Posted 2014/2/10

Pérou: Tentative d'expulsion et menaces de mort contre la défenseuse des droits humains, Mme Máxima Acuña de Chaupe et sa famille

Máxima Acuña a reçu des menaces de mortMáxima Acuña a reçu des menaces de mort

Dans la matinée du 4 février 2014, 18 agents de la division des opérations spéciales de la police nationale péruvienne (DINOES), sont entrés dans la propriété de la défenseuse des droits humains, Mme Máxima Acuña de Chaupe à Tragadero Grande, dans le but de mettre fin à ses activités agricoles et d'expulser toutes les personnes présentes. Le 30 janvier 2014, la défenseuse a reçu un appel menaçant.

Máxima Acuña de Chaupe est membre de l'Asociación de Mujeres en Defensa de la Vida (Association des femmes pour la défense de la vie) et de l'Unión Latinoamericana de Mujeres - ULAM (Union latino-américaine des femmes). La défenseuse des droits humains vit sur ses terres à Tragadero Grande, Sorochuco, Cajamarca, depuis 24 ans. En 2011, la compagnie minière Yanacocha a essayé d'acheter les terres de la défenseuse et, lorsque celle-ci a refusé de vendre, une campagne d'intimidation et de violence a débuté. Máxima Acuña de Chaupe est devenue un symbole de l'opposition à une mine d'or et de cuivre à ciel ouvert appelée Conga, et elle soutient les personnes expulsées de force dans le cadre du développement de la mine. Yanacocha est conjointement détenue par la US Newmont Mining Corporation (51,35 %) , l'entreprise minière péruvienne Buenaventure (43,65 %) et la Banque Mondiale (5 %), et couvrira sur surface de 2000 hectares, comprenant quatre lacs de haute montagne.

Le 4 février 2014, 18 agents de la DINOES sont arrivés dans trois camions dans le but de mettre fin au travail de Máxima Acuña de Chaupe et sa famille sur leurs terres. Cette tentative d'expulsion intervient après un incident qui s'est produit le 30 janvier 2014; ce jour-là à 10h30, la défenseuse a reçu un appel menaçant où un interlocuteur a dit « quitte ta propriété sinon tu vas mourir ». Deux heures plus tard, sa fille et elle inspectaient leurs champs, quand deux agents de la DINOES sont venus vers elle et lui ont dit qu'elle ne devrait pas cultiver ici, car elle n'est pas sur sa propriété. Deux autres agents marchaient sur ses terres et quatre autres étaient assis dans deux camions devant la maison. À midi, un policier et un agent de la DINOES armé sont entrés dans la maison et ont ordonné à tout le monde de partir immédiatement. Lorsque les agents ont vu que Máxima Acuña de Chaupe téléphonait à une station radio locale, « Radio Lider », ils ont quitté les lieux.

Le 19 janvier 2014, la famille Bolañios a été expulsée de sa maison par des agents de la DINOES à Tragadero Grande. Le 26 janvier 2014, Máxima Acuña de Chaupe a été menacée par l'une de ses voisines, connue pour soutenir le projet Conga. Le mari de cette voisine serait président de la communauté locale et répand la rumeur de l'éminente expulsion de la défenseuse des droits humains.

Máxima Acuña de Chaupe et sa famille font l'objet de surveillance et leurs activités sont parfois filmées par des personnes affirmant être des ingénieurs de la compagnie minière Yanacocha. En mai 2011 puis de nouveau en août 2011, leur propriété a été détruite. En août 2011, elle et sa fille ont été passées à tabac par la police jusqu'à ce qu'elles s'évanouissent. Le 22 mai 2012, des fonctionnaires ont tenté de l'expulser de ses terres, et dans les jours qui ont suivi, Yanacocha a entamé des poursuites contre la famille. Le 30 janvier 2013, soixante agents de la DINOES ont détruit le camp dressé par des personnes qui soutiennent la famille, « les Ronderos », et ont tué plusieurs animaux de la famille. Le 29 octobre 2012, la famille a été condamnée à trois ans avec sursis et à payer une amende à la compagnie. Ce verdict a été déclaré nul et non avenu lors d'une audience le 2 août 2013, en raison d'erreurs de droit et de faits et, car des preuves favorables à la famille avaient été ignorées. Toutefois, l'affaire est toujours ouverte.

Front Line Defenders est préoccupée par l'intégrité physique et psychologique de Máxima Acuña de Chaupe, de sa famille et de ses voisins, et pense que la campagne d'intimidation et la violence qu'elle subit a un lien direct avec son combat pour défendre le droit à la terre au Pérou.

Une mise à jour est nécessaire pour cette action. Avant de poursuivre cette action, contactez info@frontlinedefenders.org pour plus d'informations.