uzeste.org • site web d'expression poïélitique de la Compagnie Lubat de Gasconha


 uzeste musical visage village des arts à l'œuvre

 

Quelques repères :

Livres :

Les soleils de Bernard Lubat par Christian Laborde (éditions Eche, 1987)
Bernard Lubat - La musique n’est pas une marchandise entretiens avec Guy Caunègre (éditions Golias, 2001)

Films :

Lubat musique père et fils de Richard Copans (Les films d’ici, 1989)
Uzeste, Lubat et Cie de Patrice Rollet, 1996 (Lo Productions / C9 Télévision)
Jazz collection : Bernard Lubat de Eric Pittard, 1996 (Ex-Nihilo / La Sept Arte)
Uzeste Manifeste de Thierry Bordes, 1995 (FilmO)
Bernard Lubat – Vive l’Amusique ! de Michel Mompontet, Pascal Convert, Fabien Béziat (Lubat Jazzcogne Productions, 2005)

Discographie :

Scatrap Jazzcogne Compagnie Lubat de Gasconha, 1994 (Labeluz – harmonia mundi)
Conversatoire – Piano Lubat Solo 1999 (Labeluz – harmonia mundi)
Poïésiques – Bernard Manciet / Bernard Lubat 2001 (Labeluz – harmonia mundi)
Bernard Lubat – Vive l’Amusique ! CD+DVD, 2005 (Labeluz – harmonia mundi)
Improvista : Michel Portal / Bernard Lubat de Pascal Convert, DVD (Labeluz – harmonia mundi)
Bernard Lubat – chansons enjazzées CD à paraître (avril 2008)

Internet :

www.uzeste.org le site web d’expression poïélitique de la Compagnie Lubat de Gasconha

Bernard Lubat

Voilà des années que Bernard Lubat "malpoly-instrumentiste", formidable batteur, pianiste, accordéoniste, bruitiste, agitateur politique et poétique hors catégorie, élabore une œuvre musicale unique, à la fois profondément pensée et concertée, mais aussi comme bricolée en un permanent va-et-vient entre la musique, ses exigences et ses contraintes et la vie dans ses flux et ses hasards.
Lubat dessine un univers enchanté, mais matérialiste. Il propage une extraordinaire énergie. C'est un agitateur et c'est un musicien considérable. Il est viscéralement polémique et il est hanté par des ombres innombrables, celles de Thelonious Monk et de Luciano Berio, de Kenny Clarke (qui lui enseigna ses vrais grands secrets), de Bach et Schönberg.
"Ma vie entière, j'ai joué avec des racines, celles du bop, celles du blues, celles de la musique noire…". Certes, mais l'autre référence du musicien Lubat, c'est la musique dite savante, mieux encore celle, contemporaine, qui bouleverse le confort des années 60 : "Je me sens dans une conjonction coupable et égalitaire entre ces deux mondes. Ce n'est pas l'un contre l'autre, c'est l'un dans l'autre…".
« Chaque fois que je joue, maintenant, il y a tous ces fantômes, ils sont là dans la pièce, ils boivent des coups, ils m'écoutent un peu, ils rigolent. C'est ma façon de vivre avec eux parce que tout ce qu'ils m'ont donné est toujours extrêmement vivant en moi". Autre enracinement, celui qui a donné naissance, il y a vingt-cinq ans, avec ses amis de la Compagnie Lubat, au festival d'Uzeste. Le paisible village gascon est devenu aujourd'hui un impressionnant laboratoire esthétique et politique : nombreux concerts toute l'année, ateliers, stages "trans-artistiques".

Sur l'aventure d'Uzeste, Bernard Lubat s'explique :
"C'était en 1978. Pendant dix ans, j'avais fait le requin de studio, à enregistrer tout et n'importe quoi, du matin au soir, des nuits entières, l'overdose… Alors Uzeste m'a rappelé à mes affaires. Là, j'ai tout recommencé : toutes les étapes de la révolution jazzistique, tous les bouleversements de la musique contemporaine. J'ai décidé de les refaire à ma façon, de les réinventer, de les retraverser".
Bien entendu, Uzeste doit aussi se comprendre comme une histoire collective qui n'aurait pas eu lieu sans Michel Portal, Claude Nougaro, Louis Sclavis, André Minvielle, Laure Duthilleul, Marc Perrone, Archie Shepp, les poètes Bernard Manciet, Edouard Glissant, le dramaturge André Benedetto, les plasticiens Ernest Pignon-Ernest, Pascal Convert, la danseuse Régine Chopinot et beaucoup d'autres…

A Uzeste, Bernard Lubat réussit à ne pas dissocier sa vie d'artiste et son idéal de citoyen : "Etre citoyen, c'est travailler son pays, ne pas faire qu'en parler, y habiter et le transformer avec d'autres. Je suis entièrement d'accord d'être citoyen du monde, mais je n'embrasse pas tant… Pourquoi un jour un village ne pourrait-il pas avoir la prétention, par sa pertinence, par son insistance, son engagement, son implication, ses résonances esthétiques, sa durée, d'avoir la parole qui porte au-delà de ses petites limites ?".

Bernard Lubat invente, toujours sur le fil, une musique d'une délicatesse infinie. Au-delà de la technique, au-delà de l'exhibition d'un savoir universel, au-delà des styles établis et repérés, il donne une musique de plain-pied dans la poésie.

Compléments biographiques :

Pas évident de raconter la vie et l’œuvre de Bernard Lubat, tant cet artiste protéiforme, prolixe, prolifique, à la verve gasconne et à la faconde enivrante, "synthèse vivante de Lacan et Coluche, formidable batteur, moissonneur, pianiste, accordéoniste, bruitiste, improète, prophète sans pays, agitateur depuis avant" (cf. Francis Marmande dans "Le Monde" du 9/6/2002), est somme toute insaisissable. Il y faudrait sans doute inventer des mots, sonnants et trébuchants, quelque chose comme des lubatines ou des lubateries, pour restituer un peu de cette folie douce qui caractérise l’enfant d’Uzeste, devenu depuis "chercheur poético-scientifique de haut rang".
Avec son père, Alban, trompettiste amateur qu’il accompagne dès cinq ans dans les bals, il joue le plus souvent de l’accordéon, puis étudie le piano et à partir de 1957, il fréquente le Conservatoire de Bordeaux, où il découvre en même temps la batterie, le jazz et Milt Jackson. Beau programme ! D’un cours l’autre, il passe deux ans au Conservatoire de Paris d’où, il sort en 1963 avec un diplôme de percussion. Puis, en 1965, il est engagé dans le grand orchestre de Jef Gilson où il fait la connaissance de Michel Portal, Bernard Vitet, François Jeanneau, Jean-Louis Chautemps, Henri Texier…, qu'il retrouvera à divers moments de sa carrière. Il débute aussi dans les studios parisiens, où il accompagne les vedettes de la chanson. Il travaille comme vibraphoniste avec Jean-Luc Ponty et Martial Solal, comme batteur avec Stan Getz et Eddy Louiss. Il fait partie, en 1965, des célèbres "Double Six". Et, parallèlement, il travaille dans le domaine de la musique contemporaine avec Diégo Masson, joue Varese, Bartok, Xenakis, participe à la création de "Chemin 2", de Luciano Berio, à la Scala de Milan, ainsi qu'a l'enregistrement de "Laborintus". Avec Portal, Jean-François Jenny-Clark et Jean-Pierre Drouet, il se lance dans le free jazz. De 1969 à 1973, on l'entend également avec Eddy Louiss et René Thomas. En 1975, il forme un groupe avec André Ceccarelli, Marc Bertaux, Tony Bonfils. En 1977 naissent simultanément Uzeste Musical – festival dont il est le concepteur et l'animateur – et la "Compagnie Lubat", groupe au personnel modulable où l'on verra aller et venir certains des meilleurs musiciens français, et qui, en dehors de ses activités aux côtés du chanteur Claude Nougaro, de Portal ou Texier, constitue l'essentiel de son travail. On l'entend en 1985 avec Max Roach, Eddy Louiss, Manu Dibango, et Salif Keita à l'occasion d'un concert pour le leader sud-africain emprisonné Nelson Mandela. En 1986 se reconstitue ponctuellement le trio Lubat-Barre Phillips-Hervé Bourde.
Depuis notre batteur, pianiste, vibraphoniste, claviériste, bandonéoniste, accordéoniste, chanteur, compositeur, auteur, formateur et… comédien (excusez du peu !), que le malicieux Francis Marmande qualifiait de "compositeur improvisateur du début du XXIème siècle, génial multi instrumentiste et clown social", et qui fréquente aujourd’hui autant les claviers que la batterie, n’a pas arrêté, entre son "Festival d’Uzeste", quasi ombilical (il est né sur les lieux mêmes, l’Estaminet, où a lieu la manifestation !), suscitant les rencontres les plus inattendues (par exemple : Louis Sclavis et Archie Shepp) et sa Compagnie, privilégiant l’esprit de troupe – et une vraie culture populaire, mêlant poésie, musique, peinture… – à une carrière classique de soliste. Ce qui ne l’a pas empêché de revenir à ses premières amours en enregistrant pour Labeluz-Harmonia Mundi un disque de piano solo ("Conversatoires : Piano Lubat Solo"-1999), de poursuivre sa quête fusionnelle des genres ("Scatrap Jazzcogne"-1994) et tout récemment de publier avec Eddy Louis (orgue), Maurice Vander (piano) et Luigi Trussardi (contrebasse) un indispensable "Hommage à Claude" : l’album "Ô Toulouse" (Futur Acoustic). L’occasion aussi pour lui de révéler un poète gascon comme Bernard Manciet ("Poïésiques", 2001) ou un interprète comme André Minvielle, de créer avec Daniel Herrero un superbe spectacle autour du rugby ("L’opéra ovale"), de collaborer régulièrement avec sa compagne et comparse, la comédienne Laure Duthilleul, et d’engendrer toute une génération de disciples, occitans de préférence, à commencer par les chaleureux Fabulous Trobadors, tout en poursuivant sa… "musique pour les sous-préfectures". Mais laissons ici la parole à l’indispensable "Dictionnaire du jazz" de Philippe Carles, André Clergeat et Jean-Louis Comolli (Editions Robert Laffont- série Bouquins-1994), largement sollicité pour cette trop brève biographie, quand on pense à toutes les vies du personnage : "A la fois musicien d'expression et d'exécution, Bernard Lubat est un poly-instrumentiste doué, un fabuleux touche-à-tout capable des extrêmes : des séances de studio pour produire de la musique anonyme au kilomètre, qu'il peut délaisser pour un bal populaire animé seulement par son accordéon. A la batterie, il fait preuve d'une précision rythmique implacable et demande au soliste qu'il accompagne de donner le maximum de lui-même. C'est un batteur généraliste, aussi performant en petite formation qu'en big band, dans des musiques libres autant que dans des musiques à tempo. A l'aise dans tous les contextes musicaux, il est capable d'inventer des espaces autant que de jouer dans un espace contraint. Ses préférences, en rapport avec une personnalité extravertie, vont à l'expression théâtrale et à la musique mise en scène. Avec le Festival d'Uzeste, mais aussi toutes les activités et manifestations (musicales, poétique, polémiques…) qu'il suggère et fomente tout au long de l'année, il rapproche ses origines rurales et les fondements du jazz, imaginant la Gascogne comme le berceau fantasmagorique d'une voie française originale".

 Video  


 extracts from "Vive l'Amusique !"
 & "Improvista" (23'37")

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