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Reflets poursuivi par Altice : la liberté d'informer menacée

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par bluetouff

Internet quasi neutre : l'ARCEP consulte... encore

L'ARCEP, depuis Jean-Ludo... c'est plus c'que c'était ma bonne dame. Le gendarme de télécoms lance une nouvelle consultation sur le thème de la neutralité des réseaux. Un colloque, en avril 2010, avait déjà réuni opérateurs, industriels, fournisseurs de services en ligne et ... moines copistes de DVD. C'était super amusant comme colloque.

L'ARCEP, depuis Jean-Ludo... c'est plus c'que c'était ma bonne dame. Le gendarme de télécoms lance une nouvelle consultation sur le thème de la neutralité des réseaux. Un colloque, en avril 2010, avait déjà réuni opérateurs, industriels, fournisseurs de services en ligne et ... moines copistes de DVD. C'était super amusant comme colloque. On avait d'un côté des gens qui savaient de quoi ils parlaient et n'étaient jamais d'accord entre eux, puis de l'autre des gens qui n'avaient aucune idée de quoi ça causait, mais, qui étrangement, étaient tous d'accord entre eux. Les cons ont toujours eu une grande faculté à être d'accord entre eux paraît-il.

À l'occasion de cet événement, il y a eu quelques moments d’anthologie, ce même avant la conclusion de Nathalie Kosciusko-Morizet, arrivée en retard et qui a donc conclu sans ne rien avoir vu du colloque, une prouesse remarquable et remarquée par nous. Le colloque Neutralité des réseaux de 2010, c'était avant tout des vidéos. Et dans ces vidéos, nous sommes tombés sur des perles.

On évoquera du côté des gens tous d'accord entre eux pour brider le Net :

  • le photonique Michel "trafic shaper" Riguidel qui n'est pas pour la neutralité mais pour l'efficacité, comprenez un réseau correctement shapé pour offrir un internet à deux vitesses, comme le fait déjà d'ailleurs Orange pour les professionnels qui sont prêts à payer plus cher pour un internet mobile kimarchmieu®.
  • L'inénarrable Stéphane Richard, directeur général de France Télécom qui avoue découvrir ces problématiques alors qu'il est à la tête du plus grand FAI de France.. mais peu importe, il a un avis sur la question et c'est étrangement exactement le même que celui de sa voisine. Cette position est en gros d'expliquer que chez Orange, Internet n'est pas neutre mais ouvert... et oui, il fallait la trouver, des fois qu'on appellerait un Internet Fermé tout sauf Internet... genre un Intranet.
  • La "très ouverte mais pas neutre du tout comme mon copain de France Telecom" Gabrielle Gauthey, responsable des relations institutionnelles   lobbyiste d'Alcatel Lucent.
  • Le moine copiste de DVD en chef Pascal Rogard qui se demande bien ce qu'il fout là mais qui a lui aussi un avis très arrêté sur ces questions.

Comme quoi, c'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule.

Du côté des gens moins d'accord entre eux, nous avions principalement les fournisseurs d'accès Internet qui demandaient du pognon aux fournisseurs de contenus, et les fournisseurs de contenus qui demandaient un pourcentage sur les abonnements aux fournisseurs d'accès à Internet. Au moins chez eux le discours était clair, ça ne causait que de pognon, c'était limpide, nous n'étions que des consommateurs de contenu -qu'il fallait payer- et qui transitent par des tuyaux que nous payons également.

Point commun entre les deux parties, les gens tous d'accord entre eux et les gens pas d'accord entre eux : les Internautes on s'en fout, du moment qu'ils payent et qu'ils payent plus cher. Pas un instant on évoquera par exemple la nécessité de fournir des débits montants plus conséquents pour que les internautes comprennent qu'ils ne sont pas devant une télévision munie d'une souris et que eux aussi peuvent fabriquer de la neutralité en s'appropriant leur propres contenus et leur diffusion au lieu de les abandonner à des sites... souvent américains.

Rares, très rares furent les interventions qui sont venues rappeler qu'Internet était un bien commun et que ce colloque n'était pas un Yalta du Net  de l'intranet français. On citera celles de Benjamin Bayart, celle d'Alain Bazot, et enfin celle de Pierre Col.

Voilà le décor planté de cette première incursion publique de l'ARCEP dans le monde fou fou fou de la neutralité des réseaux. Le résultat a eu beau être pitoyable, à la limite du révoltant pour certaines interventions, il a eu le mérite d'exister et l'ARCEP, pour une fois, ne s'était pas bornée à demander aux FAI "Alors il marche bien ton Internet ?", pour aussitôt publier la réponse éminemment objective des intéressés dans son rapport trimestriel, le tout agrémenté de petits dessins présentant des courbes qui montent, car quand ça monte, c'est bien connu, toutvabien®.

La conclusion du colloque, savamment restituée par Nathalie Kosciusko-Morizet, c'était que les réseaux étaient quasi neutres, donc quasi pas neutres, qu'elle n'en avait au fond quasi rien à foutre, et avait réussi à quasi énerver la rédaction de Reflets. Mais on savait aussi qu'elle était quasiment sur le départ donc nous n'avons pas "trop" tiré sur l'ambulance.

Aujourd'hui, on change de concept. L'ARCEP s'adresse cette fois aux internautes en publiant ce projet de rapport au Parlement et au Gouvernement sur la neutralité de l’internet. Nous avons donc l'occasion d'être acteurs et non plus spectateurs tortillant de l'arrière-train et s'étouffant devant les outrages au Net de quelques industriels.

Il conviendra donc de soutenir cette nouvelle initiative visant à proposer un document de référence éclairé au législateur, prenant cette fois en compte des problématiques autres que les bénéfices déjà très conséquents de certaines entreprises.

 

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