Présentation de l'espèce

 

Photo : Bruno Berthémy ©
 

Présentation de l’espèce

  • Nom Français : Vautour moine
  • Nom Latin : Aegypius monachus
  • Embranchement : Vertébrés
  • Classe : Oiseaux
  • Ordre : Accipitriforme
  • Famille : Accipitridé
  • Genre : Aegypius
  • Espèces : Monachus

A l’étranger :

  • Anglais : Black Vulture
  • Espagnole : Buitre Negro
  • Allemand : Mönchsgeier Kuttengeier
  • Italien : Avvoltoio negro

Petite histoire

Disparu au début du XXe siècle, le Vautour moine est de retour dans le ciel de France depuis 1992, grâce au programme de réintroduction mis en place par le Fonds d’Intervention pour les Rapaces (FIR) devenu depuis la LPO Grands Causses en collaboration avec le Parc national des Cévennes et la Fondation pour la conservation du Vautour moine. Ce programme consiste notamment, à lâcher de jeunes oiseaux nés en captivité ou provenant des centres de soins afin qu’ils puissent recoloniser leurs anciens territoires et qu’ils reconstituent une population viable.

Description

Envergure : 2,65 m à 2,85 m
Hauteur : 100 à 110 cm
Poids : 7 à 9 kg
Dimorphisme sexuel : il n’existe aucun dimorphisme sexuel chez cette espèce.

L’énorme planeur noir m’est apparu pour la première fois au flanc aride d’une montagne de Thessalie, glissant lentement au ras des pentes, sans un coup d’ailes, bien que ce fût un jour pluvieux d’avril. Ses larges ailes rectangulaires ne formaient qu’un seul plan rigide, mais leurs extrémités profondément digitées se relevaient sous la pression de l’air. La petite tête claire et pointue, à peine saillante, scrutait le sol ; je vis nettement la queue coupée en angle obtus et un peu plus longue que celle du Vautour fauve. Plus grand et plus massif que ce dernier, le Vautour moine s’en distingue surtout par ce dernier caractère et par l’aspect uniformément sombre du plumage ; à grande distance, toutefois, les silhouettes peuvent prêter à confusion…

Paul Géroudet

Photo : Bruno Berthémy ©

Identification

En vol, le Vautour moine se distingue du Vautour fauve par son plumage uniformément brun chez les adultes et par ses ailes plus rectangulaires. Les ailes sont tenues plus à plat et la main est tombante en vol plané. Son cou est emplumé et bordé d’une large collerette de plumes érectiles. La calotte occipitale claire et le bec très fort le rendent difficile à confondre. L’un des plus grands rapaces diurnes d'Europe.

Habitat

En Europe, le Vautour moine niche dans les collines et les moyennes montagnes à influence méditerranéenne.

Comportement

Ce grand rapace planeur passe de longues heures en vol à la recherche d’ascendances thermiques ou de cadavres.

Reproduction

C’est un rapace arboricole dont le nid peut atteindre un diamètre de 1 à 2 m.

Alimentation

Nécrophage, il recherche des cadavres d’ongulés domestiques ou sauvages pour se nourrir.

 

Biologie et écologie

Habitat

En Europe, le Vautour moine est caractéristique des zones de collines et moyennes montagnes semi-boisées à forte influence méditerranéenne. Il niche souvent dans les forêts de pente et dans ce cas, les nids sont situés généralement dans le tiers supérieur du versant.
Les essences les plus fréquemment utilisées pour la nidification en Europe sont le Chêne vert (Quercus ibex), le Chêne liège (Quercus suber), le Pin sylvestre (Pinus silvestris), le Pin noir (Pinus nigra) ou encore le Genévrier commun (Juniperus communis)…
Dans les Grands Causses et dans les Baronnies, les vautours moines nichent essentiellement dans le pin sylvestre, mais deux exceptions sont connues l’une dans un pin noir et l’autre dans un chêne pubescent.
Les petits vallons sont préférés aux grandes pentes uniformes et les sites occupés se trouvent à l’écart des activités humaines.
Moins grégaire que le Vautour fauve cette espèce, plus territoriale, niche en colonie dite lâche.

Reproduction

Installation

Dès les mois de décembre / janvier, les couples paradent au dessus de leur site de nidification. Ces vols assez démonstratifs sont dits en « tandem » : les deux oiseaux volant l’un au- dessus de l’autre et se posant sur le nid ou ses alentours proches pour l’accouplement.

La construction du nid

Le nid est très gros et il est constitué de branchages divers trouvés au sol. Ces matériaux une fois amassés et tassés à la cime de l’arbre, une coupe est réalisée avec des rameaux verts, de l’herbe et de la mousse.

La ponte

La ponte comprend un seul œuf qui est déposé de février à mars.

L’incubation

Le poussin éclot après environ 54 jours d’incubation. Les deux adultes participent à cette incubation.

L’élevage du jeune

Le séjour au nid pour le poussin dure entre 100 et 120 jours mais après l'envol, les jeunes vautours restent dépendants des adultes pendant quelques semaines pour se faire nourrir.

La maturité sexuelle

Les couples se forment dès l’âge de deux ans et peuvent commencer à occuper un territoire et construire un nid. En général, c’est à partir de quatre ans que les oiseaux commencent à se reproduire ; ceci dit, dans les Grands Causses, plusieurs cas de reproduction réussis dés l’âge de trois ans sont connus.

Régime alimentaire

Photo : Bruno Berthémy ©

Le Vautour moine est un nécrophage strict. En Europe, il se nourrit de cadavres de brebis et de chèvres, plus irrégulièrement de bovins et d’équins. Il affectionne plus particulièrement les parties coriaces (peau, tendons, cartilages). C’est pourquoi il laisse souvent aux vautours fauves le soin de nettoyer l’animal de css muscles et viscères. La faune sauvage figure aussi en bonne place dans son régime (cadavres de lapin, et d’ongulés sauvages). En France, la superficie actuelle du territoire prospecté par les vautours moines (adultes et immatures) est estimée à environ 5000 km2.

Distribution des effectifs

L’aire mondiale de répartition du Vautour moine s’étend principalement de la Turquie à la Chine. Cette espèce a disparu de la plupart des pays du bassin méditerranéen et d’Europe de l’Est. Encore une fois, l’Espagne abrite les plus grosses colonies notamment en Estrémadure.
Jusqu’au début du XXe siècle, le Vautour moine est régulièrement observé dans le sud de la France (Pyrénées, sud du Massif central ou Provence).

Les Grands Causses

Les Grands Causses semblent avoir abrité la dernière population nicheuse française avec des observations régulières dans les gorges du Tarn en 1883, mais aussi près de Mende, du Vigan en 1895 et à Peyreleau en 1906. Dans la suite logique de celle du Vautour fauve, la réintroduction du Vautour moine est soutenue en 1992 par la Black Vulture Conservation Foundation (BVCF) et 53 oiseaux sont lâchés jusqu’en 2004.

En 2010, 18 couples se reproduisaient dans les Causses, 12 jeunes à l’envol.
En 2019, 26 couples se reproduisaient dans les Grands Causses, produisant 16 jeunes à l'envol.

Vautour en Baronnies

Depuis 2004, la Fondation pour la Conservation du Vautour moine (BVCF devenue VCF), l’association «Vautours en Baronnies» et la LPO PACA ont débuté un programme de réintroduction du Vautour moine dans les Préalpes provençales (Massif des Baronnies et gorges du Verdon). Ce programme est mené en collaboration avec la Mission Rapaces de la LPO. Il a commencé dans les Baronnies avec la libération des premiers Vautours moines pendant l’été 2004. Depuis, 32 Vautours moines ont été relâchés dans les Baronnies. Aux oiseaux relâchés, se rajoutent des Vautours moines exogènes venant du sud du Massif central (réintroduction dans les Grands Causses depuis 1992), les gorges du Verdon mais également la Catalogne espagnole (programme de réintroduction en cours – première reproduction réussie cette année). L’année 2010 aura surtout été marquée par les premières reproductions du Vautour moine dans les Baronnies.
Ce programme de réintroduction du Vautour moine dans les Alpes du Sud n’aurait pu voir le jour sans la participation, en Espagne, des centres de soins pour la faune sauvage, notamment le centre de soins « Los Hornos » en Estrémadure.

LPO PACA antenne Verdon

La réintroduction du Vautour moine dans le Verdon a commencé en 2005. Cette opération est menée par la LPO PACA en collaboration avec la Vulture Conservation Foundation (ex Black Vulture Conservation Foundation), les parcs zoologiques européens, les centres de sauvegarde espagnols, les associations « Vautours en Baronnies » et « Vautours en Haute-Provence » et la LPO Mission Rapaces. Elle s’inscrit dans le cadre du Plan national de restauration du Vautour moine piloté par le ministère chargé de l’Ecologie.

Menaces et statut

Menaces

1 - Hiérarchisation des menaces en Europe

Par importance décroissante, les menaces en Europe listées dans le plan d'action européen sont :

  • L’empoisonnement (importance élevée) ;
  • Les perturbations du fait de l'homme (aménagement du territoire, infrastructures, activités récréatives, forestières et cynégétiques, développement des réseaux éoliens, photovoltaïques et électriques,…) (importance critique) ;
  • La dégradation de l'habitat (importance critique) ;
  • La pénurie de nourriture (importance moyenne, potentiellement élevée) ;
  • Les incendies de forêt (importance moyenne) ;
  • Les persécutions et le commerce illégal (importance faible)
2 - Hiérarchisation des menaces en France
  • Les réseaux électriques (menaces importantes et critiques)
  • Dégradation de l’habitat (menaces moyennes, localement importantes)
  • Risques éoliens (menaces moyennes, pouvant localement devenir importantes)
  • Empoisonnement (menaces importantes potentielles)
  • Destruction directe (menaces moyennes mais importantes potentiellement)
  • Autres perturbations anthropiques (menaces moyennes à fortes)
  • Abondance et accessibilité de la ressource (menace faible)
  • Incendie de forêt (menaces importantes potentiellement)
  • Dispositifs de lutte contre les incendies (menaces importantes potentiellement)

Statut

En France, le Vautour moine est protégé par la loi du 10 juillet 1976 et son arrêté d’application du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire et les modalités de protection. Il fait partie de la liste des 37 espèces de vertébrés menacées d’extinction en France et comme telle, nécessitant une instruction centrale (MEEDDM-DEB) et non pas seulement préfectorale, des dossiers de demande de dérogation à cette protection (arrêté du 9/07/1999 modifié, JO 28/08/99).

Le Vautour moine est par ailleurs l’une des priorités nationales pour la conservation des populations d'oiseaux, il figure sur :

  • La Liste rouge de la faune menacée de France, dans la catégorie "vulnérable" ;
  • La liste des espèces présentes en France et très menacées à la fois en France et en Europe et dont la Conservation Mérite une Attention Particulière (CMAP 2) ;

Le Vautour moine est également parmi les priorités européennes et mondiales pour la conservation des populations d'oiseaux, il figure sur :

  • La liste des espèces à statut européen défavorable dont la majorité de la population mondiale se trouve hors d'Europe (SPEC 3) ;
  • La liste des espèces d'oiseaux sauvages traitées sur la Liste rouge mondiale et présentes en
  • France métropolitaine (catégorie IUCN: "faible risque") ;

En Europe, le Vautour moine est inscrit à :

  • L’annexe I de la Directive "Oiseaux" n°79/409/CEE du conseil du 2 avril 1979 concernant la conservation des oiseaux sauvages (JOCE du 25 avril 1979, recodifiée Directive 2009/147/CE du 30 novembre 2009 JOCE du 26 janvier 2010).
  • L’annexe II de la Convention de Berne du 19 septembre 1979 relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe (JORF du 28 août 1990 et du 20 août 1996) dans lequel il apparaît comme strictement protégé.
  • L’annexe II de la Convention de Bonn du 23 juin 1979 relative à la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (JORF du 30 octobre 1990) qui le mentionne parmi les espèces migratrices se trouvant dans un état de conservation défavorable et nécessitant l’adoption de mesures de conservation et de gestion appropriées.
  • L’annexe III de la Convention de Washington du 3 mars 1973 sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) (JORF du 17 septembre 1978 ; dernière modification JORF du 22 mars 1996) qui le mentionne comme espèce vulnérable dont le commerce est strictement réglementé.
  • L’annexe A du Règlement communautaire CITES/CEE n°3626/82 du conseil du 3 décembre 1982 relatif à l’application dans la Communauté de la CITES (dernière modification JOCE du 10 PNA Vautour moine – Version 5, 27 septembre 2010 13 mars 1995) qui le mentionne comme espèce menacée d’extinction dont le commerce à l’intérieur et à l’extérieur de l’Union européenne est interdit, sauf dans des conditions exceptionnelles.
  • Il figure également dans le plan d’actions 2008 de la convention sur les espèces migratrices qui prévoit la conservation des oiseaux de proie migrateurs en Afrique et en Eurasie.

L’objectif général est de faire en sorte que toutes les populations d’oiseaux de proie migrateurs d’Afrique-Eurasie (y compris les rapaces nocturnes) soient maintenues ou ramenées à un état de conservation favorable, selon la définition de l’article 1(c) de la convention. Il figure plus précisément dans la catégorie 1 de ce plan d’actions qui liste les espèces mondialement menacées et quasi menacées telles que définies selon la dernière Liste rouge de l’IUCN et figurant comme telles dans la base de données mondiale sur les oiseaux de BirdLife International.