La semaine dernière nous parlions des concepts de Respect et d’Honneur et en quoi il était important de ne pas les voir comme du café instantané. L’article est ici. Le Japon à vécu des siècles complétement immergés dans ces deux idées. Leur personnification d’ailleurs s’appelait les « Samouraï ». Ces personnes étaient de fiers guerriers régis par un code de conduite au-delà de la simple mise en scène.
Aujourd’hui le code de conduite des Samouraï n’existe plus… vraiment ? Le Hagakuré n’existe plus (ou presque) dans sa compréhension médiévale. Il n’est plus un code d’honneur pour les guerriers des temps anciens. Le Hagakuré des Samouraï est devenu un code pour celles et ceux qui cherchent à réussir ! Plus précisément celles et ceux qui cherchent à s’élever sans avoir à empiété sur la tête de qui que ce soit.
Dans un monde où la compétition (qu’on l’aime ou la déteste) fait rage. Dans un monde où personnes ne vous propulsera à la place que vous (pensez) mériter, le Hagakuré revient en force. Dans un monde où l’incertitude et le changement sont devenu la norme, le besoin d’une stratégie du succès loyal revient en force. C’est en lisant Miyamoto Musashi que j’ai découvert cette stratégie.
Qui est Miyamoto Musashi de son vrai nom Takezo Shimmen ?
Musashi est l’auteur de plusieurs livres sur le sabre et la stratégie. Il a en particulier écrit le Gorin no shō à l’âge de 60 ans, traduit en français par Livre des cinq anneaux ou Traité des cinq roues. Vers la fin de sa vie, il médita et fit une introspection sur son passé et son expérience ; il en déduisit que les principes qu’il avait mis en œuvre dans son art martial (duels) pouvaient aussi être mis en œuvre non seulement en stratégie militaire (affrontement de masse) mais aussi dans tous les domaines. Les « cinq anneaux » ou « cinq cercles » font référence aux cinq étages des monuments funéraires bouddhiques (gorintō) qui représentent les cinq éléments de la tradition japonaise (la Terre, l’Eau, le Feu, le Vent, le Vide)
Je dois vous avouer que même si je suis quelqu’un que je juge intègre, je n’ai jamais pris le temps de formaliser le « pourquoi » je me définis en temps que tel. La raison pour laquelle je le fais aujourd’hui est simple. J’ai un fils… et un deuxième à venir dans quelques mois insha’Allah :-)
Je souhaite simplement faire le tour de ce que je veux léguer durant les 30 prochaines années. Comment dois-je léguer des concepts qui même pour moi ne sont pas simple à saisir ? Je dois les écrire. En bref les principes de Miyamoto Musashi peuvent se résumer en neuf points. S’il vous plait ne prêtez pas trop d’attention à la manière un peu vieillotte dont ces principes sont écrits.
1. Évitez les pensées sinistres
J’écris moi-même souvent que le succès se résume à ce qu’on fait tous les jours. J’ai tort ! Je devrais plutôt dire le succès se résume à ce que l’on pense tous les jours. Ce sont vos pensées qui feront de votre monde un paradis… ou un enfer.
Les pensées se transforment en paroles. Les paroles se transforment en action. Les actions se transforment en destinée.
2. Se forger dans la voie en pratiquant soi-même
La voie c’est quoi ? C’est celle que vous avez choisi. C’est votre chemin personnel. Personne ne prendra votre chemin personnel pour vous. PERSONNE ! Ce n’est ni bien ni mal, c’est ! En clair et dans un langage que tous le monde peut comprendre, soit vous êtes une Victime, soit vous êtes un Leader. Les deux ne vont pas ensemble. Choisissez votre camp !
3. Embrasser tous les arts et non se borner à un seul
En ce moment je découvre le « dubstep » à l’aide de mes étudiants. J’aime particulièrement cette musique d’un groupe qui s’appelle Skrillex. Je n’ai pas été élevé dans ce genre de musique. Je suis plutôt Soul et R’N’B. Mon éducation primaire n’était pas orienté vers la culture et pourtant aujourd’hui je comprends une vérité simple :
Un monde mental qui s’étire ne reviendra jamais plus à sa forme initiale… et c’est tant mieux !
4. Connaitre la Voie de chaque métier, et non se borner à celui que l’on exerce soi-même
Ou en clair pour 2011, comment devenir indispensable dans votre entreprise, dans votre communauté. En ce moment je lis « Winning de Jack Welch » (ancien PDG de General Electric, l’équivalent de notre EDF) et voilà sa définition du Leader :
Un leader est un homme qui sait s’entourer de gens plus futés que lui.
Musashi ne dit pas « Apprendre chaque métier », il dit « connaitre ». C’est ainsi que vous devez vous voir au sein de votre organisation, quelqu’un qui sait prendre de l’altitude pour voir tous les tenants et les aboutissants de son projet, de son entreprise.
5. Savoir distinguer les avantages et les inconvénients de chaque chose
Aucune situation n’est à 100% positive et donc aucune situation n’est à 100% négative. Ne résistez pas aux problèmes, ils ne sont rien d’autres que des chances pour vous de briller et d’exceller, de montrer que vous êtes indispensable. Vous voulez vous distinguer ? Montrez que vous êtes un fin stratège et que vous savez planifiez à l’avance comme si tout allait bien se passer. Au moment des crises (car elles VONT arriver) montrez que vous aviez déjà planifiez comme si vous saviez que tout allait mal se passer.
6. En toute choses, s’habituer au jugement intuitif
Qu’est ce que le jugement intuitif ? C’est la décision irrationnelle que vous prenez même quand vos collègues, amis et analystes vous disent que vous allez vous ramasser. C’est tout un entrainement que de savoir écouter ces entrailles. Ce n’est ni facile ni simple mais la vérité c’est qu’au fond de nous bien souvent nous connaissons la suite des événements. On ne peut dire pourquoi avec précision mais on connait la suite des événements !
7. Connaitre d’instinct ce que l’on ne voit pas
Personnellement je divise les gens en deux catégories
- Celles et ceux qui croient en l’invisible
- Celles et ceux qui n’y croient pas
Là aussi, ce n’est ni bien ni mal. C’est juste qu’étant quelqu’un qui y croit, certaines de mes réflexions et décisions sont incompréhensibles à ceux qui n’y croient pas. Ils n’y voient aucune logique quand pour moi il n’y a rien de plus logique.
8. Prêter attention au moindre détail
Peut-être connaissez-vous ce proverbe :
DIEU réside dans les détails !
Je ne sais pas si c’est vrai. Je sais en revanche que les gens qui montent le plus vite et ce dans n’importe quelle organisation sont celles et ceux pour qui le détail qui ne compte pas… n’existe tout simplement pas ! Ces gens là ne peuvent dormir quand tout n’est pas paramétré aux détails près. De manière assez intéressante, ces mêmes personnes ne se démontent jamais quand pour une raison où pour une autre… un détail n’avait pas été assez souligné !
9. Ne rien faire d’inutile
Le seul point où je ne suis pas d’accord avec Miyamoto Musashi ! J’y oppose ce que j’appelle : « une redondance de sympattitude« . Un enchainement de choses que je fais pour me faire du bien. Je viens de me taper la première saison de Stargate Universe… en une seule journée ! C’est nul ! (la série et le comportement) Et je l’ai quand même fait. Je sens que j’en ai besoin. Ces derniers temps j’ai besoin de respirer et de laisser mon cerveau souffler.
Honnêtement je me rends bien compte que je ne deviendrais jamais PDG avec cette mentalité. Cependant je mène ma vie pour réussir à ma façon pas pour réussir en tant que PDG :-)
pour ton info on peut avoir le livre en pdf :
http://abrahami.free.fr/ebooks/Trait%E9%20des%20cinq%20roues.pdf
cordialement
Génial merci ChrisToonet, je vais éditer mon article :-)
« Embrasser tous les arts et non se borner à un seul »
Si j’ai bien compris, tu veux dire qu’il faut être polyvalent?
Si c’est le cas je ne suis pas totalement d’accord. Il vaut mieux se spécialiser dans un domaine et déléguer le reste. Il faut se spécialiser dans le domaine qui te rapporte le plus gros salaire horaire. Après je suis d’accord qu’il faut pouvoir résoudre tout type de problème.
Mais il ne faut pas vouloir tout faire et être le meilleur partout.
Ton article est très intéressant et je suis d’accord qu’on ne devient pas PDG de cette manière, cependant cette mentalité dois être très utile d’un point de vue personnel.
» Embrasser tous les arts et non se borner à un seul »
? »..
.peut-être simplement ne pas se cantonner à un domaine de prédilection mais élargir ( en ne parlant que de nos lectures par exemple ) nos connaissances en allant voir ailleurs comment les autres pensent,quelles sont leurs passions ?
j’adore tes articles cher Semeur !!!
En fait par « embrasser tous les arts », l’auteur veut dire dire qu’il est sage de s’ouvrir et de ne pas de fermer aux autres arts. Tous les arts se complètent et font d’un combattant un Homme accompli.
Takezo Shimmen était un escrimeur légendaire, un peintre, un poète et un stratège. Aujourd’hui encore on étudie l’art du Bokken sur les principes de Takezo Shimmen…
My 2 cents,
Nathanaël
Costaud l’ami ! Je ne sais pas pourquoi mais j’ai une affection particulière pour le point 9 ;-). Je vais fureter sur Google dans les jours à venir pour voir quand « redondance de sympattitude » émergera dans les résultats de recherche.
En tout cas, j’adore cet article.
Pour le point 8, je connaissais plutôt l’expression « Le diable se cache dans les détails. » Question de point de vue donc !
Pour répondre à « Anonyme », je me suis fait la même réflexion par rapport au point 3. En fait, je pense qu’il y a une logique dans la mesure où le point 2 « Se forger dans la voie » nous invite, à mon sens, à nous spécialiser et à devenir excellent. Maintenant, pour devenir vraiment excellent dans quelque chose et y apporter quelque chose de nouveau et d’innovant, il faut savoir regarder ailleurs, s’inspirer d’autres domaines, d’autres manières de faire et de réfléchir. C’est pour moi le sens du point 3 « Embrasser tous les arts ».
Il n’est point question de « tout faire » ni « être le meilleur partout » !
Dans le livre on dit :
» Dans tous les cas il est important que les hommes se polissent bien, chacun dans sa propre Voie. »
Mais aussi :
» Sans bien connaître les autres, nous ne pouvons bien nous connaître nous-mêmes. »
et
» Lorsque l’on possède complètement une théorie alors il faut s’en détacher. »
afin de
» Polir ces deux vertus: sagesse et volonté, aiguiser les deux fonctions de leurs yeux: voir et regarder, et ainsi n’avoir aucune ombre. Alors, les nuages de l’égarement se dissiperont… »
@All, plutôt que de répondre à chacun des commentateurs sur le même sujet, je crois que je préférerais me joindre à la conversation :-)
Sincèrement je ne pense pas pouvoir dire avec certitude ce que l’auteur voulait dire. Je pense d’ailleurs que si ses écrits ont traversé le temps c’est justement du fait du style de débat qui à commencé ici.
Pour ma part je pense que les arts dont Musashi parle peuvent être de diverses natures : arts plastiques, arts martiaux, art opposé à la Nature. L’important est de ne pas se fermer aux arts où l’on n’excelle pas. Se spécialiser dans une voie est important, d’ailleurs je pense que c’est l’une des conditions pour atteindre l’excellence. Cependant je pense aussi que l’on gagne tous à enrichir son art premier du contact d’autres arts.
Mon art c’est l’écriture, je n’ai jamais rien peint de vie et pourtant je suis toujours aussi émerveillé par « La Cène ». Mon art c’est le Tae Kwon Do et pourtant j’ai les yeux écarquillés lorsque je regarde un Roger Federer ou un Lionel Messi.
Ce que je veux dire c’est que tout le monde gagne à ne pas se cantonner à son domaine de prédilection.
Qu’en pensez-vous ?
Intéressant, je ne connaissais pas celui-ci!
fabrice a recemment ecrit..Vaccinations voyage – ce qu’il faut savoir
Merci Fabrice :-)
Vive le dubstep !!
Et le Dogstep : http://www.youtube.com/watch?v=2xOh1TRGNjw
(crise de rire assurée ^^ )
:p
Merci Damien, j’avoue que ce genre de vidéos n’est habituellement pas ma tasse de thé mais c’est assez marrant pour quelques secondes :-)
Juste au cas où tu aimes la musique RNB, mes élèves m’ont fait découvrir ça :
http://www.youtube.com/watch?v=00nZQh2GWGo
Tout simplement mortel !
Je suis en train de relire un livre qui m’a été offert il y a longtemps… en avril 1996… par mon ami Jean Philippe Touzeau, celui là même que vous citez dans votre article. Ce livre s’appelle « Le guerrier pacifique », l’auteur est Dan Millman. Je vous le recommande vivement.
Merci Jeanne, c’est vrai que ce livre est vraiment un essentiel… que je n’ai jamais lu (la honte…lol)
Ce sacré Jean-Philippe, je viens d’apprendre que nous venons du même coin en France (le Nord-Est).
N’hésite pas à nous faire un résumé du guerrier pacifique si ça te dit… et j’aurais l’air moins con du coup la prochaine fois :-)
« Guerrier pacifique » ? Ca a tout l’air d’être une belle oxymore. Car un guerrier fait la guerre. Or une guerre, ce n’est jamais pacifique.
votre article est intéressant. Je prends mon inspiration, ou je puise la réflexion dans ce genre d’écrit.
Pour en revenir à l’histoire de l’art (« embrasser tous les arts »), toucher à plusieurs domaines permet de trouver un certain équilibre et de ne pas développé un esprit limité par une seule façon de réfléchir, un seul mode de pensée ou d’action. Mais pour être un artiste ou un professionnel, alors il faut se spécialiser dans un domaine et ne pratiquer plus que la seule activité que l’on a choisi. Il faut bien toute une vie pour exceller dans un domaine parfois. Cela ne laisse pas le temps d’aller voir ailleurs.
Bonjour Mourad,
J’aime beaucoup la numéro 8.
Je viens de terminer la bio de Steve Jobs et c’est un de ces leitmotivs parmi tant d’autre.
On a tendance à passer très vite sur les choses, tant nous sommes sollicités de toute part et que les distractions sont devenu un mode de fonctionnement.
bonne journée
corinne
corinne a recemment ecrit..Les 7 meilleures idées que j’ai retiré de la biographie de Steve Jobs
@Corinne, c’est vrai qu’être capable de se concentrer plus de 5 minutes est devenu du luxe dans notre mode de vie.
MM
PS : Je m’appelle Mohamed