VICTOIRE DU BOIS : “POUR MOI, MARION COTILLARD EST UN GÉNIE”


Photos de
Sébastien Vincent pour Paulette Magazine

Coiffure : Alexandrine Piel (Franck Provost). Maquillage : Aurélie Payen. Stylisme : Koshka Mashka / Marilyn Feltz / Laure Mory
 

À 27 ans, Victoire Du Bois est une jeune comédienne à suivre. Pour la première fois de sa carrière, elle a monté les Marches du Festival de Cannes cette année aux côtés de Marion Cotillard pour un film de Nicole Garcia, Mal de pierres, dans lequel elle joue une petite sœur en proie à un questionnement sur la féminité. Théâtre, 7ème art, jeu en tout genre, Victoire est un joli talent sur lequel miser.  

Paulette : Qu’est-ce que ça fait de voir sur grand écran à Cannes le film dans lequel tu joues ?
Victoire Du Bois : C’était magique. Soudainement, tu te retrouves dans une salle de 2 000 personnes, il y a un silence impressionnant, tout le monde est prêt à voir le film. Heureusement, Mal de pierres a été bien accueilli. Je trouvais ça incroyable d’être là, à Cannes, ça m’a bien ému. On a pris une grosse claque !

Comment es-tu arrivée au casting de Mal de pierres de Nicole Garcia ?
Nicole Garcia avait vu Ivanov de Luc Bondy dans lequel je jouais. J’ai eu la chance de passer un casting, et elle m’a proposé le rôle de Jeannine, la petite sœur de Marion Cotillard dans le film. Très vite, le rôle m’a plu. C’est un personnage discret mais ça soulevait des questions sur la famille. Et puis Nicole Garcia, c’était dingue de se retrouver face à elle, quelle artiste ! Je ne me suis pas posée de questions.


Tu joues en effet la petite sœur de Marion Cotillard, qu’est-ce que l’on peut dire de ton personnage ?
C’est une famille dans les années 40. La question de la féminité est au cœur de l’histoire, disons qu’elle est mal traitée à cette époque. Le désir n’était pas quelque chose que l’on écoutait. Mon personnage prend le chemin que l’on attend des femmes à ce moment-là, alors que celui de Marion Cotillard, au contraire, emprunte le chemin qu’elle a choisi.  


Comment s’est passé le tournage ?
C’était agréable, je suis restée pendant 10 jours sur le tournage. J’ai adoré cette expérience, déjà parce que ça ne fait pas longtemps que je fais des films, donc j’ai eu l’impression d’être très présente sur le plateau. Avec Nicole Garcia, on a pu discuter, envisager les scènes. Pour moi, Marion Cotillard est un génie. Elle travaille énormément, et pourtant, elle est très ouverte, on ne sent pas de pression.

As-tu été marquée par une scène du film ?
Oui, une scène où l’on est toutes les deux dans sa chambre. On parle de son état de santé – une grande question dans le film, je lui annonce que je vais me marier. C’est à ce moment précis que j’ai découvert la force du cinéma de Nicole Garcia, avec ces ambiances, ces atmosphères... Tout se passait dans les non-dits, les regards, il y a quelque chose d’animal. J’ai ressenti ces choses-là avec Marion Cotillard, sans avoir de longs dialogues.

“Pour moi, Marion Cotillard est un génie.”

Quels sont tes débuts en tant que comédienne ?
J’ai commencé au lycée, en option théâtre à Nantes. Je ne suis pas de là-bas mais du 91, je suis une banlieusarde (rires). Et puis je me suis dit que si je voulais vraiment en faire mon métier, il fallait que je vienne à Paris. J’ai continué avec l’École du Jeu, une école assez physique, où l’on a travaillé le corps, la respiration, les sensations. Ensuite, je suis entrée au Conservatoire Nationale, ça m’a pris un an de préparation. Ça me faisait rêver.


Tes premiers pas sur scène, c’était pour quelle occasion ?
Victoire Du Bois : C’était pour un cabaret gourmand à Nantes. On accueillait des gens, on chantait et on leur cuisinait des plats. C’était ma première pièce. Ensuite, c’était avec François Orsoni, dans « Louison » de Musset. On était en Corse, avec Clothilde Hesme, une rencontre assez chouette par la suite... C’est grâce à elle que j’ai rencontré Patrice Chéreau, pour qui je devais jouer au théâtre. Malheureusement, ça ne s’est pas fait parce qu’il est décédé... Concours de circonstances, Luc Bondy m’a engagé pour la pièce qui remplaçait celle de Patrice Chéreau.


Qu’est-ce qui te motive le plus au théâtre et au cinéma ?
Le simple fait de jouer, d’être en jeu, ça m’excite. J’ai l’impression qu’il n’y a aucune limite chez l’être humain et le rôle peut explorer cette idée. On peut aussi changer totalement d’apparence, j’adore. J’ai appris cet aspect-là aussi auprès de Marion Cotillard, elle arrive à se changer, s’adapter à tous les rôles.

En qui aimerais-tu te transformer justement ? Qui aimerais-tu incarner ?
J’adorerais me transformer en Patti Smith ! Non je rigole... C’est que je travaille avec des copines sur un texte, et c’est Just Kids de Patti Smith. Elle est artiste, poétesse, photographe... Quelle amoureuse aussi ! Je suis impressionnée. J’ai un groupe de copines avec qui je fais des lectures, ça nous permet de réfléchir, de rêver, d’avancer. C’est une manière de rester mobile, d’esquiver cette position d’attente.

Quels sont tes projets ?
En ce moment, je tourne dans le prochain film de Lucas Guadagnino, le réalisateur de The Bigger Splach et Amore. On tourne en Italie, je joue la sœur d’Esther Garrel. C’est un long-métrage sur le désir, entre des jeunes d’une vingtaine d’années. L’année prochaine sinon je travaille à nouveau avec quelqu’un qui me connaît bien, Pascal Kirsch, sur un texte qui s’appelle Pauvreté, richesse, homme et bête au théâtre.

Est-ce évident pour une jeune comédienne de s’épanouir au cinéma ou au théâtre ?
Pour l’instant, je touche du bois, ça se passe assez bien mais j’ai toujours peur que ça s’arrête. J’essaie de travailler au maximum, de ne pas m’éteindre dans ces attentes qui peuvent être lourdes. Tout peut s’arrêter tout le temps, il faut juste apprendre à gérer ce déséquilibre là...

Qu’est-ce que tu lis ou écoutes en ce moment ?
J’adore la musique, je passe des heures à chercher des nouveaux sons. Ça va de Rone à Feu Chatterton !, Grand Corps Malade. Sinon en livres, le dernier c’est M Train de Patti Smith – encore !


Un message aux Paulette pour finir cette interview ?
“Oublions un peu la tête et cultivons au maximum le rêve ! <3”



Stéphanie Chermont

Stéphanie, Journaliste culture, 30 ans, Paris
Une lubie ? Les petits carnets
Une chanson ? How soon is now, The Smiths
Un aliment ? L'avocat
Un endroit ? Une salle obscure
Une devise ? Let's Dance !
>https://twitter.com/StephChermont

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