Une étude démontre que les internautes ne sont pas plus agressifs lorsqu’ils sont anonymes

Des chercheurs de l’université de Zurich ont analysé pendant trois ans les commentaires d’une plateforme de pétitions : recourir à sa véritable identité plutôt qu’à l’anonymat sur Internet ne diminue pas l’agressivité.

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Publié le 29 juillet 2016 à 13h19, modifié le 29 juillet 2016 à 13h19

Temps de Lecture 2 min.

Les « trolls », ces internautes qui aiment provoquer des polémiques sur les réseaux sociaux et autres espaces ouverts aux commentaires, généralement sous le couvert de l’anonymat, seraient-ils plus déchaînés encore lorsqu’ils agissent à visage découvert ? C’est la conclusion d’une étude publiée par deux sociologues de l’université de Zurich, Lea Staher et Katja Rost, et l’économiste Bruno S. Frey, dans la revue PLoS One :

« C’est l’une des idées reçues les plus répandues dans les recherches sur le harcèlement : l’anonymat [...] favoriserait l’agressivité à travers une réduction de différentes inhibitions. [...] Nous démontrons pourtant dans cette étude que cette affirmation n’est pas forcément véridique puisque l’effet inverse peut se produire : les utilisateurs auraient plus d’intérêt à afficher leur identité lorsqu’ils se montrent agressifs sur les réseaux sociaux. »

Cette recherche, basée sur l’étude de plus de 532 000 commentaires de pétitions numériques publiés entre 2010 et 2013 sur la plateforme sociale allemande « openpetition », affirme ainsi que les messages injurieux ou de harcèlement – comme ceux dont a été victime Leslie Jones, l’actrice de SOS Fantômes – se révèlent bien plus efficaces si ses propagateurs affichent leur identité, puisqu’un utilisateur anonyme, qui s’expose moins aux risques de sanction concrète, aura tendance à être considéré comme moins « crédible ». Son avis influencera donc moins les lecteurs que celui d’un commentateur non masqué qui gagne à l’inverse en « légitimité » dans l’affirmation de son point de vue, aussi agressif soit-il.

Seulement 29,2 % des commentateurs concernés choisissent l’anonymat

Les chercheurs, qui soulignent que seuls 29,2 % des utilisateurs de la plateforme analysée choisissent de rester anonymes avant de publier leur commentaire, citent en exemple quelques-uns des commentaires les plus agressifs publiés à visage découvert : « Des thèses débiles, fausses, inhumaines et dégradantes, racistes, diffamatoires et moches comme celle de Sarrazin [un ancien homme politique allemand] n’ont pas leur place dans notre monde [...] Sarrazin n’a rien à faire au Parti social-démocrate allemand et devrait plutôt tenter sa chance avec les nazis. »

L’étude relève enfin que « le plus gros taux d’agression non anonymisé concerne les pétitions liées à des débats controversés, à des scandales médiatiques et lorsque les individus sont animés d’un impératif de justice. » Interrogée par le site Quartz, la chercheuse Lea Stahel souligne la conclusion principale de l’étude : « Nos résultats ne vont pas dans le sens de la théorie selon laquelle l’interdiction de l’anonymat en ligne rendrait Internet meilleur. »

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