Pour porter cette stratégie de "conquête", Marine Le Pen estime qu'il faut faire évoluer l'organisation du Front national :
"Il faut disposer de davantage de cadres, de produire plus de contenus de haute tenue.
Il faut mettre en place une organisation rénovée avec des pratiques plus collégiales.
Sur tous les territoires, il faut des cadres de tous les âges, de tous les milieux doivent émerger les cadres."
Retrouvez notre radiographie des candidats au comité national :
Et de revenir sur un sujet plus terre à terre, le travail de "conquête" du FN sur le terrain :
"L’implantation dans les départements [Var, Aisne, Pas-de-Calais, etc.] servira de marche-pied à la conquête de région comme les Hauts-de-France ou PACA. C'est un dispositif ambitieux mais réaliste. Nous ne le cachons pas, il est exigent."
Marine Le Pen poursuit sur la souveraineté politique, deuxième élément de son pilier "liberté" :
"L’Assemblée nationale est devenue une caricature et nous demandons l’instauration du suffrage proportionnel pour les législatives. Le gouvernement veut limiter le droit d’amendement, vision autoritaire du gouvernement."
Et de poursuivre sur la souveraineté politique à l'échelle de l'Europe :
"C’est parce que nous sommes européens que nous sommes contre l’Union européenne.
Cette UE qui brise par son mépris les peuples et la belle idée européenne.
[...]
Notre projet vise à rendre leur souveraineté à chacun des Etats dans le cadre d’une coopération libre. Nous nous écarterons du modele carcéral et brutal que l’UE veut imposer au peuple."
Marine Le Pen passe au troisième pilier de son projet : la liberté.
Elle commence par évoquer la liberté d'expression.
"Depuis plusieurs années, chacun pressent qu’une sorte de couvercle s’est posé sur la société avec le politiquement correct. Les mots sont tabous. Le gouvernement prépare une loi sur les fake news. M. Macron croit devoir s’aligner sur une mesure liberticide déjà en vigueur en Allemagne.
Nous défendrons la liberté d’expression sur Internet."
Tout à fait, mais il reste assez peu utilisé en France.
Les derniers chiffres disponibles indiquent que seuls 2 % des internautes français utilisent Qwant, contre 91 % pour Google.
Toujours sur le pilier de la protection, Marine Le Pen fait un retour sur la question de la souveraineté numérique :
"La France se trouve dans une situation de colonie dont on pille les matières premières.
Pourquoi n’existe-t-il pas un Google français ou européen ? Pourquoi est-on dépendants d’une entreprise américaine ?
Laisser partir nos données à l’étranger est suicidaire."
Et d'énumérer ses propositions en faveur de la souveraineté économique française :
- harmoniser le droit national avec un code numérique,
- instaurer l’obligation de stocker les données personnelles dans des serveurs en France avec interdiction de les transférer,
- développer des logiciels libres,
- ouvrir à l'échelon européen un projet de coopération sur le numérique visant à préserver la souveraineté de nos Etats et la liberté des citoyens.
"Cette mobilisation relève de l’Etat stratège dont nous demandons le retour. "
Marine Le Pen poursuit sur le pilier de la protection, en abordant la question des Français partis combattre en Syrie pour l'organisation Etat islamique :
"S’agissant des revenant de Daesh, nous n’en voulons pas.
Ni d'eux, qui sont des monstres, ni de leurs femmes, qui sont les complices de ces atrocités.
Pour nous, ils devraient déjà être déchus de leur nationalité française, puisqu’ils ont acquis une autre nationalité, celle de l’Etat islamique.
[...]
S’ils reviennent en France, ils doivent être emprisonnés immédiatement et avoir des peines allant jusqu’à la perpétuité réelle. Ils doivent savoir que ce n’est pas une bonne idée de revenir en France."
Nouvelle anaphore sur le pilier de la protection, insistant sur ce qu'on peut ou ne pas faire "En France" :
"En France, on ne s’habille pas en tenue religieuse dans les villes.
En France, on ne se baigne pas tout habillé dans les piscines publiques.
En France, on peut croire ou ne peut pas croire.
"En France, les filles s’habillent comment elles veulent sans être importunées.
Et au passage en France on serra la main des femmes."
Cette partie du discours est particulièrement applaudie par la salle, comme le souligne notre journaliste sur place, Lucie Soullier :
Et Marine Le Pen de poursuivre, toujours sur le pilier de la protection :
"L'argent des Français doit d’abord revenir aux Français. Nous n’avons plus les moyens d'accueillir, de loger, de soigner, la terre entière. Protéger la France, c’est aussi préserver notre patrimoine naturel, nos lacs, nos rivières, nos forêts, nos côtes. Tout ce qui fait de la France, le pays d’une incomparable richesse. Nous devons entrer dans le pays de la civilisation écologique."
Suivez notre journaliste sur place, Lucie Souiller :
Marine Le Pen développe le premier point : la transmission
"La transmission nous oblige. C’est un devoir sacré, mais aussi un droit à la continuité historique.
C’est un trait d‘union entre les générations et un partage entre les vivants.
Pour nos enfants, la non-transmission de leur patrimoine est une dépossession, une mutilation, une lobotomisation.
La transmission ne porte pas seulement sur notre patrimoine matériel mais également immatériel : sa langue, ses valeurs, son goût pour la vie… Sans transmission, il n’y a plus de pays mais un conglomérat d’individus disparate. La nation comme le sentiment national sont de belles valeurs à enseigner."
Elle déroule ensuite les trois principaux piliers de son projet :
- transmission,
- protection,
- liberté.
Marine Le Pen vient ensuite sur le terrain de l'économie numérique et de sa régulation par l'Union européenne :
"Nous sommes en train de perdre la guerre des data, c’est-à-dire la guerre des données. L’Europe n’a pas compris que cette guerre était engagée. Vous êtes pistés commercialement comme une proie lors d’un safari. L’Union européenne est inerte face à ce danger. Elle préfère légiférer par directive sur le bruit des tondeuses à gazon."
De nouveau, elle s'oppose au président de la République : "Le modèle de M. Macron ne conduit pas à une libération mais à une aliénation."
Et de poursuivre avec une anaphore sur le terme "insécurité" :
"La société de M. Macron est une société où le citoyen est livré à de multiples insécurité :
- insécurité culturelle avec de grandes subversions migratoires qui créent des zones de non-droit avec l’importation de mœurs contraire à nos valeurs. Ils amènent leurs interdits. Ces mœurs sont imposés partout, dans la rue dans ‘l'entreprise, à l’école à l'hôpital sur les plages,
- insécurité physique avec l’explosion de la délinquance et la présence de la menace permanente terroriste,
- insécurité patrimoniale avec la réorientation autoritaire de l’épargne vers les achats immobiliers,
- insécurité juridique,
- insécurité économique avec l’installation d’une distorsion généralisé de concurrence avec les produits français et ceux qui sont importés,
- insécurité du pouvoir d’achat,
- insécurité sociale avec le salarié jetable.
Pour Marine Le Pen, les tenants de la mondialisation ne perçoivent pas la valeur des retraités :
"Le retraité il n’est plus productif, il peut donc faire l’objet d’un matraquage fiscal."
Marine Le Pen s'oppose ensuite à la gestation pour autrui (GPA), puis au transhumanisme.
"Cette marchandisation du monde qu'on voudrait nous imposer est insupportable. [...] La GPA n’est qu’un début, déjà on voit poindre le contrôle des caractéristiques génétiques des enfants. Le culte de la performance est érigé en absolu.
Au-delà se pose la question du transhumanisme, la fabrique de bébés améliorés. Quelques Etats semblent y travailler, tout comme des grandes firmes. Certains de leurs dirigeants se sont donné pour objectif la mort de la mort. On joue à colin-maillard sur le bord de la falaise. La science déferle sur nous avec la tentation de faire de l’homme l’égal de Dieu. Revenons sur terre."
"Les mondialistes contre les nationaux"
Lucie Soullier suit le discours de Marine Le Pen à Lille :
Sans le citer, Marine Le Pen fait une référence à la mort, récente, de Johnny Hallyday et à son testament controversé :
"Cinquante ans après, les soixante-huitards bedonnants connaissent leur apothéose. [...]
Jouir sans entrave était beaucoup moins anodin et séduisant qu’ils ne le disaient. La frontière et devenue une entrave à la circulation des personnes pour eux.
La transmission s’efface et personne ne s’étonne plus qu’une résidence aux Etats-Unis est plus de valeur que le droit successoral français. Il est interdit d’interdire. Tout donc devient un droit."
Marine Le Pen oppose ensuite deux visions du monde.
"[Elles] se font face, irréductibles, exclusives l’une de l’autre.
Un face-à-face qu'on trouve en France et comme en Europe, en Allemagne et en Italie. Je salue Matteo [Salvini, chef de file de la Ligue]. [...] Un face-à-face entre mondialistes et nationaux. Ce pour qui la nation est un obstacle et l’autre un joyau."
Elle poursuit sur une comparaison filée entre le nom du parti d'Emmanuel Macron En marche ! et l'immigration.
"Etre un marcheur, c’est être un normade, tout comme le sont les migrants et les expatriés fiscaux. (...). L’appellation du mouvement En marche ! est en soi une profession de foi pour un nomadisme et un sans-frontiérisme. Le nomadisme remet en cause la parole donnée, on est dans le court-termisme, le paraître."
Et de s'opposer au "nomadisme" et donc à En marche !
"Le nomadisme c’est l’inverse de nos valeurs de civilisation. Le nomadisme, c’est le refus des attachements. La seule valeur reconnue est celle de l’argent. C’est la civilisation de l’oral et non de l’écrit. Un monde sans bibliothèque, sans terre pour enterrer ses pères."
Les fondamentaux sont bien là
Introduite par Matteo Savini
Avant que Marine Le Pen n'entre en scène, l'Italien Matteo Salvini, le jeune leadeur de la Ligue du Nord, l'extrême droite italienne, lui a souhaité bonne chance, comme le rapporte notre journaliste sur place, Lucie Soullier :
"Dans un régime démocratique, ce qui est peu le cas en France, le sort de notre pays est entre les mains de son peuple."
Marine Le Pen.
Elle affirme que pour elle, l'enjeu de ce congrès n'est pas "nos carrières, nos sièges, nos espérances de réussite personnelle. Ce qui est en jeu, c’est notre pays".
"Notre pays n’écrit plus l’histoire, il la subit. Je l’ai assez répété au cours de la campagne présidentielle, ce qui se joue est un défi de civilisation, poursuit-elle. Nous savons que l’Histoire est implacable et que, lorsque les peuples qui cessent de lutter, ils cessent d’exister."
La présidente du FN poursuit :
"Un nouveau monde se dresse devant nous. Il nous place devant de multiples défis :
-
un défi démographique (...) ;
-
un défi technologique, qui nous expose au risque de la relégation économique ou de l’asservissement si nous ne savons pas le réguler ;
-
un défi social (...) ;
-
un défi éthique, qui met en jeu note conception de l’homme et les valeurs essentielles auxquelles nous croyons".
Marine Le Pen vient de commencer son discours :
"Nous savons combien le chemin qui conduit [à la victoire] est semé d'embûches, glissées sous nos pas par un système. Nous savons que les derniers mètres qui conduisent à la citadelle seront les plus durs."
"Malgré les injustes procès, les persécutions incessantes, malgré cette guerre psychologique, nous avançons sur la bonne voie. Sur celle de l'honneur et du devoir. Sur celle de la vérité et de la victoire. Nous n’en changerons pas." poursuit-elle.
Aidez Marine Le Pen à trouver un nouveau nom de parti pour le Front national
Le Front national doit annoncer, dimanche, un nouveau nom pour le parti. Avant lui, des élus de droite avait annoncé à la fin de l’année la création d’un nouveau mouvement, « Agir, la droite constructive ». « Agir », « Hé oh la gauche » ou « Les poissons roses » montrent l’imagination des politiques pour nommer mouvements et partis : faites avancer le débat sémantique grâce à notre générateur.
Temps forts du congrès du Front national : Marine Le Pen réélue présidente du FN, son père déchu de la présidence d’honneur
- Marine Le Pen, seule candidate à sa succession, a été réélue sans suspense présidente du Front national, à l'unanimité, à l’issue d’un vote par correspondance dont les résultats ont été proclamés dimanche lors du congrès du parti à Lille.
- Les militants ont également voté pour élire les 100 membres du nouveau conseil national (ex-comité central), le « parlement » du parti. Peu de surprise parmi les cadres de la « refondation » plébiscités par les adhérents, les 10 plus hauts scores réunissant sensibilités mariniste (Steeve Briois, Sébastien Chenu) et plus identitaire (Nicolas Bay, Stéphane Ravier), proches de Marine Le Pen (Louis Aliot, son compagnon, arrive en tête) et de son père (Bruno Gollnisch, Marie-Christine Arnautu).
- Les militants ont par ailleurs adopté (à 79,7 %) les nouveaux statuts du parti, qui suppriment notamment la fonction de président d’honneur, occupée depuis 2011 par le cofondateur du parti Jean-Marie Le Pen.
Bonjour et bienvenue dans ce direct consacré au discours de Marine Le Pen, qui a lieu à 15 heures, à l'occasion du congrès du Front national qui se tient ce week-end à Lille. La présidente du parti d'extrême droite va notamment annoncer le nouveau nom qu’elle défend pour remplacer celui de Front national.
Comme vous en avez pris l'habitude, n'hésitez pas à nous envoyer vos questions ou vos remarques.