Télérama

L'initiative est généreuse et inhabituelle : auteur de la série à succés Metro 2033 (trois romans et plusieurs jeux vidéo), le russe Dimitri Glukhovski a décidé d'ouvrir l'univers de ses livres à d'autres écrivains. Quand c'est clandestin, on appelle cela une "fan fiction", quand ça ne l'est pas, une nouvelle série. Auteur russe, Andrei Dyakov a déjà écrit deux romans situés dans le métro de Saint-Petersbourg. Aujourd'hui, Pierre Bordage, l'un des grands noms de la SF francaise, reléve le défi à son tour avec ce premier volume d'une trilogie. Le projet est borné par deux impératifs contradictoires : la fidélité et l'invention. La fidélité, c'est le cadre : un univers postapocalyptique et un métro dsytopique où vivent et se battent pour le pouvoir divers groupes. L'invention, c'est celle de personnages feminins étonnants et d'un contexte géopolitique qui oppose le désir d'union et le fanatisme religieux. La tonalité humaniste est nettement plus marquée ici que chez Glukhovski : les femmes sont plus présentes et la volonté d'entraide combat le désespoir. Bordage tourne autour de ses thèmes favoris : l'emprise de la religion, la démocratie et ce qui la fonde. S'il pose des questions classiques mais essentielles (comment permettre à la liberté de ne pas disparaitre ?), Rive gauche, qui sera suivi de Rive droite et de Cité, a le mérite de le faire à travers une épopée tourbillonnante et séduisante.
Hubert Prolongeau

Publié le 26 juin 2020

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