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OGM : en Afrique du Sud, un papillon résiste au maïs Bt

L'insecte déjoue les effets de la toxine émise par la plante et transmet cette résistance à ses descendants.

Le papillon de nuit Busseola fusca. copyright IRD / Bruno Le Ru

Le maïs Bt qui règne en maître sur les cultures transgéniques de cette plante, vient pour la première fois de connaître un incident de parcours. Il n'élimine plus un insecte ravageur du maïs, baptiséBusseola fusca.

Ce papillon de nuit a développé en Afrique du Sud un nouveau mode de résistance six ans après l'introduction dans le pays de la céréale OGM. Désormais, les pertes liées à ce ravageur ont retrouvé leur niveau initial (10 % des cultures). «Cette résistance est apparue toute seule et s'est diffusée rapidement», explique Rémy Pasquet, chercheur à l'IRD (Institut de recherche pour le développement) dont les travaux sont publiés dans la revue PloS One .

Pour lutter contre les ravageurs, on introduit dans le gène du maïs une bactérie Bacillus thuringiensis (d'où l'abréviation Bt). La plante produit alors la toxine qui va détruire la paroi intestinale des chenilles s'aventurant sur la plante.

Pour éviter que les insectes développent trop rapidement des résistances, les scientifiques ont élaboré une technique qui jusqu'à présent s'était montrée infaillible. Seuls 90 % du champ de maïs sont plantés avec des OGM, les agriculteurs conservant à côté une petite zone de maïs conventionnel, sur laquelle les insectes nuisibles s'en donnent à cœur joie. Avec un tel système, même si un insecte réussit à devenir résistant à la toxine, il a toutes les chances de s'accoupler avec un autre insecte sensible à l'insecticide. La résistance disparaît alors pour la descendance. «Seuls deux parents résistants peuvent produire une descendance à son tour résistante» souligne Rémy Pasquet, mais «la probabilité d'apparition d'un tel individu reste faible».

Pour la première fois, on observe qu'une résistance à une toxine se transmet de façon dominante

Si les papillons de nuit ont été sensibles au départ à la toxine Bt, «on suppose qu'ils ont développé ensuite un mécanisme de défense permettant de désactiver la toxine avant qu'elle ne s'attaque aux parois intestinales», explique Rémy Pasquet, déjouant ainsi l'insecticide. Mais surtout, les chercheurs se sont rendu compte «que ce type de mutation se transmet de façon dominante». Pour obtenir ces résultats, ils ont croisé des papillons sud-africains résistants avec leurs congénères du Kenya, pays qui ne commercialise pas de maïs Bt. «En une génération, les chenilles kenyanes sont à leur tour devenues résistantes».

Les agriculteurs sud-africains ont dû changer de type de maïs et sont passés d'un OGM contenant une toxine à un OGM en contenant deux. «La tendance générale pour qu'un insecte devienne résistant à une toxine est faible et elle l'est encore plus s'il y a deux toxines», poursuit le chercheur.

Ce cas d'école, pour autant, n'est pas neutre. «D'abord parce qu'il remet en cause ce qui était quasiment devenu un dogme à savoir que la création d'une zone refuge rendait impossible l'idée d'une résistance», souligne Rémy Pasquet. Cela s'est d'ailleurs vérifié pendant une vingtaine d'années. Il va donc falloir trouver un autre système. Ensuite, on peut se demander si l'insecte qui a développé une première parade - totalement inattendue - ne sera pas capable de s'adapter rapidement au nouveau maïs. Il est enfin possible de penser que d'autres insectes peuvent suivre une évolution identique.

«Notre observation ne remet pas en cause le maïs Bt», assure Rémy Pasquet mais c'est une affaire à suivre que les anti-OGM ne devraient pas manquer de prendre en exemple.

27 commentaires
  • Sequard

    le 16/09/2013 à 22:33

    @bubje, félicitations, vous avez préféré le supermarché aux sites de Staune, Yahia et Watchtower! Vous faites des progrès et bientôt peut-être le graal, pubmed!
    Courage.

  • bubje

    le 15/09/2013 à 08:43

    Hier dans un super marché , j'ai feuilleté un numéro de "science et vie" , et j'ai pu vérifier que les scientifiques travaillent à connaitre le processus de vieillissement , un des champs d'investigation de l'épigénétique . Une chercheuse en épigénétique , Nessa Carey ,travaille sur le mécanisme du vieillissement .

  • bubje

    le 14/09/2013 à 12:04

    @ Flo , L'épigénétique est une réalité , puisque les chercheurs travaillent sur cette dicipline ,pour étudier les variations dans l'homme ,au niveau de lépigenome, qui seraient source de maladies , et donc , les médecins pourraient traiter des cancers et autres . L'épigénétiques permet , oui une adaptation , au meme titre que des mutations d'ADN , bien que l'épigenome , provoque des épimutations ,plus fréquentes que celles de l'ADN ,et reversibles . L'evolution adaptative existe , mais toujours au sein d'une espece ; ensuite , c'est à la sensibilité d'une personne d'y voir un mecanisme évolutif ou adaptatif .

OGM : en Afrique du Sud, un papillon résiste au maïs Bt

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