Le traitement des photos sous Linux


Termes associés à ce document :

Linux, Rawtherapee, Geeqie, The Gimp, Digikam

Ce fil parle du traitement des photos sous Linux et des logiciels qui vont avec.

De Olivier R., le 27 mars 2013 à 12h42

Salut à toutes et à tous,

J'ouvre ce fil afin de vous parler des logiciels que j'utilise pour gérer mes photos sous Linux.

On parle souvent sur les forums photo, de Lightroom et autre Photoshop, mais il existe d'autres possibilités quand on utilise un autre système d'exploitation que Windows ou Mac. Ce fil pourrait intéresser des personnes ayant installé une Linux sur leur bécane et se demandant quels logiciels utiliser.

Voilà comment je procède à chaque étape, depuis le transfert des photos jusqu'au classement et "taggage" de celles-ci.

Note sur les logiciels libres

J'utilise Linux après avoir commencé à utiliser sous Windows XP des logiciels libres comme Firefox, Thunderbird, Open Office, The Gimp, VLC... Au bout du compte je n'utilisais plus que des logiciels libres, l'idée est donc venue de basculer vers un OS libre où je retrouverais tous mes logiciels habituels. Je suis alors arrivé sur Ubuntu puis plus tard j'ai migré vers Debian.

Je me suis intéressé aux logiciels libres car j'adhère à la philosophie de la Free Software Foundation (partage, échange non marchand, coopération, libertés civiques et données personnelles...) Ce n'est donc pas une histoire d'utiliser des logiciels gratuits (les logiciels libres ne sont pas forcément gratuits bien que ce soit presque toujours le cas, inversement un logiciel gratuit n'est souvent pas libre) et je refuse d'utiliser des logiciels "craqués".

Système d'exploitation

Je tourne actuellement sous Debian, version stable (en mars 2013 c'est encore Debian 6 "Squeeze", bientôt arrive la debian 7 "Wheezy"). Debian est la distribution (Linux est décliné en plusieurs versions appelées "distributions") à l'origine d'Ubuntu (dont vous avez peut-être entendu parler), tout ce que je dis ici est également valable sous Ubuntu.

Environnement de bureau

Important sous Linux, on peut choisir son environnement de bureau (l'interface graphique générale du système). Après avoir longtemps utilisé Gnome, je me suis mis depuis quelques mois à XFCE (plus léger et plus rapide). Il y a aussi KDE que je n'ai jamais testé. Il y a des chemins de traverses possibles puisque j'utilise bien un logiciel KDE (Digikam) sous XFCE !

De Olivier R., le 27 mars 2013 à 12h42

Le transfert

Le plus rapide est de passer par un lecteur de carte (SD pour moi). La carte SD de mon (Canon) EOS 450D est tout simplement lue comme une clé USB par le système, les raws sont lisibles, on peut transférer les photos par simple copier-coller. J'utilise le logiciel Digikam pour classer mes photos et les tagguer et je passe aussi par lui pour transférer les photos.

Au début je passais par le lecteur de carte, mais j'ai depuis un an un problème de connexion boîtier - carte SD, si j'enlève la carte et que je la remets l'appareil ne la reconnait plus, et il faut enlever et remettre la carte, allumer-éteindre le boîtier un certain nombre de fois pour que ça reparte, après c'est ok sur plusieurs mois... Donc je branche le 450D sur le PC par cordon USB puis j'ai paramétré le système pour que Digikam démarre dès le branchement du boîtier, et hop, je transfère dans LE dossier qui va bien.

Le tri des photos

Je saque mes photos dès l'entrée par un tri sévère où j'élimine tout ce qui est flou et dont l'exposition est ratée et/ou irrécupérable ou toute photo vraiment sans intérêt une fois vues sur écran. Je tri également tout d'abord sur le boîtier mais je ne fais pas trop confiance à son petit écran, je n'élimine là que ce qui est ostensiblement flou et mal exposé.

J'utilise pour le tri sur PC le logiciel Geeqie qui est très rapide, lit les raws, et permet de garder un même agrandissement d'une image à l'autre, on peut aussi cocher les images qui ne vont pas puis, d'un seul mouvement, virer tous les clichés cochés et les expédier directement dans les limbes...

Renommer les photos

Là ça dépends de son environnement de bureau, une simple recherche sur le Net propose une pléthore de solutions même pour Linux. Sous XFCE, la solution installée de base permet déjà de sélectionner un groupe de photos, il suffit alors par clic-droit de "renommer les images" et hop on peut renommer tout le lot comme on le veut (on paramètre simplement le renommage). Ça me convient bien comme ça.

La dérawtisation

Étape essentielle, développer ses raws. Pour moi c'est Rawtherapee. J'utilise la version 2.4 devenue caduque (et oui) mais elle sait traiter les raws de mon 450D (capteur de 12 MP) rapidement avec un matos informatique acheté en 2005 (1 Go de ram, processeur unique de 2,93 Ghz). J'ai donc un trio boitier-PC-logiciel cohérent. C'est un point très important en photo numérique, il faut avoir le boîtier + le logiciel qui traite bien les raws + le PC qui a les ressources suffisantes pour le traitement des raws. J'ai fais le choix de rester sur du "vieux" matos (PC de 2005 + boîtier de 2008) mais qui bossent bien ensembles afin de pouvoir acquérir de très bons objectifs (100mm macro + 300 f/4). Donc je garde ordi + boîtier le plus longtemps possible.

 (Note aux généreux donateurs, si vous m'offrez un 7D, pensez au PC qui va avec  ;) )

Les versions récentes de Rawtherapee (3 et 4) exigent plus de ressources et traitent des boitiers plus récents, les réglages sont plus fins, par exemple, selon mes quelques tests, pour corriger les aberrations chromatiques, les curseurs permettent aussi des réglages plus fins pour les hautes lumières et pour corriger le bruit.

J'applique si nécessaire la correction du bruit chromatique (les petits points de couleur...) qui marche très bien, par contre, Rawtherapee (version 2.4) reste moyen pour le bruit de luminance, à tel point que j'y ai carrément renoncé car, si le traitement estompe bien le bruit de luminance, il estompe trop de détails et crée une sorte de soupe de fond que je trouve, à mon goût, plus désagréable que le bruit lui-même ! Je préfère donc ici le bruit (de luminance) au traitement de ce bruit-là. À 800 ISO ça passe bien je trouve même si un peu de "grain" reste perceptible, ça ne me traumatise pas plus que ça. De toute façon, quand la photo est bien exposée, il n'y a normalement pas tant de rattrapage que ça à faire, sinon c'est que c'est râpé (salut à toi la corbeille)...

Les dernières versions de Rawtherapee permettent probablement de meilleurs résultats.

Rawtherapee permet, outre les traitements habituels (netteté, balance des blancs, exposition, bruit, aberrations chromatiques...), le recadrage des photos et le redressement de la ligne d'horizon. Pas d'outil tampon pour Rawtherapee 2.4.

On peut au final exporter ses images en tiff ou en jpg, moi c'est en jpg. Je garde en archives le raw original + le ficher de configuration. On peut sans problème revenir sur une photo et son développement.

On peut bien entendu appliquer un traitement à plusieurs images et appliquer un traitement de base dès l'ouverture du programme.

Précision : les réglages des boitiers Canon ne sont lisibles que par le dérawtiseur de Canon (DPP) qui est vendu avec le boîtier, je reste donc pour le boitier en réglage standard.

Dernière couche avec The Gimp

Avec Rawtherapee j'ai des jpg sur lesquels il est inutile de revenir sauf pour, de temps à autre, un petit coup de tampon. J'utilise aussi The Gimp pour préparer la photo avant de l'envoyer sur Nunda afin d'être dans les poids et dimensions demandées.

Classement et tags

Ça a été le logiciel le plus dur à trouver pour moi, après quelques tergiversations, j'ai choisi Digikam bien que ce soit un logiciel optimisé pour l'environnement de bureau KDE, il tourne très bien sous Gnome comme sous XFCE au prix de quelques programmes à installer avec lui (pour quelques rares cas on peut se le permettre sans alourdir le système).

Avant tout, je renomme mes fichiers par lieu et date+n° par exemple route_du_sel_20130321_01.jpg. Les dates sont à l'anglo-saxonne (année-mois-jour) car ça permet de conserver l'ordre chronologique des images d'un lieu et la numérotation.

Je range ensuite mes photos dans mon disque dur dans une arborescence de dossiers classés par Département / Milieux (ville, zones humides, sentiers, parcs et domaines...) / Localisations (de plus en plus précises si besoin : commune, relief, lieu-dits de cartes IGN...) Bref, le classement est par milieu (le type d'endroit) puis géographique.

J'ai recours ensuite à Digikam pour gérer mes photos regroupées (pour l'instant) dans un album unique qui correspond dans mon système à un dossier appelé "Album". J'ai aimé dans Digikam le fait qu'il permette de naviguer dans l'album soit de manière chronologique (photos du mois classées par lieu) soit par l'arborescence des dossiers, soit par tag. J'aime aussi pouvoir manipuler les fichiers directement par le navigateur de fichiers du système pour virer et/ou renommer des images, Digikam se mets à jour ensuite quand on le lance.

Les tags

Important pour la photo animalière, les tags ! Digikam me permet d'inscrire les tags dans le fichier, il est important de choisir ce paramétrage car, comme ça, un autre logiciel permettra de lire les tags, je ne suis donc pas prisonnier d'un logiciel particulier pour cet aspect-là, je peux en changer sans perdre mes tags.

Je tague la taxonomie de l'espèce par classe + ordre + famille + nom en français. Pour un Moineau domestique ça donne "aves (classe)" + "passeriformes (ordre)" + "paridae (famille)" + "moineau domestique". J'évite dans les tags les accents.

Je n'utilise pas les noms en latin pour les oiseaux par contre je les utilise pour les insectes et araignées, la pratique montre qu'il y a plus de précision et moins d'ambiguïté avec les noms scientifiques gréco-latins pour les arthropodes, un nom commun regroupant souvent plusieurs espèces (ex : l'Abeille charpentière, 1 nom français pour 3 espèces), de plus il peut y avoir des synonymes, c'est-à-dire plusieurs noms français pour une même espèce... Avec le latin c'est plus clair même s'il arrive qu'il y ai des synonymes dans la dénomination latine...

Je tague aussi les lieux (commune + lieu-dit perso ou IGN)

Voilà, je crois que j'ai fini ce roman  :) ...pour le moment, car les systèmes, logiciels évoluent, et donc il faudra sûrement mettre à jour de temps à autre ce fil...