Viol dans un lycée à La Rochelle : les tests ADN ont commencé

L'opération, qui doit durer jusqu'au mercredi 16 avril, est d'une ampleur inédite.

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Publié le 14 avril 2014 à 09h29 - Mis à jour le 14 avril 2014 à 18h06

Temps de Lecture 3 min.

Voir aussi : Début des tests ADN au lycée Notre-Dame à La Rochelle

Bordeaux, correspondante. Depuis ce lundi 14 avril, le prélèvement de l'ADN de 527 hommes, majeurs et mineurs, est organisé dans le lycée privé Fénelon-Notre-Dame, situé dans le centre-ville de La Rochelle. Une première en France dans un établissement d'enseignement. Cette opération, réalisée par des officiers de police judiciaire dans les locaux mêmes du lycée, doit se prolonger jusqu'à mercredi. La décision a été prise dans le cadre d'une information judiciaire ouverte début octobre 2013 à la suite d'un viol commis dans ce lycée professionnel catholique de 1 300 élèves.

L'après-midi du 30 septembre 2013, une jeune fille de 16 ans a été violée dans les toilettes. La victime n'a pas pu identifier l'auteur des faits car elle « a été agressée par-derrière et dans l'obscurité », a expliqué Isabelle Pagenelle, la procureure de la République. Mais une trace d'acide désoxyribonucléique (ADN) trouvée sur les vêtements de la victime est exploitable. L'ADN est une molécule support de l'information génétique héréditaire de tout individu. Celui retrouvé sur les vêtements de la lycéenne est inconnu au fichier national automatisé des empreintes génétiques.

C'est la raison pour laquelle, jusqu'au mercredi 16 avril, des prélèvements de salive seront effectués au sein du lycée sur 475 lycéens, 31 enseignants, 21 individus du personnel technique ou extérieurs, présents le jour des faits. Toutes les analyses négatives seront détruites, assure le parquet de La Rochelle. Les tests ne sont pas obligatoires, mais les personnes qui refuseront de s'y soumettre seront placées en garde à vue.

A l'entrée du lycée privé Fénelon-Notre-Dame, situé dans le centre-ville de La Rochelle.

LA PISTE INTÉRIEURE PRIVILÉGIÉE

Paul, 14 ans, arrivé en classe de seconde dans l'établissement à la rentrée 2013, fait partie des garçons concernés. Il devait être convoqué lundi à 8 h 55. « Depuis qu'on est au courant, on en parle plutôt pas mal avec mes amis. On pense surtout à la fille, qui doit se sentir mal. Et nos copines se disent qu'elles ont peut-être croisé l'agresseur dans le lycée et ça leur fait peur. »

Pour le moment, l'enquête n'a ouvert aucune piste sérieuse. Le violeur peut être extérieur à l'établissement et s'être introduit discrètement, même si le lycée est entouré de murs, avec une seule entrée publique. Les enquêteurs privilégient la piste intérieure : « Cela semble quelqu'un qui connaît les lieux », a expliqué Chantal Devaux, la directrice du lycée devant les journalistes locaux. D'où cette décision exceptionnelle des prélèvements ADN : « Nous avions deux possibilités, a détaillé la procureure, classer sans suite ou se donner tous les moyens d'identifier l'auteur, sachant que nous sommes dans un milieu fermé et qu'il y a davantage de probabilités que le violeur soit quelqu'un de l'intérieur. Il s'agit aussi d'éviter une éventuelle récidive. »

Jusqu'à présent, l'enquête avait été menée en toute discrétion, notamment pour éviter la psychose au sein du lycée. Les parents ont reçu un mail de la direction le 10 avril, et les élèves une convocation le lendemain pour les tests ADN. Deux réunions d'information pour les parents et le personnel ont été organisées vendredi 11 avril, avant la communication médiatique. Aucune information ou rumeur n'avait filtré jusque-là. « On n'en avait jamais entendu parler », confirme le jeune Paul.

« BIZARRE D'ÊTRE PRÉVENUS PLUS DE SIX MOIS APRÈS LES FAITS »

Des parents commencent à s'interroger sur ce silence. « Mes parents trouvent bizarre d'être prévenus plus de six mois après les faits, même s'ils trouvent ces tests absolument normaux. » Parmi les commentaires laissés durant le week-end sur le site Internet du quotidien régional Sud-Ouest, une mère dont la fille est scolarisée à Fénelon-Notre-Dame s'étonne : « Ce qui m'interpelle, outre le fait que cette jeune fille ait subi un acte immonde, c'est le fait que les parents n'aient pas été prévenus plus tôt. Lundi, je vais avoir l'impression que [ma fille] se rendra dans un lieu dangereux pour elle. Maintenant, elle est prévenue qu'il ne faut pas qu'elle aille seule aux toilettes et qu'elle doit toujours être en groupe dans les couloirs ou classes, mais j'aurais souhaité la prévenir il y a six mois ! »

Depuis vendredi, une cellule de soutien psychologique est en place. Elle restera « active le temps nécessaire », assure la directrice du lycée, également coordinatrice du groupe scolaire (élémentaire, collège, lycée, formations postbac), qui compte 3 000 élèves. Un dispositif pour rassurer les parents et les élèves mais insuffisant pour lever le voile de l'inquiétude. Tous devront attendre plusieurs semaines avant le résultat des tests.

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