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« Cela va leur coller à la peau ! » Le député communiste du Nord Fabien Roussel avait vu juste, à la suite du vote de l’Assemblée nationale, le 20 octobre 2017, qui avait acté la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) pour le transformer en un impôt sur la fortune immobilière (IFI). Un peu plus d’un an plus tard, le président de la République, Emmanuel Macron, traîne comme un boulet cette réforme fiscale dénoncée comme « un cadeau aux riches » par l’opposition. La gauche y voit même le « péché originel » de son quinquennat, à l’instar du « paquet fiscal » de Nicolas Sarkozy en 2007.
Cette mesure hautement symbolique revient au premier plan à l’occasion de la crise des « gilets jaunes ». Depuis le début du mouvement, sa réintroduction immédiate fait partie des revendications des manifestants. « Paie ton ISF ! », clamaient plusieurs d’entre eux en descendant les Champs-Elysées, lors de la manifestation du 17 novembre.
Un message également entonné par l’opposition. L’ensemble de la gauche – des communistes aux socialistes en passant par les écologistes et La France insoumise (LFI) – ainsi que Marine Le Pen (Rassemblement national, ex-FN) pressent l’exécutif de rétablir cet impôt sur les plus fortunés au nom de la « justice fiscale ». Une demande récurrente aussi lors des débats budgétaires au Parlement, ces dernières semaines. « Rendez l’ISF d’abord ! », a lancé le député (LFI) de la Somme François Ruffin à l’attention du gouvernement, le 13 novembre, à l’Assemblée nationale.
L’exécutif défend la suppression de l’ISF
L’opposition exige le rétablissement de cet impôt pour envoyer un signal puissant aux « gilets jaunes », et trouver des recettes pour financer des mesures en faveur du pouvoir d’achat ou de la transition écologique. Avec la réforme de l’ISF, le manque à gagner pour l’Etat approche les 3 milliards d’euros par an. Le rendement attendu de l’IFI étant de 1,2 milliard d’euros cette année, avec 120 000 contribuables, contre 4,23 milliards d’euros en 2017, quand 350 000 foyers fiscaux y étaient assujettis.
Mais, pour l’instant, l’exécutif n’entend pas revenir sur cette mesure visant à inciter les plus riches à investir dans l’économie réelle. Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a écarté cette idée, lundi, sur France Inter. « L’ISF n’est pas un cadeau aux riches » : il doit « permettre aux entreprises d’avoir de l’argent réinvesti dans les territoires » au lieu de le voir « partir à l’étranger », a-t-il argumenté. « C’est exclu », confirme Matignon. « Ce n’est pas du tout envisagé », abonde un ministre, précisant que « d’autres pistes sont étudiées » pour répondre à la crise.