La semaine dernière, Eric Schmidt, PDG de Google, relançait le débat sur la vie privée sur Internet en déclarant au
Wall Street Journal que «
tout individu sera un jour autorisé à changer de nom à l’âge adulte de manière à renier les hauts faits enregistrés par ses amis sur les réseaux sociaux de sa jeunesse ». Une façon de rappeler que tout ce que nous disons sur le web pourrait être un jour retenu contre nous… Sans compter tout ce que nos « amis » peuvent dire de nous.
Dernier fait du genre en date, la mésaventure d’une ex-top model américaine aujourd’hui reconvertie dans les affaires :
Carla Franklin a décidé de poursuivre Google pour savoir qui se cache derrière la publication, sur Youtube, de vidéos et de commentaires peu élogieux à son sujet. Une bataille qui s’annonce difficile...
En France, le droit à l’oubli numérique, idée lancée en avril dernier par la secrétaire d’Etat chargée de la Prospective et du Développement de l’économie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet, est en marche. Il veut aider à «
identifier les bonnes pratiques par les acteurs du Web pour limiter la collecte des données personnelles et permettre aux internautes d’exercer pleinement leurs droits ». Pour l’heure, il est difficile -voire impossible- de faire effacer des contenus diffusés à vitesse grand V sur le Net.
Retour sur l’histoire de quelques internautes à qui une mauvaise réputation virtuelle pourrait bien coller à la peau pour quelques décennies.
Kevin Kristopik, le pirate de Justin Bieber
Son erreur : avoir piraté, il y a quelques jours, le compte Twitter d’un ami de Justin Bieber. Conséquence : la nouvelle idole des jeunes s’est vengée en diffusant le numéro de téléphone du hacker sur son propre compte du réseau d’information. Sachant que Justin peut se targuer de quelque 4,5 millions de « followers » - pour la plupart des fans qui suivent ses activités de très près et ne supportent pas qu’on touche à un cheveux du chanteur à mèche –, imaginez la suite : Kevin a reçu plus de 30.000 sms et des centaines d’appels, la plupart d’insultes…
Aujourd'hui, le valeureux pirate a changé de numéro et surtout, il a présenté ses excuses au jeune chanteur. L’affaire est donc close… Mais nul doute que dans l’esprit des nombreux fans de Justin, le nom de Kevin Kristopik restera gravé à tout jamais.
Jessi Slaughter, alias Jessica Leonhardt, une vie « ruinée » en deux temps, trois vidéos
C’est indéniablement l’histoire qui est allée le plus loin ces derniers mois : Jessica Leonhardt a 11 ans et peu d’amis à l’école. En revanche, comme beaucoup de jeunes de son âge, elle communique beaucoup sur le Net, notamment via sa webcam. Assez peu pudique, même un peu délurée, elle commence à gagner une petite notoriété grâce son pseudo Jessi Slaughter (traduisez Jessi Massacre). Mais son attitude agace certains internautes qui lancent, le 10 juillet dernier, une rumeur sur le site Stickydrama.com : la toute jeune fille serait en couple avec David Vanity, 25 ans, chanteur du groupe Blood on the Dance Floor, dont elle est simplement fan.
L’erreur de Jessi : au lieu de démentir, elle choisit de provoquer les internautes. Les insultes commencent alors à pleuvoir. Trois jours plus tard, nouvelle réaction de Jessi. Dans cette vidéo, en substance, elle souhaite la mort de ses détracteurs et se prétend «
parfaite à tout point de vue ».
C’est alors que les choses dégénèrent pour de bon. Son vrai nom, son adresse postale, son numéro de téléphone… Sans aucune peine, des internautes malveillants mettent en ligne toutes les infos utiles qui permettront à d’autres de la harceler. En quelques jours, la toute jeune ado reçoit des centaines d’incitations au suicide, d’appels anonymes et de colis empoisonnés, sans parler de messages graveleux.
Pour que le cauchemar cesse, elle poste donc une nouvelle vidéo où elle supplie les internautes de stopper ce harcèlement. Son père participe également au message et devient à son tour la risée du web. L’affaire a été prise très au sérieux par la police qui a placé la famille sous protection policière.
Amandine du 38, aka Miss Sing, une rappeuse sachant buzzer
De ce côté de l’Atlantique, aucune histoire n’a à ce point failli tourner au fait divers, mais la France compte aussi quelques rois du buzz qui voudront sans doute un jour qu’on les oublie. La plus célèbre d’entre eux est Amandine du 38. Début 2009, l’affaire a fait tant de bruit qu’
un reportage a été consacré à la jeune fille sur M6. Cette Iséroise de 18 ans, qui se rêve star du rap est d’abord devenue la risée du lycée avant d’être propulsée reine du ridicule sur le Net. Son tort ? Avoir posté une vidéo dans laquelle
elle « chante » son premier tube, « 330 000 CFA ». Ce rap plus que médiocre a, à ce jour, été visionné plus de 2 millions de fois sur Youtube et compte des milliers de commentaires, rarement élogieux. Mais Amandine n’est pas du genre à se laisser abattre : elle insiste et publie une réponse à ses détracteurs,
visible ici.
En mai dernier, Amandine prouve qu’elle avait raison de croire en son talent, puisqu’un « ami » (Mrik) l’a aidée à réaliser son premier clip. Elle s’appelle désormais Miss Sing et chante « Je rap ma tristesse ». Sans doute bien consciente que les internautes ne sont pas prêts de l’oublier, elle essaie sans doute d’en prendre son parti et, selon ses propres termes «
recommence le buzz pour espérer d’être heureuse » (sic). Amandine du 38 ne veut pas qu'on l'oublie. N'hésitez donc pas à visionner son dernier clip.