Écomusée d’alsace « Donneurs de perspectives »

Qui a dit que l’Écomusée d’Alsace flirtait seulement avec la nostalgie ? Certainement pas son directeur, Eric Jacob, qui voit cette structure comme un laboratoire de modernité en termes d’architecture et d’habitat, notamment grâce au projet « Habiter le XXIe  siècle en Alsace », lancé en 2013. En l’occurrence, le directeur se réjouit, malgré une fréquentation moindre qu’en 2016 « mais toujours bonne »  : 2017 est « presque une grande année par ses nouveautés structurantes pour le site. »

Première réalisation importante en 2017 : la création d’un cinquième atelier d’artisanat, après la forge, la poterie, la charronnerie et le vitrail : une sellerie animée depuis le mois de mars par la sellière Sarah Rigal. Pour la première fois à l’Écomusée, un bâtiment - le plus dégradé du site - a été restauré par l’architecte colmarienne Isabelle Mallet, non à l’identique, mais dans un esprit contemporain. Ici, place à la lumière avec deux façades vitrées.

Mieux construire demain

« On veut dire que même si on a une maison alsacienne en mauvais état, celle-ci peut trouver un sens aujourd’hui. » Le message est d’importance pour Eric Jacob, car il apporte une réponse à un paradoxe né de deux constats : « Selon Alsace destination tourisme (ADT), les touristes disent apprécier le côté pittoresque de l’Alsace et ses maisons à colombages. Pourtant, l’Association de sauvegarde de la maison alsacienne déplore qu’il se détruise actuellement une maison alsacienne par jour. »

L’Écomusée réfléchit sur la nature de l’identité alsacienne à mettre en avant pour demain. « Pour donner un avenir à ce patrimoine, il faut lui trouver un autre usage que l’habitat. » Le directeur suppose notamment que pourraient s’implanter des activités tertiaires dans certaines bâtisses traditionnelles. « Il ne faut pas rester dans la préservation du patrimoine, mais se demander si cela peut encore servir pour mieux construire demain. » Sur ce sujet, l’Écomusée poursuit sa collaboration avec deux collectifs d’architectes strasbourgeois, Formarev et ETC. Ce dernier a réutilisé le colombage d’une ancienne maison pour en faire un belvédère.

Des chantiers participatifs

Autre satisfaction en 2017 : le lancement du premier Bàuistella, festival d’expérimentation constructive. Dans le prolongement de ce qui est fait aujourd’hui du patrimoine existant, le festival s’interroge sur la nature du patrimoine à livrer aux générations futures. Quels sont le sens des constructions contemporaines, leur réponse aux défis écologiques…? Lors de chantiers participatifs sur le thème Montable-démontable, ont été ainsi construits une semencerie, un abri de jardin polymorphe et une aire de pique-nique-lecture. « Nous sommes des donneurs de perspectives » , conclut Eric Jacob de ce bilan 2017.

En 2017 aussi, les deux manèges historiques - modèles Peugeot et Disney des années 1950 - ont été restaurés et tournent désormais. Côté animations, celles des week-ends traditionnels (Pâques, Pentecôte, Ascension) rassemblent toujours les foules, selon le directeur, pour qui la bonne surprise en terme de fréquentation est venue d’une animation lancée en 2017 : la fête de la gastronomie, fin septembre. Qui en aurait douté ?