Méthanisation

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 Ne doit pas être confondue avec la méthanation, procédé industriel de conversion catalytique de l'hydrogène et du monoxyde de carbone en méthane.
Digesteurs anaérobies : Tel-Aviv (Israël).

La méthanisation (ou digestion anaérobie) est le processus naturel biologique de dégradation de la matière organique en absence d'oxygène (anaérobie). Il se produit naturellement dans certains sédiments, les marais, les rizières, ainsi que dans le tractus digestif de certains animaux : insectes (termites) ou vertébrés (ruminants…). Une partie de la matière organique est dégradée en méthane, et une autre est utilisé par les micro-organismes méthanogènes pour leur croissance et reproduction. La décomposition n'est pas complète et laisse le « digestat » (en partie comparable à un compost).

La méthanisation est aussi une technique mise en œuvre dans des méthaniseurs où l'on accélère et entretient le processus pour produire un méthane utilisable (biogaz, dénommé biométhane après épuration). Des déchets organiques (ou produits issus de cultures énergétiques, solides ou liquides) peuvent ainsi fournir de l'énergie.

La méthanisation microbienne joue dans la nature un rôle important dans le cycle du carbone et participe au réchauffement climatique. Les grandes quantités de méthane présentes sous forme d'hydrate de méthane dans les pergélisols et dans les sédiments marins, pourraient, si elles étaient relarguées brutalement, accélérer le réchauffement climatique.

Approche théorique et scientifique[modifier | modifier le code]

Processus biologique[modifier | modifier le code]

Schéma de la chaîne trophique de la méthanogenèse et ses différentes étapes.

La méthanisation résulte de l'action de certains groupes de micro-organismes microbiens en interaction constituant un réseau trophique. On distingue classiquement trois phases successives[1] :

L'hydrolyse et l'acidogenèse[modifier | modifier le code]

La matière organique complexe est tout d'abord hydrolysée en molécules simples. Cette décomposition est réalisée par des enzymes exocellulaires et peut devenir l'étape limitante dans le cas de composés difficilement hydrolysables tels que la cellulose, l'amidon ou les graisses. Ensuite, ces substrats sont utilisés lors de l'étape d'acidogenèse par les espèces microbiennes dites acidogènes, qui vont produire des alcools et des acides organiques, ainsi que de l'hydrogène et du dioxyde de carbone.

L’acétogenèse[modifier | modifier le code]

L'étape d'acétogenèse permet la transformation des divers composés issus de la phase précédente en précurseurs directs du méthane : l’acétate, le dioxyde de carbone et l’hydrogène. On distingue deux groupes de bactéries acétogènes :

  • Les bactéries productrices obligées d’hydrogène, anaérobies strictes, également appelées OHPA (« Obligate Hydrogen Producing Acetogens »). Elles sont capables de produire de l’acétate et de l’H2 à partir des métabolites réduits issus de l’acidogenèse tels que le propionate et le butyrate. L’accumulation d’hydrogène conduit à l’arrêt de l’acétogenèse par les bactéries OHPA. Ceci implique la nécessité d’une élimination constante de l’hydrogène produit. Cette élimination peut être réalisée grâce à l’association syntrophique de ces bactéries avec des microorganismes hydrogénotrophes.
  • Les bactéries acétogènes non syntrophes dont le métabolisme est majoritairement orienté vers la production d’acétate. Elles se développent dans les milieux riches en dioxyde de carbone. Les bactéries « homo-acétogènes » font partie de ce groupe, elles utilisent l’hydrogène et le dioxyde de carbone pour produire de l'acétate. Elles ne semblent pas entrer en compétition pour l’hydrogène avec les Archaea méthanogènes hydrogénotrophes et sont présentes en quantité beaucoup plus faible dans les biotopes anaérobies.

La méthanogenèse[modifier | modifier le code]

Article détaillé : méthanogenèse.

La méthanogenèse est assurée par des micro-organismes anaérobies stricts qui appartiennent au domaine des Archaea . Cette dernière étape aboutit à la production de méthane. Elle est réalisée par deux voies possibles : l'une à partir de l'hydrogène et du dioxyde de carbone par les espèces dites hydrogénotrophes, et l'autre à partir de l'acétate par les espèces acétotrophes (dites aussi acétoclastes). Leur taux de croissance est plus faible que celui des bactéries acidogènes.

CO2 + 4 H2CH4 + 2 H2O.
CH3COOHCH4 + CO2.

Conditions physico-chimiques[modifier | modifier le code]

La méthanisation est un processus biologique complexe qui nécessite la mise en place de certaines conditions physico-chimiques pour lesquelles la réaction biologique est optimisée. Les Archaea méthanogènes sont des organismes anaérobies stricts. Elles se développent de façon satisfaisante lorsque le potentiel d'oxydo-réduction par rapport à l'électrode normale à l'hydrogène (Eh) du milieu est très bas (-300 mV).

Conditions de température[modifier | modifier le code]

régime mésophile 
La méthanisation a généralement lieu en régime mésophile (30 à 40 °C).
régime thermophile 
Le régime thermophile se passe de 45 à 60 °C, dans une gamme de pH comprise entre 6 et 8 avec un optimum compris entre 6,5 et 7,2.

Conditions de milieu physico-chimique[modifier | modifier le code]

Les Archaea méthanogènes ont des besoins en oligo-éléments particuliers comme le fer, le molybdène, le nickel, le magnésium, le cobalt, le cuivre, le tungstène et le sélénium. La pression partielle d'hydrogène doit rester en dessous de 10−4 bar en phase gazeuse.

Utilisations pratiques[modifier | modifier le code]

Méthaniseurs à Neuhaus (Oste).
Méthaniseur (Allemagne).
Entrepôt de Biomasse à méthaniser près de Hanovre.

Méthanisation et dépollution[modifier | modifier le code]

La méthanisation, en tant que bioprocédé, peut être mise en œuvre dans un digesteur, pour dépolluer des rejets chargés en matière organique tout en produisant de l'énergie sous forme de méthane. Elle permet de traiter des rejets aussi divers que les eaux usées, les boues de stations d’épuration, les déjections animales, les déchets de l’industrie agro-alimentaire, les déchets de cuisine[2], les ordures ménagères, les déchets agricoles, etc.

La méthanisation avec valorisation du biogaz produit (production d'énergie thermique et/ou électrique par combustion directe du méthane ou dans des moteurs thermiques) a toute sa place parmi l'ensemble des diverses solutions de production d'énergie renouvelable en permettant d'atteindre trois objectifs complémentaires : produire de l’énergie, réduire la charge polluante des déchets et des effluents et également, selon la nature du produit de départ, produire un digestat stabilisé utilisable comme fertilisant ou amendement organique.

Cependant l'azote des digestats (nitrate) est soluble et risque d'être lessivable et non retenu durablement par le sol.

Aujourd’hui les principales applications industrielles de la méthanisation pour le traitement de rejets identifiées par l’Agence gouvernementale De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) sont : la digestion agricole (déjections animales), la digestion des déchets solides ménagers et assimilés (biodéchets), la digestion des boues d'épuration urbaines et la digestion des effluents industriels. Concernant ce dernier domaine d’application, la méthanisation est un traitement très compétitif par rapport à l’épuration aérobie. Elle est appliquée principalement pour traiter les effluents des industries agroalimentaires fortement chargés et les effluents de la fermentation (75 % des digesteurs à forte charge en opération en 2006).

L'utilisation du méthane, produit à partir de la méthanisation des boues de station d'épuration, pour le fonctionnement des bus urbains connaît un essor important dans certaines villes de France comme Lille. L'amélioration et la réduction des coûts des techniques de séparation membranaires des gaz devraient permettre d'envisager la possibilité d'une purification du biogaz sur le site de production.

Méthanisation d'effluents liquides[modifier | modifier le code]

La méthanisation permet de traiter les effluents liquides, même lorsqu'ils sont chargés en matière en suspension. C'est par exemple le cas des effluents d'élevage (lisiers)[3], et des boues de stations d'épuration (STEP) (souvent des boues mixtes qui rassemblent les boues primaires et les boues biologiques). La méthanisation est également largement appliquée aux traitement des effluents agro-alimentaires[4]. Ces matières de base dont on dispose en général de façon régulière peuvent être complétées de divers déchets organiques, et en particulier de graisses dont le pouvoir méthanogène est fort (issues par exemple d'abattoirs, ou du prétraitement des stations d'épuration). L'état liquide du mélange permet un brassage pour obtenir une bonne homogénéité de la matière et de la température.

La méthanisation des effluents s'est appuyée sur le développement des procédés intensifs dans lesquels la biomasse anaérobie est structurée, en agrégats granulaires très denses (procédés UASB, EGSB)[5], ou sous la forme de biofilms adhérant à des supports dédiés[6].

Méthanisation des déchets solides[modifier | modifier le code]

La méthanisation des déchets solides s'applique à la plupart des déchets organiques. Cette technique s'applique à la fraction fermentescible des déchets qui doit être triée et recueillie par une collecte séparative, avant d'être méthanisée. Selon la provenance, on distingue différents types de déchets :

  • Municipaux : déchets alimentaires, journaux, emballages, textiles, déchets verts, sous-produits de l'assainissement urbain ;
  • Industriels : boues des industries agroalimentaires, déchets de transformation des industries végétales et animales, fraction fermentescible des déchets industriels banals (DIB) ;
  • Agricoles : déjections d'animaux, substrats végétaux solides, bois déchiquetés…
  • Littoraux : algues vertes

On parle généralement de méthanisation solide lorsque les déchets à digérer ont un taux de matière sèche au-dessus de 15 à 20 %.

Méthanisation mixte (de déchets liquides et solides)[modifier | modifier le code]

Des expériences ou tentatives de mutualisation de méthaniseurs existent pour, par exemple, co-méthaniser des déchets organiques classiques (issus des ordures ménagères résiduelles et des biodéchets) et des boues de station d'épuration, comme l'envisagent, en région parisienne, les syndicats d’assainissement (Siaap) et des déchets (Syctom) à horizon 2018 (projet de 90 millions d'euros)[7].

Aides publiques à la méthanisation[modifier | modifier le code]

En 2011, à la suite du Grenelle de l'environnement et des lois Grenelle (23 % d’énergie renouvelable dans le mix énergétique de la France en 2020, soit une puissance électrique installée de 625 MW en 2020 et une production de chaleur de 555 kilotonnes équivalent pétrole par an pour le biogaz[8]), le tarif d'achat de l'électricité produite par méthanisation a été relevé (+ 20 % en moyenne) pour les « petites et moyennes installations agricoles » (équivalent, selon le gouvernement à un soutien de 300 M€/an) en complément des aides de l'Ademe, des collectivités et du ministère de l’Agriculture.

Dans divers pays (dont en France) l'injection de biométhane dans les réseaux publics de gaz naturel est autorisée et bénéficie d'un tarif d'achat, et d'une « garantie d'origine » pour assurer sa traçabilité[9]. À certaines conditions, la méthanisation est maintenant reconnue comme « activité agricole » par la loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche (LMAP).

En France, l'Ademe et les Conseils régionaux aident la méthanisation depuis plusieurs années via des subventions et l'accompagnement des projets, etc. Ainsi la région Midi-Pyrénées s'est engagée mi-2013 à soutenir (pour 8 millions d'euros) la création de 100 unités de méthanisation avant 2020 (via une convention cosignée avec les ministres de l’Écologie et de l’Agriculture, dans le cadre du plan national (lancé en mars 2013) visant 1000 installations nouvelles avant 2020[10].

Réalisations industrielles[modifier | modifier le code]

Applications agricoles[modifier | modifier le code]

En 2009, la méthanisation « à la ferme » était moins développée en France qu'en Allemagne : seule une dizaine de petites installations étaient en service. Elle est depuis en fort développement, soit avec des projets individuels à la ferme, soit des projets collectifs ou territoriaux qui associent plusieurs agriculteurs et d'autres acteurs du territoire. On compte en 2015-2016 plus de 50 nouveaux sites par an.

Le plan de lutte contre la prolifération des algues vertes inclue la méthanisation comme moyen de traitement mais la production de méthane n'élimine pas l'azote, retrouvée dans le digestat (résidu liquide de la méthanisation).

Atouts de la méthanisation agricole 
  • Diversification des activités et des sources de revenus complémentaires à moyen et long terme pour l’exploitant qui bénéficie d’un contrat de reprise d’électricité au tarif garanti 15 ans par les pouvoirs publics, ce qui sécurise l'investissement  ;
  • Acquisition d’une autonomie de l’exploitation pour la production de chaleur (dans un contexte d’augmentation du prix des énergies fossiles).
  • Amélioration de la valeur agronomique des lisiers et fumiers (désodorisation, conservation des éléments structurant pour le sol, assimilation facilitée de l’azote par les plantes ce qui réduit les pertes vers les nappes phréatiques) ;
  • Valorisation de la ressource en matière organique des exploitations ;
  • Valorisation des investissements réalisés lors de la mise aux normes des bâtiments ;
Enjeux collectifs 
  • Contribution à la transition énergétique avec une énergie verte issue de ressources organiques renouvelables ;
  • moindres émissions de gaz à effet de serre en remplaçant des énergies fossiles par une énergie renouvelable tout en limitant les émissions de méthane lors du stockage des effluents d’élevage[11] ;
  • solution alternative et locale au traitement de déchets organiques.
Enjeux pour le territoire 
  • Autonomie énergétique des territoires (maîtrise du coût de l’énergie, attrait pour de nouvelles entreprises) ;
  • Création d’emploi (équipementier pour une nouvelle activité, maintenance, bureau d’études…) ;
  • valorisation et gestion plus soutenable des déchets, réduction des coûts de transport….

En 2008, la méthanisation devient une activité agricole[12] et bénéficie depuis 2011 d'un arrêté[13] qui augmente les tarifs de rachat.

Gisement de déchets[modifier | modifier le code]

Application agricole d'un digesteur d'ensilage de maïs situé près de Neumünster en Allemagne (2007). Un réservoir de biogaz (en vert) est placé sur le sommet du digesteur.

Le gisement de déchets agricoles est important :

  • déjections animales,
  • résidus de cultures,
  • les biodéchets d'industries agro-alimentaires,
  • les cultures destinées à l'alimentation du bétail.

Pour la méthanisation à la ferme, plusieurs modèles sont proposés :

Implantation des unités de production[modifier | modifier le code]

En France[modifier | modifier le code]

Une intégration logique au territoire[modifier | modifier le code]

Contrairement à une logique de déterminismes naturels conditionnant une production localisée de la source d'énergie, les déchets nécessaires à la méthanisation sont diffus sur le territoire français. Comme vu précédemment les valorisations du biogaz sont peu transportables et s’associent mal à l'idée de flux (si ce n'est localement pour l'acheminement des déchets jusqu'à l'unité de méthanisation, puis du biogaz jusqu'aux zones de consommation).

L’implantation d’une unité de méthanisation doit donc répondre à une logique de répartition territoriale selon le type de déchet employé et selon la demande qui s’exerce sur un territoire. La volonté politique des acteurs locaux permet alors de développer des énergies renouvelables.

La filière méthanisation peut être un outil favorisant le développement local d’un territoire car, comme vu précédemment, les sources d'alimentation doivent être de proximité et les produits de valorisation consommés préférablement à une moyenne distance. Cette filière met en relation divers acteurs, entre ceux fournissant la matière organique et ceux utilisant le biogaz et le digestat : allant des collectivités territoriales aux agriculteurs (ou groupement d'agriculteurs), passant par les industriels et le secteur du traitement des déchets jusqu'aux constructeurs d'usines de méthanisation et les ménages consommant l'énergie générée. De plus, elle suppose une logique territoriale : avec en amont, une collecte des substrats organiques nécessaires à la production de biogaz, puis le processus en lui-même, suivi de la transformation des produits et enfin leur valorisation. La collecte peut s'effectuer avec un tri en amont, ce qui facilite ensuite l'organisation de la méthanisation.

Elle représentait plus de 1 000 emplois directs en 2010, et pourrait en créer 17 000 d'ici 2020 si les objectifs fixés par le gouvernement en 2010 sont atteints[14].

Applications municipales[modifier | modifier le code]

Depuis une trentaine d’années, les installations industrielles traitant ce type de déchet ont montré leur rentabilité économique. Selon leur provenance, les déchets non triés à la source doivent subir un prétraitement (tri mécano-biologique) tel que : séparation, triage, réduction de la taille par broyage, criblage par la taille ou pasteurisation.

Il existe également des unités traitant les biodéchets, constitués de matières organiques triées à la source. C'est le cas des sites de Lille ou Forbach par exemple.

Fin 2002, 78 unités industrielles de méthanisation de déchets ménagers et assimilés étaient en service en Europe pour une capacité de traitement de 2,3 millions de tonnes de déchets par an. Les nouvelles capacités installées en 2002 s'élèvent à 813 000 tonnes par an.

La France a été le premier pays à se lancer dans la méthanisation des déchets ménagers en 1988 à Amiens. Depuis 2002, d'autres installations ont été mises en service : Varennes-Jarcy, Le Robert (Martinique), Calais, Lille, Montpellier, Marseille et une vingtaine d'autres sont à l'étude ou en construction dans toute la France. L'usine de Romainville, dont la construction, initialement prévue pour 2010 mais reportée, traitera près de 400 000 tonnes d'ordures ménagères.

Le digestat sortant du digesteur ou réacteur doit être déshydraté et mis en tunnels de maturation étanches et bien ventilés, pour achever la réaction anaérobie et commencer une phase de compostage[15]. Il devient alors un déchet traité et stabilisé. L'amendement organique de ce résidu issu de la méthanisation de déchets fermentescibles est comparable à un compost et peut être utilisé pour des cultures alimentaires ou non alimentaires comme les espaces verts selon la réglementation, la nature des produits traités et les analyses de ce digestat. Les normes NF U 44-051 et NF U 44-095 encadrent la valorisation agronomiques des digestats « urbains » (déchets verts, biodéchets issus des ordures ménagères) et des digestats de boues d'épuration, en raison de la présence dans ces boues de résidus médicamenteux, de métaux lourds et autres résidus chimiques nocifs.

En 2011, la France recense 197 installations de méthanisation, dont 80 dans le secteur industriel, 41 à la ferme, 7 installations centralisées ou territoriales1, 60 stations d'épuration et 9 centres de traitements d'ordures ménagères. 46 installations sont en construction, essentiellement dans le secteur agricole. Le secteur industriel est assez représenté car ce sont les premières unités à s'installer pour les raisons citées dans la première partie[16]. Mais la filière est en très forte croissance sur le secteur agricole, avec près de 50 nouvelles unités en 2012 et un très fort intérêt du monde agricole, et une diversification des valorisations du biogaz: cogénération, injection dans le réseau de gaz naturel après épuration (biométhane), et utilisation carburant (bioGNV).

Quelques pays possèdent des firmes industrielles qui ont mis en œuvre des solutions de méthanisation industrielle. Parmi ceux-ci, on trouve des fabricants de méthaniseurs, des fabricants de systèmes de tri mécano-biologiques. Ce sont :

  • la France,
  • l'Allemagne,
  • la Suisse,
  • la Suède,
  • l'Espagne[17]

La liste devra être complétée.

Installation classée pour la protection de l'environnement[modifier | modifier le code]

Selon la législation française, les installations de méthanisation de déchets non dangereux ou de matière végétale brute (à l'exclusion des installations de méthanisation d'eaux usées ou de boues d'épuration urbaines lorsqu'elles sont méthanisées sur leur site de production) sont des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE). En effet, ce type d'installation est concerné par la rubrique no 2781 de la nomenclature des installations classées, qui est divisée en deux sous-catégories[18] :

  • Rubrique no 2781-1 (« méthanisation de matière végétale brute, effluents d'élevage, matières stercoraires, lactosérum et déchets végétaux d'industries agroalimentaires ») :
    • Les installations ayant une quantité de matière traitées supérieure ou égale à 60 tonnes par jour sont soumises à autorisation préfectorale.
    • Les installations ayant une quantité de matière traitées comprise entre 30 et 60 tonnes par jour sont soumises à autorisation préfectorale simplifiée (régime de l'enregistrement).
    • Les installations ayant une quantité de matière traitées inférieure à 30 tonnes par jour doivent être déclarées.
  • Rubrique no 2781-2 (« méthanisation d'autres déchets non dangereux ») : ces installations sont soumises à autorisation préfectorale.

Les autorisations préfectorales ou les autorisations préfectorales simplifiées sont délivrées sous la forme d'arrêtés préfectoraux afin d'imposer aux exploitants le respect d'un certain nombre de prescriptions techniques, notamment celles de l'arrêté ministériel du 10 novembre 2009 fixant les règles techniques auxquelles doivent satisfaire les installations de méthanisation soumises à autorisation en application du titre Ier du livre V du code de l'environnement[19] ou celles de l'arrêté ministériel du 12 août 2010 relatif aux prescriptions générales applicables aux installations classées relevant du régime de l'enregistrement au titre de la rubrique no 2781-1[20].

Les exploitants des installations soumises à déclaration doivent quant à eux respecter les prescriptions techniques de l'arrêté ministériel du 10 novembre 2009 relatif aux prescriptions générales applicables aux installations classées de méthanisation soumises à déclaration sous la rubrique no 2781-1[21].

L'instruction des demandes d'autorisation d'exploiter ainsi que le contrôle du respect des prescriptions techniques par les exploitants sont réalisés par l'inspection des installations classées[22].

En Europe[modifier | modifier le code]

La production d’énergies renouvelables dont le biogaz s’est bien développée dans certains pays de l’Union européenne (UE) et on a une croissance depuis ces dernières années car en plus de l’activité première de la production de biogaz (dépollution et traitement des déchets), le biogaz a une activité de production d’énergie.

L’Allemagne et le Royaume-Uni sont les deux pays les plus avancés au niveau du développement de la filière du biogaz ; cette dernière installant la première centrale au monde sur le site de l’ancienne base aérienne de RAF Eye en 1992 ; d’autres pays ont des programmes et des politiques spécifiques en matière de biogaz tels l’Espagne, l’Italie, le Danemark, les Pays-Bas, la Suède, la Pologne, la Suisse ou encore l’Autriche. Depuis les années 2000, l’UE est devenue la principale productrice de biogaz – devant les États-Unis – avec plus de la moitié de la production mondiale. En effet, le développement du biogaz à l’échelle européenne s’est fait par une volonté de certains pays à établir – grâce au livre blanc de 1997 – une stratégie et un plan d’action communautaire en matière d’énergies renouvelables. La production de biogaz répond aussi à d’autres objectifs fixés par l’UE :

  • une production en énergie renouvelable de 20 % de la consommation brute d’énergie d’ici 2020 (Directive énergie renouvelable (2009/28/CE))
  • un programme de développement des filières renouvelables (Directive européenne énergie renouvelable (2009/20/CE)) ayant conduit à l’adoption d’une feuille de route biogaz dans le plan d’action national des énergies renouvelables qui permet de guider les États.
  • une réduction de la mise en décharge des déchets biodégradables (Directive décharge 1999/31/CE), un recyclage et une valorisation des déchets (Directive déchets 2008/98/CE).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. R. Moletta, La Digestion anaérobie : du plus petit au plus grand, Biofutur, 1993.
  2. Noriko Osaka & al. « Development of an anaerobic hydrogen and methane fermentation system for kitchen waste biomass utilization » ; World renewable Energy Congress 2011, Suède, 8-13 mai 2011, Linköping, Bioenergy Technology (BE).
  3. Debot-Ducloyer N., 2011 : « Nouvelles énergies : Géotexia, dans le cochon tout est bon [reportage à Saint-Gilles-du-Mené] » Alim'agri, magazine du Ministère de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche, de la ruralité et de l'aménagement du territoire no 1550 (octobre-novembre-décembre 2011) - p. 48-49.
  4. Bernet, N., Paul, E. 2006 « Application of biological treatment systems for food-processing wastewaters », dans Advanced Biological Treatment Processes for Industrial Wastewaters, F. Cervantes, S. Pavlostathis, and A. van Haandel (ed.), IWA Publishing, London, 237-262.
  5. Lettinga, G. 1995. « Anaerobic digestion and wastewater treatment systems ». Antonie van Leeuwenhoek, 67, 3-28.
  6. Cresson, R. 2006. « Étude du démarrage de procédés intensifs de méthanisation - Impact des conditions hydrodynamiques et de la stratégie de montée en charge sur la formation et l'activité du biofilm ». Sciences et procédés biologiques et industriels. Montpellier, Université Montpellier II. Thèse : 272 p.
  7. Albane Canto, « Méthanisation : Le Syctom et le Siaap lancent un appel d'offres pour un pilote de co-méthanisation », Environnement Magazine, publié le 28 octobre 2016.
  8. COMOP 10
  9. Site du Club Biogaz, avec lien vers les textes réglementaires et documents utiles.
  10. Communiqué de la région Midi-Pyrénées.
  11. Voir sur irstea.fr.
  12. Voir Berger et Couturier (2008).
  13. arrêté du 19 mai 2011 relatif aux conditions d'achat de l'électricité produite par les installations qui valorisent le biogaz
  14. Étude Emploi, Club Biogaz, 2011.
  15. Voir InfoEnviro Ecoparque Montcada i Reixac.
  16. « État des lieux de la méthanisation en France », Club Biogaz ATEE, 2011.
  17. voir InfoEnviro article sur Barcelone.
  18. « 2781. Méthanisation de déchets non dangereux ou de matière végétale brute », sur ineris.fr (consulté le 21 mai 2016)
  19. « Arrêté du 10/11/09 fixant les règles techniques auxquelles doivent satisfaire les installations de méthanisation soumises à autorisation en application du titre Ier du livre V du code de l'environnement », sur ineris.fr (consulté le 21 mai 2016)
  20. « Arrêté du 12/08/10 relatif aux prescriptions générales applicables aux installations classées de méthanisation relevant du régime de l'enregistrement au titre de la rubrique no 2781-1 de la nomenclature des installations classées pour la protection de l'environnement », sur ineris.fr (consulté le 21 mai 2016)
  21. « Arrêté du 10/11/09 relatif aux prescriptions générales applicables aux installations classées de méthanisation soumises à déclaration sous la rubrique no 2781-1 », sur ineris.fr (consulté le 21 mai 2016).
  22. « Missions », sur installationsclassees.developpement-durable.gouv.fr (consulté le 21 mai 2016).

Sources[modifier | modifier le code]

  • Sylvaine Berger et Christian Couturier, La Méthanisation en milieu rural, Tec&Doc, Lavoisier, coll. « La méthanisation », , 532 p., 16 × 25, relié (ISBN 978-2-7430-1036-2), 235-250, chap. 10
  • René Moletta et al., La Méthanisation, Tec&Doc, Lavoisier, , 532 p., 16 × 25, relié (ISBN 978-2-7430-1036-2, présentation en ligne). 
  • (es) « Ecoparque Montcada i Reixac : Centro Métropolitano n° 2 de procesamiento integral de basuras municipales », InfoEnviro, Madrid,‎ .  A été traduit en français par Raymond Gimilio.
  • Dominique Champiat et al., Biologie des eaux : méthodes & techniques, Masson, , 374 p., 16 × 24, relié (ISBN 2-225-81199-7)
  • Revue Bioénergie International no 18, comprend une carte de France des grandes installations de biométhanisation

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]