Découvrez l'application L'Express

actualite

L'invention des Découvertes

Par Daniel Garcia (Lire),

Histoire d'une collection ludique qui met le savoir encyclopédique à la portée de tous.

«On n'a jamais vu autant de choses entre la première page et la dernière page d'un livre»: cet astucieux slogan publicitaire (dans un secteur, l'édition, où la publicité, souvent abordée avec des pincettes, reste très conventionnelle) ne contribua pas peu au succès de la collection Découvertes, lancée par Gallimard à l'automne 1986. Et c'est vrai qu'on n'avait jamais vu autant de choses entre la première et la dernière page d'un livre de si petit format. 

Obéissant à une charte très stricte («La liberté dans la contrainte» disait-on aux auteurs), les titres de la collection Découvertes offraient, sur un sujet donné: un «pré-générique», tout en images, pour appâter le lecteur par une mise en page virtuose; un corpus, pouvant compter jusqu'à 128 pages, agencé dans un style journalistique (avec titres, intertitres, chapeaux...); une partie Témoignages et documents, en noir et blanc; et enfin, des annexes. Le tout servi par une iconographie omniprésente, en osmose avec le texte (le procédé dit du détourage, qui consiste à faire «coller» le texte aux contours de l'image, étant utilisé ici à plein). Bref, de véritables monographies, éditées comme des livres d'art, proposées en format poche et vendues à un prix poche. «Si l'on veut que le livre soit populaire, il faut que son prix soit populaire», aimait à dire Pierre Marchand, l'initiateur de Découvertes. Entré en 1972 chez Gallimard, ce Breton passionné de voile devait fonder un des joyaux actuels de l'éditeur de la rue Sébastien-Bottin: son département Jeunesse, qui assure désormais à lui seul un bon tiers du chiffre d'affaires de Gallimard. Pierre Marchand (disparu en 2002) aimait aussi à dire qu'on «ne faisait jamais qu'un seul livre, toujours le même». Comme tous les autodidactes avides de connaissances, il «grappillait» (selon son propre terme) à droite et à gauche. Découvertes, c'était ça - l'aboutissement d'années de recherches et de tâtonnements inspirés par une seule volonté: renouveler l'approche encyclopédique. Un Découvertes, ça se commence indifféremment par le début, le milieu ou la fin. Un Découvertes, ça se grappille. Succès mondial (des traductions partout, plus de 20 millions de volumes vendus), la collection a aujourd'hui vieilli. Certains titres pèchent par un manque cruel de rigueur éditoriale et la concurrence, partout, s'est aiguisée. Mais Découvertes a changé la face de l'encyclopédisme et du livre d'art, adaptant le livre à l'ère du «zapping». 

Retour vers le haut de page