Marius Hurard

Marius Hurard est une figure politique de la Martinique de la fin du 19ème siècle. Il naît dans une Martinique qui vient de voir l'esclavage aboli le 22 Mai 1848.

Le parti républicain animé par la petite et moyenne bourgeoisie de couleur alliée à quelques républicains blancs eut la prépondérance dans les affaires politiques de la Martinique et plus particulièrement Saint-Pierre. L'objectif de ce parti était la mutation de la Martinique du statut de colonie à celui de département français. En effet, le décret d'abolition prévoyait que l'île jouisse des mêmes droits et devoir que les Français et soit soumises aux mêmes lois.

A cette époque en Martinique, l'idéologie dominante est l'assimilation complète et totale à la France. En Janvier 1878, Marius Hurard fonde la revue Les Colonies, un organe de presse au service des idées républicaines.

Marius Hurard et les républicains de l'époque étaient animés par un idéal d'une société laïque. Ils s'opposaient aux conservateurs et descendants des anciens colons blancs (les békés) haineurs de la République et rêvant du rétablissement de l'ancien ordre esclavagiste.

La question de l'école laïque fut l'un des thèmes majeurs de la discorde entre républicains et conservateurs. Pour les Républicains, l'instruction était un levier de promotion sociale et d'émancipation humaine.  Selon lui, l'école devait publique, laïque et accessible à tous alors que les conservateurs souhaitaient que l'école soit réservée aux couches aisées et sous la houlette du clergé.

A l'époque, les écoles en Martinique étaient tenues par les religieux, les frères de Ploërnel pour les garçons et les Soeurs de Saint-Joseph de Cluny pour les filles. Majoritaires au conseil général, Marius Hurard et les Républicains votèrent pour que des écoles laïques soient ouvertes dans la plupart des communes de l'île et ce avant l'application de la loi Jules Ferry.

Ainsi le 21 juillet 1881, le lycée de Saint-Pierre fut inauguré et trois ans plus tard, un pensionnat colonial de jeunes filles ouvrit ses portes à Saint-Pierre. Face aux réticences du pouvoir central, Marius Hurard se rendit à ses frais en métropole pour recruter des enseignants pour le nouveau lycée de Saint-Pierre.

Malgré de fortes résistantes, l'école laïque s'imposa dans toute la Martinique grâce à des hommes comme Marius Hurard, Ernest Deproge, Clavius Marius, Eugène Agricole et Auguste Waddy.

Plus tard, une scission a lieu au parti républicain entre deux figures républicaines Ernest Deproge et Marius Hurard sur le thème de la politique d'assimilation à mener en Martinique. Hurard était partisan de l'assimilation complète alors que Deproge était contre.

Les békés exclus de la vie politique depuis 1848 voit en la position d'Hurard la situation rêvée pour refaire surface et avoir des responsabilités. Un groupe de békés républicains s'unit à Hurard et fonde le Parti Républicain Progressiste ou Parti nouveau. Selon Hurard, l'application de l'assimilation complète permettrait aux Martiniquais de profiter de toutes les lois sociales en vigueur en France ce qui entraînerait un surcoût financier pour les usines et les plantations. Ils s'opposaient au fait que pour certains, elle réduirait les pouvoirs du Conseil Général et renforcerait le pouvoir central à Paris.

Hurard pensait que l'autonomie renforcerait le pouvoir des Békés et ne favoriserait pas l'émancipation du peuple martiniquais.

Hurard également négociants avait fait fortune et sa réussite lui valait une grande popularité à Saint-Pierre. Mais suite à une faillite commerciale il fut condamné à la prison et son recours en grâce fut rejeté. Ses partisans lancèrent une pétition pour éviter son emprisonnement sans succès. Son parti fut battu aux élections en 1896 obtenant seulement 10 sièges sur 36 au Conseil régional. Ils perdaient également les Municipales à Saint-Pierre et Fort-de-France.

Retiré de la vie politique, Hurard décède le 8 Mai 1902 à l'âge de 54 ans lors de l'éruption de la Montagne Pelée.

Depuis 2008, l'école primaire de la Pointe des Nègres (ex-IUFM) à Fort-de-France porte son nom en hommage à sa lutte pour l'école laïque en Martinique.