De nouveaux profils font leur entrée dans le
gouvernement de Tebboune ainsi que des revenants. Des technocrates pour
la plupart, qui auront à gérer les affaires courantes en attendant
l’échéance majeure de 2019. Tour d’horizon…
Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - C’est le désormais ancien directeur
général des impôts, Abderrahmane Raouya, qui prend les commandes du
ministère des Finances. Ce fiscaliste de 57 ans est un commis de l’Etat
qui n’a aucune couleur politique, contrairement aux autres détenteurs
des fonctions régaliennes de l’Etat. Si les réformes fiscales et
budgétaires conçues par les techniciens comme Raouya ont toujours buté
devant les arbitrages politiques, aura-il en tant que ministre une marge
de manœuvre suffisante pour engager les correctifs nécessaires ? Il
risque surtout de ne pas avoir suffisamment de temps.
Un électricien à la tête du secteur de l’énergie
Au département de l’énergie, c’est un autre électricien qui vient d’être
nommé ministre, à savoir Mustapha Guitouni. Le successeur de Noureddine
Boutarfa à la tête du mastodonte national Sonelgaz le remplace ainsi, à
la tête de ce ministère stratégique. Une nomination qui sonne comme un
désaveu pour Boutarfa plus qu’autre chose. Ce secteur qui a, de tout
temps, été l’apanage de pétroliers ou de cadres financiers souvent issus
de Sonatrach a vu la première nomination d’un électricien en 2016 avec
Boutarfa. C’était un concours de circonstances où le géant pétrolier
national sortait d’une zone de turbulences marquée par les scandales de
corruption qui a tétanisé ses cadres et inhibé ses managers. Or, la
sérénité retrouvée lors du court passage de Amine Mazouzi à la tête de
Sonatrach a vite laissé place à la démobilisation. L’inimitié qui a
caractérisé la cohabitation de Mazouzi et Boutarfa a fini par ressortir
Ould Kaddour du placard, pour le propulser à la tête de la compagnie.
Les dividendes des bons offices de la diplomatie algérienne au sein des
pays de l’Opep débouchant sur un accord historique de limitation de
l’offre du pétrole, et que Boutarfa s’est bien attribués, ne lui ont
finalement pas été d’un grand secours. Ce dernier qui n’a pas remis les
pieds à Sonelgaz depuis son installation comme ministre a vu sa gestion
précédente remise en cause par Guitouni qui a opéré une réorganisation
totale de la compagnie avec, à la clé, la dissolution de sept filiales.
Santé, sécurité sociale et communication
A la tête du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité
sociale, le choix s’est porté sur le désormais ancien directeur général
de l’Agence nationale de soutien à l’emploi de jeunes (Ansej), Mourad
Zemali. Ce manager de 53 ans, architecte de formation, qui s’est déployé
sur le terrain, d’abord dans le secteur du logement dans différents
organismes (Cnep Immo, OPGI et AADL) avant de prendre la tête de la
Caisse nationale des congés payés et du chômage-intempéries des secteurs
du bâtiment et des travaux publics et de l’hydraulique (Cacobath) en
2006 puis l’Ansej en 2011, a beaucoup évolué dans le champ de vision du
nouveau Premier ministre qui a eu à gérer le département de l’habitat en
1999 puis entre 2001 et 2002 avant d'y revenir en 2012. Quant au secteur
de la santé de la population et de la réforme hospitalière, il est
confié à un professeur de médecine : Mokhtar Hasbellaoui.
Le désormais ancien directeur de l’Institut national de santé publique (INSP)
est un oto-rhino-laryngologiste (spécialiste du nez, des oreilles et de
la voix «ORL»). Et, il était le chef de service ORL du Centre
hospitalo-universitaire (CHU) Mohamed-Lamine-Debaghine (ex-hôpital
Maillot). Par ailleurs, c’est Djamel Kaouane, ancien DG de l’Agence
nationale d’édition et de publicité (Anep) et ancien rédacteur en chef
du journal privé Le Temps d’Algérie qui est nommé ministre de la
Communication. Natif de Azeffoun, Djamel Kaouane, 57 ans, est un
journaliste qui a fait carrière au sein du quotidien public d’expression
française El Moudjahid.
Quatre walis et maigre quota pour les partis politiques
La nouvelle équipe compte aussi quatre walis, ceux d’Oran Blida, Annaba
et Tlemcen : Abdelghani Zaalane, Abdelkader Bouazgui, Youcef Chorfa et
Ahmed Saci, nommés respectivement ministres des Travaux publics et des
Transports, ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la
Pêche, ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville et ministre
du Commerce. L’on compte aussi parmi les fonctionnaires Hocine Necib qui
revient à la tête du département des Ressources en eau qu’il a eu à
gérer auparavant sous Abdelmalek Sellal, entre 2012 et 2015. Ainsi, les
partis politiques soutenant le programme du président de la République
n’ont eu droit qu’à un maigre quota. Au ministère de l’Industrie et des
Mines, c’est l’un des rares nouveaux ministres quisont étiquetés
politiquement : Bedda Mahdjoub. Plusieurs fois député FLN de Médéa, il a
eu à présider la Commission des finances et du budget de l’Assemblée
populaire nationale (APN) lors de la 7e législature. Enseignant
universitaire d’économie, il est connu aussi pour être un ancien
footballeur qui a joué pour plusieurs clubs d’élite dans les années 1990
: OMR, NAHD et USMH. Le vieux parti a eu droit également au portefeuille
des Relations avec le Parlement, confié à Tahar Khaoua, ancien chef du
groupe parlementaire du FLN lequel a occupé les mêmes fonctions de
ministre des Relations avec le Parlement sous Sellal. Le Mouvement
populaire algérien (MPA) de Amara Benyounès s’est vu attribué le
portefeuille du Tourisme et de l’Artisanat, à la tête duquel est nommé
Messaoud Benagoun, candidat malheureux à la députation à Batna : c’est
le plus jeune membre du gouvernement avec 35 ans. Le parti de Amar Ghoul
TAJ, lui, s’est vu confié le département de l’environnement et des
énergies renouvelables. Et, c’est l’ancienne journaliste de la
télévision publique Fatma-Zohra Zerouati qui représentera ce parti au
gouvernement.
L. H.
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