LE CLIMAT « GRANDE CAUSE NATIONALE », VRAIMENT ?

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 François Gervais,[1] physicien, Professeur émérite à l’Université François Rabelais de Tours, expert reviewer du rapport AR5 du GIEC

A la fin de l’été 2014, le volume de banquise Arctique a presque doublé par rapport au minimum estival évalué en 2012 selon l’Université de Washington,[2] moquant les prédictions d’un Arctique libre de glace dès l’été dernier. La superficie de banquise Antarctique a pulvérisé son record le 21 septembre 2014. Le gain par rapport au record de l’an dernier dépasse la superficie de la France. Résultat : la superficie totale de banquise se retrouve depuis deux ans à nouveau excédentaire par rapport à la moyenne, deux siècles après le début des émissions de CO2 par combustion du charbon, du pétrole et du gaz, y compris de schiste. Un cycle naturel d’une soixantaine d’années explique cette évolution. Ce n’est nullement une surprise car un tel cycle est documenté depuis une vingtaine d’années.[3] En revanche, les modèles de climat virtuel du dernier rapport AR5 du GIEC[4] qui prétendent prédire l’avenir, restent incapables de seulement reproduire l’évolution observée de 1910 à 1940 durant une précédente phase montante de ce même cycle.[5] Ses modèles divergent de plus en plus des mesures depuis une petite vingtaine d’années en dépit d’une fourchette de prédiction excessivement large (4,8°C/0,3°C = 1600 %) et d’une valeur haute de 4,8°C prédite en 2100 en retrait de 1,6°C par rapport au précédent rapport AR4. La seule éventualité que le GIEC n’a toutefois pas retenue est une baisse de la température. Or, c’est précisément ce que montre le climat réel depuis le début de ce siècle, en particulier selon les mesures les plus précises, celles par satellite (Fig. 1). Il ne s’agit donc pas seulement d’une « pause » du réchauffement climatique, reconnue par le GIEC, mais bien d’une inversion de tendance, cohérente avec l’augmentation spectaculaire de la superficie globale de banquise (Fig. 2).

Fig. 1 – Évolution de la température de la Terre mesurée par satellite Remote Sensing System (RSS TLT) depuis le début de ce siècle. La pente est négative, –0,5°C par siècle.

fig2

Fig. 2 – Variabilité de la hausse annuelle du niveau des océans (marégraphes), de la superficie totale de banquise mesurée par satellite, de la température moyenne de la Planète selon le Hadley Center. Ces trois signatures majeures du climat témoignent d’un même cycle naturel d’une soixantaine d’années.

Les dernières années ont effectivement été « chaudes » puisque se situant au sommet du cycle de 60 ans (Fig. 2). Mais le déclin amorcé depuis le début de ce siècle confirme l’inversion de tendance des banquises. La hausse du niveau des océans témoigne aussi d’une décélération récente, confirmée par satellite.[6] Ainsi, trois signatures majeures du climat attestent-elles de concert d’un début de refroidissement, certes infime pour l’instant mais conforme au début de la phase descendante du cycle de 60 ans, dupliquant les observations de 1945 à 1970.

Plus de 1350 articles publiés dans des revues internationales à comité de lecture[7] ne partagent pas l’alarmisme du GIEC. Leur nombre a doublé depuis 2007. Compte tenu du danger d’excommunication auquel s’expose « l’hérétique », ce nombre apparaît remarquablement élevé. Mais à quoi bon risquer le lynchage puisque ce sont des rapports dont le catastrophisme est basé sur des modèles ajustables de climat virtuel qui prétendent dicter les choix politiques au détriment des observations et des mesures. Pour preuve, ces 22 dernières années ont vu l’envoi dans l’atmosphère de pas moins de ~ 40 % de tout le CO2 émis depuis le début de l’ère industrielle. On nous le rappelle assez. On devrait donc en vérifier un impact aussi effrayant que ces rapports le prophétisent, en particulier sur la température dans la basse stratosphère, là où, d’après la théorie du transfert radiatif, est attendue la signature de l’effet de serre. En fait, pas le moindre écart n’est observé durant cette période de 22 ans en dépit de ces émissions (Fig. 3). Que faut-il penser de cette absence de corrélation ?

fig3Fig. 3 – Absence d’évolution de la température mesurée dans la basse stratosphère (vers 17 km d’altitude) par Remote Sensing System depuis 22 ans en fonction du taux de CO2 (en millionièmes de volume d’air).

Il y a quelques siècles, on brûlait des victimes du « mal des ardents » car on y voyait l’œuvre du Malin. On sait maintenant qu’un champignon hallucinogène, l’ergot, qui infecte des céréales comme le seigle et donc le pain, était le responsable. Aujourd’hui, les émissions de CO2 qui ne peuvent plus être désignées comme coupables d’un réchauffement qui a pris fin, sont pointées du doigt sans vergogne comme cause des inondations, tempêtes, cyclones, canicules, voire des vagues de froid répétitives en Amérique du Nord… Ne confondrait-on pas baromètre et thermomètre ? Météo et climat ? Mais c’est pour la bonne cause pensent les bons esprits. Elle est même érigée en « Grande Cause Nationale » alors que la France n’est responsable que de 1 % des émissions mondiales de CO2 et que celles-ci diminuent depuis une décennie.

Bonne cause ? Vraiment ? La concentration de CO2 dans l’air a presque atteint 0,04 % en 2014. Est-ce trop… ou trop peu ? En 1959, début des mesures précises à l’observatoire de Mauna Loa, elle était inférieure de 20 %. Dans le même temps, l’appétit de la végétation pour son nutriment préféré s’est accru en moyenne dans les mêmes proportions. Lorsque cette concentration est mesurée en Antarctique, l’amplitude de l’oscillation saisonnière est très faible faute de frondaisons. Mais en Californie, l’amplitude de la chute de CO2 durant les deux saisons où les feuillus en sont grands consommateurs, a augmenté 71 % plus vite que le taux de CO2 lui-même (Fig. 4),[8] preuve que la végétation était en manque.

fig4Fig. 4 – Augmentation de 36 % entre 1969 et 2013 de la chute saisonnière du taux de CO2 dans l’air témoignant de sa consommation par la végétation (photosynthèse), mesurée à La Jolla (Californie).

Le profit pour l’Humanité en termes de rendement des récoltes, de croissance de la végétation,[9] de verdissement de la Planète, y compris en zones arides,[10] a été estimé à 2 700 milliards d’euros.[11] Au contraire d’être le « polluant » injustement vilipendé, le CO2 est un bienfait, un fertilisant gratuit, surtout pour le milliard de nos contemporains souffrant de malnutrition. Le combat contre un fléau avéré, la faim dans le monde, en le laissant ainsi continuer à augmenter le rendement des récoltes, ne devrait-il pas devenir la priorité, la croisade obligée ? Comment ceux qui se prétendent « verts » peuvent-ils ignorer cette exigence altruiste primordiale, contrecarrée par une lutte contre le CO2 prônée ad nauseam ? Lutte décrédibilisée en l’absence d’impact mesurable des émissions de CO2 sur la température…

[1] Auteur de « Tiny warming of residual anthropogenic CO2 », publié par l’International Journal of Modern Physics B 28, 1450095 (2014) et de « L’Innocence du carbone » publié par Albin Michel en 2013.
[2] psc.apl.washington.edu/wordpress/wp-content/uploads/schweiger/ice_volume/ BPIOMASIceVolumeAnomalyCurrentV2.1.png
[3] M.E. Schlesinger, N. Ramankutty, An oscillation in the global climate system of period 65-70 years, Nature 367, 723 (1994)
[4] Groupe Intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat
[5] Voir Fig. TS.9(a) du rapport AR5 WGI du GIEC
[6] A. Cazenave et al, Nature Climate Change 4, 358 (2014)
[7] www.populartechnology.net/2009/10/peer-reviewed-papers-supporting.html
[8] scrippsco2.ucsd.edu/graphics_gallery/other_stations/global_stations_co2_concentration_trends.html
[9] H. Pretzsch et al, Nature Comm. DOI: 10.1038/ncomms5967 (2014)
[10] D.B. Metcalfe, Nature 509, 566 (2014)
[11] www.co2science.org/education/reports/co2benefits/MonetaryBenefitsofRisingCO2onGlobalFoodProduction.pdf

François GERVAIS -  12/02/2015