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Joël de Rosnay
Le technologue humaniste

Joël de Rosnay est un scientifique de renom. Mais il est surtout connu pour être un formidable vulgarisateur scientifique. Plus encore, il est un observateur attentif et avisé de l’impact des avancées scientifiques et technologiques sur la société. Mais la conception des rapports aux nouvelles technologies pour celui qui se décrit comme un technologue humaniste doit d’abord et avant tout servir l’humain.

Grand esprit animé d’une infatigable curiosité et d’une vision pour le moins aiguisée, l’homme s’intéresse à des nombreux sujets, passant de l’alimentation à Internet, tout en opérant des détours vers la médecine et la démographie. Prospectiviste, Joël de Rosnay avait prévu la révolution que représente la connexion d’ordinateurs personnels à des réseaux multimédias.Il a d’ailleurs fait paraître L’homme symbiotique et Le macroscope, tout comme il a créé AgoraVox, un journal citoyen en ligne. Outre ses activités de recherche, Joël de Rosnay trouve aussi le temps de faire du surf, sport pour lequel ce jeune septuagénaire entretient une véritable passion. Il voit d’ailleurs dans le mouvement même de la vague une métaphore de l’existence, laquelle permet un espace de liberté avant de s’échouer sur la plage.

Joël de Rosnay naît à l’île Maurice, d’un père peintre et d’une mère russe. À la suite de l’obtention d’un doctorat à l’Institut Pasteur, à Paris, il poursuit ses recherches en biologie moléculaire et publie, en 1966, Les origines de la vie. De l’atome à la cellule. Avec ce livre, le chercheur pose la première pierre de ce qui deviendra une œuvre de vulgarisation scientifique majeure.

Il s’installe ensuite un temps aux États-Unis, où il se joint au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston. Cette escapade américaine le positionne au centre d’un vaste réseau d’éminents chercheurs, aux premières loges du développement d’un tout nouveau domaine appelé à révolutionner nos vies et nos sociétés : l’informatique. En 1971, Joël de Rosnay abandonne quelque peu la recherche pour se consacrer au financement et au lancement d’entreprises technologiques. Il devient ainsi directeur scientifique à la Société européenne pour le développement des entreprises, avant de se retrouver directeur des Applications de la recherche à l’Institut Pasteur. En 1975, il publie Le macroscope. Vers une vision globale, livre à l’origine de l’analyse systémique en France, une approche transdisciplinaire des complexités inhérentes aux interrelations des différents systèmes, qu’il appliquera ensuite au corps (avec l’invention de son concept de « malbouffe ») et à l’informatique.

Joël de Rosnay est un des vulgarisateurs scientifiques les plus reconnus de sa génération. Il poursuit ses recherches en s’intéressant à l’accroissement des complexités. En 1995, le scientifique publiera son œuvre phare intitulée L’homme symbiotique, qui présente la métaphore du cybionte - qui allie cybernétique et biologie -, un organisme planétaire qui peut s’apparenter à un organisme vivant résultant de la symbiose entre les êtres et les machines, vivant grâce à de nombreux réseaux et de nouvelles formes de communication. Ce qui ne donne pas pour autant un mutant, mais un être de chair relié à divers systèmes technologiques. Pour simplifier, son auteur présente sa théorie comme un kit de survie pour le XXIe siècle.

En plus d’occuper la présidence de Biotics international, Joël de Rosnay est aussi conseiller du président de la Cité des sciences et de l’industrie de la Villette depuis près de vingt ans. Cet établissement public est spécialisé dans la diffusion de la culture scientifique et technique. Pour lui, c’est un endroit idéal pour distiller son savoir, mais également pour identifier les tendances.

Pour celui qui considère que l’être humain n’est pas la fin de l’évolution, l’apparition d’Internet a offert une toute nouvelle dimension à l’esprit humain, et son importance la place dans la lignée de l’apparition de l’imprimerie, de la poste, du téléphone, de la radio ou de la télévision. Il estime que nous vivons une ère de très grands changements technologiques et que cela provoque d’importants bouleversements. Selon lui, nous assistons présentement à la montée fulgurante d’un nouveau pouvoir civil, où les citoyens sont en train de réinventer une démocratie de la communication et de la participation, concept où le consommateur devient « consomme-acteur » qu’il développe dans La révolte du pronétariat et qui est à l’origine de la création d’AgoraVox, un journal citoyen en ligne qui s’oppose aux grands consortiums mass media que de Rosnay qualifie d’« infocapitalistes ».

Parallèlement à ses recherches sur le pronétariat, Joël de Rosnay et des collaborateurs se sont intéressés à la longévité et à la bionomie (gestion de sa vie), publiant en 2005 Une vie de plus. La longévité, pour quoi faire ?, qui pose un regard neuf sur ce qu’on appelle communément la vieillesse. Les chercheurs abordent entre autres la période entre 60 et 75 ans, qu’ils qualifient de seconde adolescence et qu’ils analysent en regard des dernières découvertes scientifiques. D’ailleurs, Joël de Rosnay affirme que, dans un contexte sain, la durée de la vie d’un être humain pourrait s’étendre entre 120 et 140 ans, et entrevoit, en effet, le développement de systèmes de contrôle qui seront implantés dans le corps afin de détecter les défaillances du métabolisme et de les rectifier.

Quoi qu’il en soit, le jeune septuagénaire a encore des projets pour les cinquante prochaines années et rien ne semble pouvoir tarir son infatigable curiosité. Le technologue humaniste souhaite d’ailleurs fonder une université de la complexité où, par une approche transdisciplinaire, il pourrait appliquer la science à l’art de vivre au XXIe siècle. « On n’a qu’une vie, disait-il en entrevue, aussi bien faire de cette vie un original, une œuvre. Pas une copie de celle de quelqu’un d’autre. »

Pour en savoir plus sur Joël de Rosnay et son oeuvre

À consulter: L'interview :
Liens externes :

AgoraVox
Média citoyen

Biotics international
Société conseil

Cité des sciences et de l’industrie