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Les dommages collatéraux de la COP22 sur l’eau

Date de publication: 
Dimanche, 27 Novembre, 2016
Par: 
Thierry Uso

Tous les experts s’accordent à penser que le changement climatique va aggraver la crise de l’eau partout dans le monde, crise de l’eau qui frappe déjà de plein fouet le Maghreb et le Moyen-Orient. Le Maroc a donc fait en sorte que l’eau soit une des questions au centre des discussions de la COP22 à Marrakech. De ce point de vue, nous n’avons pas été déçus. Pendant toute la durée de la conférence, les ateliers et side-events consacrés à l’eau dans toutes ses dimensions et relations avec le climat, se sont succédés à un rythme soutenu, ponctués par les habituelles déclarations et promesses d’actions.

Ce qu’il ressort de ce brainstorming entre ceux qui s’auto-désignent comme les acteurs compétents dans le domaine de l’eau, à savoir en premier lieu les entreprises privées, mais aussi les Etats, les collectives territoriales et quelques grandes ONG qui les soutiennent, est la volonté de recourir quasi-exclusivement à ce désastre environnemental et social appelé « économie bleue et verte ».

« La déclaration de Marrakech par les alliances mondiales pour l’eau et le climat » est un bon exemple du discours axé uniquement sur la promotion de l’économie bleue et verte. Ont signées cette déclaration :

Barrage de Kandadji au Niger, un nouveau désastre environnemental, social et politique ?

Date de publication: 
Jeudi, 4 Février, 2016
Par: 
Thierry Uso

La société Tractebel-Coyne & Bellier (Groupe Suez, France), qui possèderait une équipe dédiée aux études d'impacts sociaux et environnementaux (EIES), vient de remporter le marché de la réinstallation de 20000 à 33000 personnes à déplacer de l'amont vers l'aval, en raison de la construction du barrage hydro-électrique de Kandadji au Niger sur le fleuve en amont de Niamey, près de la frontière malienne. Ce barrage va inonder les terroirs des futurs déplacés. Les autres bureaux d'études candidats qui, semble-t-il, posaient des conditions plus drastiques à tout déplacement ont été écartées, entre autres parce qu'il n'y a pas d'espace de relocalisation disponible à l'aval dans cette région densément peuplée.

La construction de ce barrage financé par un consortium de banques - la Banque Africaine de Développement (BAD), la Banque Islamique de Développement (BID), le Fonds Saoudien de Développement (FSD), le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe (FKDEA), le Fonds de l'OPEC (OFID), la Banque Arabe pour le Développement Économique en Afrique (BADEA), la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD), La Banque d'Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) et les Fonds de Abu-Dhabi, rejoints en 2012 par la Banque Mondiale (garante de l'application des directives de la Commission Mondiale des Barrages) - avait été commencée il y a quelques années par une entreprise russe, ZVS, dont le contrat a été dénoncé pour malfaçons et corruption.

Dans un article intitulé "Le barrage de Kandadji, un projet de la Banque mondiale, laisse les communautés nigériennes à sec", International Rivers montre les conséquences dramatiques que le barrage risque d'avoir pour les populations locales. Le gouvernement nigérien s'est empressé de démentir International Rivers par l'intermédiare du Haut Commissariat à l'Aménagement du Niger (voir fichier attaché). Alors que les élections présidentielles au Niger vont certainement reconduire le Président Issoufou au pouvoir, celui-ci promet l'aboutissement de ce projet qui se trouve dans une région dominée par son opposition politique.

Le barrage de Kandadji semble faire bouillir le chaudron sahélien dont on connaît pourtant les tenants et aboutissants depuis plusieurs années. Y a-t-il un lien avec le regain d'incidents, d'attaques et de tensions dans l'aire d'une des plus vieilles civilisations ouest-africaines, aux systèmes de culture perfectionnés, affectée par ce grand barrage ? FL Macina, MUJAO, Ansar Eddine, AQMI, Boko Haram et associés ne viennent-ils pas de recevoir un formidable soutien "involontaire" de la Banque Mondiale et du Niger ? Combien de divisions en réserve pour Barkhane ? Même si, à Boromo, on a croisé 50 véhicules militaires OPEX français fraîchement débarqués à Abidjan et remontant vers le Sahel, ça ne pèse pas lourd dans ces immensités.

Commentaires sur le projet d’un standard pour des obligations eau-climat

Date de publication: 
Mercredi, 27 Janvier, 2016
Par: 
Thierry Uso

Les promoteurs du projet d’un standard pour des obligations eau-climat ont lancé une consultation auprès des émetteurs, souscripteurs et acheteurs potentiels de ces obligations. Ce projet est passé totalement inaperçu en Europe. Il apparaît dans un contexte d’endettement des Etats et des collectivités locales et territoriales qui réduit leur capacité à financer des projets liés à l’eau1. Les commentaires ci-dessous ne visent pas à « améliorer » le standard dans le cadre de la consultation mais à expliquer pourquoi celui-ci doit être rejeté.

Objectif déclaré et objectif réel du standard pour des obligations eau-climat

L’objectif déclaré est de développer le « marché d’obligations vertes qui encourage les investissements pour une économie bas-carbone et résiliente au climat » en fournissant aux investisseurs des « critères vérifiables et scientifiques pour évaluer des obligations liées à l’eau »2.

Le caractère « bas-carbone et résilient au climat » des obligations eau-climat importe peu aux investisseurs. Ceux-ci sont avant tout intéressés par des obligations dont les émetteurs sont fiables et qui leur rapportent le plus d’argent dans une période de temps la plus courte possible, grâce à un marché « liquide », c’est à dire permettant la spéculation. L’objectif réel du standard pour des obligations eau-climat est de développer un tel marché. Les obligations eau-climat respectant le standard doivent fournir aux investisseurs « une opportunité d’investissement comparable à celle des obligations non vertes », « la fiabilité des cash flows prévus », et être « suffisamment rémunératrices et liquides »3.

Qui sont les promoteurs du standard pour des obligations eau-climat ?

Le consortium du standard pour des obligations eau-climat est constitué de think tanks majoritairement US agissant dans le domaine de l’économie et de la finance verte (WRI, CERES, CDP, Climate Bonds Initiative) et dans le domaine de la gestion de la ressource en eau (AGWA). Les fonds d’investissement, les banques et les entreprises privées sont sur-représentées dans ces think tanks. On y trouve aussi des représentants d’institutions internationales comme l’OMC, l’OCDE, la Banque Mondiale.

Les think tanks du consortium ont une vocation internationale et pour cette raison il y a aussi des européens dans leurs comités de pilotage, leurs conseils d’administration ou leurs staffs : par exemple, des représentants de l’institut suédois SIWI (organisateur de la World Water Week à Stockolm), de la société de conseil d'origine hollandaise Arcadis (une des pires dans le domaine de la financiarisation de la nature). Le français Pascal Canfin, ex-député européen et ex-secrétaire d’Etat au développement, est Senior Advisor on International Climate Affairs pour WRI. Lorsqu’il était secrétaire d’Etat, Pascal Canfin s’était fait connaître des mouvements français pour l’eau en déclarant soutenir de manière inconditionnelle les entreprises françaises de l’eau dans leur conquête de marchés dans les pays en voie de développement. Après avoir démissionné de son poste de secrétaire d’Etat, il a présidé en 2014 le comité scientifique de l’indice Euronext Low Carbone 1004.

  • 1. L’endettement des Etats et des collectivités locales et territoriales a conduit les USA à réformer le financement de ses infrastructures hydrauliques par des obligations publiques dans un sens très favorable au secteur privé. Voir la série d’articles de Truthout: guerres de l'eau et privatisation rampante, les grands acteurs de la privatisation de l'eau
  • 2. « green bonds market that encourages investments for a low carbon and climate resilient economy » [...] « verifiable, science-based criteria for evaluating water-related bonds » (p. 3)
  • 3. « a comparable investment opportunity relative to non-green-labeled bonds », « reliability of expected cash flows », « sizable and liquid » bonds (p. 8)
  • 4. Parmi les 100 entreprises européennes « bas-carbone » de l’indice Euronext low carbon 100, on trouve une forte proportion d’entreprises financières et bancaires dont la BNP (championne française des paradis fiscaux et du financement des énergies fossiles), des constructeurs automobiles (Peugeot, Renault), des entreprises de BTP (Bouygues), des entreprises chimiques (Bayer) et un opérateur privé de l’eau (Severn Trent). La BNP propose par ailleurs un fonds indiciel côté basé sur cet indice Euronext

Financiarisation de la nature

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Brèves

Extractivisme au Sahara Occidental

Le Sahara a été annexé illégalement par le Maroc. Le Maroc extrait du phosphate et commence des forages pétroliers offshore et onshore au Sahara Occidental en "partenariat" avec des entreprises privées occidentales. L'extraction de phosphate et de schiste bitumineux utilise et pollue beaucoup d'eau alors que l'eau est rare au Sahara Occidental. Voir le site de l'ONG Western Sahara Resource Watch: http://wsrw.org/

Le Texas a soifŠ mais d'eau, plus de pétrole

Par Cécile Fandos, Austin -
http://www.20min.ch/ro/news/monde/story/25102992

Le boom pétrolier de Barnhart, un village de l’Ouest du Texas, est tel qu’il a fait les gros titres de la presse nationale. Mais les habitants préfèreraient avoir de l’eau au robinet. Or, depuis mardi, ce n’est plus le cas.

Documents

Lettre au ministre équatorien de l’environnement sur une concession de mine d’or dans le comté de Nabón

Information Communiqué
Date de publication: 
Mardi, 3 Juillet, 2018
Par: 
Thierry Uso

Traduction en français d’une lettre envoyée par des organisations environnementales internationales aux autorités équatoriennes

Monsieur Tarcisio Granizo
Ministre de l’Environnement de l’Equateur

Monsieur Humberto Cholango
Secrétaire National de l’Eau de l’Equateur

3 juillet 2018

Monsieur le Ministre, Monsieur le Secrétaire,

Avec cette lettre, nous voudrions exprimer notre préoccupation au sujet d’une concession de mine d’or dans votre pays, la concession attribuée à la société Minera Cachabi Ltd. dans la région appelée Cerro del Mozo dans le comté de Nabón, province d’Azuay, qui, comme nous l’avons entendu, fait actuellement l’objet de procédures contentieuses.

Cela nous préoccupe beaucoup, car nos contacts en Equateur déclarent que cette zone est située à plus de 3000 mètres d’altitude et que pas moins de 24 rivières et 27 ruisseaux y naissent. Par conséquent, les activités minières dans cette zone affecteraient inévitablement la disponibilité en eau potable et en eau d’irrigation pour une série de communautés situées en aval, dans les comtés de Nabón et Oña. Nous croyons que vous partagez notre conviction que l’eau est aujourd’hui certainement plus précieuse que l’or, car elle soutient la vie elle-même, la fertilité des sols et la souveraineté alimentaire.