Le ministre de l’Economie, de l’industrie et du numérique Emmanuel Macron a présidé ce 1er avril la réunion de lancement de l’initiative « mine responsable ». Un comité de pilotage « au format Grenelle », selon le cabinet du ministre, sera composé d’élus locaux et nationaux, d’organisations non gouvernementales et de représentants des industriels et des salariés. Ce comité aura à charge la rédaction d’un livre blanc d’ici l’automne pour dresser un état de l’art des innovations à même de réduire l’impact de l’activité minière. Ces travaux devront servir de référentiel technique.
Sans vouloir faire d’allusion désagréable sur le choix de la date de cette annonce, cette initiative pose deux questions sérieuses : la mine « verte » et, plus globalement, le retour de l’exploitation minière en France sont-ils envisageables ?
Concernant le premier point, il suffit de citer Mark Cutifani : "De mon point de vue, nous avons beaucoup travaillé sur la sécurité et l’engagement communautaire. Mais pour devenir vraiment durables, nous devrons faire les choses très différemment de ce que nous avons fait par le passé", reconnaît le PDG d’Anglo-American dans un entretien accordé au Guardian en janvier. Mark Cutifani avait précédemment chiffré à 2,5 milliards la valeur globale des projets repoussés en raison de désaccords entre les compagnies minières et les communautés environnantes. Il faut reconnaître que la plupart de ces projets se trouvent dans des pays en développement, où la société civile est moins consultée en amont des investissements qu’en France.
Ce qui nous amène au second point. "Une dizaine de projets sont actuellement en cours d’exploration en France métropolitaine, plus une quinzaine en Guyane", nous apprend un conseiller au cabinet d’Emmanuel Macron qui, ajoute-t-il, "souhaite accompagner le renouveau minier: il y a un enjeu sur l'extraction, mais aussi sur le traitement, qui représente de l'emploi industriel". Certes, le BRGM a recensé nombre de gisements potentiels. Deux anciens de cette institution ont même fondé une société, Variscan, qui dispose de trois permis d’exploration. Pour l’instant, si les indices de co-produits sont encourageants (tungstène, antimoine), la rentabilité du minerai aurifère n’est pas assurée. Une autre société, titulaire il y a peu d’une petite trentaine de titres miniers, nous confiait récemment n’en avoir conservé que 7 pour étude, et être en train de renoncer à ses derniers titres en raison de la lourdeur de l’investissement requis pour une rentabilité réduite. Sans compter la mobilisation des populations qui pèse déjà sur les explorations menées par Variscan ou Cominor.
Même un premier avril, un renouveau minier responsable, en France, nous aimerions y croire. Mais les obstacles sont nombreux et seront compliqués à surmonter. Au point qu’on miserait plus facilement sur le savoir-faire français dans les futures mines sous-marines.
Myrtille Delamarche