Pour commencer cette interview, Suzanne Angly, êtes-vous une vraie Alsacienne ?
« Oui ! Je suis née à Mulhouse, en février 1951. Mon père était de Dolleren et ma mère du secteur de Sainte-Marie-aux-Mines. Je suis la petite dernière de la famille car je suis la seule enfant issue de l'union de mes parents. Ma mère avait 42 ans à ma naissance et mon père 55 ans. C'était son troisième mariage. J'ai passé toute ma jeunesse à Mulhouse.Comment étiez-vous, enfant ?
Je n'ai jamais aimé l'école. J'ai eu mon certificat d'études et c'est tout. Par contre, j'adorais la danse classique et j'étais lieutenant de la compagnie de majorettes de Mulhouse. Et j'étais une enfant très timide...
Paradoxalement, votre timidité est à l'origine de votre premier titre...
Mes parents et ma s½ur m'ont inscrite à l'élection de Miss Alsace pour me donner confiance en moi. Ils voulaient que j'apprenne à me mettre en avant... Nous étions 60 candidates et 25 après les présélections. C'était en octobre, dans ma ville de Mulhouse. Et j'ai été élue, alors que je ne m'y attendais pas du tout !
Un tournant dans votre vie ?
Évidemment ! Après cette élection, la grande aventure a commencé. Mon premier voyage — car à l'époque, ce n'était pas comme maintenant, on ne bougeait pas aussi facilement... — a été pour aller à Paris. J'avais été invitée pour la création d'un jumelage entre l'Alsace et le 9 e arrondissement. C'est la première fois que je prenais l'avion... Et évidemment mon premier séjour à Paris !
Et ensuite, l'élection de Miss France...
À Bordeaux, le 31 décembre 1968. Je n'avais même pas 18 ans et j'y étais allée seule. Heureusement, Geneviève de Fontenay et son mari étaient là. Elle n'avait que 38 ans à l'époque, mais c'était déjà quelqu'un. À la fois ferme et «maternante». Une femme bien, vraiment.
Et comment s'est passée cette élection ?
L'ambiance était relativement bonne entre les filles. Sauf à la fin, lorsqu'on a toutes compris que j'allais gagner.
Vous vous y attendiez ?
Non, j'étais en larmes. Miss France 1968 m'a couronnée avec sa propre couronne. Et puis, ce n'était pas comme maintenant. Il n'y avait pas de podium, par exemple. C'était des caisses à vin. Et lorsque je suis montée sur la mienne, je tremblais tellement que le couvercle a cédé. On a bien rigolé.
Et après ? Les séances photos, la mise en avant...
Grâce à la danse classique, j'avais déjà une aisance naturelle. Par contre, poser, je n'avais jamais fait. J'ai vite appris, comme le reste.
C'est-à-dire ? Que doit vite apprendre une miss ?
On dit que le silence est d'or... J'ai adopté cette maxime durant les premières semaines. Ce n'est pas évident de se retrouver avec des ministres ou des personnalités connues. Pendant un an, on enchaîne banquets, réceptions, défilés de mode... Avec de belles rencontres, comme Johnny, Sacha Distel ou Isabelle Aubry, Omar Sharif. Des stars à l'époque. Cette année de Miss France a été riche.
Vous n'avez jamais eu peur ?
Bien sûr ! Au début, je me demandais bien comment j'allais m'en sortir. Et puis, j'ai appris. C'est un grand plongeon ! Je n'avais jamais côtoyé de gens importants avant. Il faut apprendre à être à l'aise et à avoir de la conversation.
Quel est le plus difficile ?
D'être toujours sur son 31. Toujours bien coiffée, bien maquillée, bien habillée... Et on faisait tout seule. On ne nous donnait rien, on devait tout acheter et faire par soi-même.
Avez-vous reçu des propositions intéressantes ?
On m'a proposé de faire du cinéma mais je n'ai pas donné suite. J'étais trop timide, ça me faisait peur.
Vous avez certainement vécu de beaux moments durant cette année de règne...
Oui, comme l'élection de Miss monde à Londres, en 1969. J'ai terminé 10 e sur 50, même si j'ai bien failli ne pas y aller...
Pourquoi ?
J'avais pris du poids... J'ai toujours eu un bon coup de fourchette. Geneviève me faisait la guerre et elle m'a menacée de ne pas m'envoyer à Londres. Je la comprends, je ne rentrais plus dans mes robes... J'ai fait un régime très sévère et j'ai perdu du poids. Et j'ai pu aller à l'élection !
Et après cette année de miss, vous avez eu des propositions ?
On m'avait promis un poste d'hôtesse d'accueil à la maison d'Alsace à Paris... Mais ils ont dû oublier de m'appeler... Je suis revenue à Mulhouse sans travail.
Après une année durant laquelle vous avez été très sollicitée, plus rien. Le choc doit être rude...
J'ai la chance de m'adapter facilement. Et puis, je savais que ça ne durait qu'un an. Quand cette année s'est terminée, je suis revenue chez mes parents. À l'époque, on ne gagnait pas tellement d'argent en tant que miss...
Qu'avez-vous fait ?
Grâce au coup de pouce d'un ami, j'ai travaillé dans l'immobilier. Et puis je suis devenue mannequin en Allemagne. Surtout pour de la lingerie. J'y suis restée huit ans.
Plus de lien avec les miss ?
Si, en 1972, Geneviève m'a envoyé à l'élection de Miss internationale au Japon. Elle ne voulait pas de la miss de cette année-là... J'ai fini 8 e sur 45. Encore une belle aventure. Et puis, toujours grâce à Geneviève, je suis allée promouvoir le Beaujolais à New York pendant dix jours.
Et ensuite ? Vous avez changé de voie...
J'ai choisi de fonder une famille. Ma fille Julie est née en 1984 à Mulhouse. J'ai divorcé et je me suis remariée en 1992, année où est né mon fils Nicolas. J'avais 42 ans, l'âge auquel ma mère m'a eue...
Vous avez choisi d'élever vos enfants ?
Oui. Je voulais me poser. On a emménagé à Bernwiller à la naissance de Nicolas.
Et vous avez rejoint le comité Miss France en 2000.
Quand les enfants ont grandi, j'avais plus de temps. Je participe donc régulièrement aux élections locales. J'étais d'ailleurs dans le jury en 2002 à Mulhouse, lors de l'élection de Sylvie Tellier.
Il y a eu scission au sein des miss. Quel « camp » avez-vous choisi ?
Comme la plupart des anciennes, celui de Geneviève. Nous lui restons fidèles. Geneviève a du charisme et elle est très populaire. Quand on la connaît, on sait aussi qu'elle a un bon fond. Quand elle est ferme, c'est qu'elle a ses raisons. Nous avons passé beaucoup de moments forts avec elle, à une période où il n'y avait pas autant d'argent. Nous avons connu son mari, aussi. Tout était différent de maintenant. Ce que dénonce Geneviève, la course à l'argent d'Endemol, on le constate aussi. Lorsque j'ai été élue, j'ai gagné un jambon de Bayonne et un magnum de vin de Bordeaux ! Bien sûr que le monde a changé, il n'empêche...
Vous pensez que l'élection de Miss nationale de Geneviève de Fontenay pourra se renouveler ?
Tant que Geneviève pourra s'en occuper, je crois, oui. Après, j'imagine que tout s'écroulera. Je ne vois pas qui pourrait avoir les épaules de prendre la suite de Geneviève... Il restera l'élection d'Endemol et donc Miss France. Ce n'est pas pareil, c'est tout. J'étais à Paris pour l'élection de Miss nationale, pour soutenir Geneviève et c'était très chaleureux. Il n'y avait pas tout le tralala... Et en plus, je trouve que notre miss est plus jolie que l'autre...
Vous avez été miss il y a 42 ans maintenant. Vous reconnaît-on encore dans la rue ?
Dans le village, oui. De temps à autre, des anciens. Il y a eu une période où on me prenait pour Carole Bouquet !
Vos enfants sont-ils intéressés par le monde des miss ?
Oui, ils aiment bien aller aux élections avec moi. Ma fille est d'ailleurs très belle mais au grand dam de Geneviève, elle n'a jamais pu se présenter... Il lui manque deux centimètres pour atteindre la taille réglementaire !
Si des jeunes filles vous demandent conseil, que leur dites-vous ?
De rester simple et naturel, c'est le plus important. Ne jamais avoir la grosse tête et garder les pieds sur terre.
Et avoir 60 ans, c'est un cap difficile ?
Le « 6 » me dérange. Mais comme je ne ressens pas trop encore les effets de l'âge (juste des migraines et de l'arthrose...), ça va. Je me dis juste que c'est fou comme le temps passe vite. J'ai été miss il y a 42 ans et j'ai l'impression que c'était hier... »
SUZANNE ANGLY est née le 19 février 1951 à Mulhouse.Elle a été élue Miss Alsace en octobre 1968 à Mulhouse. Puis Miss France 1969 dans la nuit du 31 décembre 1968 au 1 er janvier 1969, à Bordeaux.
Après son année de règne, Suzanne Angly a travaillé dans l'immobilier avant d'être mannequin durant huit ans en Allemagne. Elle s'est ensuite consacrée à sa famille.
Suzanne est la maman de Julie, née en 1984 d'une première union, et de Nicolas, né en 1992. La famille est installée à Bernwiller depuis seize ans.
source : l'alsace.fr
Visitor, Posted on Saturday, 07 March 2015 at 11:49 AM
Nous portons le même nom, ma mère s'appelle Suzanne ANGLY, et à l'époque de l'élection de Suzanne ANGLY, nous avons eu certains courriers qui arrivaient rue d'Illzach... chez nous ! Maintenant j'habite le village voisin, mais nous ne nous connaissons pas. Parfois on me demande si je suis de la famille de l'ancienne miss France... Non, cette jolie dame d'est pas présente dans notre arbre généalogique, sans doute une autre très très lointaine branche...