Caen compte-t-elle vraiment 100 clochers ?

Plusieurs villes du monde sont dites « aux cent clochers » en raison du nombre élevé d'églises qui y sont présentes, et par synecdoque, de clochers. L'expression est attribuée à Mark Twain, pour décrire Montréal en 1881.

En France, on nomme également ainsi Arras, Reims, Rouen, Troyes, Dijon, Liège et Poitiers. Comme ces sept-là, Caen possède un riche patrimoine religieux constitué d'églises et d'abbayes anciennes.

Suprématie du clocher

Pour Benoît Hinard, historien caennais, « dire qu'on a 100 clochers, c'est finalement plus pour se comparer aux autres villes qu'une réalité historique ». Par ailleurs, Philippe Lenglart, également historien, rappelle que « pendant longtemps, les gens se définissaient par leur paroisse plutôt que par leur quartier ». Il ajoute que « le clocher est un repère visuel important en urbanisme ». D'où leur visibilité et leur nombre important, sans doute.

Berezina sur le nombre

Une dizaine ? Une vingtaine ? Une quarantaine ? Il semblerait que personne, à Caen, ne se soit amusé à recenser les églises. Alors, quand on cherche à savoir combien de clochers sont encore visibles dans la ville, chacun y va de son estimation.

La Direction régionale des affaires culturelles (Drac) de Normandie en recense « vingt-deux, ou plus exactement vingt-trois si on compte la chapelle du château ». Côté maison diocésaine, on parierait aussi sur « une vingtaine de clochers dans Caen intra-muros ».

Même son de cloche à la mairie, où un document un peu daté en recensait vingt-six. À l'office du tourisme, on ose même parler d'une quarantaine d'églises, « si on compte les vestiges qui tiennent encore debout ».

Liste non exhaustive

Si l'on s'en tient au recensement de la mairie, dix-huit églises caennaises sont propriétés de la Ville.

Parmi elles, douze sont ouvertes au culte, les autres étant désaffectées. Trois autres édifices sont à la fois sous la tutelle de la Ville et du diocèse. Le diocèse, lui, serait a priori propriétaire de quatre églises.

Enfin, cas particulier, l'église Sainte-Trinité, considérée à tort comme propriété de la Ville, appartient toujours au Centre hospitalier régional (CHR), même si la ville continue à « entretenir » le bâtiment.

À toutes ces églises, il faut encore ajouter toutes les chapelles cachées au coeur des lieux privés. Mais aussi toutes celles « en marge des sentiers battus », comme l'église évangélique de la rue du Vaugueux.

Églises désaffectées

À Caen, il y a certains édifices pour lesquels on n'aperçoit plus qu'un pan de mur.

Une grande partie a été détruite après la Révolution et lors de la Bataille de Caen en 1944. L'urbanisation du XX^e est venue toutefois enrichir ce patrimoine, avec des édifices plus modernes, et parfois sans clochers...

C'est le cas de l'église Saint-Julien, détruite pendant la guerre et pas reconstruite sur site.

Des murs soufflés par la bombe, il ne reste que le porche, toujours debout, au bas des Fossés Saint-Julien et à l'angle de la rue Chanoine-Xavier-de-Saint-Pol. Elle a été remplacée par une église neuve, de forme elliptique, en béton armé et dalles de verre multicolores, à quelques centaines de mètres de là, rue des Carrières-Saint-Julien.

On peut également citer les ruines de l'église Saint-Gilles, sur la place du même nom, celles de la chapelle Sainte-Paix dont il ne reste que le choeur roman, ou encore l'église de Saint-Étienne-le-Vieux, près de la mairie, en partie ruinée, consolidée puis laissée en l'état.