Les prix explosent face à la pénurie de billets

A peine plus d'un tiers des places pour le Mondial sont en vente publique, créant une importante pénurie de billets qui alimente le marché noir.

Par Vincent Glad

Publié le 02 mai 2006 à 07h51 - Mis à jour le 02 mai 2006 à 07h51

Temps de Lecture 3 min.

Mieux vaut s'y mettre à plusieurs pour avoir une chance d'obtenir une place pour la Coupe du monde. C'est un système de tirage au sort sur Internet, supervisé par la FIFA, qui attribue les places aux plus chanceux. Lors du lancement de la troisième phase de vente de billets, quelque 200 adhérents du Supporters club de France étaient devant leur ordinateur pour essayer d'obtenir des places pour la compétition. "Seulement deux d'entre nous ont été tirés au sort et ont obtenu des places pour le Mondial, déplore Sylvain Quirot, responsable de ce club de supporteurs. Et pourtant, nous avons tout tenté ! J'ai, par exemple, emprunté la carte bancaire de ma mère et de mon beau-frère pour me permettre de poser plusieurs fois ma candidature."

Si l'obtention d'un billet ressemble à un parcours du combattant, c'est que l'offre est très largement inférieure à la demande. Le nombre de places mises en vente sur Internet, seul biais pour acheter des places légalement, n'est que de 1,2 million, alors que les stades allemands accueilleront entre 3 et 3,3 millions de personnes.

Où est donc passé la différence ? Si la FIFA assure que de nombreux billets – environ 700 000 – reviennent au public via les places allouées aux différentes fédérations du monde entier, en réalité un faible nombre de ces tickets est redistribué. Chaque pays participant reçoit 8 % des places pour chaque match qu'il joue. Mais une fois les billets offerts à"la grande famille du football" et aux sponsors, il ne reste plus grand-chose pour le public. A tel point que cette année, la Fédération française de football (FFF) n'a pas organisé de vente publique, ce qu'elle fait habituellement. Il reste tout juste des miettes pour le club des supporteurs de l'équipe de France qui obtient entre 500 et 800 places par match.

S'ajoutent aux quotas des fédérations les 650 000 places réservées aux sponsors, environ 20 % du total des sièges. Les invités et les journalistes occuperont eux 440 000 places. Rien que pour la finale, les commentateurs occuperont ainsi l'équivalent de 7 500 places assises.

DES PLACES RACHETÉES AUX FÉDÉRATIONS DES PAYS PAUVRES

De nombreuses entreprises, essentiellement anglo-saxonnes, profitent de cette pénurie de billets. Des sites Internet rachètent des places et les revendent à des prix très largement supérieurs à celui pratiqué par le comité d'organisation allemand. Aucune de ces entreprises ne mentionne sur son site comment elle s'est procurée les billets. Stefano Serri, porte-parole de Euroteam, explique les méthodes de sa société au Monde.fr : "Le comité d'organisation distribue un nombre significatif de places aux sponsors, autorités, VIP et autres organisations. Beaucoup ne peuvent pas se rendre au Mondial et désirent, du coup, revendre leurs tickets pour gagner de l'argent." Au-delà des invités, Stefano Serri reconnaît que son entreprise traite aussi avec des fédérations : "Certaines nous contactent pour revendre leurs quotas de places. Pour les fédérations de certains pays pauvres, c'est une opportunité pour survivre." Ces pratiques sont strictement interdites par la FIFA qui refuse toute revente d'un billet. Mais face à l'ampleur du phénomène, l'organisation internationale semble résignée.

Ce système pervers soustrait un nombre considérable de places au grand public. Si ces tickets finissent bien dans les bras des supporteurs, entre- temps, le prix du billet a explosé. Pour le match France-Suisse, en catégorie 3, la place coûte normalement 45 €. Euroteam vend cette même place au prix de 790 €, soit 17 fois plus. Le prix de la rareté.

Il serait réducteur de rejeter toutes les responsabilités sur le comité d'organisation de la Coupe du monde. La billeterie d'une telle compétition, où la demande est très largement supérieure à l'offre, est toujours un casse-tête. Les organisateurs du Mondial 1998 en France avait aussi été au cœur d'une polémique. La Commission européenne avait alors dénoncé le fait qu'il faille posséder une adresse postale en France pour avoir le droit de participer à la grande loterie en vue d'obtenir des places.

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