Violences policières contre les journalistes en France : le bilan “glaçant” de RSF

D’après les données publiées par l’ONG, les reporters qui ont couvert la mobilisation sociale ces trois derniers mois ont subi presque autant de violences qu’au cours des deux dernières années.

La photographe Anna Margueritat, de l’agence Hans Lucas (à gauche), a été braquée à hauteur du visage par un CRS avec son lanceur de balles de défense, le 15 avril, à Rennes.

La photographe Anna Margueritat, de l’agence Hans Lucas (à gauche), a été braquée à hauteur du visage par un CRS avec son lanceur de balles de défense, le 15 avril, à Rennes. Photo Justin PICAUD/SIPA

Par Richard Sénéjoux

Publié le 16 mai 2023 à 14h27

Cest une triste et alarmante statistique que révèle Reporters sans frontières (RSF) : depuis mars 2023, les journalistes qui couvrent la mobilisation sociale ont subi presque autant de violences policières – quinze – qu’en 2021 et 2022 – seize. Si la plupart de ces agressions physiques ont été commises lors de manifestations contre la réforme des retraites, plusieurs incidents ont aussi été signalés lors du regroupement contre les méga-bassines à Sainte-Soline, le 25 mars, et les rassemblements du 1er mai. Des violences qui ont fait plusieurs blessés parmi les représentants des médias. L’un des cas les plus graves est celui du journaliste indépendant Paul Boyer, qui a eu les os d’une main broyés et un traumatisme crânien à la suite d’une intervention des Brav-M lors d’une manifestation parisienne le 23 mars, alors qu’il était parfaitement identifié « Presse ».

Le 1er mai, Rémy Buisine, de Brut, lui aussi clairement identifiable, a été matraqué puis a reçu un coup de pied alors qu’il se trouvait à terre après avoir été heurté par un bouclier. Ce même jour, le photojournaliste Marc Chaumeil a également été frappé et jeté à terre, et son matériel en partie détruit. Des faits qui avaient été dénoncés dans une tribune publiée le 10 mai par une trentaine de sociétés de journalistes (dont celle de Télérama).

En plus d’être agressés physiquement, de nombreux reporters ont été intimidés, insultés et entravés par des membres des forces de l’ordre, parfois dans le but de les dissuader de faire leur travail. À l’image de la photographe Anna Margueritat, de l’agence Hans Lucas, qui a été braquée à hauteur du visage par un CRS avec son lanceur de balles de défense (LBD) le 15 avril à Rennes.

Les interpellations arbitraires se sont aussi multipliées. « Le bilan de ces deux derniers mois est glaçant. Nous exhortons le ministre de l’Intérieur à faire un nouveau rappel officiel et solennel aux forces de l’ordre de leur obligation de protéger les journalistes et leurs droits, conformément aux dispositions prévues par le Schéma national de maintien de l’ordre (SNMO), déclare Pavol Szalai, responsable du bureau UE-Balkans de RSF. Nous demandons aussi aux autorités administratives et judiciaires de poursuivre les auteurs des violences policières et de ne pas laisser des atteintes manifestes au droit d’informer impunies. » Allô, Gérald Darmanin ?

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