©  Thomas Chéné pour Les Inrockuptibles
Damon Albarn et Jamie Hewlett © Thomas Chéné pour Les Inrockuptibles
Musiques

Rencontre avec Gorillaz : “On a créé la pop moderne”

05/10/20 11h27
[Best of musique 2020] Cela fait vingt ans que Damon Albarn et Jamie Hewlett ont imaginé un groupe à leur mesure pour satisfaire leurs envies de musiques, de rencontres et de fantaisie. En octobre, Gorillaz publiait son septième album, réunissant toujours autant de talents à la recherche de cette “vibration invisible”. Entretien.

Premier jour de l'automne, à Paris. On retrouve le dessinateur Jamie Hewlett et le musicien Damon Albarn, les deux têtes pensantes de Gorillaz, dans un café à l’angle des rues de Malte et du Faubourg-du-Temple. Une rencontre un peu surréaliste dans le contexte épidémique que l’on connaît, la fermeture des frontières et les mesures de confinement ne facilitant pas les allées et venues des artistes internationaux.

Mais qui n’a rien d’étonnant, Jamie ayant un pied-à-terre parisien et Damon travaillant d’arrache-pied avec le cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako sur la mise en scène du Vol du boli, un spectacle présenté du 7 au 9 octobre au Théâtre du Châtelet.

Méconnaissables derrière leurs masques, les deux Anglais viennent nous parler de Song Machine, Season One : Strange Timez, le septième album de Gorillaz, qui réunit, entre autres, le grand Robert Smith de The Cure, Elton John, le rappeur slowthai ou encore Peter Hook, ex-New Order. Au programme, des souvenirs de jeunesse, quelques tacles et un regard acerbe sur la politique culturelle du Royaume-Uni.

On nous a dit que vous ne faisiez plus d'interview ensemble car vous racontiez n'importe quoi.

Jamie Hewlett — Ah, ça dépend de l'intervieweur ! Si on commence par : "Et alors, comment vous avez eu cette idée de dingue ?”, oui ça peut partir loin ! (rires)

Alors, comment avez-vous eu cette idée de dingue ?

Jamie Hewlett — Pas de commentaires ! (rires) On fait de moins en moins d'interviews ensemble car nous n'habitons pas dans la même ville. Et puis ce n'est pas très confortable de parler de ce que tu as fait parce que c’est bon, tu l'as fait. La partie fun, c'est de le faire. Après, je n'ai rien de plus à ajouter.

Damon Albarn — Quand tu es jeune, tu vis véritablement tout comme une aventure. Tu ne sais pas jusqu'où tu peux aller. Tu consumes tout, tu découvres en permanence de nouveaux lieux à travers le monde. Puis, plus tard, les plaisirs simples te sont en quelque sorte retirés puisque tu les as déjà expérimentés de trop nombreuses fois. Ça devient quelque chose d'autre. J'apprécie donc le processus, qui lui reste indéfiniment fascinant. Bosser avec de nouvelles personnes, voir comment la dynamique prend. Ce sont les choses les plus importantes à mes yeux.

“Il y a peu d'artistes qui peuvent travailler avec Mark E. Smith et Elton John !” Jamie Hewlett

Song Machine déborde de featurings. C’est eux qui nourrissent la machine Gorillaz ?

Damon Albarn — Bien sûr, mais tu dois avoir en toi une énergie de base. Tu dois présenter aux gens avec qui tu veux travailler quelque chose de très fort. Robert Smith, je ne lui ai pas donné une chanson toute faite, seulement cette instru malade, bizarre avec ce "tictictic" au piano… Puis j'ai réagi à ce qu'il a fait avec mon travail, après coup. J'adore quand on parvient à créer une véritable composition collaborative.

Jamie Hewlett — A chaque fois, on essaie de présenter les choses différemment. Il n'y a aucun intérêt à se répéter. C'est pour ça qu'on travaille avec différentes personnes, différents sons.

Damon Albarn — On a créé la pop moderne.

Jamie Hewlett — Arrête, ça va être l'accroche sur la couv !

Damon Albarn — C'est vrai ! On a créé cette idée de collaboration totale, cette idée d'artifices… ça n'existait pas ! Et maintenant c'est devenu un lieu commun. Avant, je sentais que nous étions différents. Maintenant, nous ne le sommes plus. Mais parce qu'on fait ça depuis très longtemps, qu'on a construit cet incroyable catalogue de collaborations, qu'on travaille toujours avec de très jeunes artistes et des légendes très établies.

Jamie Hewlett — Il y a peu d'artistes qui peuvent travailler avec Mark E. Smith et Elton John ! (rires) Ce qui est beau, c'est que si l'on dessine un arbre généalogique, Mark E. Smith et Elton John sont inextricablement liés à vie désormais !

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