Auvergne : polémique sur le coût du futur hôtel de Région

Auvergne : polémique sur le coût du futur hôtel de Région
chantier nouveau conseil regional 22 avril 2013 © CHAREYRON Pascal

À mesure que se rapproche sa date d’ouverture et qu’aux dires de l’opposition, le coût final grimpera d’un tiers par rapport aux prévisions, le nouvel hôtel de la Région Auvergne devient centre des critiques et pôle de discorde. « Trop cher », sanctionne l’UMP Daniel Dugléry. « Indispensable ! », s’agace le président PS René Souchon.

L’unanimité qui avait salué le projet de Pierre-Joël Bonté (PS) n’a pas survécu aux péripéties de sa construction : trois ans après le lancement des travaux par son successeur René Souchon et dix mois avant son inauguration, le nouvel hôtel de Région agace les dents de l’opposition… qui l’avait pourtant voté en 2007.

« Mais en 2012 ce n’était plus pareil, objecte Daniel Dugléry, leader des élus UMP. Alors qu’on nous avait présenté un projet à 50 millions d’euros (M€), nous avons dit non à un crédit de paiement supplémentaire de 34 millions d’euros. Trop, c’est trop ! ».

Le socialiste René Souchon accuse le maire de Montluçon de réécrire l’histoire : « Le groupe d’opposition a voté 89 M€ d’autorisation de programme qui ne seront d’ailleurs pas intégralement consommés. Daniel Dugléry mélange les carottes et les navets (sic) ». Sous-entendu, il confond sciemment la provision et le coût réel, le montant toutes taxes comprises et le montant hors taxes…

« Sans queue ni tête ! Monsieur Dugléry fait du Dugléry ! », s’énerve le président du Conseil régional qui, méthodique, égrène les chiffres au fil de l’évolution du projet : « L’avant-projet a été voté à 49 M€ HT en janvier 2007 par toute l’assemblée… Ajoutez l’acquisition du terrain (2,5 M€), la gestion non prévue des gravats amiantés (1,3 M€), les honoraires de l’architecte (8,15 M€), les assurances (4 millions d’euros) et l’actualisation des prix. Je vous ferai observer que depuis 2006, l’indice des prix à la construction a augmenté de 25,88 %, ce qui représente 9 M€ supplémentaires… »

Au bout du compte, l’hôtel de Région selon René Souchon, vaudra « moins de 89 M€, en réalité 72 M€ une fois remboursées les taxes par l’État » dans le cadre de son fonds de compensation. Soit 14 M€, ce qui n’est pas négligeable…

« Au top du top »

« Je vous concède qu’il est un peu cher mais le bâtiment est unique en France. Il se veut l’exemple symbolique de la basse consommation dans la droite ligne du Grenelle de l’Environnement. »

Sur le même banc de la défense, son vice-président en charge de l’environnement, Christian Bouchardy (EELV) : « Il faut voir plus loin que le bout de son nez et apprécier les économies qui seront réalisées à long terme sur les dépenses d’énergie et les frais de déplacement. »

Décidément plus vert que les Verts, René Souchon se flatte d’un équipement « au top du top » avec une centrale photovoltaïque, un puits canadien pour assurer une climatisation naturelle par le sol, un équipement high-tech, une ossature « maison » en pin douglas du Massif central…

S’il admet qu’entre tout projet et sa concrétisation, « les prix s’envolent naturellement » et qu’il est « difficile de maîtriser les coûts », Daniel Dugléry se montre plus critique sur la pertinence du mode de construction et d’exploitation : « Quand j’ai réalisé la cité administrative de Montluçon, j’avais le choix entre la procédure traditionnelle, c’est-à-dire la porte ouverte à tous les avenants divers et variés, et un bail emphytéotique de 18 ans avec un promoteur, qui a eu l’avantage de ne pas me faire débourser un euro de plus que prévu. C’est ce que choisit toujours l’État quand il construit des gendarmeries. On évite ainsi les dérapages. »

Actuellement 400 agents sur cinq sites

Le maire de Montluçon se fait fort d’expliquer que le bail emphytéotique entre le promoteur et l’occupant municipal s’est soldé par la fixation d’un loyer annuel calculé à partir du coût estimé de l’opération immobilière sans considération de dépassement des prix des travaux ou de charges supplémentaires.

Une « fantaisie » pour René Souchon. « L’argent placé par un promoteur doit lui rapporter. Et comme au coût des loyers s’ajoutent les intérêts, vous imaginez la note pour une collectivité ! Les Hôpitaux parisiens ont privilégié ce type de partenariat privé-public : on a vu le résultat… Je vous signale enfin que la Cour des Comptes aligne régulièrement ce type de montage coûteux pour les collectivités sur la durée. »

Les deux hommes s’accordent au moins sur le bien-fondé de sa construction : les 400 agents du Conseil régional sont dispersés sur cinq sites de l’agglomération clermontoise et « ne se rencontrent que le jour des vœux », dixit leur « patron.

Un éparpillement immobilier et humain qui se traduit par des loyers somptuaires : « L’an dernier, on a réglé 2,232 M€ ».

400 agents mais aussi 47 conseillers et 75 membres du Conseil économique et social qui occuperont la vaste salle d’assemblée de quelque 150 sièges. L’inauguration est prévue début 2014… Avec René Souchon et Daniel Dugléry côte à côte.

Jean-Paul GONDEAU


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