  • Hausse d’impôt : dès le 1er janvier, le taux d’imposition fédéral sur les revenus au-dessus de 200 000 $ passera de 29 % à 33 %;
  • Baisse des droits au CELI : en 2016, il vous sera permis de déposer 5500 $ dans votre CELI en plus des droits disponibles des années passées. L’ancien gouvernement avait fait passer ce montant à 10 000 $ pour l’année 2015. Les libéraux ramènent le plafond à 5500 $;
  • Baisse de cotisations à l’assurance parentale au Québec : dès le 1er janvier, réduction de 2 %;
  • Hausse de prestations de la RRQ et du RPC : en 2016, hausse des rentes de 1,2 % au Québec et de 1,3 % pour le Régime de pensions du Canada;
  • Hausse de cotisations à la RRQ : le taux employé/employeur passera en 2016 de 10,50 % à 10,65 %;
  • Changements fiscaux au Québec : dès le 1er janvier, bouclier fiscal pour amoindrir l’effet de l’impôt sur une hausse des salaires et bonification du crédit d’impôt pour travailleurs expérimentés;
  • Hausse des frais de garderie au Québec : dans votre déclaration de revenus, vous devrez payer les frais supplémentaires exigés avec la nouvelle modulation des tarifs en fonction de vos revenus. Consultez le calculateur du ministère des Finances : http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/Budget/outils/garde_fr.asp;
  • Hausse du tarif de base des services de garde subventionnés au Québec : le 1er janvier, le tarif passera de 7,30 $ à 7,55 $ par jour, par enfant;
  • Allocation canadienne pour enfants : une nouvelle prestation pour les familles sera annoncée dans le premier budget du ministre des Finances Bill Morneau en février ou en mars. Cette allocation remplacera les prestations actuelles pour les ménages avec enfants et ne sera pas imposable, ont promis les libéraux;
  • Crédit d’impôt pour fonds de travailleurs à 15 % : le budget doit nous donner la réponse sur le retour du crédit d’impôt fédéral de 15 % sur les investissements faits dans un fonds de travailleurs, comme le Fondaction CSN et le Fonds FTQ. Les libéraux l’ont promis;
  • Les timbres, au même prix : la hausse prévue pour 2016 des timbres-poste est annulée.

LA BOURSE, LE DOLLAR, LES TAUX, LES BULLES!

  • Non, on ne fera pas de projections boursières pour 2016. Aucune idée! Tout ce que je peux vous dire, c’est que 2015 a été décevante. Le S&P/TSX à Toronto a perdu 10 % entre le début de l’année et Noël. Le S&P 500 à New York a offert un beau gros 0 %;
  • La chute du prix du pétrole s’est accélérée en fin d’année : baisse de 30 % en 2015 des cours du pétrole, sous les 40 $ le baril. Allons-nous descendre plus bas en 2016, comme l’Arabie saoudite et l’OPEP maintiennent la pression sur le marché? L’offre continue d’augmenter plus rapidement que la demande et ça va se poursuivre avec le retour à la normale dans les exportations de pétrole en Iran;
  • Le dollar canadien est passé de 0,86 à 0,72 $ US en 2015. Plusieurs économistes prévoient qu’il tombera sous les 0,70 $ US en 2016;
  • Selon plusieurs économistes, des hausses de taux d’intérêt sont à prévoir aux États-Unis, mais une baisse est possible au Canada. Question : jusqu’où va-t-on stimuler le marché immobilier? Il y a déjà de dangereuses bulles à Toronto et à Vancouver. Et je ne parle pas de bulles de champagne!

TOUT EST ÉCONOMIQUE ? OU TOUT EST POLITIQUE?  

  • Élections aux États-Unis en novembre 2016 : Hillary Clinton devrait être la candidate démocrate contre Ted Cruz, Marco Rubio, Donald Trump ou qui encore chez les républicains? Cette élection aura un effet sur les relations entre le Canada et les États-Unis. L’accord de Partenariat transpacifique (PTP) pourrait tomber à l’eau si Hillary Clinton est élue et maintient son opposition. Le projet d’oléoduc Keystone pourrait revivre si les républicains sont portés au pouvoir;
  • Après l’austérité, la rigueur et tutti quanti, une année d’investissements? Le Québec est en surplus et le premier ministre Philippe Couillard a clairement dit, dans ses entrevues de fin d’année, que 2016 serait l’année du « réinvestissement ». Au Canada, le nouveau gouvernement Trudeau a prévu d’enregistrer des déficits de 10 milliards de dollars et plus par année pour investir dans les infrastructures, baisser les impôts et stimuler l’économie;
  • Réforme fiscale au Québec? Après le dépôt du rapport Godbout, le gouvernement Couillard a montré de l’intérêt pour un remodelage de la fiscalité au Québec, mais il semble avoir perdu de son élan. Que nous réserve le prochain budget Leitao?
  • Et quelles seront les nouvelles cibles de réduction de gaz à effet de serre au Canada? Le premier ministre Trudeau a promis un plan en 2016.

Joyeux Noël, joyeuses Fêtes, bonne année 2016! Succès, bonheur, paix, santé, prospérité!

editions.lapresse.camediafiler_public20150219communique_finvachessacrees_v2.pdf - Google Chrome« Les Québécois souhaitent naturellement voir leurs revenus croître, et cela est légitime. Par contre, dès qu’une personne réussit, elle devient souvent l’objet de méfiance et de jalousie. On veut bien que les entreprises réussissent et créent des emplois, mais en même temps, on entretient des préjugés envers leurs propriétaires ou leurs dirigeants. Ces préjugés bien enracinés s’expliquent pour une bonne part par la méconnaissance du fonctionnement de l’économie. Combien de fois ai-je constaté que des personnes, pourtant intelligentes, sont convaincues que si une entreprise fait un gain, ou « fait de l’argent » en langage populaire, quelqu’un d’autre subit une perte. Comme s’il s’agissait de vases communicants et qu’automatiquement quelqu’un doit être lésé. »

- Claude Castonguay, La fin des vaches sacrées

Claude Castonguay aura 86 ans dans un peu plus de deux mois. L’ex-ministre demeure actif, réfléchit aux enjeux sociaux, politiques, économiques du Québec, des régimes de retraite aux réformes en santé en passant par la création de la richesse et les inégalités sociales.

Il publie aujourd’hui un nouvel ouvrage : La fin des vaches sacrées, réflexions sur l’avenir du Québec aux Éditions La Presse. Il revient avec ses propositions en matière de santé et réaffirme la nécessité, selon lui, d’adopter une forme de REER obligatoire pour améliorer la protection des aînés à la retraite.

Mais, il va plus loin, il ratisse plus large.

Culture de dépendance

Il invite les Québécois à appuyer sur l’accélérateur du changement afin de se libérer d’une forme de « culture de dépendance » envers l’État qui subsiste, selon lui, depuis trop longtemps. « Collectivement, nous nous sommes habitués à un certain confort, écrit-il. Si nous voulons développer notre plein potentiel, le succès doit être valorisé. L’époque où seuls les pauvres allaient au ciel est chose du passé. Quand allons-nous enfin tourner la page? »

Il demande, en fait, à tout le monde de faire un effort. Il invite le gouvernement Couillard à faire appel à la concertation, comme les Scandinaves savent le faire. Et il est d’avis aussi que les syndicats doivent mettre de l’eau dans leur vin. Selon lui, « les syndicats sont les plus dogmatiques. Ils ont convaincu une bonne partie de la population qu’ils sont les défenseurs de l’intérêt public contre les méchants néolibéraux et les employeurs en qui on ne peut avoir confiance. […] Nous sommes devenus une société corporatiste tellement structurée que le gouvernement ne peut agir sans provoquer des levées de boucliers, au besoin, des manifestations dans la rue ».

Climat généralisé de morosité

Claude Castonguay nous dit qu’il y a en ce moment au Québec, « un climat généralisé de morosité, d’incertitude et de cynisme […] Heureusement, dit-il, une majorité de Québécois ressentent un profond besoin de changement même s’il existe des divergences quant aux orientations à prendre et aux mesures qui s’imposent ». Comme à la fin des années 50 quand sont apparus les premiers pas de la Révolution tranquille.

Cela dit, tout au long de la lecture, on constate plus d’inquiétude que d’espoir chez Claude Castonguay. « Il faut être conscient que nous présentons une image d’instabilité, affirme l’ex-ministre, et, à l’occasion, d’hostilité à l’endroit des milieux d’affaires et des investisseurs. La tenue possible d’un troisième référendum, les manifestations violentes du printemps érable, le saccage de la salle du conseil municipal de Montréal en présence de policiers passifs et le désastreux projet de charte des valeurs sont autant d’événements qui donnent l’image d’un climat social en effervescence et d’un milieu hautement instable. »

Claude Castonguay écrit aussi que nous consommons trop et que les écarts de richesse sont une plaie qui ne fait que grandir : « Le monde n’a jamais été aussi riche, mais également jamais aussi peu solidaire. »

Le ministre qui s’inspire de l’URSS

En plus de se surprendre de voir le gouvernement Couillard favoriser « l’austérité et la ligne dure », Claude Castonguay s’en prend également à Gaétan Barrette, le ministre de la Santé du Québec qui, « avec son style particulier », a proposé des projets de loi qui « s’inspirent des régimes de pays comme la Chine et l’URSS. Ils procèdent d’une pensée autoritaire hiérarchique, une orientation vouée à l’échec ».

En retour, il exprime un avis favorable à l’enjeu qui a été évoqué récemment par le ministre de l’Énergie, Pierre Arcand, celui d’augmenter les tarifs d’électricité. « Si les tarifs étaient les mêmes qu’en Ontario, affirme Claude Castonguay, on a calculé qu’il en résulterait des revenus additionnels pour le gouvernement de l’ordre de trois à quatre milliards de dollars. L’ensemble des Québécois bénéficierait de ces revenus additionnels. »

Le RVER est bien de son temps.

Le Régime volontaire d’épargne retraite est un nouvel outil pour les Québécois, employés et travailleurs autonomes, qui veulent mettre un peu d’argent de côté pour leurs vieux jours! Mais quand je dis qu’il est de son temps, c’est parce qu’il n’est pas très engageant et on peut se demander s’il vient vraiment régler les problèmes de revenus de retraite des Québécois. Il n’est que volontaire : l’employeur peut cotiser ou ne pas cotiser, l’employé peut cotiser ou ne pas cotiser.

Au bout de l’équation, ce nouvel outil viendra-t-il véritablement améliorer le sort des Québécois à la retraite?

Ceux qui n’ont pas les moyens d’épargner le feront-ils parce que leur employeur leur offre maintenant un RVER?

Et les moins bien nantis qui mettent un peu d’argent dans un RVER, verront-ils leur supplément de revenu garanti être coupé lorsqu’ils vont retirer l’argent de leur régime volontaire?

Ceux qui pourraient cotiser le feront-ils, tout à coup, parce qu’un outil volontaire leur est proposé? On ne le sait pas vraiment, mais on peut imaginer que, dans 5 ou 10 ans, on aura encore un nombre élevé de Québécois sans régime de retraite.

S’il y a une chose qui est positive, c’est que les petites entreprises seront dorénavant sensibilisées à l’importance d’offrir une couverture pour la retraite à leurs employés.

Il y a quelques années, l’ancien ministre Claude Castonguay a proposé qu’on instaure un REER obligatoire pour faire en sorte que les gens épargnent pour leur retraite et pour soulager les régimes publics. D’autres ont suggéré qu’on cotise davantage à la Régie des rentes du Québec pour doubler les prestations et donc assurer des jours plus confortables aux retraités.

Ces deux solutions ont leurs avantages et leurs inconvénients. Elles ont le mérite d’ancrer dans le réel l’amélioration de la retraite des Québécois.

L’option du RVER est peut-être plus facile à instaurer, puisque la charge est légère pour les entreprises et l’administration est confiée à des institutions financières. Mais va-t-elle sensiblement améliorer les choses?

La décision du gouvernement Couillard de reporter à 65 ans la possibilité de fractionner tous les revenus de retraite provoque de nombreuses réactions et questions. Plusieurs sont choqués par cette décision annoncée dans le budget de mercredi dernier. Pour les uns, on ne comprend pas en quoi ces changements viennent corriger une « iniquité ». Pour d’autres, le gouvernement aurait dû bonifier la mesure, et non pas en réduire l’accès.

D’abord, qu’est-ce que le fractionnement? C’est la possibilité pour une personne touchant des revenus de retraite de transférer jusqu’à 50 % de ce revenu à son conjoint ou sa conjointe. Exemple : dans un couple, une personne touche 50 000 $ et l’autre personne ne touche rien en revenus de retraite. Il est possible pour ce couple de déclarer à l’impôt deux revenus de 25 000 $, ce qui lui permet de réduire ses charges fiscales.

C’était possible de profiter de cet avantage fiscal avant l’âge de 65 ans pour un revenu provenant d’un régime de pension d’employeur. Mais ce n’était pas possible pour un revenu de retraite tiré d’un REER. Il fallait attendre 65 ans dans ce cas. Y voyant une « problématique d’équité entre les pensionnés québécois », le gouvernement Couillard a décidé de retirer l’avantage octroyé aux personnes profitant d’un régime d’employeur et d’offrir dorénavant la possibilité pour tout le monde de fractionner un revenu de retraite à partir de 65 ans seulement.

Le couple qui pouvait fractionner un revenu de retraite de 50 000 $ et qui ne pourra plus le faire avant l’âge de 65 ans va devoir payer un peu plus de 600 $ supplémentaires au fisc.

Voilà pour la décision du gouvernement. Maintenant, j’ai demandé à la gestionnaire de portefeuille Hélène Gagné, du groupe Peak, et au fiscaliste Stéphane Leblanc, de la firme Ernst & Young, de répondre à quelques-unes de vos questions et observations.

Pourquoi les retraités qui vivent de leur REER doivent attendre à 65 ans avant d’être capable de fractionner leur revenu de retraite? Est-ce correct d’imposer une telle chose? Pierre Généreux, Gatineau

Réponse de Stéphane Leblanc : La réponse du gouvernement fédéral à cette question lors de l’introduction du fractionnement, c’est la difficulté à déterminer qu’un individu est réellement à la retraite. Lorsqu’une personne reçoit une pension d’un Régime de pension agréé, il doit avoir pris sa retraite, alors que pour le REER, le gouvernement n’a pas ce contrôle.  Une somme peut être retirée du REER à n’importe quel moment et le gouvernement ne veut pas que les gens se servent de la règle du fractionnement alors qu’ils ne sont pas vraiment à la retraite. Il ne faut pas oublier que le fractionnement n’est possible qu’à la retraite et pas avant. Aussi, il est possible avec le REER de contribuer au REER du conjoint et faire une certaine forme de fractionnement, ce qui n’est pas possible avec un Régime de pension agréé. Une autre façon de contrôler que le gouvernement pourrait explorer serait d’interdire le fractionnement des revenus de pension avant 65 ans si la personne gagne un certain seuil de revenu d’emploi.

Après une simulation sur mon rapport d’impôt de 2013, sans fractionnement de mon revenu de retraite, j’arrive à une augmentation d’impôt provincial de 31,52 %. Est-ce possible et acceptable? Si je fractionne mon revenu, c’est bien parce que mon épouse n’a aucun revenu! Et oui, nous sommes deux à devoir vivre sur un revenu! Où est l’iniquité face à une personne seule qui a déjà droit à certaines déductions pour personne seule? Denis Phaneuf, Shawinigan

Réponse de Stéphane Leblanc : Il est à noter qu’au Québec, un couple peut partager les crédits d’impôt inutilisés d’un conjoint qui n’a pas de revenu. Il est donc faux de dire qu’une personne seule est plus avantagée. L’iniquité que vous mentionnez existe pour tous les couples dont un des conjoints ne travaille pas ou gagne moins que l’autre conjoint. Le gouvernement fédéral a introduit cette règle pour permettre le fractionnement à la retraite. L’iniquité est à l’effet que le fractionnement entre 60 ans et 65 ans n’est permis seulement à l’égard d’un type de revenus de retraite (Régime de pension agréé).  Les gens qui ont utilisé le REER pour financer la retraite ne peuvent pas fractionner avant 65 ans. Il y avait deux façons de régler cette iniquité :  soit permettre à tous le fractionnement à partir de 60 ans ou faire comme l’a décidé le ministre des Finances. La dernière façon apporte de l’argent dans les coffres de l’État, alors que la seconde aurait coûté cher au gouvernement.

Quelqu’un qui bâtit son fonds de pension avec des REER peut, à la base, séparer ses investissements en contribuant à deux fonds. Quelqu’un qui contribue à un régime d’employeur n’a jamais pu transférer une partie de son fonds de pension à son conjoint et, par conséquent, ce revenu ne pouvait être fractionné. Puisque le gouvernement a commencé à utiliser le mot « équité », j’espère qu’il fera ses futures analyses des programmes et de la fiscalité avec ce mot en tête. Claude L’Italien, Montréal

Réponse d’Hélène Gagné : Vous faites référence au REER (personnel) et au REER de conjoint (c.-à-d. quand le cotisant met sa contribution dans un REER au nom du conjoint et bénéficie quand même de la déduction fiscale).  Dans ce sens, le recours au REER de conjoint demeure une alternative à considérer, car ici, chacun des conjoints s’imposera sur les retraits de son propre REER (ou REER de conjoint), même avant 65 ans.  Attention aux conjoints de fait : à moins de l’avoir prévu dans une entente de vie commune, les REER ne sont pas partagés en cas de séparation (mais le régime de pension peut l’être).

Au lieu d’abolir le fractionnement des revenus de retraite pour les moins de 65 ans, je propose qu’on fixe une limite au montant (40 000 $ ou 50 000 $) pouvant être fractionné pour tous les retraités, peu importe leur âge. Je crois que, par cette mesure, les gains pour le gouvernement seraient supérieurs à ceux anticipés par la nouvelle règle fiscale du gouvernement. Guy Gosselin, Québec

Réponse d’Hélène Gagné :  Votre suggestion mériterait d’être étudiée et validée. Bien que le Québec dit vouloir améliorer l’équité du régime fiscal entre les retraités de moins de 65 ans, rappelons-nous que le gouvernement provincial est en manque d’argent…

Québec solidaire propose de réduire l’avantage fiscal du REER pour améliorer la couverture publique de la retraite et donc bonifier sensiblement la RRQ, la Régie des rentes du Québec. C’est une position qui se défend, mais on peut se demander si le parti tire sur la bonne ficelle.

De plus en plus de Canadiens éprouvent de la difficulté à équilibrer les priorités financières D’abord, précisons que le REER n’est pas fait pour tout le monde. Si vous gagnez peu, vous économisez peu ou vous prévoyez vivre avec un faible revenu à la retraite, il n’est pas conseillé d’investir dans un Régime enregistré d’épargne retraite. Vos retraits du REER sont considérés comme des revenus, qui viendront réduire certaines de vos prestations, comme le Supplément de revenu garanti.

Mais le REER est un bon outil d’épargne dans le contexte où les prestations publiques ne sont pas suffisantes pour vous permettre de maintenir un niveau de vie normal à la retraite et dans la mesure aussi où la majorité des gens n’ont pas accès à un régime de retraite privé. Dans les circonstances, l’accès au REER et au report d’impôts qui l’accompagne est un stimulant pour l’épargne, qui coûte des revenus au gouvernement, des revenus toutefois récupérés lorsque les sommes sont retirées à la retraite.

Il y a les soutiens fiscaux, les incitatifs fiscaux et les cadeaux fiscaux.

Dans la première catégorie, on pense à tous les programmes qui existent pour les personnes démunies ou celles qui se retrouvent dans des situations difficiles. Quelques exemples : le crédit d’impôt pour solidarité, le crédit pour aidants naturels ou encore les montants pour les personnes handicapées ou ceux pour le maintien à domicile d’une personne âgée. Ce sont des crédits fiscaux qui viennent en aide à des gens.

Dans la seconde catégorie, il y a la fiscalité qui vous encourage, qui vous incite à dépenser, consommer, épargner, développer. Quelques exemples : le REER vous encourage à épargner, les montants pour activités physiques et sportives vous encouragent à inscrire vos enfants à ce type d’activités en retour d’un crédit d’impôt. Les crédits d’impôt de fonds de travailleurs (que le fédéral veut abandonner en 2017) représentent aussi des incitatifs à l’épargne.

Et puis, dans la troisième catégorie, il y a les cadeaux fiscaux. Et c’est ici qu’on devrait peut-être dépenser notre énergie. C’est ici que se trouve le magot, les exagérations, les déséquilibres et toutes les incohérences et injustices fiscales. 

Quelques exemples ici aussi :

  • pourquoi ne pas revoir la nature des gains en capital afin de réduire l’avantage fiscal sur l’investissement spéculatif tout en maintenant l’avantage pour l’investissement à long terme?
  • pourquoi ne pas encadrer et réduire l’accès aux paradis fiscaux pour les banques canadiennes, un oligopole très rentable et très présent là où il fait beau et chaud, où les impôts n’existent pratiquement pas au grand plaisir de richissimes gens d’affaires et investisseurs?
  • pourquoi ne pas mettre fin aux options sur actions, une formule de rémunération qui permet aux bénéficiaires de moins payer d’impôts?

Le REER est un incitatif fiscal à l’épargne qu’on peut certes considérer comme un cadeau fiscal pour une partie de la population qui a les moyens d’économiser. Cependant, ce cadeau, il faut un jour le remettre au gouvernement : lors des retraits du REER, il faut payer l’impôt. C’est pourquoi j’ai l’impression qu’il s’agit plus d’un incitatif à l’épargne que d’un cadeau.

Le CELI est un cadeau : les rendements ne sont pas imposables. Cadeau. Mais, encore là, le CELI est limité (5500 $ par année) et peut bénéficier aux retraités les plus pauvres puisque les retraits du CELI ne sont pas comptabilisés dans les revenus.

Voilà.

Et vous, qu’en pensez-vous?

Quel avenir pour nos retraites?  Consultez notre dossier.

La saison des REER est une sorte de fabrication marketing des institutions financières qui veulent vous inciter à investir dans un régime enregistré d’épargne-retraite. C’est de bonne guerre parce que l’État permet l’inclusion dans sa déclaration de revenus des investissements effectués dans un REER jusqu’au 1er mars suivant la fin de l’année visée par la déclaration.

De plus en plus de Canadiens éprouvent de la difficulté à équilibrer les priorités financières Autrement dit, si vous investissez 5000 $ dans votre REER aujourd’hui 5 février 2013, vous pourrez l’inscrire dans votre déclaration de 2012 et ainsi reporter l’impôt à payer à plus tard lorsque vous allez retirer cet argent. Dépêchez-vous à le faire, vous disent les institutions financières, il ne vous reste que quelques semaines!

Cela dit, s’il y a un conseil que je peux me permettre de vous donner, c’est celui d’épargner sur une base régulière. Que vous investissiez votre argent dans un REER ou non, c’est à vous de décider. Mettez de l’argent de côté à chaque paie. Si vous avez des revenus beaucoup plus importants que vos dépenses courantes, n’hésitez pas à épargner. Vous allez en profiter longtemps. Si vous avez peu de marge de manœuvre, l’épargne devrait tout de même faire partie de vos habitudes : 10 ou 20 $ par deux semaines, c’est un peu d’argent que vous mettez de côté pour des dépenses plus importantes ou pour la retraite. Et vous ne le regretterez pas!

Les experts s’entendent pour dire que les personnes à faibles revenus ne gagnent pas grand-chose à placer de l’argent dans un REER. Au moment de décaisser, le supplément de revenus garantis ou certains crédits d’impôt que vous recevez pourraient être réduits parce que vous aurez augmenté votre revenu total avec le retrait effectué dans votre REER.

Chose certaine, faites-vous un budget pour connaître votre marge de manœuvre. Et tentez d’intégrer l’épargne dans vos habitudes de vie. Pour deux grandes raisons…

1- Les pressions sur vos revenus de retraite augmentent :

  • Québec évalue en ce moment la capacité de la RRQ à respecter ses obligations;
  • Ottawa a décidé de reporter de deux ans l’accès à la sécurité de la vieillesse;
  • Les marchés ont été décevants depuis le début de la décennie et les entreprises, comme les gouvernements, évaluent la viabilité de leurs régimes de retraite;
  • Les entreprises ne cessent de faire pression pour réduire leurs obligations face aux employés en matière de fiscalité et de régimes de retraite.

2- La tentation du crédit est trop facile :

  • Les 30 dernières années ont vu l’éclosion d’une consommation basée sur le crédit : cartes de crédit, cartes de magasins, paiements  différés, etc. Il n’est plus nécessaire d’attendre d’avoir accumulé une certaine somme pour acheter un produit, on peut l’acheter sans attendre… et payer plus tard avec une bonne dose d’intérêts toutefois;
  • L’endettement des Canadiens atteint des niveaux records : pour chaque 100 $ de revenu disponible, une famille a en moyenne une dette (crédits et hypothèques) de 1,65 $;
  • La dette totale, excluant l’hypothèque, a augmenté au Canada de 6 % du quatrième trimestre 2011 au quatrième trimestre 2012 pour passer de 25 950 $ par personne à 27 485 $, la plus forte hausse en trois ans.

Les syndicats affirment que la solution pour offrir une meilleure retraite à l’ensemble de la population, c’est d’augmenter les rentes publiques versées à la retraite. Actuellement, les rentes du Québec couvrent 25 % d’un revenu de travail maximal d’environ 50 000 $. On propose de doubler ce niveau, de 25 à 50 %.

D’autres encouragent plutôt la prise en charge personnelle de sa retraite. L’ex-ministre Claude Castonguay a même proposé la création d’un REER obligatoire pour les personnes de plus de 35 ans afin de soulager les finances de l’État.

Plus que jamais, il est temps de s’intéresser à ses finances, peu importe les décisions qui seront prises au cours des prochaines années à propos des régimes de retraite.

J’en parlais hier lors d’une table ronde au Téléjournal 21 h et 22 h. Et nous en parlons à RDI Économie à l’occasion de quatre « mardis REER » à 18 h 30 à RDI suivi d’une période de discussion en direct sur ici.radio-canada.ca/vosfinances tout de suite après l’émission.

Faut-il acheter de l’or?

Mardi 2 octobre 2012 à 15 h 36 | | Pour me joindre

Pour me joindre

Dès que je parle d’or à l’antenne, je reçois des dizaines de courriels. Hier soir à RDI Économie, Louis Boulanger, actuaire, conseiller financier et président de sa propre firme d’investissements en Nouvelle-Zélande, est venu nous dire deux choses :

1-      nous sommes dans une guerre de devises depuis 2010.

2-      achetez de l’or et de l’argent physique.

Il ne vend pas de l’or, M. Boulanger. Mais, il épouse une vision qui se répand comme une traînée de poudre dans le monde de l’investissement, mais qui demeure somme toute marginale en comparaison du discours dominant sur la bourse, les REER et l’épargne. 

Selon  lui, les investisseurs sont les victimes d’un affrontement entre l’Europe, la Chine et les États-Unis avec pour arme principale : leur devise respective. C’est en manipulant le dollar, l’euro et le renminbi que les grandes puissances mondiales influencent l’évolution de l’économie. Certains vont plus loin en affirmant qu’un groupe de banques privées contrôle carrément les banques centrales, dont la Réserve fédérale américaine.

Bon, je n’irai pas plus loin sur ce point. Mais sur l’or, une chose est certaine, les investisseurs se cherchent des refuges sûrs. L’intensité de la négociation et le niveau élevé de spéculation (que ce soit approprié ou non) rendent extrêmement difficile pour l’investisseur moyen de suivre, de comprendre et de saisir ce qui est en train de se passer. Et qu’on investisse des millions ou des milliers de dollars, on déteste perdre de l’argent ou avoir l’impression qu’on fait moins bien que les autres ou pire, qu’on se fait avoir!

Louis Boulanger suggère ainsi d’investir au moins 20 % de son argent dans les lingots d’or et d’argent, de vraies pièces! C’est disponible dans les institutions financières et à la Monnaie royale du Canada. À son avis, « il faut se protéger. Je dis à mes clients, ajoute-t-il, qu’il faut se protéger contre ce qui s’en vient, de ce qui sera une perte de pouvoir d’achat […] jusqu’à ce qu’il y ait un nouveau système monétaire ».

Il va plus loin : l’or est une devise. Elle redeviendra devise en quelque sorte à l’avenir parce qu’on réalisera bientôt qu’on a exagéré pendant 40 ans en créant trop de monnaies. L’élémentaire prudence, c’est d’acheter de l’or dit Louis Boulanger. « C’est la façon la plus primitive d’épargner. […] Ce que je vois venir, c’est la fin du système monétaire tel qu’il est. Autant en profiter, autant être du bon côté. Faites comme les banques centrales. […] Elles achètent de l’or. Depuis 2009, les banques centrales sont acheteuses d’or. L’an dernier, elles en ont acheté 440 tonnes. Et cette année, le rythme d’achat dépassera ce niveau. […] Elles savent que ce sera important d’avoir de l’or pour établir la valeur de leurs devises. »

On a l’impression de lire des propos de fin du monde. Mais évitons de sombrer dans cet univers parallèle. Louis Boulanger nous dit : regardez le graphique. Regardez le prix de l’or depuis le début des années 2000. Son évolution a été beaucoup plus douce et résolument à la hausse que les indices boursiers.

Bref, aucun conseil d’investissement ici. Ce n’est pas le but de ce texte et ce n’est certainement pas le rôle d’un journaliste de vous suggérer des achats et des ventes. 

Le dilemme des régimes de retraite

Jeudi 15 décembre 2011 à 12 h 39 | | Pour me joindre

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Le débat n’est pas neuf, mais il est d’actualité, et va le demeurer un bon moment. Que faire pour assurer un minimum de revenus de retraite aux générations futures? Doit-on injecter plus d’argent dans la RRQ, comme le demandent certaines organisations sociales et syndicales, avec des hausses de cotisations? Doit-on plutôt favoriser l’épargne privée, par l’introduction de régimes volontaires ou de REER obligatoires? Que faire?