Inflation : les marchés se réjouissent du ralentissement de l'emploi américain

Le taux de chômage aux Etats-Unis est reparti à la hausse en août, et les créations d'emplois ont ralenti. Un signal paradoxalement positif car la lutte contre l'inflation passe par un ralentissement économique, même si le marché du travail reste très tendu outre-Atlantique.
Les créations d'emplois ont elles fortement ralenti en août, à 315.000, contre 526.000 en juillet.
Les créations d'emplois ont elles fortement ralenti en août, à 315.000, contre 526.000 en juillet. (Crédits : Kevin Lamarque)

Le taux de chômage aux Etats-Unis est reparti à la hausse en août, et les créations d'emplois ont nettement ralenti. Le taux de chômage a augmenté en août, pour la première fois depuis janvier, grimpant à 3,7%, a annoncé vendredi le département du Travail. Il était tombé en juillet à 3,5%, son niveau de février 2020, juste avant que l'économie ne soit frappée de plein fouet par la pandémie de Covid-19. Les créations d'emplois ont elles fortement ralenti, à 315.000, contre 526.000 en juillet (données révisées à la baisse).

De quoi rassurer et redonner un peu d'espoir aux investisseurs, qui ont accueilli la publication de ces indicateurs plutôt avec soulagement. Car paradoxalement cet indicateur mensuel, particulièrement scruté, est un signal positif car la lutte contre l'inflation passe par un ralentissement de l'économie. Et les investisseurs craignaient que de nouveaux chiffres, montrant un marché de l'emploi tendu, ne poussent la banque centrale américaine (Fed) à remonter encore plus fortement ses taux directeurs.

Conséquence immédiate, après la publication du rapport mensuel sur l'emploi américain, les Bourses occidentales reprenaient des couleurs. Les Bourses européennes ont clôturé en hausse vendredi (Francfort +3,33%, Milan +2,91%, Paris +2,21%). Précédemment, Wall Street avait ouvert en hausse.

La lutte contre l'inflation passera pas une hausse du taux de chômage

Jusqu'à présent, le marché de l'emploi aux Etats-Unis est en grande forme ; malgré les mesures prises par la Banque centrale américaine (Fed) pour enrayer la demande et ainsi juguler l'inflation. Il avait même montré en juillet un dynamisme inattendu, retrouvant pour la première fois les 22 millions d'emplois qui avaient été détruits à cause du Covid-19. Et il y avait plus de 11 millions de postes vacants, soit deux pour chaque demandeur d'emploi.

Or, la lutte contre la forte inflation passera par un ralentissement de l'emploi, et même sans doute par une hausse du taux de chômage. Le patron de la Fed, Jerome Powell, l'a martelé la semaine dernière à la conférence de Jackson Hole : revenir à la stabilité des prix entraînera « une longue période de croissance plus faible » ainsi qu'« un ralentissement du marché du travail ». D'autant que les entreprises sont confrontées depuis plus d'un an à une pénurie de main-d'œuvre, et, pour recruter, offrent des hausses de salaires. Ce qui contribue à faire grimper les prix.

Lire aussiPourquoi la BCE a tout intérêt à accélérer la hausse des taux

Les chiffres de l'inflation d'août également scrutés

Pour lutter contre l'inflation, la Fed relève progressivement ses taux directeurs, afin de rendre le crédit plus onéreux pour les particuliers et les entreprises, et ainsi ralentir la consommation, et donc la pression sur les prix. Elle relèvera de nouveau ses taux lors de sa prochaine réunion, les 20 et 21 septembre.

« Tout cela sera un soulagement pour les décideurs, mais je ne suis pas sûr que cela suffise à les faire changer d'avis à ce stade », estime Craig Erlam, analyste d'Oanda, cité par l'AFP. « Les responsables de la Fed salueront probablement un rythme plus lent de l'embauche et une augmentation de l'offre de main-d'œuvre comme de petites étapes vers un marché de l'emploi moins tendu », anticipe pour sa part Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics, dans une note. Cependant, estime-t-elle, « les tensions persistantes (...) et la croissance toujours robuste des salaires » pourraient pousser la Fed à relever de nouveau ses taux fortement, de trois quarts de points, comme en juin et en juillet.

Les membres du comité monétaire, organe de décision de la Fed, regarderont également les chiffres de l'inflation en août, qui seront publiés le 13 septembre. L'inflation, au plus haut depuis 40 ans, a cependant ralenti en juillet, à 8,5% sur un an, selon l'indice CPI.

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 5
à écrit le 04/09/2022 à 23:53
Signaler
Il pleut des directeurs financiers (cf. Bed Bath and Beyond) des gratte-ciel donc tout va bien...

à écrit le 03/09/2022 à 2:01
Signaler
Donc Chômage de masse = basse inflation ( et inversement lycée de Versailles plein emploi = hyper inflation )... pourquoi l'inflation et l'hyper inflation même ne sont pas venu plus tôt alors ? Puisque l'emploi us est soit disant en pleine forme depu...

à écrit le 02/09/2022 à 23:34
Signaler
Dans les années 1970/80 le taux de chômage aux usa était énorme et l'inflation aussi. Il font peines les apprentis sorciers de pacotilles avec leurs courtes vues et pensées étriquées. Me fait penser aux années 1990/2010.. dans le monde de la finance ...

à écrit le 02/09/2022 à 19:32
Signaler
Alors que la France se dit avec arrogance que le monde est jaloux du "modèle" français sclérosé, elle ne peut que rêver d'un taux de chômage aussi bas que celui des Américains. Le narcissisme inégalé de la société française à s'illusionner constammen...

à écrit le 02/09/2022 à 18:42
Signaler
Faudrait quand même pas payer les gueux pour bosser quand même hein ! Incroyable... Nietzsche avait prévenu.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.