Notre coeur tend vers Paris

Non, je tiens à te rassurer, il y a bien eu rassemblement et à l'heure où j'écris la foule passive et malléable se laisse canaliser par des barrières chétives et un service d'ordre plutôt âgé. Ils sont rassemblés pour la liberté du culte de la superstition, pour lancer leur obole hors-taxe au niveau de l'autel d'un temple célèbre du quartier, destination ultime de la queue des croyants à la chance, un temple que tu as dû connaître. Pour finir dans la veine ironique, on me signale que le journaliste du Tokyo Shimbun a transcrit de manière erronée le V de Voltaire comme le boulevard dans l'article de première page qui relate les manifestations du 11 janvier. Paris est la capitale d'un monde où l'Asie est loin malgré 12 heures de vol.

Non, plus sérieusement, mais sans gravité, cette émotion partagée, notre coeur qui se tend vers Paris, va faire se rompre des amarres, comme un séisme précédent, dans un mode et une ampleur différents certes, mais avec des conséquences individuelles et intimes à venir identiques qui vont se traduire par des départs, c'est-à-dire des retours en France. Les plus ancrés ne sont pas concernés même si les cordent grincent.

Proximité de par le verbe en information continue et distances réelles constituent une pilule amère, de ne pas y être, de ne pas pu y avoir été. La proximité peut aussi être tendue à vif, quand deux proches interfaces avec la mort connaissaient deux des victimes. C'est le niveau deux de l'expérience directe apprise au détour d'un message ou d'une allusion sur le grand rassemblement illusoire Facebook.

Il est aussi dans les multiples relations lues des points communs qui disent une histoire de perte, de nostalgie et d'envie d'une autre proximité en petits groupes, de la taille d'une rédaction par exemple, qui après la réunion va casser la croûte au bistrot habituel du coin. Ce sont dans ces relations que se lisent des histoires communes. Il y aurait bien plus à relater.

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Un week end gastronomique d’exception à Kôchi

Au départ de Tokyo le samedi 31 janvier, un week end d'exception de découverte gastronomique et de rencontres personelles avec des acteurs régionaux de Kôchi, à une heure et trente minutes de vol de Tokyo. Découverte des pomelos buntan dans un verger, restaurant gastronomique local le soir, le marché multicentenaire du dimanche, le food court de Kôchi, le château et quelques surprises intimes pour un maximum de cinq participants. Pour plus d'informations, visitez le site Nextaroma sur www.nextaroma.com

Un week end exceptionel à Kôchi.

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Yuzu Tour 2014 à Kôchi

La clôture des inscriptions approchent. Au dernier moment - fin octobre - c'est encore plus excitant. Les détails ici.

Yuzu Tour Kôchi

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A Wakkanai: Quelques notes d’un voyage au nord ultime

Wakkanai. Ce trébuchemment d'un double k désarçonna dès le début l'habitus prosodique au point de transformer la prononciation du nom de lieu en une barrière infranchissable. Aujourd'hui encore et malgré l'expérience d'y être allé, une certaine forme d'hésitation demeure dès lors qu'il s'agit d'évoquer par son nom l'ultime aéroport et ville à la pointe septentrionale du Japon. Les panneaux routiers y sont bilingues, y accommodant le russe illisible et reconnaissable à la fois. Des affiches exposants de jeunes blondes attirantes vous invitent à prendre un ferry pour une Russie proche et exotique. Les noms de lieux sont aussi majoritairement non-japonais et laissent pantois comme face à des mystères sans fond. Panke et Penke, non pas un duo comique de Vladivostok mais le nom de deux montagnes de faibles hauteurs adjacentes.

C'est un tapis vert de golf qui s'offre à la vue avant l'atterrissage. Ainsi donc tout, la langue comme les paysages se complaisent à répondre à l'attente moins d'un autre monde qu'une fin ultime territoriale. En été, le nombre de vols en provenance de Tokyo y est tout simplement doublé, passant d'un vol quotidien à deux.

On nous l'avait dit plus d'une fois, ce que les touristes viennent chercher ici dans cette étroite saison estivale où la température peut varier en quelques minutes de plus ou moins quinze degrés, c'est le rien, la perte de vue dénuée de la pollution publicitaire et marketing, des horizons sans fils électriques, des routes aux rares voitures dont la chaussée peut être nickel chrome, caractéristique commune des provinces sous-peuplées où couler le béton et le goudron est au fil des programmes récurrents de soutien aux régions en déperrissement la seule alternative sans issue. Le même béton se déploie par endroits en des aires de refuges automobiles dont les murs épais évoquent les blizzards d'un hiver sous la neige qui dure six mois au moins. Et quand la chaussée est cabossée, la cause n'en est que les rigueurs hivernales.

Fenêtre étroite d'à peine six mois donc où tout se précipite, la course à la montre d'une production essentiellement de légumes aux chairs fermes qui durent, les vaches des nombreuses laiteries qui paissent goulues dans les prés sans fin, les insectes qui copulent dans une frénésie où le printemps et l'hiver font cause commune. L'autre moitié de l'année, l'activité économique se réduit aux chasses-neige et à la trait des vaches confinées dans les étables chauffées.

La nuit, le concert de la nature est assourdissant et effrayant tant il n'y a rien d'autre à entendre que cela, au point que je quitte l’idée de dormir avec la nature en fond et ferme la fenêtre de la chambre de l'hôtel avec en tête des échos de Jurassic Parc. Le matin, c'est d'abord la surprise de deux murs, un olfactif - ça sent tous les degrés de la couleur verte - et sonore en une tonalité inconnue. Et quand je demande à la réception ce qu'est la nature de ce bruit, on me répond: quel bruit? Les cigales non seulement démarrent leur touintouin avec à peine vingt degrés en plein mai, mais leur cylindrée est telle que pour un habitué des frénésies ailées de ces insectes au court lendemain d'un Tokyo fin juillet, elles sonnent de façon méconnaissable plutôt dans les graves.

Quand à la ville identique à ailleurs dans sa laideur de banlieue aux enseignes nationales, ce sont des images feuilletées autrefois de vues d'Alaska qui s'affichent en calque réminiscent.

C'est pourtant là, dans l'abord glauque d'un restaurant bar usé qui sent le tabac et l'ennui que nous avons eu la chance de filmer, puis participer à une réunion locale sur un thème qui importe peu ici. La nourriture digne de convenience stores y était quelconque - saumons et crabes s'y vendent dans les faux marchés locaux, en fait haltes touristiques, aux mêmes prix affolants qu'à Tokyo. Les résidents affamés de rencontres avec d'autres qu'eux-mêmes durent patienter tout le long d'un débat où les opinions contradictoires abondaient, dénués des mièvreries vides de sens du théâtre des échanges dans la grande ville.

La Mama-san adorable à qui je tentais d'expliquer en vain qu'il ne m'était pas possible dans l'immédiat d'entrer dans le champ pour m'assoir sur les tatamis et partager la bière et les agapes eut cette réplique supplique lumineuse qu'il fallait manger et boire comme tout le monde, "parce que c'est ça la communication". Une fois la caméra rangée dans un coin, nous fûrent choyés et fêtés comme des voyageurs eux aussi venus d'un autre ailleurs qu’ici.

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Une partie de ce texte a été publiée dans le LABO.

Le Labo est une initiative de Julie Blanchin à Tokyo avec la participation de membres du réseau Freelance France Japon. A tirage limité et numérotés, entièrement fait main, le LABO a l'apparence d'un fanzine de lycée avec toute la maturité et le vécu en plus. Malgré le peu de pages et la longueur voulue courte des contributions, on y trouvera de la profondeur et de la poésie, dans un monde de brutes bien sûr. Le LABO est en vente pour un minimum de 500 yens l'exemplaire et il n'y en aura vraiment pas pour tout le monde.

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Chamberlain et Hearn

Une intuition, un détour dans une librairie de Jimbôchô, trésors de la langue anglaise, un volume de lettres de Basil Hall Chamberlain - japonologue de la première heure, profond érudi - à Lafcadio Hearn, apatride qui trouva, d'une certaine manière et avec des guillemets, sa nouvelle et finale patrie au Japon.

Il faut lire, mais je ne sais plus où, cette lettre que Chamberlain écrit à Hearn fraîchement arrivé où il l'intime de prendre notes de ses impressions premières avant que celles-ci ne s'évaporent dans l'habitus du quotidien. Hearn s'exécute et est immédiatement débordé par le visuel avant tout, les sonorités d'une certaine manière, mais l'olfactif y est totalement absent.

Mais l'intuition du jour concerne autre chose, une autre lettre, cette lettre datée du 4 août 1891 qui figure en dernière page de ce volume, lettre adressée à Hearn. Elle est remarquable en tout point, vraiment.

J'attends toujours une histoire de la vision occidentale du Japon alors que le nouveau japonisme marketisé du XXIe siècle est endémique.

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Yuzu Tour 2014 à Kôchi, Japon

C'est bon. Diffusez. Merci.

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6e anniversaire Freelance France Japon à Tokyo

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Un quelque chose de Konatsu

Agrumes du Japon. Beaucoup de bon.

Okinawa mix.

Buntan de Tosa. Très bien.

Amasun. Excellent.

Kampeï. Bourratif mais superbe.

Naoshichi sans pépin.

Uchimurasaki. Difficile d'accès.

Fleur de buntan.

Konatsu. Superbe.

Buntan Daruma de Sukumo. Très correct.

Iyokan. Certes.

Orange Ichigi. Alors là, oui.

Shonan Gold. Un quelque chose de Konatsu.

 

 

 

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Avec neige ou pas

L'attention de tous les jours.

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Faire un pas de côté

On m'aura donné gentiment l'accès à l'intégrale d'un ouvrage de Jean-Luc Azra "Les Japonais sont-ils différents ?", ce qui a permis de zapper dans cette longue liste sérieuse et très travaillée de fiches cuisines thématiques sur "eux et nous". L'usage intensif de termes japonais - comme si ceux-ci aidaient à la compréhension, idée que je réfute en bloc - des graphies japonaises comme éléments décoratifs à chaque entête en font un étrange vade-mecum qui plaira. Etrange sans doute et surtout pour qui est longtemps ici.

L'ouvrage évite  sans surprise de s'atteler à la question moins vendeuse, mais plus ardue et fondamentale de la problématique que pose la différence au delà de ses anecdotes, et celle de la vivre en étant ailleurs. Car c'est somme toute la seule problématique qui compte, et on sait que les fiches cuisines ne rendent pas cuisinier.

A la question du titre de ce livre, la réponse qui m'est venue immédiatement en tête est une autre question qu'il faut lire comme étant dénuée d'ironie, de courroux ou de provocation, venant d'un titre qui interpelle pour moi un sujet beaucoup plus vital:

"Les Japonais sont-ils différents ? "

Quel est le problème?

Car en fin de course, c'est la question de la différence, sa gestion, et de la vivre au quotidien qui est en jeu. Quand on atteint ce stade de besoin de trouver des réponses, un vade-mecum de ce type n'est d'aucune cure, et sa fonction éducative m'est suspecte, mais il existe un public majoritaire pour cela, c'est sûr, indéniable.

Les vidéos corollaires trouvées par hasard en ligne m'ont fait penser à une sorte de documentaire animalier où eux exclusivement sont tout l'objet d'intérêt de la caméra, l'oeil du nous, une approche tellement classique, de part et d'autre des deux rives certes, et finalement dénuée d'intérêt personnel. Les réflexions de fin d'ouvrage sont par contre les plus intéressantes. En ne prenant pas position, ce qui est louable, mais à terme inadéquat, l'auteur s'arrête au bord du puits qui est celui de la description du quotidien avec soi dans le décor, et non pas hors du décor, le quotidien dans sa grande banalité qui en fait tout l'intérêt.

Vers la fin de cette rare longue promenade en famille, attirés par un rai de lumière d'un soleil en phase d'atterrissage, nous fîmes un pas de côté et tournâmes à droite. On aurait pris le lieu avec méprise pour une boutique de bonsaïs, et je demandais confirmation à la personne qui nous regardait amusée, afficher ainsi notre perplexité dans une pose somme toute peu usitée parce que très mal vue qui consiste sur le territoire public de la rue à observer avec insistance une maison privée. Et donc, ayant demandé s'il s'agissait d'une boutique, la personne me répondit, non, c'est chez moi, donnez-vous la peine de visiter, ce que nous fîmes pour une bonne demi-heure de jardinets manucurés d'exemplaires de bonsaïs hors du commun.

 

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