Enquête France 2 Des documents soulignent la proximité de la Russie avec Philippe Olivier, haut cadre du RN et beau-frère de Marine Le Pen

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avec "Complément d'enquête" - franceinfo
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Philippe Olivier lors d'un meeting pendant la campagne pour les élections législatives à Calais (Pas-de-Calais), le 8 juin 2017. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

La fondation Dossier Center, qui enquête sur les activités du Kremlin, a fourni au magazine "Complément d'enquête" de France 2 des éléments suggérant l'implication de l'eurodéputé RN Philippe Olivier dans un projet d'alliance des extrêmes droites européennes, ce qu'il nie fermement.

A quoi joue le Rassemblement national avec la Russie ? Lors de la dernière campagne pour l'élection présidentielle, au printemps 2022, Marine Le Pen a été régulièrement critiquée pour sa position ambiguë vis-à-vis de Moscou. Mais l'ancienne candidate du parti n'est pas la seule au sein de sa formation à être accusée d'avoir une proximité avec des instances russes. Dans un sujet qui doit être diffusé jeudi 27 octobre sur France 2, le magazine "Complément d'enquête" révèle que Philippe Olivier, l'un des plus hauts cadres du RN et beau-frère de Marine Le Pen, entretient des liens avec la Russie.

Le mari de Marie-Caroline Le Pen s'est notamment rendu en Crimée en juillet 2020. "On me dit que la Crimée est un pays occupé… Qu'est-ce que je fais ? J'y vais. Je vais voir. Et je vois un pays qui n'est pas du tout occupé, déclare-t-il au magazine de France 2. Il y a moins de policiers, moins de militaires en Crimée qu'il n'y en a à Paris. La population est parfaitement russe, complètement russe." Et de faire valoir : "Il y a eu un référendum et moi je crois aux référendums." Sauf que ces référendums, menés en 2014, avaient été jugés "illégaux" par la France, l'Union européenne et les Etats-Unis.

Un projet d'alliance des extrêmes droites européennes

"Complément d'enquête" a reçu des documents troublants de la part de Dossier Center, une fondation présentée par le Parlement européen comme un "projet d'investigation qui vise à mettre au jour les activités criminelles de diverses personnes associées au Kremlin". Les documents transmis font état d'un projet confidentiel, baptisé "AltIntern", mené par l'oligarque russe Konstantin Malofeïev, qui milite pour une Europe nationaliste et chrétienne. Son but : mettre en place une alliance des extrême droites européennes. Dans ces documents, le nom de Philippe Olivier est cité deux fois. Son ascension au sein du parti est saluée. "Florian Philippot, conseiller ouvertement homosexuel, a été remplacé par le plus traditionnel Philippe Olivier, mari de la sœur de Marine Le Pen, qui participe à notre alliance", est-il notamment écrit dans une note.

Philippe Olivier et Konstantin Malofeïev se sont rencontrés en juillet 2018, comme l'atteste un e-mail consulté par "Complément d'enquête". Dans le courriel rédigé à l'attention d'un certain Mikhail, l'eurodéputé remercie l'oligarque pour son hospitalité alors qu'il rentre de Moscou, où il a assisté avec sa femme à la finale de la Coupe du monde de football.

"Mon cher Mikhail, je voulais vous dire combien Caro et moi avons été honorés et touchés par votre accueil et votre gentillesse", écrit Philippe Olivier. "Les belles rencontres que nous avons pu faire grâce à vous seront d'une utilité décisive pour les prochaines élections européennes. Nous allons maintenant travailler de notre côté à leur donner tous les développements dont la cause a besoin", ajoute-t-il. Il demande au destinataire de transmettre à Konstantin "le témoignage de [leur] gratitude pour ces moments si amicaux, si utiles et, s'agissant d'une finale de Coupe du monde que la France a gagnée, inoubliables". Et de conclure avec cette formule : "Très fidèlement."

Dans une note sur le projet "AltIntern", rédigée en 2021, faisant le point sur la mise en place de l'alliance, retardée à cause de la pandémie de Covid-19, il est écrit que les valeurs à promouvoir sont "la chrétienté comme fondement de la vie" et le mariage présenté comme "l'union d'un homme et d'une femme". Mais la priorité de l'alliance est "un travail systématique d'opposition contre la politique de sanctions de Bruxelles, tout en gardant un très haut niveau de confidentialité en raison de l'opposition de plus en plus forte des services de sécurité occidentaux contre l'influence russe".

"Cela ne m'intéresse pas"

Contacté par "Complément d'enquête", Philippe Olivier assure ne pas avoir lu cette note et ne pas être informé du rôle politique que veut lui faire jouer Konstantin Malofeïev. "Je m'en fiche, en fait. Cela ne m'intéresse pas, répond-il. C'était un voyage privé, à l'invitation d'un ami français et on rencontrait un certain nombre de gens dont cette personne [Konstantin Malofeïev]. Point barre. Voilà, c'est tout", balaye l'eurodéputé. "Vous me parlez de l'association [l'alliance], je ne sais même pas de quoi il s'agit". 

"Je n'adhère à aucun projet de cet ordre-là. Je n'ai rien signé, je n'ai rien vu, je n'ai rien fait de politique."

Philippe Olivier, eurodéputé RN

à "Complément d'enquête"

Si Philippe Olivier nie toute implication dans le projet "AltIntern", Dossier Center pense que l'alliance est toujours d'actualité. "Nous pensons qu'ils continuent de chercher des alliés à l'intérieur de l'Europe parce qu'avec toutes ces sanctions et la guerre en Ukraine, ils ont besoin de soutiens depuis l'intérieur de la part de personnes établies en Europe et en France", avance la fondation auprès de "Complément d'enquête".

Retrouvez l'enquête complète sur l'influence de la Russie dans la politique française dans l'émission "Complément d'enquête" sur France 2, jeudi 27 octobre.

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