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Les riverains des mines entre Alès et Anduze sont inquiets pour leur santé

Furieux d'avoir été laissés dans l'ignorance d'une pollution à l'arsenic, au plomb et au cadmium, identifiée par l'Etat depuis 2007 mais révélée en 2014, les riverains de deux anciennes mines de fer et de zinc, près d'Alès, dans le Gard, s'inquiètent des conséquences éventuelles sur leur santé.

  • FD avec afp
  • Publié le 03/06/2015 | 11:25, mis à jour le 27/07/2015 | 10:50
Saint-Félix-de-Pallières (Gard) - l'ancienne mine de fer - 2014 © maxppp

© maxppp Saint-Félix-de-Pallières (Gard) - l'ancienne mine de fer - 2014


Dans un rapport rendu public en mai, l'Agence régionale de santé (ARS) a révélé des "teneurs en plomb et en arsenic exceptionnellement élevées" et des "teneurs importantes en cadmium", entre Anduze et Alès.

L'ARS s'est alarmée "des conséquences sur la santé à long terme, même en l'absence de symptômes à l'heure actuelle" et a décidé de mettre en place dès septembre une veille sanitaire pour 2.800 personnes, soit les riverains de deux anciennes mines de fer et de zinc, dans les communes de Thoiras, Tornac, Saint-Félix-de-Pallières, Générargues et Saint-Sébastien-d'Aigrefeuille.

Une veille sanitaire pour les populations


Des prises de sang seront pratiquées sur ces personnes afin de leur "proposer, si nécessaire, une prise en charge médicale", a précisé l'ARS.

Dans les communes concernées, l'inquiétude le dispute à la colère. "J'ai du plomb et de l'arsenic dans mon jardin", déplore une retraitée qui a acheté en 2014 sa maison à Saint-Félix-de-Pallières. Une expertise indépendante qu'elle a commandée depuis, a démontré dans son jardin des taux 2 à 2,5 fois supérieurs à la limite légale.

Les bras m'en sont tombés car j'ignorais en achetant ma maison que le site était
pollué", affirme à l'AFP cette habitante, sous couvert d'anonymat, en montrant
l'état des risques naturels et techniques remis par son notaire qui ne fait mention
d'aucune pollution. "Ma maison ne vaut plus un clou. Je me sens trahie", se désole-t-elle.


A une centaine de mètres, ce sont les oeufs des poules de Karin qui sont contaminés au plomb: des taux "quatre fois supérieurs à la norme", relève-t-elle. En conséquence, elle n'a pas  le droit de les consommer et a reçu une liste de recommandations de l'ARS.

Une mauvaise image pour les 250.000 touristes par an qui visitent Anduze

Parmi les lieux contaminés, celui de la mine de Croix-de-Pallières pose particulièrement problème car il est le point de départ de circuits de randonnées pédestres et est à ce titre très fréquenté.


"C'est criminel de laisser les touristes se balader ici. L'endroit est jalonné de panneaux pour les sentiers et les randonneurs viennent cueillir des champignons qui sont toxiques", s'agace Fab, un trentenaire vivant avec une soixantaine d'autres personnes, au-dessus de cette mine où se mélangent les métaux lourds contenus dans la roche et les résidus de produits chimiques qui ont été utilisés pour leur extraction jusqu'en 1971.

Inquiet, Fab a récemment fait une prise de sang: "Je suis à 65 microgrammes/l de plomb", soit 2,5 fois la plombémie moyenne en France (25,7 microgramme/l), dit-il.


Dans la mine, l'arsenic et le plomb dans le sol seraient "20 fois supérieurs au taux à partir duquel une action curative s'impose", selon l'association ATC-toxicologie qui relaie les résultats de l'entreprise Geoderis, mandatée en 2008 par l'Etat pour expertiser les risques miniers.


Selon l'ARS, la découverte de la pollution remonte à 2007. Mais les riverains n'en ont eu connaissance qu'en décembre 2014 lors d'une réunion publique avec le sous-préfet du Vigan.
"On nous a tout caché pendant des années. Et maintenant on nous laisse dans l'ignorance la plus totale depuis cette réunion !", dénonce Stephan Leclerq dont la maison est située en contrebas de la mine.

Il n'y aura plus de réunion publique parce que les gens vocifèrent !", réagit William Dumas, député PS de la circonscription qui minimise: "Cela fait 45 ans que j'entends parler d'une pollution, ça n'empêche pas de devenir centenaire !"


Cet argument irrite le maire DVG d'Anduze, Bonifacio Iglesias. Cette commune touristique accueille 250.000 touristes par an et reçoit, à chaque épisode cévenol, les écoulements d'eau en provenance de la mine. "Pourquoi certaines communes seraient concernées par la pollution et pas nous ?", s'interroge l'élu qui compte demander à l'ARS d'intégrer Anduze "à la veille sanitaire".

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