Vincent Cousquer

Vincent Cousquer

Vincent est sculpteur, Meilleur Ouvrier de France et historien de l'art, un parcours riche en expériences.

L'art au bout des doigts

Vincent est né en 1978 à Lausanne en Suisse et habite à Strasbourg depuis l'âge de 5 ans.
Il effectue sa scolarité (de 7 à 18 ans) à l'école Michaël à Koenigshoffen qui enseigne la pédagogie Steiner/Waldorf.
Vincent éprouve très tôt une forte sensibilité à l'histoire de l'art, au dessin, à la peinture et au modelage. Il sculpte, pour son chef-d'œuvre de fin d'études, quatre têtes en pierre qui représentent quatre groupes ethniques : amérindien, africain subsaharien, caucasien et asiatique. Il songe dans un premier temps à intégrer une école des Beaux-Arts mais à son sens l'enseignement y est trop conceptuel, de plus il hésite à reprendre un cursus scolaire classique. Dès lors, il choisit la voie de l'apprentissage chez Olivier Badermann, compagnon tailleur de pierre (Union Compagnonnique des Devoirs Unis) à Sélestat.
Vincent effectue sa deuxième année d'apprentissage à la Fondation de l'Œuvre Notre-Dame et obtient un CAP tailleur de pierre en 1998 et un BP métier de la pierre en 2000. Pendant ces deux dernières années d'apprentissage à la Fondation, il sera surtout formé à la sculpture par René Wagner.
Embauché en 2000, il rejoint l'équipe des sculpteurs de la Fondation. Il réussit en 2007 le concours de Meilleur Ouvrier de France, option Sculpteur réducteur/ agrandisseur, grâce à l'agrandissement du Petit boudeur de Jean-Baptiste Carpeaux.

Sculpteur et historien de l'art

Vincent a pour mission de restaurer en copies conformes les sculptures et ornements détériorés voire disparus de la cathédrale. Ces copies sont effectuées essentiellement d'après les moulages en plâtre des originaux et parfois restituées d'après photographies. Il continue à étoffer la gypsothèque avec ses collègues par la réalisation de nouveaux estampages au fur et à mesure des chantiers.
Parallèlement à ces travaux, Vincent participe au récolement de la gypsothèque et de la glyptothèque du dépôt lapidaire. Il confectionne aussi les réductions des statues de la cathédrale, qui servent de modèle aux moulages de sculptures en vente dans la boutique de la Fondation.
Vincent a terminé depuis peu, la copie-conforme d'un des musiciens du grand gâble et commence l'ornementation des balustrades de la fin du XVe siècle, de style gothique flamboyant (bras sud du transept). Il rédige également le contexte historique, artistique et esthétique du dossier préalable à la conservation-restauration de la statue d'Erwin. Vincent a par ailleurs publié en 2014, dans le Bulletin des amis de la cathédrale, un article concernant cette sculpture. Depuis quelques années, il participe tout naturellement aux recherches historiques commandées par l'Architecte en Chef des Monuments Historiques, concernant les sculptures de la cathédrale, et plus particulièrement celles du XIXe siècle comme l'an passé avec la statue de saint Arbogast.
En effet, Vincent est un spécialiste de la sculpture du XIXe, son mémoire de Master 2 en Histoire de l'art (Université de Strasbourg) porte sur cette période : Philippe Grass, créations et restitutions des statues de la cathédrale de Strasbourg, de 1835 à 1876 : ou le temps des cathédrales idéalisées. Cependant, « ne pouvant traiter un sujet aussi vaste dans mon mémoire, je suis à présent en deuxième année de doctorat en Histoire de l'art, à l'Université de Strasbourg et ma thèse porte sur : Les sculptures du XIXe siècle de la cathédrale de Strasbourg, réalisées par Jean-Étienne Malade, Jean Vallastre, Philippe Grass et Louis Stienne, sous la direction de Marc Carel Schurr et Christine Peltre ».

La soif d'apprendre

Pour compléter et diversifier sa formation de sculpteur, Vincent participe deux fois (en 2002 et 2003) au chantier de reconstruction par anastylose du temple de Létô en Turquie, édifice en calcaire marbrier. Le projet est dirigé par les architectes Didier Laroche et Jean-François Bernard.
Il travaillera également pendant deux mois (en 2004) en Grèce sur l'île de Tinos dans les Cyclades auprès du sculpteur Petros Dellatolas et renoue ainsi avec les origines grecques de sa mère.
Vincent éprouve par ailleurs, le besoin d'enrichir ses connaissances pratiques par la théorie, il suivra des cours du soir à l'Université Populaire Européenne en histoire de l'art médiévale, philosophie de Saint Thomas d'Aquin, archéologie classique (le monde égéen) et de grec moderne. 

Le massif occidental, un livre ouvert sur la spiritualité

Si Vincent doit avoir un lieu préféré sur la cathédrale, c'est peut-être le massif occidental « c'est un prodige de verticalité et d'élévation, avant même le couronnement de la haute tour qui se termine par cette flèche unique. Avec sa beauté, sa dynamique architecturale et le message fourni par les innombrables images qui y figurent, il invite pleinement l'âme humaine à s'élever vers les cieux. L'observer, le comprendre et le suivre oriente vers une forme d'ascèse, de catharsis et de sagesse, dans un but eschatologique. On y trouve, en somme, un sens et une fonction purement anagogique. »

Passions et loisirs

Bibliophile, il aime lire et voyager. En plus de l'Histoire de l'art, de la philosophie de l'art, et de l'esthétique, c'est l'histoire et l'histoire des civilisations qui le passionne le plus, surtout celle de la Grèce, toutes périodes confondues. Il porte aussi un grand intérêt pour le Romantisme et les sociétés secrètes des XVIIIe et XIXe siècles, ainsi que pour la science de l'esprit.

Les mots de la fin, de l'éthique à la majesté des sculptures du XIXe siècle

Je souhaite que la Fondation préserve son essence, son héritage. Elle possède des ressources aussi bien intellectuelles, qu'humaines ou matérielles qui doivent continuer à se nourrir mutuellement et ce, pour préserver la cathédrale dans les meilleures conditions.
Par ailleurs, j'aimerais développer les recherches sur la sculpture (historique et esthétique) afin d'étoffer les Études préalables, pour être le plus pertinent sur les choix à prendre et les interventions à mener en sculpture, en restauration et en conservation. Cela se pratique pour la partie architecturale de la cathédrale, mais demande à mon sens à être plus largement développé pour la sculpture.

Je me suis donné comme dessein, au travers de mes études et de mes actions à la Fondation, de faire connaître et reconnaître la valeur des sculpteurs du XIXe siècle et de leurs œuvres. Cette période est peu connue sur la cathédrale, voire peu respectée par rapport aux sculptures du Moyen Âge par exemple.

Publication 2016