03 juin 2007
a vava inouva
" Dehors la neige habite la nuit. L'exil du soleil a suscité
nos frayeurs et nos rêves.
Dedans, une voix cassée, la même depuis des siècles,
des millénaires, celle des mères de nos mères, crée à
mesure le monde merveilleux qui a bercé nos ancêtres
depuis les jours anciens.
Le temps s'est arrêté, le chant exorcise la peur, il crée
la chaleur des hommes près de la chaleur du feu - le
même rythme tisse la laine pour nos corps, la fable
pour nos cœurs.
C'était ainsi depuis toujours, pourtant les dernières
veillées en mourant risquaient d'emporter avec elles
les derniers rythmes.
Allons-nous rester orphelins d'elles et d'eux ? Il faut
savoir gré à celui qui, habillant de rythme à la fois
moderne et immémorial les vers fidèles et beaux,
prolonge pour nous avec des outils très actuels un
émerveillement très ancien."
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Paroles de Ben Mohamed
AVAVA INOUVA
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T-txilek lliyin tabburt
A baba inu ba
Ccencen tizebgatin im
A yelli Yriba
ugwadey lwehc l-lyaba
A baba inu ba
Ugwadey ula d nekini
A yelli Yriba
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1
Amyar yettel degw'bernus
Di tesga la yezizin
Mmi s yetthebbir i lqut
Ussan degw 'qerru s tezzin
Tislit deffir uzetta
Tesalay tijebbadin
Arrac zzin d i temyart
Asen t-tessyer tiqdimin
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2
Adfel isudd tibbura
Tuggi kecmen-t yehlulen
Tajmaayt tettargu tafsut
Aggur d yitran hegben
Ma d aqejmur n t-tasaft
Idegger akin idenyen
Mmlalen-d akw a t wexxam
I tmacahut a s slen
Traduction de Ramdane ACHAB.
Père mon père
Ouvre-moi la porte je te prie
O mon père à moi
Fais donc tinter tes bracelets
O ma fille Ghriba
J'ai très peur de la forêt
O mon père à moi
J'en ai peur moi aussi
O ma fille Ghriba
Le vieux drapé dans son burnous
Se chauffe au feu dans le coin
Le fils a souci de la subsistance
Les jours dans sa tête font la ronde
La bru est derrière le métier à tisser
Dont elle apprête les tendeurs
Les enfants font cercle autour de la vieille
Qui leur redit les dits anciens
La neige obstrue les portes
Les bouillies d'hiver sont à l'honneur
L'agora rêve de printemps
Lune et étoiles sont voilées
La grosse bûche de chêne
Refoule au loin les claies de roseaux
Et la maisonnée est toute réunie
Pour entendre le conte
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" En ce qui concerne "Vava inouva", il s'agit d'un texte qui raconte
l'atmosphère et le mode de transmission de notre culture ancestrale au sein
du foyer montagnard de Kabylie. Les deux couplets dressent une espèce de
diptyque hivernal où le premier tableau présente ces portes qui s'ouvrent
sur un mur de neige, cet agora (lieu de rencontre des villageois) vide qui
rêve du printemps et ces étoiles qui se sont retirées (derrière les nuages).
Le second tableau présente l'intérieur du foyer. Réunis autour du feu,
chaque membre joue un rôle déterminé. La doyenne qui transmet le savoir
ancestral aux petits enfants. Le doyen qui écoute et qui peut intervenir
éventuellement pour apporter une précision qui s'impose. Le fils préoccupé
par le pain quotidien de la famille, son épouse (la bru) qui, derrière son
métier à tisser, enregistre les enseignements de sa mère qu'elle aura
transmettre plus tard. Quant au refrain de la chanson, il est tiré d'un
conte pan-berbère et illustre le type de savoir transmis.
Un jour Idir est venu me voir pour m'exposer son projet de reprendre la
musique qu'il a enrichi et le refrain de ce conte de "Vava inouva". L'idée
m'a tellement émerveillée que j'aurais pu écrire le texte immédiatement.
Mais un autre événement marquant est revenu à mon esprit. Quelques jours
auparavant, j'avais assister au Centre Culturel Français, à une conférence
de Jean Divignaud. Cet éminent sociologue nous a parlé de son expérience à
Chebika, ce petit village situé à la frontière algéro/tunisienne et dont la
seule activité économique était la taille de la pierre. De ce fait, tous les
jeunes du village vivent avec l'espoir de quitter un jour ce "trou" pour un
monde plus ouvert et plus clément.
A la fin de sa mission, Duvignaud qui avait sympathisé avec la
population, demande à celle-ci de faire revivre devant une caméra certains
de leurs éléments culturels. En plus, il propose une rémunération. Pour sa
part, cette population ne savait même pas qu'elle avait des valeurs
culturelles. Elle savait encore moins, que celles-ci pouvaient être sources
de revenus. Elles ont donc plutôt accepter de faire plaisir à leur hôte.
Mais quand l'équipe cinématographique a débarqué dans ce village paumé,
avec son impressionnant matériel, les interrogations ont commencé à tarauder
les esprits. Tout ce monde qui vient de France et tout ce matériel ont été
déplacé jusque-là pour eux, pour quelques éléments de leur culture. Il y a
de quoi susciter des questions.
Après le tournage, le retour en France pour le développement et le
montage, Duvignaud est retourner à Chebika pour montrer le film à ces
"acteurs", de nouvelles idées ont fait leur chemin. C'est ainsi qu'après la
projection, des villageois sont revenus voir Duvignaud pour lui proposer
d'autres éléments culturels non plus pour gagner un peu d'argent, mais pour
affirmer cette personnalité culturelle qu'ils venaient enfin de découvrir. Car
entre la fin du tournage et la projection, cette population a enfin eu ce
regard introspectif qui leur a manqué jusque-là.
Et c'est dans cet esprit que le texte a été fait. Il répondait à un
double besoin d'authenticité et de modernité."
BEN MOHAMED
Des poèmes de Ben Mohamed en kabyle accompagnés de leur traduction ici
Commentaires
L'arrière grand-père de mes petites dernières était kabyle,
elles portent son nom.
Toutes les deux chantent comme des rossignols.
Peut-être tiennent-elles ce don de lui.
Nous écoutons beaucoup Idir ensemble.
Si cela t'intéresse, j'ai posté une vidéo d'Idir
chantant cette berceuse "Ssendu".
C'est magnifique !
Pour l'écouter, tu peux aller dans les archives
du mois de mai 2007
dans la colonne de droite.
ou taper ce lien :
http://memoireduvent.canalblog.com/archives/2007/05/01/4799323.html
Idir nous raconte l'histoire de cette chanson, c'est très émouvant.
Bien à toia vava inouva
franchement je suis tres content d'avoir l'integralité de la chanson en langue kabyle je ne suis pas kabile mais j'addore ecouter idir ma petite fille de 4 et demi essaye de la chanter toujours , dommage de ne pas si parler kabyle ,je suis un algerien et j'ai pleins d'amis kabyle mais malhereusement je viens de blida.
cette chanson a fait et elle fait du succée tous les joursLe livre de vava inouva
J'ai récemment acheté le livre de vava inouva édité par l'armatan et j'ai été vraiment subjuguée par cette légende même si la version est différente de celles que j'ai vu sur le web. Il y a aussi l'histoire d'un pois chiche qui m'a éclatée!
Quelqu'un pourrait-il me communiquer un livre ou je peux lire des contes comme celui-ci?
merci d'avance. Moussepour Mousse
Marguerie Taos Amrouche a recueilli, réuni et traduit des contes, poèmes et
proverbes kabyles qui ont enchanté et marqué son enfance. Dans ces récits,
dont la version fixée ici est celle de sa mère Marguerite Fadma Aït Mansour,
le réalisme le plus cru et l'humour y côtoient le fantastique et le merveilleux.
Le lien menant vers "le grain magique"
http://memoireduvent.canalblog.com/archives/2007/07/15/5623151.htmlQuel plaisir !
C'est toujours avec beaucoup de plaisir que j'écoute cette très belle chanson. Et depuis qu'Hamid un jour m'a présenté Ben Mohamed en me disant que c'était lui qui avait écrit les paroles de AVAVA INOUVA que chante Idir, elle me touche encore plus. Et là je peux me la repasser en boucle devant mon ordinateur.
Aidez-moi à apprendre la chanson!
Mille fois ou plus j'ai écouté cette chanson magnifique qui me fait monter les larmes aux yeux et j'aimerais tant l'apprendre à mes enfants. Mais je ne suis ni kabyle ni algérienne et je ne sais pas prononcer les paroles, que j'ai sous les yeux. Qui peut m'aider? Merci.
vava inouva
merci pour la version en Kabyle. Je pense que tu es un des seuls à avoir eu cette idée géniale